"Le retour de Beppe Grillo qui déplore "la guerre faite aux pauvres"."
31/07/2023
Italie. Revue de presse.
Les manifestations au Niger contre la présence française et les protestations devant l’ambassade de France à Niamey font les gros titres de l’ensemble des médias italiens avec large couverture photographique « Niger, assaut à l’ambassade de France, “vive Poutine” – Paris : ‘’nous sommes prêts à réagir’’» (Corriere della Sera), « Les manifestants assiègent l’Ambassade de France ; l’ultimatum africain contre le coup d’Etat au Niger » (La Repubblica). La hausse des prix et des taux d’emprunt, ainsi que le débat sur l’avenir du revenu de citoyenneté sont aussi en unes : « Hausses et tensions sur les prix et les taux : les risques qui pèsent sur la relance » (Corriere della Sera), « Revenu [de citoyenneté] le jour de la colère » (La Repubblica), « Revenu de citoyenneté, le chèque pour ceux qui s’inscrivent à une formation » (Il Messaggero). La presse continue de commenter la visite de Giorgia Meloni aux États-Unis.
Les JT couvrent essentiellement l’arrestation de quatre suspects tunisiens accusés de piraterie en Méditerranée et notamment d’avoir volé les effets personnels des migrants et les moteurs des embarcations lors des traversées clandestines, les discours de Sergio Mattarella et Giorgia Meloni à l’occasion de la journée contre le trafic d’êtres humains, le débat entre la majorité et les oppositions sur la suspension du revenu de citoyenneté et les dégradations sur un chantier de la ligne Lyon-Turin dans le Val de Suse par des manifestants ‘’no tav’’.
PREMIER PLAN, Corriere della Sera, de M. Sensini, « Revenu de citoyenneté, la Présidence du Conseil poursuit son projet ; le retour de Beppe Grillo qui déplore ‘’la guerre faite aux pauvres’’ » : « De nombreux maires s’inquiètent et tentent d’anticiper un afflux massif attendus dans les bureaux des services sociaux et les protestations des anciens bénéficiaires du revenu de citoyenneté. Les maires ont demandé à être reçus de toute urgence au ministère du Travail où ils ont été convoqués pour aujourd’hui. La suppression du revenu concerne 169 000 anciens bénéficiaires qui ont été avertis par l’INPS (l’Institut national de la Prévoyance sociale) par sms. Entre le gouvernement, la majorité et les oppositions, les échanges sont très vifs. Beppe Grillo, le fondateur du Mouvement 5 Etoiles, s’exprime à nouveau publiquement pour dénoncer ‘’la lutte de l’actuel gouvernement contre les pauvres’’ et affirmer que ‘’le salaire minimum aurait pu être approuvé dès le mois d’août’’. La gauche accuse le gouvernement d’être plus clément avec les ‘’fraudeurs fiscaux’’ et de ne pas apporter de réponse à la crise sociale. Pour le secrétaire d‘Etat à la Présidence du Conseil, G. Fazzolari, la mesure, dès sa conception, n’était pas destinée à durer indéfiniment. ‘’Nous avons toujours dit que nous abolirions le revenu de citoyenneté et nos électeurs approuvent ce choix’’ souligne Tommaso Foti, chef des députés Fratelli d’Italia. Il est d’ailleurs à l’origine de l’idée d’une commission d’enquête contre le président de l’INPS, Pasquale Tridico, pour ne pas avoir correctement contrôlé l’éligibilité des demandeurs. Plusieurs maires s’en prennent à l’INPS pour avoir alimenter la confusion et disent ne pas être en mesure de faire face à cette vague de demandes de formation et de requêtes auprès des mairies. »
ENTRETIEN, La Stampa, de Luca Ciriani (Frères d’Italie), ministre pour les Rapports avec le Parlement, par F. Olivo : « Sur le revenu de citoyenneté, il est dangereux de galvaniser la foule. Finissons-en avec les chèques en échange de voix aux élections » : « L’inflation est la principale préoccupation du gouvernement depuis son investiture. La première loi de finances est intervenue sur le coût de la vie, notamment sur les factures d’énergie, mais les interventions sur la charge fiscale et sur les retraites minimales ont été conçues précisément pour défendre le pouvoir d'achat des classes sociales les plus pauvres. Nous sommes prêts à intervenir en cas de spéculation des stations essence sur le prix du carburant ; en tant que gouvernement, nous devons exiger des explications sur ces augmentations. Tout le monde savait qu’il fallait mettre un terme au revenu de citoyenneté. Dès sa création, cette mesure était censée être temporaire, afin de recouper l'offre et la demande d’emploi. Mais elle s’est transformée en une mesure électoraliste qui coûte dix milliards par an. Ceux qui ne peuvent pas travailler sont aidés, mais ceux qui peuvent ont le droit de travailler, c’est une question de dignité. Nous ne reviendrons pas en arrière. Le M5S a créé un énorme levier électoral, des allocations à vie pour obtenir des voix. C’est un système pervers à l’origine ; il est irresponsable d’invoquer la rue pour défendre cette mesure. Nous n’avons pas fait d’amnistie fiscale, au contraire, nous avons changé le rapport entre les citoyens et l’administration. Les administrations locales seront associées à la gestion des fonds du PNRR ; nous avons éliminé des objectifs qui étaient irréalisables et mal construits. »
