"Loi de finances, la ligne Meloni : "Tout sur la famille. Prime pour le deuxième enfant."
24/08/2023
Italie. Revue de presse.
Le décès du chef de la milice Wagner Evgueni Prigojine dans un crash d’avion fait la une de tous les journaux : « La vengeance du Tsar » (La Stampa), « L’avion de Prigojine s’est écrasé » (Corriere della Sera), « La vengeance de Poutine » (La Repubblica), « Le jet de la milice Wagner abattu ‘’Prigojine est mort’’ » (Il Messaggero). Les Unes sont également consacrées aux critiques de la secrétaire du Parti démocrate Elly Schlein sur l’immobilisation de deux navires de sauvetage de migrants, auquel la Présidente du Conseil a répondu.
PREMIER PLAN, Il Messaggero, F. Bechis « Loi de finances, la ligne Meloni : ‘'Tout sur la famille. Prime pour le deuxième enfant'' » : « Au sein la marge très étroite de la loi de finances, Giorgia Meloni s'est engagée à dégager le plus d’espace possible pour les politiques familiales. Soutien à la natalité, tout d'abord. Mais aussi des allègements fiscaux et des mesures d’incitation pour aider les familles à lutter contre l'inflation. "Toutes les ressources dont nous disposerons, nous les mettrons au service des entreprises et des familles", a déclaré la Présidente du Conseil à ses parlementaires. C’est un automne financier difficile qui s'annonce, même si, comme l’a déclaré Meloni dans son interview à Chi, ‘’ Le paysage macroéconomique est positif ‘’. Mais il faut maintenant faire face à la loi de finance, dans laquelle Meloni a promis d'inclure des mesures pour les familles touchées par la crise. Du chariot de supermarché à la facture de carburant, c’est une mort à petit feu pour les familles. Sans l'aide de l'État, le respect d'une promesse essentielle du programme des ‘patriotes’, à savoir lutter par tous les moyens contre la dénatalité, risque de devenir un exercice rhétorique. Meloni suit le dossier à distance ; à Rome, la ministre de la Famille de Fratelli d'Italia, Eugenia Roccella, travaille sur le dossier natalité. Avant les vacances d'été, elle avait expliqué son plan d’action au ministre de l’Economie, Giorgetti : concentrer tout l'argent disponible sur l'aide aux familles ayant deux enfants ou plus. Par exemple, en rendant les coûts de l’école maternelle gratuits pour le deuxième enfant. Giorgetti lui-même a affirmé que le défi de la natalité sera central dans le budget, et a exclu de pouvoir réaliser la réforme des retraites, pourtant voulue par son même parti (la Ligue) : "Avec cette dénatalité, aucune réforme ne tiendra". Une douche froide. »
ARTICLE, Repubblica, L. De Cicco « Migrants, Schlein-Meloni s'affrontent : "Délit de solidarité pour les ONG" » : « "Ce n'est que la loi". La réplique : "C’est inhumain"» : « Elly Schlein vs Giorgia Meloni. Un post et une réponse entre Instagram et Facebook. Thème : les migrants. Un sujet brûlant, dont la droite parle de moins en moins, car après une campagne électorale articulée autour des "ports fermés" et des "blocus navals", les arrivées se sont multipliées, pour atteindre 105.000 en 2023. Deux fois plus que l'année dernière. Le post de Schlein a été motivé par la nouvelle du blocage administratif et des amendes infligées à deux navires d'ONG, accusés par les autorités italiennes de ne pas avoir respecté la réglementation sur le sauvetage des migrants. Outre l'Aurora de Sea Watch, sont sanctionnés l'Open Arms, qui devra rester stationné dans le port de Carrare pendant 20 jours, et le Sea-Eye 4, bloqué à Salerne. Schlein écrit que le gouvernement Meloni, avec le décret Cutro, a institué "le délit de solidarité" : les ONG reçoivent "une amende et une détention administrative pour avoir sauvé plus de vies humaines que celles "autorisées". Devaient-elles être abandonnées en mer ?". Pour Schlein, le gouvernement "fait la guerre aux ONG qui ne font que pallier la grave absence d'une Mare Nostrum européenne. Et en Europe, le gouvernement est muet". Meloni, depuis les Pouilles, décide de répondre, sous l’égide des slogans de la droite sécuritaire faisant primer la loi et l'ordre. ‘’Délit de solidarité ?’’ - écrit Meloni – ‘’nous appliquons des lois qui ont toujours existé dans tous les États : il est interdit de faciliter l'immigration illégale et de favoriser, directement ou indirectement, la traite des êtres humains’’. ‘’La solidarité consiste à mettre un terme aux voyages pleins d'espoir et aux morts en mer, et non à contribuer à l'enrichissement de ceux qui organisent la traite des êtres humains’’. Schlein, depuis la ‘ Festa dell'Unità’ à Reggio Emilia réplique : ‘’Le problème est précisément la loi inhumaine qu'ils ont faite, mais cette rhétorique est en train de s'effondrer. Le gouvernement doit convoquer les maires immédiatement’’. Si la leader du Parti démocrate a décidé d'agir, c'est pour mettre en lumière l'échec du gouvernement dans la gestion des flux, mais aussi pour donner un signal aux administrateurs démocrates locaux de plus en plus inquiets, de Giorgio Gori de Bergame à Dario Nardella de Florence. Ils attaquent le gouvernement, mais certains s'indignent - pour l'instant à voix basse - de l'approche de la secrétaire PD, qui a fermement renié les accords avec les garde-côtes libyens. Les maires du PD rencontreront ce matin le responsable de l'immigration du PD, Pierfrancesco Majorino. Bonaccini, gouverneur d’Emilie-Romagne et président du PD estime qu’il existe un risque ‘’que les camps reviennent’’, ce à quoi A. Tajani a répondu ‘’il s’agit de propagande. Peut-être Bonaccini veut-il se présenter aux Européennes…’’ ».
