"Le gouvernement de Giorgia Meloni prévoit de répartir dans les communes italiennes plus de 50.000 migrants avant la fin de l’année."
18/07/2023
Italie. Revue de presse.
La réforme fiscale souhaitée par M. Salvini est largement commentée en une de la presse italienne (« Les ministres se divisent sur la “paix fiscale” » Corriere della Sera, Repubblica, « Il est normal de payer des impôts » La Stampa) qui titre également sur les polémiques visant la RAI suite à des commentaires sexistes et racistes de présentateurs (“Un plongeon dans la honte” La Stampa, Messaggero). La sortie de la Russie de l’accord international sur le blé (Corriere, Messaggero) et les incendies liés aux fortes chaleurs dans le sud de l’Europe sont également cités (Repubblica).
PROPOS d’Antonio Tajani, secrétaire de Forza italia, ministre des Affaires étrangères et vice-Président du Conseil, recueillis par Il Foglio (C. Cerasa, directeur), “Le gouvernement doit faire preuve d’un peu plus de réalisme’’ » : « Sur la réforme fiscale, Antonio Tajani émet un petit bémol ‘’nous avons toujours voulu la paix fiscale mais Forza Italia est contre l’amnistie fiscale pour laquelle plaide la Ligue’’. Quant à la réforme de la justice ‘’nous sommes avec [le ministre de la Justice Carlo] Nordio. Il se dit favorable à la séparation des carrières pour garantir l’indépendance des juges. Le vice-président du conseil soutient également le secret de l’enquête contre la publication des écoutes téléphoniques, ‘’au nom de l’Etat de droit’’ et de la présomption d’innocence au lieu d’alimenter le déchaînement médiatique. Sur l’immigration il plaide pour ‘’l’approche européiste’’. Il voit dans le ‘’chaos du blé’’ l’énième preuve que Poutine ‘’s’est enfoncé dans une impasse dont il ne parvient pas à sortir’’ et que ‘’seule la Chine pourra le ramener sur une trajectoire différente’’. Il définit Forza Italia comme un parti ‘’loyal mais pas complaisant’’. Antonio Tajani se dit satisfait de l’accord passé avec la Tunisie, tout n’est pas encore parfait mais ‘’cela va dans la bonne direction’’ explique-t-il, car ‘’l’Europe, même lorsque l’on parle d’immigration, n’est pas un adversaire dont il faut se méfier mais un allié avec lequel i faut créer une protection’’. De façon inattendue, le ministre affirme à propos de la loi Bossi-Fini de 2002 (sous Berlusconi, concernant l’immigration et notamment le droit d’asile), qu’ ‘’aucune loi n’est éternelle’’ et qu’il n’est ‘’pas exclu de l’améliorer’’. Concernant le travail des ONG, on note que suite au décret Cutro, le ministre a souvent collaboré avec celles qui œuvrent en Méditerranée et notamment l’Open Arms pour laquelle Matteo Salvini est en procès. Tajani revendique l’action du gouvernement ‘’qui n’est pas l’ennemi des ONG’’ mais affirme également l’importance de fixer des règles, y compris pour collaborer, ‘’comme cela a été fait avec le décret Cutro’’. Il ‘’veut être claire sur une chose’’ : ‘’en Europe, personne pas même au centre-droit, ne peut gouverner avec Marine Le Pen ou l’Afd’’. ‘’Si on veut éviter que la prochaine majorité en Europe soit dominée par les socialistes […] il faut travailler à une union entre conservateurs et libéraux. Je ne vois pas de problème en Europe avec Salvini mais j’en vois avec l’AfD et Le Pen’’. Antonio Tajani se dit inquiet vis-à-vis de la BCE malgré ‘’un grand respect’’ sur les choix faits pour lutter contre l’inflation. ‘’Je ne suis pas sûr que l’action de la BCE ait un effet positif sur l’économie’’, elle pourrait ‘’effrayer les concitoyens’’, ‘’je le dis en européen convaincu et avec le plus grand respect’’. »
EDITORIAL, S. Folli, Repubblica, « Salvini, propagande et jeux tactiques » : « Il est clair que la politique du gouvernement se concentre actuellement sur la justice. Mais deux autres questions cruciales sont appelées à occuper le devant de la scène dans les mois à venir. Il s'agit de la réforme fiscale et de la question des migrants. Ils n'ont aucun rapport entre eux, à part sous un aspect, lui aussi fondamental : tous deux servent à définir un projet, une idée, bref, le sens de ce que l'Italie a en tête pour la droite et le centre. Les résultats ne sont pas pour autant à portée de main, le gouvernement n'accélère pas, du moins en ce qui concerne la fiscalité