"Les entreprises cherchent de la main-d’œuvre, le gouvernement est contraint de revenir sur la loi Bossi-Fini."
27/07/2023
Italie. Revue de presse.
Suite aux fortes intempéries et aux feux frappant l’Italie, les premières mesures décidées par le gouvernement, avec l’état d’urgence décrété dans 5 régions (Lombardie, Vénétie, Frioul-Vénétie-Julienne, Emilie-Romagne et Sicile) sont en une de tous les médias. Sur le même thème, l’appel du Président Mattarella à « intervenir immédiatement pour freiner le changement climatique et sensibiliser les pays au niveau international » est très repris. Enfin, les difficultés autour de la loi sur l’immigration (« Migrants stop ai plan de l’UE, Meloni revoit la Bossi-Fini » » (La Stampa), le projet de réforme sur l’autonomie des régions (« Autonomie, stop au Sénat » Messaggero) dont le vote est finalement reporté en septembre sont également cités, ainsi que les prévisions du FMI.
ARTICLE, E. Buzzi, Corriere, « ‘’Plus d’efforts contre la crise climatique’’. L’appel de Mattarella et son engagement partagé par la Grèce : ‘’un front commun pour sensibiliser l’UE et les autres pays’’ » : « Le président de la République, Sergio Mattarella, est en première ligne pour lutter contre le changement climatique. Il a réaffirmé, à plusieurs reprises, l’importance d’agir contre les événements climatiques qui frappent l’Italie et d’autres pays. Il a abordé le sujet avec son homologue grecque par téléphone, tous deux se sont dits ‘’extrêmement inquiets’’ de ce qui se passe en Italie et en Grèce (où les incendies font rage) dans un communiqué conjoint où ils appellent à un ‘’front commun pour sensibiliser l’UE, les autres pays méditerranéens et l’ensemble de la communauté internationale’’, afin d’agir ‘’plus rapidement et avec efficacité contre la crise climatique’’. Le Président est revenu sur ce thème après avoir reçu le Président vietnamien. Il continue par ailleurs à suivre de près la situation dans les régions en difficulté à cause des intempéries d’une part et de la chaleur extrême d’autre part à l’origine des incendies en Sicile. Il a téléphoné au président de la région Sicile, Schifani et les maires de Palerme et Catane. »
PREMIER PLAN, La Stampa, de P. Russo, « Climat, l’Etat d’urgence décrété dans 5 Régions, ‘’il faut maintenant un plan pour la prévention’’ déclare Giorgia Meloni » : « Le gouvernement italien court aux abris, 10 millions d’euros ont été mobilisés dont 8 millions pour le chômage partiel de ceux qui travaillent sur les chantiers et 1,4 millions pour les travailleurs agricoles. Giorgia Meloni a par ailleurs expliqué que le gouvernement été en train ‘’de préparer les dossiers suite aux demandes d’Etat d’urgence avancée des régions touchées afin de déterminer les première mesures d’aides financières’’. Elle précise qu’il faut ‘’travailler pour la transition [écologique] mais aussi pour la mise en sécurité du territoire à travers un vaste plan de prévention hydrologique’’. Elle s’exprime peut après le Président de la République Sergio Mattarella qui insiste pour sa part sur la ‘’nécessité d’une action conjointe des pays d’Europe du Sud pour sensibiliser l’UE à agir plus rapidement pour faire face aux effets de la crise climatique’’. Mais le ‘’décret chaleur’’ approuvé hier a accouché d’une souris ignorant les demandes des syndicats d’étendre les mesures de protection des travailleurs aux riders et aux travailleurs du bâtiment et agricoles saisonniers. La Lombardie, la Vénétie, le Frioul-Vénétie-Julienne, la Sicile et l’Emilie-Romagne seront les 5 régions concernées par l’Etat d’urgence pour le moment. L’ampleur des dégâts reste à évaluer mais ils sont pour le moment chiffrés à 100 millions d’euros en Lombardie, 150 millions dans le Frioul, 40 millions en Emilie-Romagne alors qu’en Sicile on parle à ce stade de ‘’dégâts considérables et non-quantifiables’’. »
EDITORIAL, Stampa, Nathalie Tocci, « Entre Washington et la route de la soie » : « La première visite de Giorgia Meloni à la Maison Blanche est placée sous le signe des principes et du pragmatisme. C'est grâce aux principes que Mme Meloni, qui suscitait de forts doutes à l'étranger au début de son mandat, a réussi à asseoir sa crédibilité internationale. La défense des principes de la démocratie, des droits de l'homme, du droit international et de l'autodéfense de l'Ukraine, ainsi que la condamnation sans hésitation de l'agression russe sont louables et désormais reconnues même par les plus sceptiques à Washington. Cette convergence de principes ouvre la voie à l'objectif clé du président américain Joe Biden à l'égard de l'Italie : le non-renouvellement du protocole d'accord sur la Route de la soie entre l’Italie et la Chine. Le non-renouvellement de cet accord est déjà dans les intentions de Rome, même s'il n'est pas explicite. Non seulement pour des raisons de principe, mais aussi par pragmatisme, un mot cher