"La nomination de Fabio Panetta à la tête de la Banque d'Italie est un choix de Giorgia Meloni."
28/06/2023
Italie. Revue de presse.
La nomination du nouveau directeur de la Banque d’Italie Fabio Panetta fait les gros titres « Changement à tête de la Banque d’Italie, Fabio Panetta est nommé » (Corriere della Sera, Sole 24 Ore), « [MES, taux de la BCE et PNRR :] toutes les épines de Panetta » (La Repubblica), « Le gouvernement critique la [hausse des taux décidée par la] BCE et nomme Panetta à la tête de la Banque d’Italie » (La Stampa). Les suites de la rébellion avortée de la part du groupe Wagner sont aussi citées « Poutine désarme Wagner et envoie son chef en exil » (Corriere), « « Poutine voulait les tuer tous », Loukachenko explique comment il a négocié le salut de Prigozhine » (Stampa). « Flambée des prix énergétiques : les aides seront prolongées jusqu’en septembre » (Il Messaggero).
Les JT couvrent essentiellement la prorogation des aides pour contrer la hausse des prix énergétiques, la réforme du code de la route, les nouveaux tirs de missiles russes sur l’Ukraine et les émeutes à Nanterre en réaction à la mort d’un automobiliste tué par un agent de police.
COMMENTAIRE, la Repubblica, W. Galbiati, « Un chemin semé d’embûches » : « La nomination de Fabio Panetta à la tête de la Banque d'Italie est un choix de Giorgia Meloni (Frères d'Italie). Malgré l’approbation du ministre de l'économie Giancarlo Giorgetti (Ligue), ce choix a été fait à l’insu de Matteo Salvini (Ligue) qui, tout en s'insurgeant contre la présidente de la Banque centrale européenne Christine Lagarde pour sa promesse de relever à nouveau les taux en juillet, réclamait hier "une rencontre avec le représentant italien (Panetta ndlr) au conseil d'administration de la BCE pour discuter du problème". Sauf que peu après ces déclarations de Salvini, le Conseil des ministres a annoncé la nomination de Panetta comme gouverneur de la Banque d'Italie, disant adieu à un siège au conseil de la BCE qui ne sera vraisemblablement pas garanti à un autre Italien. Face à cette dissonance de messages, le nouveau gouverneur de la Banque d'Italie – ancien banquier et pro-européen – s’apprête à affronter de nombreux défis. Le premier de ceux-ci est la position italienne sur la hausse des taux directeurs. Pour Panetta, l’inflation doit être combattue, mais sans plonger les économies de la zone euro dans une forte récession. Il avait affirmé que la BCE "ne devait pas conduire comme un fou avec ses phares éteints dans la nuit" et avait réitéré dans un entretien au Monde, datée du 2 juin, qu'il n'était pas nécessaire d'être "trop pressé sur la hausse des taux". Mais toujours dans le même entretien, conformément à la politique de la BCE, il a confirmé qu’il était préférable que l'Italie entre en récession ‘’technique’’ (pour limiter la flambée des prix). Une deuxième épine dans le pied de Panetta, peut-être la plus acérée, est l'approbation du MES, que le gouvernement italien ne cesse de repousser. En tant que banquier, Panetta défend la nécessité d'approuver le MES comme une étape fondamentale vers la construction de l'Union bancaire européenne via ses deux piliers : la supervision commune (sur laquelle Panetta a déjà travaillé) et un mécanisme de résolution unique (qui est chargé d’estimer la solvabilité des banques). Concernant le Fonds de résolution – qui occupe une fonction de soutien aux pays en difficulté - prévu à cet effet, Panetta l’a décrit "comme une sorte d'assurance, comme l'assurance automobile, que nous achetons mais que nous espérons ne jamais utiliser". Il a également plaidé en faveur de l’introduction de ce fonds, d’autant que le timing est idéal "car qu'aucun pays n'est en crise ou sous procédure de déficit". Le troisième des défis de Panetta s'appelle Pnrr. Dans la lignée des préoccupations du gouverneur sortant, Ignazio Visco, Panetta connaît la nécessité de ‘’fournir une vision stratégique pour le pays’’ et de l’opportunité historique que le plan représente. D’après Panetta, "une intégration européenne plus étroite est la meilleure réponse à la fragmentation mondiale". Et pour lui, l'intégration passe par l'union bancaire, le marché unique, mais aussi par un budget commun et une union des investissements, comme cela a été fait avec le Pnrr pour faire face à la pandémie. Une vision forte et européenne qui ne sera pas toujours en phase avec les positions du gouvernement, malgré le fait que celui-ci l’ait appelé à diriger la première institution financière du pays ».
