""Soutenons Kiev" dit Biden à Meloni."
27/06/2023
Italie. Revue de presse.
Le discours télévisé de Vladimir Poutine après la rébellion de la compagnie Wagner, fait les gros titres « Le retour de Poutine : « vous ne nous diviserez pas » » (Corriere della Sera), « Le diktat de Poutine [« ou moi ou l’exil »] » (La Repubblica), « Russie, une trêve entre Poutine et le groupe Wagner » (La Stampa), « Poutine : « nous avons frôlé une guerre civile » (Il Messaggero).
Les JT couvrent principalement le discours télévisé du Président russe V. Poutine, l’appel téléphonique entre le Président Joe Biden et la Présidente du Conseil Giorgia Meloni, et le coup de filet contre la mafia calabraise ndrangheta.
COMMENTAIRE, La Repubblica, de Stefano Folli, « Biden-Meloni, la politique du téléphone » : « A la fin l’appel entre Biden et Meloni a bien eu lieu. Avec 24h de retard par rapport à l’appel du président américain avec les interlocuteurs habituels : le premier ministre britannique, le chancelier allemand, le président français. Le quartet traditionnel quand Washington a besoin d’entendre les alliés. A cette table, il manque toujours une 5ème chaise, celle de l’Italie. Avec l’appel de Biden, on l’a rajoutée. Peut-être car les Etats-Unis ont reconnu leurs erreurs : la gravité des événements en Russie est telle que l’unité des alliés est primordiale. Et s’il faut un coup de fil pour remercier l’Italie, qui soutient l’Ukraine depuis le début, alors ce coup de fil est passé. Mais le quartet n’est pas devenu un quintet pour autant. Meloni a certes réussi à dépasser le vieux clivage anti-américain qui existait aussi à droite, en se plaçant du côté de l’Ukraine et des Etats-Unis malgré les poussées de ses alliés, à commencer par Salvini qui s’était rendu dans la Crimée à peine occupée par les Russes alors qu’il était vice-premier ministre de Conte. Le coup de fil marque aussi le souhait des Etats-Unis de de ne pas affaiblir l’amie Italie, y compris au regard de son rôle en Afrique du Nord où les membres de Wagner ont l’intention de renforcer leurs positions. Dans cette tentative de coup contre Moscou, ce que l’on voit, c’est la faiblesse politique de la réaction européenne, qui a certains apporté aides et sanctions, mais pas une réaction politique unie ; tandis que les Etats-Unis, pour parler à l’Europe, s’adressent aux chefs d’Etat qui comptent à ses yeux. Il faut souligner que par le passé, que ce soit avec Berlusconi ou la gauche au pouvoir, le Quartet des alliés privilégiés ne s’est jamais transformé avec Quintet. C’était l’ambition de Draghi et il a été très près du but. »
PREMIER PLAN, Corriere della Sera, de F. Basso, « ’’Soutenons Kiev’’ dit Biden à Meloni » : « D’abord, réaffirmer le soutien à Kiev. Ensuite, se montrer prudent et distant quant à tout ‘’événement interne’’ à la Russie, puissance nucléaire. Les deux rives de l’Atlantique, l’UE et les Etats-Unis, avancent d’un bloc. Hier Joe Biden et Giorgia Meloni ont d’ailleurs eu un échange téléphonique ‘’en toute harmonie’’ d’après la Maison Blanche. Giorgia Meloni n’avait pas été impliquée par Washington dans les discussions de ce week-end avec Rishi Sunak, Emmanuel Macron et Olaf Scholz, pays en première ligne pour la garantie des structures de sécurité de l’Ukraine. Biden a également demandé à Meloni la situation de l’Italie et son engagement en Méditerranée ainsi que sur la collaboration avec l’UE pour la stabilité en Afrique. La présence de la Russie et de Wagner sur le continent africain ont fait l’objet d’une attention particulière. Les alliés sont inquiets au sujet de la Russie et s’interrogent sur son avenir, comme l’a souligné Josep Borrell au terme du Conseil Affaires étrangères d’hier, appelant à la prudence. ‘’Il faut du temps pour élaborer une stratégie afin d’affronter une situation de ce genre’’ à laquelle l’UE n’est donc pas prête, a-t-il déclaré. Joe Biden se veut direct ‘’Nous avons été clairs sur le fait que nous ne sommes pas impliqués, nous n’avons donné aucune excuse pouvant permettre d’inculper l’OTAN ou l’Occident’’. L’UE et les Etats-Unis craignent les éventuelles conséquences négatives d’une déstabilisation de la Russie. ‘’Nous devons rester prudent sur la situation en Russie, il y a de nombreuses zones d’ombre’’ a déclaré la ministre française Catherine Colonna. Le ministre italien Antonio Tajani tient a rappelé que ‘’nous ne sommes pas en guerre avec la Russie et qu’il n’a jamais été question de soutenir le leader de Wagner’’. Le ministre lituanien appelle ses partenaires à ‘’élaborer des plans concrets pour le renforcement du flan orientale et les pays limitrophes de la Russie et la Biélorussie’’. En attendant, l’Allemagne déploie 4000 nouveaux soldats en Lituanie. »