à Giorgia Meloni. La discussion entre Biden et Meloni portera probablement moins sur la question de savoir s'il faut renouveler l'accord que sur celle de savoir comment atténuer les éventuelles représailles de Pékin, par exemple en faisant preuve d'une plus grande solidarité au sein du G7, compte tenu également de l'irritation de la Chine à l'égard de l'Italie pour l'opération navale menée dans l'Indo-Pacifique en coopération avec le Japon. Le pragmatisme reste également le mot d'ordre dans un autre dossier, qui constitue le principal objectif de Mme Meloni lors de sa rencontre en tête-à-tête avec M. Biden : la Tunisie. La semaine qui a suivi la signature du protocole d'accord UE-Tunisie, plus de 7.000 migrants ont débarqué en Italie, soit le pic le plus élevé jamais atteint. Pour faire face au problème, et éviter l'aggravation qui accompagnerait inévitablement une défaillance tunisienne, Meloni invoque le ‘’pragmatisme’’ et souligne le lien entre migration et développement (en fait, une revisitation du vieux ‘’aidons-les chez eux’’). Or, les fonds nationaux pour l'aide publique au développement sont traditionnellement dérisoires par rapport à ceux des autres grandes démocraties libérales. L'idée est plutôt de convaincre nos partenaires de soutenir Tunis. Bruxelles a, à juste titre, conditionné un milliard supplémentaire aux réformes exigées de la Tunisie par le Fonds monétaire international, qui, de son côté, met en suspens un prêt de 1,9 milliard de dollars. Meloni souhaiterait que le FMI fasse preuve de plus de ‘’pragmatisme’’ à l'égard de Tunis et demandera le soutien de Biden à cet égard. Ce ‘’pragmatisme’’ est cependant en contradiction flagrante avec les principes. La dictature de Saïed est profondément raciste, invoquant le spectre du remplacement ethnique pour justifier les expulsions de migrants d'Afrique subsaharienne dans le désert, sans eau ni nourriture (ce qui en fait un allié idéologiquement peu fiable pour un gouvernement italien qui, paradoxalement, compte dans ses rangs des partisans de ces mêmes théories). Ces faits sont connus de tous, à commencer par la Maison Blanche. Biden n'a pas l'intention de faire pression sur le FMI. Car Saïed n'est pas seulement un dictateur brutal, c'est aussi un dictateur incompétent. C'est précisément son refus de procéder à des réformes de gouvernance, politiques et économiques qui conduit le pays à l'effondrement. En résumé, le scepticisme de Washington à l'égard des arguments de Rome concernant la Tunisie ne concerne pas ‘’seulement’’ la tension entre principes et pragmatisme : dans ce cas, le pragmatisme italien n'est... pas très pragmatique ».
PREMIER PLAN, La Stampa, de M. Bresolin, « L’Autriche et le groupe de Visegrad bloquent le pacte européen sur les migrations, désaccord sur les dérogations en cas de crise : le vote est reporté » : « La réforme du Pacte sur l’immigration et l’asile se complique. Hier, les discussions entre pays membres ont connu un gros coup de frein alors que l’approbation de la dernière mesure était attendue. Après l’accord qualifié ‘’d’historique’’ début juin, tout semble désormais remis en question. Les mesures prévues en cas de crise migratoire pour soulager les pays de première arrivée, et en particulier pour la gestion des flux en cas ‘’d’instrumentalisation’’ de ces derniers par des pays tiers, ont posé problème malgré les dérogations proposées par la présidence espagnole de l’UE. L’Autriche et les pays du groupe de Visegrad ont voté contre alors que l’Allemagne et les Pays-Bas se sont abstenus, au détriment du compromis présenté par la présidence espagnole de l’UE et soutenu par le gouvernement italien. Les discussions sont reportées à la rentrée mais le processus risque de rencontrer de nouveaux obstacles. L’objectif était de parvenir à un accord définitif avec le Parlement européen avant la fin de la législature mais cela nécessite une position claire des gouvernements des pays membres sur le règlement en cas de crise. La balle est désormais dans le camp de la présidence espagnole qui devra travailler à un nouveau compromis. La situation d’impasse du gouvernement espagnol suite aux élections ne facilite pas les choses pour Pedro Sanchez et ce alors que le gouvernement de Mark Rutte est tombé justement sur la question de l’immigration. Une position claire ne sera probablement pas prise avant les élections prévues fin novembre. Pami les pays tiers pouvant instrumentaliser les flux migratoires, on compte la Biélorussie qui a récemment fait ainsi pression sur le flanc est de l’UE, mais cela pourrait aussi concerner la Turquie d’Erdogan ou la Tunisie de Saied, finies dans le viseur de certains pays membres à cause du non-respect des droits des migrants. Un problème qui ‘’n’existe pas’’ selon le ministre italien de l’Intérieur (cf. itv d’hier dans La Stampa). Pour le gouvernement allemand et certaines ONG, à l’inverse, ce concept ‘’d’instrumentalisation’’ pourrait avoir un effet négatif sur les droits des personnes cherchant une protection en Europe, d’où l’abstention de l’Allemagne lors du vote d’hier. »