Luca Ciriani
ENTRETIEN, Corriere della Sera, de Luca Zaia (Ligue), président de la région Vénétie, « Ceux qui en ont réellement besoin recevront des aides, les autres devront travailler » : « Les problèmes qui se sont posés ces dernières années montrent bien que le revenu de citoyenneté, tel qu’il était conçu, devait être revu. La Guardia di Finanza (ndr : police douanière et financière) a identifié plusieurs problèmes : certains bénéficiaires auraient pu travailler et ne l’ont pas fait, d’autres travaillaient mais au noir. Ceux qui en ont réellement besoin continueront à être aidés, les autres devront trouver un travail. Il faut revoir tout le mécanisme. Concernant le PNRR, il faut faire en sorte que ce ‘’nouveau’’ PNRR nous aide à construire une ‘’nouvelle Italie’’. La Vénétie aussi a subi une coupe de 775 millions. L’Europe compte sur nous, nous devons montrer que nous sommes un pays sérieux. Il faut envisager la coupe des 16 milliards de fonds comme une ‘’reprogrammation’’. Le vrai défi aujourd’hui est celui de l’environnement, des énergies renouvelables. Enfin, selon moi nous parviendrons à l’autonomie des régions, que ce soit par choix ou pas nécessité. »
Luca Zaia
ARTICLE, Corriere della Sera, A. Muglia : « A bas Paris, vive Poutine ! Des putschistes pro-gouvernementaux tentent d'attaquer l'ambassade de France au Niger. »
COMMENTAIRE, G. Buccini, Corriere, « L'Italie et la double signification de la question africaine » : « Le coup d'État au Niger, immédiatement béni par Prigozhin, avec l'assaut de l'ambassade de France au cri de ‘’Vive Poutine !’’ en agitant des drapeaux russes, en dit long sur le jeu géopolitique dans lequel notre pays pourrait être impliqué en Afrique. L'effet est d'ailleurs renforcé par une pure coïncidence : la coïncidence de calendrier entre les événements à Niamey, dans cette fragile démocratie si stratégique pour l'Europe, et le voyage américain de Giorgia Meloni. Si notre sortie, même ‘’en douceur’’, du malheureux mémorandum sur la Route de la Soie a été, probablement, le dossier le plus cher à Joe Biden dans sa rencontre avec Meloni, la question africaine a eu et a pour nous une double signification dans nos rapports avec les États-Unis. Nous avons des choses à demander, certes, mais nous avons aussi beaucoup à offrir, tant à Biden et aux alliés de l'OTAN qu'à nos partenaires européens : une stratégie en gestation pour le continent le plus jeune, le plus pauvre et le plus instable de la planète, qui servirait à contenir à la fois les Chinois et - surtout - les Russes, dans une sorte d'appendice hybride non déclaré à la guerre en Ukraine. Giorgia Meloni, pour sortir de la bulle souverainiste dans laquelle sa propre propagande l'avait enfermée, s’est concentrée sur la politique étrangère dès le départ, grâce aussi au choix d'un conseiller diplomatique au profil atlantiste très marqué comme l'ambassadeur Francesco Maria Talò. Et, après la tenue impeccable du soutien à l'Ukraine, c'est maintenant le tour de l'Afrique : l'option sur la table est de se présenter comme un partenaire fiable pour créer un nouvel équilibre, étant donné les difficultés dans la zone des Français (avec lesquels une alliance, disons « compétitive » reste ouverte) et pour endiguer l'avancée des dictatures pro-russes. Le Niger était l'un des deux derniers régimes démocratiques de la région, une charnière essentielle pour les flux migratoires et l'endiguement du djihadisme. Le coup d'État s'est déroulé au nez et à la barbe de l'Occident : les Américains y ont 1100 soldats, les Français 1500, nous 300, l'Union européenne vient d'investir trente millions d'euros dans la formation des militaires nigériens, d'ici la fin de l'année l'ONU devrait avoir transféré à Niamey les treize mille casques bleus chassés du Mali, désormais tombé sous la coupe de Prigozhin. Le singulier brigand