ENTRETIEN, Corriere della Sera, de Giovanbattista Fazzolari, secrétaire d’Etat à la Présidence du Conseil, « La Russie est comme la Libye post-Kadhafi. Contre la guerre ? Nous avons besoin de l’ONU » : « Nous nous demandons tous ce qu’il se passera désormais à Moscou, mais peut-être qu’il ne faut pas réfléchir seulement en termes politiques et militaires : certaines dynamiques sont davantage semblables à celles des grandes organisations criminelles. Au-delà de Wagner, les sommets de l’Etat russe opèrent ouvertement au sein d’un système de pouvoir corrompu. Quoiqu’il en soit, il faut être attentif aux répercussions, sur Poutine comme sur l’Ukraine. Poutine a perdu le contrôle d’un Etat qui semble de plus en plus en difficulté. On dirait la Libye après Kadhafi. Cela fournit des preuves au Tribunal international sur les crimes de guerre : la Russie n’est pas seulement un Etat qui en a envahi un autre, elle s’appuie pour cela sur une bande de criminels qui ont l’autorisation de ne pas respecter les lois, torturer, violer, déporter les enfants… Maintenant, soit l’ONU parvient à faire respecter le droit international, soit elle montrera son inutilité et ouvrira la porte à un conflit global. Pour notre part, l’Ukraine doit être soutenue avec encore plus de détermination contre cette barbarie. Pourtant, au nom d’un pacifisme de façade, j’entends la propagande de membres du Parti démocrate qui colporte les propos du Kremlin : un cessez-le-feu immédiat. Elly Schlein doit clarifier la ligne du PD. Au niveau européen on discute du MES, du Pacte de stabilité et d’Union bancaire. Le MES nous intéresse peu, le reste davantage. Le MES est déjà actif mais si personne n’y a eu recours depuis des années, pas même pendant la pandémie, c’est qu’il y a une raison. On peut discuter de tout, mais la ratification ou non est une décision sérieuse. »
ANALYSE, Sole 24 Ore, L. Palmerini « Meloni et le piège de l’affaire Santanchè » : « Sur l’enquête de l’émission Report autour des entreprises liées à la ministre du tourisme Daniela Santanchè (Frères d'Italie), c’est Giorgia Meloni qui a dicté la ligne en considérant comme légitime un éclaircissement devant le Parlement. Il s’agit en effet d’une affaire politique qu’il faut gérer avec attention car elle pourrait avoir un impact sur l’opinion publique en termes de popularité de la ministre mais aussi pour l’enjeu qu’elle représente. La dirigeante du PD Elly Schlein a déploré ‘’Est-il possible qu’un ministre puisse avoir une dette à hauteur de 2 milliards d’euros avec l’Etat ? En Italie comme en Europe, des ministres ont démissionné pour des choses moins graves’’. Mme Schlein a été prudente et attend que les Chambres se prononcent, évitant l’erreur de présenter une motion de défiance pouvant recompacter la droite. C’est aussi l’aspect singulier de cette affaire qui est délicat : le non-paiement des traitements de fin de rapport aux salariés ou encore des fournisseurs qui représentent ces PME que la droite entend protéger. La Présidente du Conseil semble avoir saisi le caractère sensible de l’affaire et c’est pour cela qu’elle a demandé un éclaircissement. Car, en termes de popularité, l’affaire Santanchè peut avoir des retombées bien plus importantes par rapport à la question de la ratification du MES dont peu de gens saisissent le contenu. »