COULISSES, Corriere della Sera, F. Fubini, « L'Europe ne cède pas sur la contrainte des 3% - Risques (plus faibles) de procédures pour déficit excessif » : « Les négociations sur les nouvelles règles budgétaires européennes battent leur plein, mais chacune des grandes capitales de l'UE semble lui donner un sens différent. En Allemagne, il s'agit de plus en plus d'un totem brandi par le ministre des finances libéral Christian Lindner pour renforcer sa crédibilité auprès de l'électorat rigoriste et conservateur. Vu d'Italie, il apparaît comme une variable destinée à affecter la loi de finances en cours de finalisation et donc les équilibres déficitaires en 2024. Vu de Bruxelles et d'autres capitales, il s'agit d’une discussion sur les niveaux du stock de dette accumulée et sur le moment et la manière de la réduire ; mais cela n'a pas grand-chose à voir avec les marges de manœuvre de la prochaine loi budgétaire. La règle d'un déficit inférieur à 3 % du produit intérieur brut devrait être maintenue. Le ministre de l'économie, Giancarlo Giorgetti, a appelé lundi l'Union européenne à avoir "le sens de l'histoire" mais, quel que soit son sens, cette contrainte des 3 % demeure. Par conséquent, pour la Commission européenne et la plupart des gouvernements, tout accord sur le nouveau pacte de stabilité ne permettra pas à l'Italie d'élargir les mailles de la loi budgétaire que le gouvernement s'apprête à rédiger. Il semble même plausible qu'après les élections européennes, la Commission européenne propose de nouvelles procédures pour déficit excessif - peut-être atténuées - à l'encontre de l'Italie, de la France, de l'Espagne, de la Belgique, de Malte et de la Slovaquie. Si le socialiste Timmermans l'emporte aux Pays-Bas, l'Italie disposera d'un atout supplémentaire dans les négociations sur le pacte de stabilité. En revanche, si la coalition de centre-droit dirigée par Yesilgöz l'emporte, malgré les affinités idéologiques, le gouvernement de Meloni aura un adversaire dans les discussions sur la politique budgétaire à Bruxelles. Des considérations similaires s'appliquent aux relations avec l'Espagne. Au début de l'été, G. Meloni est entrée directement dans la campagne électorale du pays voisin en se ralliant à Vox. Pedro Sánchez aura sans doute pris note du discours de Meloni et il semble probable, à ce stade, que l'Espagne aura un nouveau gouvernement Sánchez ou d'autres élections ; en tout cas, il gèrera sûrement la présidence tournante espagnole et coordonnera les négociations sur le nouveau pacte de stabilité jusqu'à la fin de l'année. Par ailleurs, il existe un troisième pays dont les perceptions et les priorités sont proches de celles de l'Italie, avec lequel les relations entre dirigeants restent difficiles : la France d'Emmanuel Macron. Pour compter dans la confrontation sur les règles de la dette et du déficit qui s'annonce, l'Italie a donc besoin d'alliés moins évidents pour le gouvernement de centre-droit. Notamment parce que, sur le front de ceux qui veulent des règles plus strictes, l'Allemagne peut compter sur suffisamment d'alliés pour bloquer la proposition de la Commission en faveur de trajectoires de consolidation plus longues et plus flexibles. »
ARTICLE, La Stampa, L. Di Paco, « Le gouvernement sous pression sur l’UE. Pour Tajani (Forza Italia) un ‘’pacte trop sévère, Paolo Gentiloni doit défendre les intérêts italiens’’ » : « ‘’Je suis convaincu que le commissaire Paolo Gentiloni doit faire sa part et j’espère qu’il fera tout pour protéger les intérêts de l’Italie et d’une Union européenne productive’’. Les mots du ministre des Affaires étrangères Antonio Tajani, invité à la Rencontre de Rimini, trahissent l’inquiétude du gouvernement dans le match difficile en vue de la reprise des négociations à Bruxelles sur les modifications du Pacte de stabilité. Après les préoccupations exprimées par le ministre de l’Économie Giancarlo Giorgetti - ‘’L’Italie a une gestion responsable des finances mais l’UE ne doit pas faire de l’autoflagellation’’ - et celles du ministre en charge des Affaires européennes Raffaele Fitto (Frères d’Italie) - ‘’si on ne trouve pas d’accord sur le nouveau modèle du Pacte de Stabilité d’ici le 1er janvier, le risque est que les anciennes règles budgétaires s’appliquent de nouveau avec des conséquences complexes pour l’Italie’’. Les marges de manœuvre sont étroitement liées à la modification du Pacte de stabilité. Le secrétaire de Forza Italia a défini la configuration actuelle du Pacte ‘’trop rigide’’, ajoutant qu’‘’il faut éviter que le Pacte de stabilité ne devienne un pacte portant à la récession et à la paralysie de l’économie européenne’’. En attendant, une nouvelle fracture apparaît au sein de la majorité concernant le projet de privatisation des ports italiens évoqué par Antonio Tajani ‘’afin de trouver de nouvelles ressources pour le budget de l’État’’. Une annonce qui n’a pas plu au ministre des Infrastructures, Matteo Salvini, qui à travers un communiqué diffusé hier soir par le ministère des Infrastructures et Transports, fait remarquer que ‘’la réforme du système portuaire italien ira dans la direction inverse de celle proposée par Tajani, il n’y aura pas de privatisations afin de protéger les intérêts nationaux’’. »
(Traduction : ambassade de France à Rome)
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