"Salvini tourne le dos à Berlusconi : "La Ligue n’adhèrera pas au PPE.""
05/06/2023
Italie. Revue de presse.
Les retards du PNRR, dont les projets présentant trop de difficultés pour être accomplis dans les temps doivent être présentés aujourd’hui, ainsi que la norme visant à retirer à la Cour des Comptes le contrôle sur l’exécution de celui-ci, font la une de la presse : « Qui fait obstacle au PNRR » (Repubblica) ; « PNRR, la négociation sur une clause permettant de sauver les fonds » (Corriere), « PNRR : le gouvernement va engager sa confiance » (Messaggero). Le débat sur les féminicides et les mesures pour les éviter est en une de la Stampa, tandis que la journée internationale de l’environnement est en une de la plupart des journaux.
SONDAGES, La Repubblica, d’I. Diamanti, « La peur de l’étranger remonte et l’Italie se referme sur ses frontières » : « Les migrants continuent à occuper une place centrale dans le débat politique et social italien. Pour 4 Italiens sur 10, les migrants sont un ‘’danger pour la sécurité des personnes’’. C’est une donnée en forte hausse par rapport à ces deux dernières années, durant lesquelles le covid et la guerre en Ukraine suscitaient davantage de peur. La peur des immigrés retrouve ainsi le niveau enregistré en 2017-2018 mais reste toutefois inférieure à 2007-2008. Cela coïncide en fait avec des périodes de campagne électorale. Pourtant aujourd’hui nous nous trouvons plutôt dans une phase post-électorale, avec la victoire de la coalition de droite actuellement au gouvernement et qui alimente explicitement ce sentiment. 8 électeurs sur 10 de Fratelli d’Italia sont favorables au ‘’contrôle des frontières’’, une proportion encore plus importante parmi les électeurs de la Ligue et surtout de Forza Italia. La fracture avec la gauche est évidente : cette proportion chute à 47% parmi l’électorat du M5S et à 28% pour le PD. A l’inverse, plus de la moitié des électeurs 5 Etoiles et plus des 2/3 de ceux du PD souhaitent ‘’davantage d’ouverture sur le monde’’. Une opinion largement diffusée également parmi les étudiants, plus que dans le reste de la population. A l’échelle de toute l’Italie, près de 60% voudraient davantage de contrôle des frontières, voire leur fermeture, le chiffre le plus haut de ces cinq dernières années. Une donnée probablement liée aux relations difficiles avec les pays voisins, notamment avec la France. Pourtant, l’Italie est le pays européen avec l’âge moyen le plus élevé et le taux de natalité le plus bas. Le gouverneur de la Banque d’Italie, Ignazio Visco, a souligné que les effets de la baisse démographique ne pourront être compensés que ‘’par une augmentation du solde migratoire’’. Une opinion également exprimées par les principales associations d’entrepreneurs et d’artisans. »
ENTRETIEN, La Stampa, Matteo Piantedosi (Indépendant), « La prévention doit être renforcée au Parlement. Nous écouterons tout le monde » : « ‘’Chaque jour en Italie, trois femmes sont assassinées’’. Pour endiguer le phénomène des féminicides, le gouvernement envisage d’élaborer un projet de loi visant à renforcer les mesures de protection à l’égard des femmes victimes de violence. La permanence de ces violences de genre et de ces féminicides est ‘’intolérable’’ dans une société ‘’aussi avancée que la nôtre, rappelle le ministre Piantedosi, qui dit vouloir travailler en collaboration avec les autres ministres Nordio (Justice) et Roccella (Famille) sur une hypothèse ‘’d’intervention normative’’ à soumettre en Conseil des ministres. Pour ce qui relève du domaine de compétences du Viminal, le projet de loi mettra l’accent sur le renforcement des mesures de prévention personnelle et la communication avec les femmes victimes de violence, en leur rappelant la présence des centres anti-violence en action sur le territoire. Du côté des agresseurs, il s’agira d’intensifier l’usage du bracelet électronique. ‘’Il y a un grand travail à accomplir. Les normes sur la prévention et les sanctions sont fondamentales, mais elles ne suffisent sûrement pas. Il y a une dimension plus large qui relève de l’éducation et de la formation dès les premières années d’école’’. ‘’Le féminicide n’est pas un fait individuel mais social’’. Dès lors, il s’agit pour les décideurs publics de comprendre que l’instrument pour lutter contre les violences faites aux femmes ne peut pas se résumer à la répression du délit, mais il doit s’inscrire dans un ‘’projet culturel’’ qui doit impliquer une ‘’responsabilité collective’’ pour endiguer le phénomène. Contre l’impunité dont peuvent bénéficier les agresseurs, il s’agit pour le gouvernement d’affirmer le respect de la vie humaine et de la liberté d’autrui afin que jamais plus la femme ne soit traitée comme ‘’un objet, une propriété ou un instrument’’ ».