et la justice, ne souhaitant pas troubler le rapport institutionnel avec le Quirinal. Le calcul politique est compréhensible, même s'il risque de mécontenter une partie de l'électorat de droite. Un message précis est adressé à l'opinion publique : nous sommes les seuls capables de faire les réformes que nous promettons, même si cela prendra du temps. Alors soutenez-nous. En d'autres termes, la fiscalité et la politique en Méditerranée peuvent apporter des soutiens au gouvernement Meloni, soit les lui faire perdre. La longue période qui précède les élections européennes, dans onze mois environ, se joue sur ce terrain. Ce qui explique certaines polémiques : que le directeur de l'Agence des recettes, Ruffini, réponde à un vice-président du Conseil, Salvini, est inhabituel. Mais que Salvini qualifie les contribuables d'’’otages de l'Agence’’ [ndr : équivalent DGFIP], c'est-à-dire de l'État, est encore plus singulier. Salvini a fait une de ses sorties téméraires dans le but probable de flatter idéalement cette partie de la classe moyenne qui se sent harcelée par le système fiscal et espère des amnisties. Il est difficile de ne pas lire dans cette sortie une rivalité avec FdI, auquel appartient le vice-ministre Leo, auteur de la loi fiscale, et avec Meloni elle-même. L'autre point concerne les migrants. Les accords passés en Tunisie par le trio Von der Leyen-Meloni-Rutte avec le dictateur local sont très mal vus par les ONG et divers pans de la gauche politique. Sur le plan moral, le bien-fondé de la critique ne fait aucun doute. Un point doit cependant être souligné. L'accord n'est pas le fruit de l'extrême-droite européenne, dont Meloni fait partie. À la tête de la délégation se trouvait Mme Von der Leyen, qui dirige la Commission sur la base d'une majorité qui porte son nom (la ‘’majorité Ursula’’), expression de l'entente entre les partis populaires, socialistes et libéraux-macroniens. C'est le signe que c'est l'Europe politique qui pose le problème de la ‘’sécurité extérieure’’ de l'Union, sans hésiter devant les pactes avec les ‘’raïs’’ d'Afrique du Nord. Tout cela avant l'arrivée de la Chine. Moralement, l'initiative laisse un goût amer, mais diplomatiquement, c'est un succès européen et italien. A Washington, la première ministre pourra se présenter à M. Biden comme la jeune femme politique qui œuvre pour la stabilité en Méditerranée. Et nous savons que Giorgia Meloni a plus que jamais besoin du soutien de l’ami américain. »
ARTICLE, La Stampa, I. Lombardo, « Le retard étudié du Président Mattarella qui alarme Fratelli d’Italia sur la suppression du délit d’abus de pouvoir » : « Le Président Sergio Mattarella prend son temps pour lire attentivement le texte sur la réforme de la Justice avant de le signer. Le feu vert pourrait arriver aujourd'hui, ou plus probablement demain. Il est certain que l’accord sera donné, car le Quirinal a souligné à plusieurs reprises que le Président n'a pas l'intention de refuser de signer avant le parcours parlementaire. La question est plutôt de savoir ce qui se cache derrière ce délai plus long que d’ordinaire : Mattarella a le texte depuis plus d'une semaine. Le sens de ce retard n'échappe pas à ceux qui, parmi les Meloniens, connaissent le langage du Quirinal, fait de silences et de délais calculés. C'est "un signal lancé à Nordio", disent-ils, mais aussi une façon de maintenir le gouvernement et la majorité en alerte sur une réforme qui prévoit l'annulation du délit d'abus de pouvoir. Nordio veut l'élimination de ce délit tant détesté par les élus. En revanche, on sait que le chef de l'État préfèrerait le maintenir dans le Code pénal, même s’il est profondément modifié, par respect pour la directive européenne sur la lutte contre la corruption, qui le prévoit pour les États membres et que, paradoxalement, l'Italie devra accepter. C'est ce que le Président a déclaré à Giorgia Meloni au cours de la conversation qui a duré environ une heure au Quirinal jeudi. La Présidente du Conseil s'est dit prête à retoucher le texte et à assumer la nécessité de démêler les nœuds du rapport entre les réglementations italienne et européenne. Au sein de Fratelli d’Italia, on est certain que le ministre de la Justice ne veut pas céder, malgré les assurances de Meloni ».