ARTICLE, La Repubblica, « La prestation de Meloni contre les drogues douces "Les héros de la télévision sont les trafiquants de drogue, pas Muccioli" : « "Le temps du laxisme est révolu". La répression des drogues douces, répète avec force Giorgia Meloni dans un discours d'un quart d'heure qui va crescendo. Son intervention a atteint son apogée lors de l'affrontement avec Riccardo Magi, radical et secrétaire de +Europa, qui l'a interrompue en brandissant une pancarte disant : "Si l'État ne s'en occupe pas, la mafia s'en chargera". "Nous ne sommes pas intimidés", répond la première ministre qui prend des intonations de meeting politique. "Nous avons été à 3% pendant longtemps et nous savons ce que vous faites pour avoir de la visibilité" dit-elle. Cette conférence organisée par le gouvernement, où des personnalités intervenaient (dont l'entraîneur de l'équipe nationale de football Roberto Mancini, la médaillée d'or olympique de short-track Arianna Fontana, l'acteur Max Giusti et le présentateur Gianni Ippoliti), elle a réitéré son opposition à toute légalisation du cannabis. “Une politique qui ne donne pas de réponses aux jeunes, qui n'offre pas d'opportunités, et qui en retour dit "OK, mais fume un joint" ne sera jamais ma politique" dit-elle. "Les drogues sont toujours mauvaises et toutes les drogues sont mauvaises". La thèse exprimée lors de la conférence est que la consommation de cannabis est l'antichambre de drogues plus dures, comme l'héroïne. C'est dans ce climat que Magi intervient, de manière inattendue mais pas trop, en criant au spectacle du gouvernement et en dénonçant les fake news : "Que les drogues soient mauvaises pour nous, on peut être d'accord, mais quelle est la solution politique ? L'approche hyper-répressive résultant de la loi Fini-Giovanardi n'a fait qu'augmenter la population carcérale et n'a pas résolu le problème, favorisant au contraire le commerce illégal aux mains des mafias". Pour Meloni, « c'est un paradoxe d'avoir des séries dont le héros est un dealer, sur les mêmes plateformes qui ont réalisé des documentaires contre Vincenzo Muccioli, le fondateur de la communauté de San Patrignano, qui avait sauvé des milliers de jeunes quand l'Etat était de l'autre côté. Nous avons besoin d'un autre récit". »
ARTICLE, la Repubblica, Tonia Mastrobuoni, « Rome avec Berlin et Paris pour se détacher de la Chine sur les matières premières critiques » : « ‘’Aujourd'hui, la trilatérale Italie-Allemagne-France sur la politique industrielle est née, marquant un tournant en Europe", a déclaré Adolfo Urso lors d'une conférence de presse à Berlin. Un triangle né dans le sillage des récentes rencontres entre la Première ministre Giorgia Meloni à Paris avec le président Emmanuel Macron mais aussi avec le chancelier Olaf Scholz à Rome, a tenu à souligner le ministre du Made in Italy. Hier, la réunion trilatérale Italie-Allemagne-France entre les ministres de l'économie et des entreprises Adolfo Urso, Robert Habeck et Bruno Le Maire a permis d'envoyer un signal fort à Bruxelles mais aussi à Pékin. En attendant que le règlement sur les matières premières critiques lancé en mars dernier par la Commission européenne, qui vise à garantir au vieux continent un approvisionnement sûr en lithium, nickel, cobalt et autres composants clés pour l'industrie, se traduise "rapidement" par un acte "ambitieux", les trois plus grandes économies manufacturières européennes unissent leurs forces et accélèrent le processus pour s'affranchir de la Chine. Bruno Le Maire a cependant tenu à rappeler la fragilité des économies européennes sur le plan énergétique : "Nous ne pouvons pas avoir d'indépendance si nous restons dépendants d'autres pays pour des matières premières critiques. Certains composants proviennent d'autres pays à 90 ou 100 %". Un cordon ombilical que Bruxelles et les trois principales économies du continent, en augmentant également leurs efforts financiers et en se coordonnant plus étroitement, veulent couper au plus vite. Le communiqué commun indique que "pour sécuriser l'ensemble de la chaîne d'approvisionnement, de l'extraction à la transformation et au recyclage, les trois ministres ont convenu d'intensifier leur collaboration en partageant des données et en soutenant des critères (avec une forte promotion des normes environnementales, sociales et de gouvernance) pour des investissements conjoints dans des projets stratégiques". Alors que le modèle industriel italien a beaucoup évolué depuis les années 1990, A. Urso a tenu à rappeler qu’"au moins 16 gisements ont été fermés il y a 30 ans, nous devons les rouvrir parce que l'autonomie stratégique de l'Europe est basée sur cela" ».
