"La taxe sur l’essence ne baisse pas."
18/08/2023
Italie. Revue de presse.
La flambée des prix du carburant et le refus du gouvernement de réduire les accises font les gros titres : « Essence, le record italien » (Corriere della Sera), « Urso (Frères d'Italie) : on ne touche pas à la taxe sur le carburant, les hausses sont la faute de l’OPEP » (Repubblica), « La demande au gouvernement de baisser immédiatement les accises » (Stampa), « La taxe sur l’essence ne baisse pas » (Il Messaggero). Les Unes sont également consacrées aux propos racistes et homophobes du général Roberto Vannacci, pour lequel des sanctions disciplinaires sont demandées par le ministre de la Défense Guido Crosetto (Frères d'Italie). La Stampa titre enfin sur la fronde des maires sur l’accueil de migrants dans le nord de l’Italie.
Les JT couvrent essentiellement le retour d’une nouvelle vague de chaleur en Italie, la préparation à la reprise pour la Présidente du Conseil Giorgia Meloni après la pause estivale et les incendies au Canada.
ENTRETIEN, La Repubblica, de Adolfo Urso, ministre des entreprises et du Made in Italy, « Les augmentations sont dues à l'Opep, mais nous avons besoin de cet argent" par Luca Pagni : « Depuis deux jours, les prix sont restés pratiquement stables, mais je vois que tous les médias préfèrent s'accrocher au cas d'une seule station-service sur l'axe Milan-Varese parce qu'elle propose du super à 2,7 euros. La réalité du reste des 22 000 stations-service italiennes, le plus grand nombre d'Europe par habitant, est bien différente. Grâce à notre mesure imposant l’affichage des prix moyens, le consommateur peut comparer, choisir et économiser. Les prix des carburants ont commencé à augmenter depuis que l'Opep+, le cartel des pays arabes alliés à la Russie, a commencé à réduire sa production pour faire monter le prix. Malgré cela, en Italie, le coût industriel de l'essence et du diesel, net de taxes et d'accises, est le plus bas d'Europe, bien plus que celui de l'Allemagne, de la France et de l'Espagne. Ce résultat a été obtenu grâce à la pression morale du gouvernement lors des réunions avec les opérateurs et à la mesure relative à l'obligation d'afficher les prix moyens. Par ailleurs, je pense que l'Europe doit également jouer un rôle moteur dans le cas des carburants. Comme ce fut le cas pour le gaz, lorsque le président Draghi a proposé un plafond de prix plafond, puis mise en œuvre ensuite sous Meloni. Sur la baisse des accises, le président Draghi a pris cette décision à un moment exceptionnel. Le coût de cette réduction de mars à décembre 2022 était de plus de 9 milliards, soit exactement le coût du revenu de citoyenneté. Le gouvernement Meloni a préféré utiliser ces ressources pour réduire les charges salariales, pour les salaires plus bas et les familles plus nombreuses. Sur le prix des billets d’avion, le gouvernement a agi après les rapports de l'autorité de la concurrence et de l'Enac. Ce sont des autorités indépendantes qui ont dénoncé la façon dont les billets pour les îles ont atteint des niveaux record pendant la période des fêtes de fin d'année. Et ce n'est pas le marché, c'est de la spéculation, une distorsion du marché. En fait, il y a eu un rapport d'autorités tierces. Nous sommes intervenus en donnant à l'Autorité antitrust les pouvoirs d'intervention sur l'algorithme qu'elle n'avait pas auparavant. Sur les prix des biens alimentaires, grâce à des réunions avec la distribution, les commerçants, producteurs, PME, les artisans et les coopératives, nous avons identifié un panier de produits de consommation qui bénéficieront d'un prix réduit à partir du 1er octobre et pour une durée de trois mois. Pour l'instant, aucune grande entreprise de distribution ne s'est engagée, certaines ayant plutôt accepté l'invitation qui leur a été faite en France par le libéral Macron ou en Espagne par le gouvernement socialiste. Et il ne me semble pas que lorsqu'une opération similaire a été menée dans ces pays, les libéraux italiens aient protesté".