Fabio Panetta
ARTICLE, La Stampa, Federico Capurso, « Le commissaire général» : « Alors que le nouveau code de la route venait d’être approuvé en Conseil des ministres, l’attention de ces derniers était surtout portée sur les dernières nominations : Vittorio Rizzi, nouveau chef adjoint de la police, Carlo Dall'Oppio à la brigade nationale des pompiers, Fabio Panetta à la Banque d'Italie et enfin le général Paolo Francesco Figliuolo, commissaire extraordinaire pour la reconstruction post-inondations en Émilie-Romagne. Dans la soirée, c'est Giorgia Meloni elle-même qui a résumé les "mesures importantes" décidées par le gouvernement, en consacrant une attention particulière "à la définition de la structure de commissariat pour la reconstruction en Émilie-Romagne, dans les Marches et en Toscane, qui sera dirigée par le général Francesco Paolo Figliuolo, à qui nous adressons nos meilleurs vœux de réussite". Le "général notoire", comme l'appelle le ministre Nello Musumeci (Frèred d'Italie), arrive presque deux mois après la tragédie et peut-être un peu tard, pour Matteo Salvini, du moins à en juger par l'ironique "habemus papam" avec lequel le vice-premier ministre a ouvert la conférence de presse aux côtés de Musumeci. Le mandat de M. Figliuolo sera de cinq ans, prolongeable pour cinq autres années - "mais j'ai confiance en une période plus courte pour la reconstruction", a déclaré M. Musumeci - et il aura comme sous-commissaires les gouverneurs des trois régions touchées par les inondations : Stefano Bonaccini pour l'Émilie-Romagne, Eugenio Giani pour la Toscane et Francesco Acquaroli pour les Marches. Le décret introduit, pour la première fois, un "modèle unique de reconstruction des territoires sinistrés", a annoncé le ministre de la protection civile. Il n'y aura plus "une mesure pour chaque catastrophe, avec des règles fragmentaires, échelonnées dans le temps et différenciées". Alors que le financement de la reconstruction pose question, les espoirs du gouvernement reposent toujours sur la possibilité d'utiliser une partie des fonds du Pnrr. ‘’Figliuolo a été choisi pour ses compétences démontrées dans la gestion de la campagne de vaccination", d’après Musumeci, et alors que le Pd espérait la nomination de Bonaccini. Meloni avait besoin de temps pour faire son choix, d’autant que Figliuolo ne semblait pas enthousiaste à l'idée de quitter la direction du Commandement inter-forces. Une solution a été trouvée puisqu’il a été décidé que le général pouvait conserver son poste à la tête des inter-forces tout en étant, en même temps, commissaire à la reconstruction »
COMMENTAIRE, Corriere della Sera, de M. Franco, « Le crépuscule du Mouvement de Beppe Grillo qui s’étend sur les gauches » : « La défaite persistante des oppositions y compris lors d’élections ‘’mineures’’ comme les récentes municipales dans le sud de la Péninsule, reflète désormais une tendance nationale. Par le passé, le Parti démocrate avait fait montre d’une certaine solidité au niveau local. Le Mouvement 5 Etoiles aussi avait entamé son ascension en partant de plusieurs ‘’victoires-vitrines’’ comme à Rome et à Turin en 2016, et ce sans alliance ou théories sur un ‘’camp élargi’’. Mais depuis les dernières élections législatives, ils collectionnent les défaites et le leadership du PD comme du Mouvement de Beppe Grillo apparaissent précaires. La secrétaire Elly Schlein et l’ancien Président du Conseil semblent assiégés au sein de leur propre formation politique. Pour les 5 Etoiles, le recul constant dans les urnes remet en discussion la direction de Conte, malgré le virtuel 15% qui émerge des sondages nationaux. Si au PD, l’alternative à Schlein semble exclue, des noms de leaders potentiels pour le M5S commencent à circuler, comme les anciennes maires de Turin (Chiara Appendino) et de Rome (Virginia Raggi). Mais ces noms appartiennent tout de même au passé et Conte a une réelle capacité de survie. Même en s’alliant, PD et M5S sont dramatiquement minoritaires car cette ligne ne plait pas à une partie des électeurs démocrates. Le ‘’Pd de la rue’’, celui des manifestations de syndicats ou de la Gay Pride, ne conquiert pas au-delà des bassins les plus radicaux. Le parti d’opposition aux européennes de 2024 semble donc dénaturé et coupé du terrain, ayant perdu son rôle d’interlocuteur voire de porte-parole. Si la gauche peine autant c’est notamment parce qu’elle se trompe d’analyse et échoue à renouer avec un monde du travail qui a profondément muté. Ce n’est pas une question d’alliance entre partis de gauche, tous participent de cette désintégration du système politique à laquelle l’électorat répond par l’abstention et se tournant inexorablement vers la droite. »