ARTICLE, La Stampa, Andrea Siravo, « Le siège milanais de la Cour des brevets de l'UE sera compétent pour les denrées alimentaires et les produits chimiques » : « Milan s'est vu attribuer un siège à la division centrale de la Cour européenne unifiée des brevets, l'organe de l'UE qui traite du droit industriel et des litiges en matière de brevets. C'est le ministre des affaires étrangères, Antonio Tajani, qui a annoncé la nouvelle hier dans un tweet : "Le comité administratif du Tub vient d'approuver officiellement la décision. Bonne nouvelle pour l'Italie et reconnaissance pour Milan". Le 3 septembre 2020, le deuxième gouvernement Conte avait lancé la candidature de la capitale lombarde pour reprendre l'héritage laissé par Londres qui, quelques mois plus tôt avec le Brexit, avait laissé vacante la section responsable de la chimie, de la pharmacie et des sciences de la vie. En Italie ensuite, Milan a triomphé de Turin, qui est devenu le siège de l'Institut italien d'intelligence artificielle. Grâce à l'intervention de l'ancien Premier ministre Mario Draghi, les Néerlandais de la Haye se sont retirés du projet de candidature. Le dossier est alors passé dans les mains du gouvernement Meloni avec l'implication des ministres Tajani et Nordio, chargés de négocier avec la France et l'Allemagne, titulaires à Paris et à Munich des deux autres enceintes européennes compétentes comme le prévoit l'accord international de 2013. La négociation n'a pas été facile avec les deux partenaires européens qui ont tenté jusqu'au bout de garder pour eux les compétences pharmaceutiques et chimiques qui étaient dans la dot de Londres. Si, depuis hier, il est certain qu'il y aura un siège à Milan, des doutes subsistent sur les sujets exacts apportés par le gouvernement : "Milan aura-t-elle les compétences de Londres ? Si ce n'est pas le cas, on nous annonce la bonne nouvelle de l'arrivée d'une boîte vide", soupçonne la députée Pd Lia Quartapelle. Du Luxembourg, occupé au Conseil des affaires étrangères, Tajani a voulu se montrer rassurant : "Milan aura des compétences pour le secteur pharmaceutique, pour les produits phytosanitaires et pour l'agro-industrie". Le titulaire de la Farnesina a également fourni des détails sur le calendrier. "Le gouvernement s'est engagé à ce que le siège soit prêt à partir du moment où, selon le traité, la Cour devra être opérationnelle, c'est-à-dire dans douze mois". En 2022, 4 864 demandes italiennes de nouveaux brevets ont été déposées auprès de l'Office européen des brevets. Un chiffre qui place l’Italie - selon le Patent Index 2022 - à la 11e place du classement mondial et à la 5e place parmi les 27 pays de l'UE, derrière notamment l'Allemagne, la France et les Pays-Bas ».
(Traduction : ambassade de France à Rome)
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