PREMIER PLAN, Corriere della Sera, « Essence : l’Italie a les taxes les plus élevées. Les consommateurs demandent à les faire baisser » de Fausta Chiesa : « Plus d'un euro sur l'essence, 1.061 euros pour être exact, et 921 centimes sur le diesel. Entre la TVA à 22% et les accises, la composante fiscale du carburant en Italie vaut 56,6% du prix de l’essence et 51,8% du diesel. Elle est la plus élevée de toute l'Europe, et la plus élevée jamais enregistrée pour le diesel et la deuxième pour le Super, où notre pays est deuxième après la Finlande. Avec les prix du pétrole et des produits raffinés qui ont augmenté au cours des deux premières semaines d'août, les prix à la pompe ont également augmenté. Comme le savent bien les Italiens qui se sont lancés sur la route et qui hier, sur la base des données publiées par le ministère des Entreprises, se sont retrouvés avec une essence à 2.019 euros en moyenne et un diesel à 1.928 sur l'autoroute. Selon l'association des entreprises du commerce (raffinage, logistique, distribution) les augmentations récentes dépendent de la hausse des prix internationaux. Les prix industriels (avant taxes) de l'essence et du diesel sont toujours inférieurs respectivement de 2,3 et 4,5 centimes le litre à la moyenne européenne et bien inférieurs à ceux de pays comme la France, l'Allemagne, l'Espagne, les Pays-Bas et la Belgique. L’association de consommateurs Codacons a annoncé sa volonté de porter plainte contre le ministère de l'Economie et des Finances pour "détournement de fonds et une spéculation d'initié contre les consommateurs". Federcontribuenti estime que "le prix de l'essence pourrait baisser de 20 centimes sans conséquences négatives pour les caisses de l'Etat". Et elle va bientôt lancer une "opération vérité" sur la composition du prix des carburants : "La moitié de votre plein va aux impôts de l'Etat" avec un autocollant qui sera apposé sur de nombreuses stations-service. La dernière révision s’était faite sous Draghi, peu après le déclenchement du conflit en Ukraine et de la crise avec la Russie, qui est l'un des principaux exportateurs de pétrole brut : de mars à novembre 2022, il a introduit une remise sur les droits d'accise de 25 centimes le litre. Une mesure que le gouvernement Meloni n'a pas refinancée et qui a pris fin en janvier 2023. Avec un marché du pétrole plutôt à la hausse, et des capacités de raffinage réduites en Europe, la tendance a peu de chance d’aller vers une baisse des prix ».
ARTICLE, La Stampa, I. Lombardo, « La querelle des vice-présidents du Conseil » : « La dispute entre les deux vice-présidents du Conseil rend la vie dure à Giorgia Meloni. Dans les Pouilles, où elle est rentrée ce matin de sa visite en Albanie, la présidente du Conseil devrait réunir au cours des prochaines heures les dirigeants de Fratelli d’Italia pour un dîner dont la liste des invités est gardée secrète. La présidente du Conseil sait qu’une discussion difficile l’attend avec le secrétaire de Forza Italia Antonio Tajani, qui n’a pas apprécié que Meloni ait revendiqué, dans une interview donnée aux trois principaux quotidiens italiens, de l’avoir délibérément tenu non informé de la mesure sur la taxation des superprofits des banques. Aussi parce que cela l’a placé en porte-à-faux auprès de la famille Berlusconi. L’annonce de cette taxe a rendu furieuse l’aînée Marina Berlusconi car en touchant aussi la Banque Mediolanum, la mesure impacte sensiblement les comptes de Fininvest, détenue par la famille. L’aile de Forza Italia composée de Licia Ronzulli, Alessandro Cattaneo et Giorgio Mulè n’a qu’une hâte, celle de prendre sa revanche sur Meloni. La présidente du Conseil le sait et craint que la rancœur des parlementaires de Forza Italia n’affecte la loi de finances, sur laquelle le gouvernement travaillera à partir de septembre, avec peu de ressources et de nombreuses inconnues. Mais ce n’est pas tout. En mettant son veto à Le Pen et à l’AfD en vue des élections européennes, et provoquant la réaction de Salvini, Tajani contraint la présidente du Conseil à s’exposer sur les futures alliances. Le paradoxe est que le format de la majorité de droite qui gouverne l’Italie ne peut pas être répliqué à Bruxelles. Et ainsi, Meloni devra faire un choix, comme le lui a demandé le président du PPE Manfred Weber il y a 10 jours : « Giorgia Meloni n’est pas à mettre sur le même plan que l’AfD, mais je crois que Meloni et Fratelli d’Italia doivent démontrer au cours des prochaines semaines qu’ils sont du côté de l’Europe ». Avec les négociations sur le nouveau Pacte de stabilité, avec l’exode des migrants qui se poursuit, le scénario de la fin d’été pourrait se révéler pour Meloni extrêmement ardu. »