ARTICLE, La Repubblica, L. Milella, « Enquête du parquet de Florence sur Berlusconi. Forza Italia contre les procureurs de Florence. Pour Marina Berlusconi, son père est ‘’persécuté’’ » : « Marina Berlusconi – au nom de son père, selon elle un grand homme d'Etat opposé à la mafia mais actuellement "persécuté par les juges" - coalise les troupes de Forza Italia pour les mener à la guerre contre la Justice. Dans une lettre publiée dans Il Giornale et s’étalant sur trois pages, la fille aînée de Berlusconi dit stop aux enquêtes des procureurs de Florence sur les tueries de 1993 organisées par Cosa Nostra et stop aux journaux relayant la nouvelle. Pour la fille préférée du Cavaliere – ‘’comment peut-on croire qu'il ait ordonné à Cosa Nostra de faciliter son entrée en politique ? Les procureurs veulent salir sa mémoire’’. Il semble également que le Garde des Sceaux Carlo Nordio (Fdi) médite d'envoyer des inspecteurs au Parquet de Florence, dans le but de vérifier l'existence d’une fuite. Marina Berlusconi ordonne, Carlo Nordio exécute, tandis que les rumeurs sur sa proximité avec FI, après les nombreux reproches de la Présidente du Conseil Meloni, s’amplifient. Le parquet de Florence est dans le collimateur. Nordio a le soutien total des Forzistes en vue de la bataille autour de son projet de loi que Mattarella devrait signer dans les prochaines 48 heures. Et il n'a pas l'intention de faire marche arrière sur l’annulation du délit d’abus de pouvoir. Il a déclaré hier à la Chambre : "J’irai de l’avant et j’annulerai ce délit". A gauche, le désarroi est profond : Walter Verini (Pd) trouve "inquiétant" le message de Marina Berlusconi, estimant qu’il s’agit d’une ‘’attaque contre ceux qui enquêtent et qui fait du mal au pays où règne un climat délétère sur l'engagement du gouvernement contre les mafias’’. »
ARTICLE, La Stampa, F. Capurso, « Les Régions contre le gouvernement ‘’50 000 réfugiés supplémentaires sont attendus’’ » : « Le gouvernement de Giorgia Meloni prévoit de répartir dans les communes italiennes plus de 50.000 migrants avant la fin de l’année. Un chiffre, selon les sources du ministère de l’Intérieur, qui ne tient pas compte de l’immigration clandestine. Les Régions et les municipalités ont le gouvernement - et son choix de confier au commissaire spécial Valerio Valenti la gestion de la crise, dans le collimateur. Pour le président de la Vénétie Luca Zaia, ‘’si on laisse aux Préfectures la gestion des migrants, on va se retrouver avec des campements’’. Les présidents de Région ont en tête le modèle basé sur l’accueil des réfugiés ukrainiens, c’est-à-dire rendre le pouvoir décisionnel aux conseils régionaux en laissant au commissaire un simple rôle de coordination. Ils souhaiteraient également que le Ministre Nello Musumeci leur garantisse le soutien de la Protection civile, particulièrement en ces mois estivaux où la capacité d’accueil des structures est mise sous pression. Le ministre de l’Intérieur Matteo Piantedosi a assuré un ‘’dialogue maximal’’. Si tout va pour le mieux pour le commissaire Valenti, Fedriga considère les modèles d’accueil diffus et des grands centres comme un ‘’échec’’. Zaia de son côté propose l’institution