ARTICLE, La Stampa, « Nouvelle Rai : fini les enquêtes » par N. Carratelli : « Pour la nouvelle RAI melonienne, le journalisme d'investigation n'est plus une priorité. Le contrat de service, dont le ministère de l'Entreprise et du Made in Italy a récemment achevé la rédaction, ne contient aucun engagement de la direction de la télévision publique à protéger un genre journalistique qui a toujours été le patrimoine de l'entreprise. Une omission qui a sauté aux yeux de ceux qui, même parmi les membres du conseil d'administration de la Rai, ont déjà examiné le projet de contrat signé par le ministre Adolfo Urso (Frères d'Italie). Dans la version précédente, en vigueur de 2018 à 2022 puis prolongée d'un an, parmi les engagements formels prévus, il y avait celui de "valoriser et promouvoir sa tradition journalistique d'investigation“ désormais absent. “C'est un très mauvais signe, car c'est le ministère dirigé par Urso, qui a fait l'objet de notre enquête, qui a conclu le contrat de service", souligne Sigfrido Ranucci, présentateur de Report sur Rai3. M. Urso a annoncé une action en justice contre Report pour le reportage diffusé à la fin du mois de mai, qui parlait des prétendus "facilitateurs" qu'il avait dû payer pour entrer en contact avec lui. “Nous ne voudrions pas que ce soit un message, même subliminal, du ministre", commente Dario Carotenuto, chef du groupe M5s à la Commission de vigilance. La direction se veut rassurante en mentionnant la référence au journalisme d’investigation dans l’offre de service globale et souligne que Report aura un temps d’antenne plus long, désormais le dimanche. C’est toutefois Report qui a déclenché la tempête sur la ministre du Tourisme Daniela Santanché (Frères d'Italie), qui va référer devant le Parlement sur les irrégularités présumées dans la gestion de ses sociétés. Conte est passé à l‘attaque : « "Éliminer la référence au renforcement du journalisme d'investigation serait très grave", déclare-t-il. Pour Elly Schlein, "la valorisation du journalisme d'investigation a été supprimée et remplacée par la promotion de la natalité. Un gouvernement d'hypocrites qui, entre-temps, augmente la précarité et s'apprête à réduire le Pnrr sur les crèches". Alessandro Zan, parle d'une droite qui "applique pleinement le modèle Orbán : en Rai, elle entrave le journalisme et impose le modèle souverainiste de la société". Il fait référence à un autre passage controversé du projet de nouveau contrat de service de la RAI, celui qui ne parle plus de diversité des genres, mais engage les personnes travaillant pour la télévision publique à "contribuer à la promotion de la natalité et de la parentalité, de l'égalité des sexes et de l'égalité des chances". »
PREMIER PLAN, Corriere della Sera, de M. Guerzoni et M. Sabella, « Le message de Lagarde : la BCE est prête à augmenter les taux en juillet ; la colère du gouvernement » : « C’est la douche froide pour ceux qui prévoyaient une pause dans la hausse des taux d’intérêts de la BCE dans le sillage de la Fed. Lors de l’annonce de Christine Lagarde hier au Portugal, les deux vice-présidents italiens du Conseil, déçus et furieux, ont qualifié la décision de ‘’dangereuse’’ et accusé Lagarde ‘’d’étrangler’’ la croissance économique. Antonio Tajani est parti à l’attaque, regrettant des ‘’annonces faites trop à l’avance’’ et suivi par Matteo Salvini qui accuse la BCE de ‘’taper sur les ménages et les entreprises’’ dénonçant une décision ‘’absurde, insensée, néfaste et qui n’aide personne’’. Au sein du gouvernement italien il y a toutefois une ligne qui se veut plus prudente et qui ne partage pas une réaction si dure, représentée notamment par Giancarlo Giorgetti (Ligue) et Raffaele Fitto (Frère d'Italie). Pas de panique en revanche sur les marchés et les Bourses ont clôturé en légère hausse. Pourtant, Adolfo Urso (Frères d'Italie), ministre des Entreprises et du Made in Italy s’est lui aussi posé en critique des choix de la BCE ‘’peu compréhensibles et qui jusqu’à présent n’ont pas été efficaces’’ puisque les causes de l’inflation seraient extérieures à l’UE, invoquant le ‘’risque de récession’’ évident pour tous. L’association du patronat, la Confindustria, désapprouve également. Giorgia