à double visage du poutinisme continue, comme on le voit, à jouer un rôle actif en Afrique. Ce tableau complexe s'inscrit dans un contexte où, pour nous, le scénario nord-africain reste encore plus pressant, avec l'échec substantiel de la Libye et le quasi-échec de la Tunisie que nous tentons d'éviter, tout en risquant de donner de l'oxygène à un nouvel autocrate comme le président Saïed. Mais tout est lié. L'approche du ’’dialogue entre égaux’’, à laquelle la France a du mal à recourir en raison d'un passé colonial plus lourd, peut fonctionner : Meloni y a fait explicitement référence lors de la conférence de Rome, avec un avant-goût de ce ‘’plan Mattei’’ qui, alliant énergie et sécurité, rationalisation des flux migratoires et développement, devrait être dévoilé à l'automne, lors du prochain sommet entre l'Italie et l'Afrique. Aujourd'hui, Giorgia Meloni peut offrir à son nouvel ami américain Biden l'Italie comme rempart potentiel contre le chaos qui avance depuis le Sud avec les drapeaux russes. En retour, elle peut obtenir davantage de crédibilité dans le concert européen. Se rendre à Bruxelles en passant par Washington est certes un long chemin, mais ce n'est pas forcément le moins praticable. »
ARTICLE, M. Galluzzo, Corriere, « Meloni et la route de la soie : ‘’Je n'ai pas encore décidé, je le ferai dans l'année’’. Son interview à Fox News : ‘’On m'a décrit comme un monstre, ce que je ne suis pas’’ : « Sur le vol de retour après son voyage aux États-Unis, Giorgia Meloni publie une photo avec sa fille sur Facebook. Et au moment où elle rentre à Rome, les principaux extraits de l'interview accordée à la chaîne américaine Fox avant son départ sont rendus publics. Sur la question de la sortie de l’Italie de la Route de la Soie, elle dit ne pas avoir encore pris de décision - elle ‘’devra être discutée avec le gouvernement chinois et débattue au parlement italien’’. Elle note également que l'Italie est le seul pays du G7 à avoir rejoint la Route de la soie, mais ‘’pas’’ celui qui entretient les ‘’meilleures relations commerciales’’ avec Pékin. ‘’Nous prendrons une décision avant décembre’’ a-t-elle dit. Une autre réflexion porte sur le changement de jugement que l'on portait sur elle, même à Washington : ‘’On m'a décrite comme un monstre, ce que je ne suis pas. Je n'ai rien à dire à ceux qui me critiquent. La seule façon dont j'aime répondre, c'est par des résultats : notre croissance est supérieure à celle d'autres économies, nous avons un niveau élevé d'emplois stables, d'emplois féminins. Les choses vont bien. Il est certain que quelque chose a changé, cela est arrivé à de nombreux dirigeants dans le monde’’. Avec Joe Biden, dit Meloni, ‘’nous avons eu une longue discussion : nous avons abordé des questions bilatérales, mais aussi des crises mondiales. La discussion a été très bonne, je suis contente’’. Pour le Financial Times, Giorgia Meloni a démontré être une alliée solide de l'OTAN et sa relation avec Joe Biden est sincère, mais elle mène des politiques inquiétantes dans son pays’’, faisant référence à la politique conservatrice sur l'immigration et la loi sur les mères porteuses. »
ARTICLE, Repubblica, C. Rocci, « Val de Suse, pierres et cocktails molotov contre la ligne à grande vitesse Lyon-Turin : la guérilla reprend » : « Ceux qui suivent les manifestations depuis longtemps l’ont décrite comme l'une des attaques les plus violentes de ces dix dernières années. Un policier a été légèrement blessé et transporté aux urgences de Turin. L'autoroute A32, qui relie Turin au Val de Suse, a été fermée pendant au moins une heure pour des raisons de sécurité, tandis que les manifestants multipliaient les attaques. La marche qui est partie de Venaus hier après-midi a également été rejoint par des collectifs écologistes qui étaient à Turin ces derniers jours pour un camp sur le climat et des groupes antagonistes venus de différentes villes d'Italie et de l'étranger. Le ministre des Transports, Matteo Salvini, qui avait rencontré il y a deux jours le directeur général de Telt, qualifie les responsables des affrontements de "délinquants". Les syndicats de police appellent à l'interdiction de ce genre de manifestations : ‘’ Cette protestation n'aurait pas dû être autorisée". Le maire de Turin, Stefano Lo Russo, parle de "violence intolérable" et exprime sa solidarité avec la police et son soutien au projet. »
(Traduction : ambassade de France à Rome)
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