ENTRETIEN, La Repubblica, de Carlo Calenda, secrétaire du parti [libéral] Azione, « Des divisions à droite ? De toutes façons, c’est la Présidente du Conseil qui commande. Azione peut collaborer avec le Pd et le M5S » : « Tajani n'a pas la force politique ou électorale pour barrer la route à Giorgia Meloni sur la taxe sur les superprofits et les alliances pour les élections européennes. Il ne fait que du marketing électoral pour les élections européennes. Les alliés à droite jouent sur les nuances, 'je suis plus conservateur', 'je suis plus modéré', mais à la fin c'est Meloni qui commande. Les souverainistes sont incapables de gérer quoi que ce soit, des soins de santé à l'économie. La bataille pour le salaire minimum est une bataille pour le mérite mais aussi le symbole de la volonté d'une partie du pays de rééquilibrer le rapport entre rémunération et richesse. La pétition [mise en ligne par les partis d’opposition, dont Azione, pour soutenir la proposition de loi sur le salaire minimum à 9 euros de l’heure, ndlr] devrait largement dépasser le demi-million de signatures. Mais soyons clairs : les signatures sont un moyen de pression sur le gouvernement. Le dialogue doit rester vivant. Schlein a raison de dire que c'est maintenant à Meloni de faire une proposition. Ou au Cnel, j'ajouterais, comme point de rencontre entre les "corps intermédiaires". Je n’accepterai aucun compromis sur le salaire minimum. Avec Renzi, c’est fini. Les groupes parlementaires sont encore unis c’est vrai mais je ne peux rien faire, parce qu’il y a mon nom sur le logo, c’est donc Renzi qui doit prendre la décision. De toute façon, nous sommes deux partis différents et nous nous présenterons séparément aux élections européennes. »
ARTICLE, Corriere della Sera, « Insultes envers les homosexuels et les migrants : le livre du général est un problème » par V. Piccolino et Giulio Gori : « « Bien sûr que j'ai écrit « Chers homosexuels, vous n'êtes pas normaux, reprenez-vous ». Mais c'est une phrase écrite par une personne qui n'est pas normale : je suis "spécial"". Tout est assumé par le général Roberto Vannacci, 54 ans, ancien chef de la brigade des parachutistes « Folgore », ayant occupé des postes à responsabilité dans les forces spéciales, aujourd'hui au centre de la polémique pour son livre publié à compte d’auteur et intitulé, « Le monde à l'envers ». Ses propos sur « l'anormalité LGBT », ses prises de position contre les migrants, le féminisme, les écologistes ont indigné, à l'unisson, un public vaste et hétéroclite [et le ministre de la défense Guido Crosetto a demandé d’entamer des procédures disciplinaires pour ses propos, ndlr]. De la politique aux hauts responsables militaires, qui prennent leurs distances : « ce sont des opinions personnelles, dont l'Armée n'a pas eu connaissance, et jamais soumises aux validations des chefs militaires". Et l'Armée se "réserve le droit de prendre des mesures de protection de son image". Le livre s’était hissé en tête des best-sellers sur Amazon dans la catégorie "liberté et sécurité". "Il est indigne de son rôle" attaque la députée du M5S Alessandra Maiorino. Le chef du groupe Pd de la commission de la défense, Stefano Graziano, demande qu’il démissionne de son poste actuel de chef de l'Institut géographique militaire : "Des mots qui ne peuvent être justifiés". Pour Nicola Fratoianni (Avs) "il ne peut pas représenter notre armée". Le général, qui était conseiller à l’ambassade à Moscou jusqu’au déclenchement de la guerre en Ukraine, a aussi une quinzaine de médailles militaires, et se revendique de son « anormalité « en tant que « membre des forces spéciales ».
(Traduction : ambassade de France à Rome)
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