Meloni devrait se prononcer aujourd’hui, alors que la Présidente du Conseil présentera au Parlement et au Sénat sa stratégie avant le Conseil européen de demain et vendredi. L’impression du Palais Chigi est que les autorités européennes vont dans le sens de Rome sur l’immigration, les fonds de cohésion et le Plan de Relance. Meloni reviendra sur l’Ukraine, les armes et la défense, et évoquera le sujet du MES. Elle parlera de politique industrielle et de marché unique, et doit aussi clarifier ses relations avec la Chine. Un point, prudent, sera également fait sur la Russie suite à la (demie) révolte de Prigogine. Giorgia Meloni devrait se montrer satisfaite de la lettre d’U. von der Leyen adressée aux chefs de gouvernement, tout comme Raffaele Fitto qui y voit une ‘’contribution très importante et positive’’ puisqu’elle souligne l’importance de la défense des frontières extérieures et le modèle de partenariat entre l’UE et la Tunisie pour lequel s’implique beaucoup la Présidente du Conseil. »
COULISSES, La Stampa, F. Olivo et A. Simoni « L’invitation de Biden à Meloni : la visite pourrait avoir lieu fin juillet » : « La visite aux Etats-Unis de Giorgia Meloni devrait se tenir après le sommet de l’Otan de Vilnius des 11 et 12 juillet. C’est la première fois, après des semaines de rumeurs et de spéculations, que l’administration Biden parle de la rencontre bilatérale avec la Présidente du Conseil. ‘’Il n’y a pas encore de date fixée’’ font savoir des sources américaines. Il faudra faire coïncider l’agenda des deux dirigeants. Les Etats-Unis apprécient le soutien italien à l’Ukraine, comme l’a souligné le Président Biden lors de son entretien téléphonique de lundi dernier avec Meloni. L’Italie, pour sa part, tentera d’insister sur un engagement américain en Afrique du Nord, notamment en Tunisie. Les négociations avec le FMI pour débloquer à Tunis un prêt à hauteur de 1,9 milliards sont enlisées et un signal de Washington représenterait une aide significative. La question des relations avec la Chine est une question encore ouverte. Washington attend que l’Italie se démarque de la « Route de la soie ». Pour sa part, l’Italie fait savoir que les modalités de sortie du mémorandum ne pourront pas se faire de manière brusque. Le ministre de l’industrie Adolfo Urso l’avait expliqué lors de sa visite aux Etats-Unis en début juin : la Chine demeure ‘’un partenaire commercial important’’. En fait, Rome craint des rétorsions. La réaction dure de Pékin quand le gouvernement de Rome a évoqué la possibilité de faire appel au Golden Power pour des entreprises stratégiques telles que Pirelli, est un signal qui a bien été saisi par le Palais Chigi. Aux Etats-Unis, Meloni devrait faire étape également au Congrès. Elle formulera à cette occasion le souhait que la nomination de l’ambassadeur Jack Markell puisse être formalisée au plus vite. C’est toutefois une prérogative du Congrès, qui bénéficie d’une pleine autonomie en la matière. »
ARTICLE, La Repubblica, D. Raineri « La base à Minsk et le cœur en Afrique, le groupe Wagner à la cour de Loukachenko » : « Le groupe Wagner passe de la Russie (où elle ne peut plus rester après la rébellion armée du 24 juin) à la Biélorussie, où elle aidera l’armée locale à mieux s’organiser. Le tout, sans l’artillerie lourde qu’elle a dû restituer à l’armée russe. Loukachenko a fait savoir qu’il ne craignait pas la présence de mercenaires sur le sol biélorusse. Ce sont plutôt les pays de l’Otan voisinant le Belarus qui sont inquiets pour ce déplacement du groupe Wagner. A savoir la Pologne, la Lituanie et la Lettonie. Ces deux derniers ont demandé à l’Otan de renforcer sa frontière orientale. Un journaliste biélorusse indépendant et expert en la matière affirme que le groupe Wagner ne se trouverait en Biélorussie que pour une étape temporaire en attendant de se déplacer en Afrique où elle a ses sources économiques. Par ailleurs, Prigozhine n’a pas intérêt à rester longtemps à Minsk, car il pourrait être rattrapé, tôt ou tard, par la punition de Poutine. Le Président russe a évoqué l’énorme somme d’argent assurée à la compagnie Wagner sans doute pour faire comprendre que si Prigozhine parle, d’autres délits pourraient lui être imputés. Toutefois, le chef de Wagner connait sa valeur de « repenti » et de grand connaisseur des coulisses des décisions prises par le Kremlin ces dernières années. »
(Traduction : ambassade de France à Rome)
Les commentaires sont fermés.