PREMIER PLAN, Corriere della Sera, M. Galluzzo : « Une clause pour ‘ sauver ‘ le PNRR et rediriger les fonds vers le plan énergétique » : « Rome négocie avec l'UE. Aujourd'hui, le vote de confiance sur le règlement sur la Cour des comptes, les oppositions sont divisées. Le rapport semestriel sur le PNNR, rédigé par le gouvernement et qui a déjà été discuté la semaine dernière par le groupe de pilotage, sera transmis au Parlement aujourd'hui. C'est également aujourd'hui que la confiance sera accordée à la mesure par laquelle l'exécutif annule le contrôle concomitant de la Cour des comptes sur les dépenses du Plan de relance et de résilience. Les oppositions sont divisées : le Pd et le M5S sont prêts à livrer bataille tandis qu’Italia dei Valori et Azione soutiennent la majorité. Au cours de ces dernières heures, des échanges de déclarations houleuses ont eu lieu entre la Commission européenne et le Palais Chigi. Le gouvernement tente de faire insérer dans le Plan une sorte de clause de sauvegarde, une clause qui permettrait à l'Italie de détourner vers le plan Repower-Eu les financements européens qu'elle ne sera pas en mesure de dépenser d'ici à 2026. Les propositions de modification du PNRR doivent être présentées d'ici la fin du mois d'août et la stratégie de l'exécutif semble celle de ne pas vouloir renoncer à aucun des financements prévus jusqu'à présent. Aujourd'hui, le plan Repower-Eu, axé sur les projets d'efficacité énergétique, est d’un point de vue économique, beaucoup moins considérable et plus spécifique que le PNRR. L'Italie devrait recevoir 2,7 milliards d'euros, et les propositions soumises il y a 15 jours aux bureaux de la Commission à Bruxelles semblent avoir été accueillies positivement. Plus précisément, le plan que le gouvernement a soumis à certaines grandes entreprises à participation publique et qui pourrait contenir des projets à grande échelle d'acteurs majeurs tels que Snam, Terna, Eni et Enel, pourrait en fin de compte "accueillir" les fonds qui ne seraient pas dépensés à la date d'expiration naturelle du PNRR. Ainsi, le Repower-Eu, qui, en plus des 2,7 peut déjà compter sur d’autres fonds provenant des plans de cohésion et qui sont calculés entre 3 et 6 milliards d'euros, pourrait facilement dépasser les 10 milliards d'euros. Il n'est pas certain que la Commission donne son feu vert, mais les discussions sont en cours. Et si elles devaient se terminer positivement, cela laisserait à l'Italie une grande marge de manœuvre. »
ENTRETIEN, La Repubblica, Adolfo Urso (Frères d’Italie), ministre du Made in Italy, « Nous voulons transférer les ressources du Pnrr vers l'énergie, voilà l’état des discussions avec l’UE» : « L’échange entre l’Italie et la Commission européenne au sujet du Pnrr suit l’esprit suivant : ‘’nous voudrions utiliser au mieux les ressources du plan afin d’obtenir des effets immédiats sur le développement économique et social du pays’’. En visite à Washington où il a rencontré des chefs d'entreprise et des responsables politiques américains, le ministre du Made in Italy Adolfo Urso a tenu à rassurer les investisseurs sur la capacité de l’Italie à ‘’utiliser au mieux les ressources’’ du Pnrr et à ‘’produire de la croissance’’ tout en réduisant le déficit public. L’Italie s’engage en effet à mettre l’accent sur des projets d’investissement liés à ‘’la souveraineté environnementale, à la transition industrielle 5.0 et aux technologies vertes et digitales’’. Pour cela, les fonds du Pnrr doivent être alloués à des projets dits ‘’réalisables’’ : en d’autres termes, que ces derniers ne contreviennent pas aux objectifs de croissance précédemment cités et qu’ils puissent