d’un centre de direction réunissant les représentants des Régions et l’Association des Maires d’Italie (ANCI). Pour le Président de la Toscane Eugenio Giani, l’Etat ‘’se trompe en fixant le nombre de migrants à répartir en fonction de la superficie d’une région et non de sa démographie’’. La tension est là, entre les présidents régionaux demandant la reconnaissance de l’Etat sur leur rôle de gestion des crises, et le gouvernement Meloni, qui préfère faire appel aux ‘’techniciens’’. »
PREMIER PLAN, Messaggero, de F. Malfetano, « Meloni rencontre Stoltenberg, elle demande des engagements en Afrique et plus de poids au sein de l’OTAN » : « La Présidente du Conseil, accompagnée de son conseiller diplomatique Francesco Talò, a rencontré hier à Bruxelles le secrétaire de l’OTAN Jens Stoltenberg lors d’un dîner qui n’avait pas été annoncé. ‘’Le rôle important de l’Italie en Ukraine’’ a été souligné et le déplacement à Washington de Giorgia Meloni la semaine prochaine a été évoqué. La Présidente du Conseil a aussi demandé davantage d’engagement de la part de l’OTAN dans les pays du Sud, au lendemain de l’accord avec la Tunisie mais aussi davantage de ‘’respect’’ pour Rome au sein de l’Organisation. A l’issue du tête-à-tête, Stoltenberg s’est dit content d’avoir rencontré à nouveau sa collègue italienne quelques jours après le Sommet à Vilnius et l’a remerciée pour la ‘’contribution-clef’’ de l’Italie et son soutien indéfectible à l’Ukraine. ‘’Le terrorisme et l’instabilité du Sud’’ étaient aussi parmi les grands enjeux abordés. Une rencontre particulièrement importante donc, à quelques jours de la Conférence sur les migrations qui se tiendra à Rome ce dimanche en présence des leaders parmi les plus importants d’Afrique du nord et du golf. Une rencontre perçue comme un premier pas vers le très attendu plan Mattei qui sera présenté à l’automne. Pour l’Italie, outre l’implication de l’UE, il faut davantage de mobilisation de la part de l’OTAN, nécessaire pour contrer l’influence de la Russie et de la Chine, en particulier en Tunisie et en Libye où Meloni concentre son action. L’Italie déploie d’importants efforts pour être en règle avec l’OTAN et amener à 2% de son PIB ses dépenses militaires actuellement à 1,54% (hier le Conseil des ministres a approuvé le recrutement de 10 000 nouvelles unités parmi le personnel militaire des forces armées). L’Italie implique massivement ses militaires dans les missions sur le front est. Elle déplore toutefois le manque de reconnaissance d’un rôle de poids au sein de l’Organisation. Pour l’Italie, la reconduction de Stoltenberg aurait amené à valider également la candidature à sa propre succession du Président du Comité militaire de l’OTAN, Rob Bauer. Rôle pour lequel l’Italie avait proposé le Chef d’Etat Major de la Défense, Giuseppe Cavo Dragone. La dynamique de ces réélections a laissé perplexe le ministre de la Défense Guido Crosetto qui s’est formellement exprimé à ce sujet dans une lettre adressée à Stoltenberg ces derniers jours. L’exécutif italien entend bien renforcer la présence de l’Italie au sein de l’OTAN. »
(Traduction : ambassade de France à Rome)
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