PREMIER PLAN, La Stampa, de F. Grignetti, « PNRR, les entreprises cherchent de la main-d’œuvre, le gouvernement est contraint de revenir sur la loi Bossi-Fini » : « De façon surprenante, la majorité bute sur la loi Bossi-Fini. Le Chef de groupe de Fratelli d’Italia, Tommaso Foti, a présenté un amendement selon lequel un visa de travail sera accordé aux étrangers ayant été employés dans des entreprises italiennes à l’étranger, hors UE, pendant au moins 12 mois au cours des quatre dernières années. La proposition a été approuvée à l’unanimité en Commission à la Chambre. Or, l’un des principes à la base de la loi [de 2002 sur l’immigration] dite ‘’Bossi-Fini’’ est qu’il n’est pas possible d’entrer sur le territoire sans contrat de travail. Un paradoxe puisqu’on ne sait pas comment un étranger n’ayant jamais mis les pieds en Italie auparavant, pourrait avoir signé un contrat de travail. Il n’était possible d’accorder un permis de séjour sans contrat préalable qu’aux personnes hautement qualifiées et spécialisées professionnellement. Ce sera désormais possible pour des personnes moins qualifiées. La gauche et notamment le Pd ont exprimé leur surprise face à cette proposition d’amendement qui élargit les possibilités d’entrée légale en Italie. Le PD s’est dit satisfait d’une décision ‘’incohérente mais juste’’ du gouvernement ‘’qui nous convient bien’’. Le gouvernement de centre-droit fait surtout face de manière pragmatique à la demande et au ‘’besoin de personnel spécialisé des entreprises italiennes’’, notamment dans le contexte de la ‘’mise en œuvre du PNRR’’ explique Tommaso Foti. Les projets prévus par Plan de Relance crée un besoin en main-d’œuvre qualifiée, d’où les ‘’procédures simplifiées d’entrée sur le territoire’’ en lien avec ‘’les besoins identifiés dans les différents secteurs’’. Il est clair que sur le plan migratoire, les choses changent du côté du gouvernement Meloni. Le décret sur les flux prévoit l’arrivée régulière de 500 000 migrants sur trois ans, et une négociation bilatérale avec le Bengladesh a été annoncée. ‘’Il faut tenter de réguler un afflux de personnes voulant venir travailler en Italie et dont nous avons besoin, des personnes que nous pourrons mieux traiter et mieux intégrer que ce que la droite comme la gauche n’ont su faire jusqu’à présent’’ a déclaré le président du Sénat et poids lourd de Fratelli d’Italia, Ignazio La Russa. On y voit donc l’ambition de gouverner une phase nouvelle. Le Pd, le Mouvement 5 Etoiles et Italia Viva ont demandé d’élargir un peu plus les mailles des entrées légales en Italie, suscitant cette fois le désaccord du groupe Fratelli d’Italia à la Chambre. Le gouvernement a abandonné certaines positions idéologiques comme l’idée d’employer sur les grands chantiers du PNRR les Italiens ‘’employables’’ actuellement bénéficiaires du revenu de citoyenneté et se trouve contraint d’écouter les demandes de ceux qui gèrent réellement les chantiers. »
ARTICLE, Corriere della Sera, A. Arachi, « Le vote sur la GPA comme « délit universel » a été adopté par la Chambre des députés » : « Le projet de loi présenté par Fratelli d’Italia sur la criminalisation de la gestation pour autrui pour les citoyens italiens en Italie comme à l’étranger a été adopté mercredi après-midi par la Chambre des députés avec 166 pour, 109 contre et 4 abstentions (sur 279 votants). L’ancienne ministre de la Famille du gouvernement Draghi Elena Bonetti (Italia Viva) s’est abstenue, cinq députés sur les 16 présents du Troisième pôle [Italia Viva et Azione, partis centristes, ndlr] se sont prononcés pour, tandis que les dirigeants du Parti démocrate et du M5S Elly Schlein et Giuseppe Conte étaient absents lors du vote. Le texte doit maintenant passer au Sénat. Un texte composé d’un seul article qui prévoit la modification de l'article 12, paragraphe 6, de la loi n° 40 de 2004, qui punit d'une peine de prison de trois mois à deux ans et d'une amende de 600 000 euros à un million d'euros "quiconque, sous quelque forme que ce soit, réalise, organise ou fait de la publicité pour la commercialisation de gamètes ou d'embryons ou pour la gestation pour autrui", en ajoutant que si les faits susmentionnés "sont commis à l'étranger, le citoyen italien est puni conformément à la loi italienne". Eugenia Roccella, ministre de la famille, a déclaré : "Aujourd'hui est un jour important car, avec ce vote, l'Italie est à l'avant-garde de la défense des droits des femmes et des enfants au niveau international. Nous espérons que ce vote du Parlement ouvrira un débat mondial sur cette pratique et conduira à son abolition". »
(Traduction : ambassade de France à Rome)
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