être réalisés à court ou moyen terme. Ces projets doivent défendre et utiliser des ‘’énergies durables’’ tout en assurant la promotion des technologies vertes et digitales, nécessaires à la compétitivité des entreprises italiennes pour les investisseurs étrangers (notamment américains). Au regard de sa prochaine présidence du G7, l’Italie est aujourd’hui peut être perçue comme un pays ‘’fort et fiable’’ dans un contexte géoéconomique où son rôle de leader méditerranéen est naturellement plus exposé, fort du potentiel de son fonds souverain. Enfin, l’Italie témoigne de sa confiance dans la relation qui la lie à l’allié américain, en rappelant notamment que l’accord sur les Nouvelles Routes de la Soie a ‘’toujours été commercial’’ et qu’il ne doit pas être interprété comme un ‘’changement de camp’’. Quant à la décision du gouvernement sur son éventuel renouvellement, « elle sera prise le moment venu ». La pérennité des relations commerciales au sein de ‘’l’aire euro-atlantique’’, engagée pour faire face au défi systémique chinois, est une priorité que l’Italie doit communiquer au mieux à la communauté des investisseurs américains. »
ENTRETIEN de Antonio Tajani (Forza Italia), Ministre des Affaires étrangères, Corriere della Sera, P. Di Caro : « Avec Bruxelles, il s’est agi d’un malentendu. Mais la Commission ne doit pas prendre parti en vue des élections 2024 » : « " De nombreux pays modifient leurs plans de dépenses, pas seulement l’Italie. Le plan a été lancé lors de la crise du Coronavirus, puis il y en a eu une autre avec la guerre et la crise énergétique, tout le monde a besoin de flexibilité. Ce n’est pas seulement le gouvernement qui a besoin de stabilité, mais aussi tous ceux qui travailleront sur le PNRR, même les administrations territoriales de gauche qui géreront les fonds. C'est un travail qui nous engage tous". "Je m'attends à ce que les institutions européennes soient indépendantes des gouvernements, au-dessus des partis ; ce n’a pas toujours été le cas dans le passé." "C'est un fait que le centre-droit progresse globalement en Europe : les résultats en Finlande, en Grèce, en Espagne le prouvent. Ensuite, il faudra attendre le vote, bien sûr. Mais je me souviens qu'en 2017, j'ai moi-même été élu président du Parlement européen avec une majorité de centre-droit et l’élan pro-européen n'est, en aucun cas, diminué ". " Les nouvelles réglementations sur les voitures électriques, sur les emballages et la politique des "feux rouges" sont des coups très durs pour l'Italie, qui est le deuxième pays manufacturier d'Europe. Il est juste de défendre l'environnement, mais il faut défendre aussi l'emploi et le bien-être des citoyens". " Nous discuterons de cela ainsi que de beaucoup d’autres sujets lors du Sommet du PPE cette semaine à Rome, avec une attention particulière pour les valeurs chrétiennes - il y aura aussi des réunions au Vatican -, car l'ancrage d'une force politique doit toujours être clair. " " Au sein de Forza Italia, c’est Berlusconi qui décide ; il ne changera pas la ligne politique au sein du gouvernement, ce sont les résultats qui comptent et non pas les nominations d’un tel ou d’un autre. " »
PREMIER PLAN, Il Messaggero, de F. Malfetano, « L’axe sur les migrants et le MES, Meloni négocie avec Scholz » : « La Présidence du Conseil ne se fait pas d’illusion sur le tiède dégel avec Emmanuel Macron. Afin que le Conseil européen des 29 et 30 juin ne se termine sur des conclusions au goût amer, Giorgia Meloni a besoin de l’appui de Berlin. Du reste, l’entourage de Giorgia Meloni est convaincu que l’accord sur le Pacte de Stabilité et le soutien réciproque face à la crise migratoire est dans l’intérêt des deux dirigeants. Deux dossiers inévitables ce jeudi, lors de la visite à Rome du chancelier allemand. Sur le sujet des migrants, cette semaine sera décisive pour Meloni qui sera probablement en visite à Tunis mercredi, dans le rôle de médiateur entre Saïed et le FMI. Un déplacement complexe pour lequel la Présidente du Conseil s’implique corps et âme, convaincue que la stabilisation de la zone bénéficierait non seulement au contrôle des flux migratoires (les arrivées clandestines sont quoi qu’il en soit en baisse), mais surtout pour les infrastructures stratégiques italiennes. Le gazoduc reliant l’Algérie à la Sicile longe les côtes tunisiennes sur 400 kilomètres. Un point particulièrement intéressant également pour Scholz, premier leader européen à se montrer enthousiaste quant au ‘’Plan Mattei’’ italien qui pourrait permettre à Berlin de s’affranchir définitivement du gazoduc Nord Stream 2. Le leader allemand est en difficulté sur le plan interne, notamment à cause de la remontée de l’extrême-droite alimentée d’après les sondages par l’afflux de migrants clandestins. Il pourrait donc y avoir une affinité avec Meloni également sur ce dossier et les deux gouvernements suivent avec intérêt les négociations européennes pour la réforme des politiques de redistribution. Mais les discussions prévues jeudi à l’occasion du Conseil Affaires intérieures s’annoncent compliquées. Le chancelier et la Présidente du Conseil sont sur la même ligne sur plusieurs dossiers : le soutien à Kiev, l’intérêt commun dans les Balkans, les bonnes relations économiques (accord ITA-Lufthansa)... De l’autre côté, il y a la nécessité de négocier avec Berlin afin d’obtenir davantage de flexibilité d’ici la fin de l’année dans le cadre du nouveau Pacte de stabilité. L’Italie estime qu’elle bénéficie d’une certaine crédibilité auprès de Berlin pour avoir plaider en faveur des aides d’Etat demandées par l’Allemagne lors du dernier Conseil européen. Pour les proches de la Présidente du Conseil, cela suffira à mettre de côté les demandes de ratification du MES, qui ‘’n’est pas une priorité’’ de l’Allemagne selon eux. »
PREMIER PLAN, La Repubblica, d’E. Lauria, « Salvini tourne le dos à Berlusconi : ‘’la Ligue n’adhèrera pas au PPE’’ » : « Berlusconi met au placard l’alliance entre le PPE et les socialistes qui gouverne actuellement en Europe, et jusqu’à présent soutenue par Forza Italia. Il lance à la place le modèle Meloni pour remplacer le modèle ‘’Ursula’’. ‘’L’axe entre les populaires, les libéraux et les socialistes a fait son temps’’ avait-il déclaré. Une étape qui témoigne bien, encore une fois, de la conviction du centre-droit que l’axe entre Populaires et Conservateurs, après les récentes élections à Rome, à Madrid et à Athènes, peut conquérir le Parlement européen. C’est aussi une validation du travail mené par Antonio Tajani (Forza Italia) avec le chef de groupe du PPE au Parlement, Manfred Weber (CSU-Allemagne), qui sera à Rome cette semaine. Mais le chemin est encore long. Silvio Berlusconi a invité Matteo Salvini à faire partie de l’alliance en excluant ‘’les extrémistes peu fiables et irresponsables’’. Mais Matteo Salvini a sèchement refusé que la Ligue rejoigne le PPE. Il risque l’isolement car les populaires ne semblent plus accepter les habituels compagnons européens de la Ligue, de Marine Le Pen aux Allemands de l’AfD. Le chef de la Ligue mène depuis plusieurs semaines une ‘’réflexion à 360°’’ sur le futur positionnement en Europe. ‘’Je continue à travailler à un accord entre tous les partis de droite à Bruxelles avec l’objectif de mieux mener certaines batailles’’ précise Salvini, ‘’Que pense le PPE, allié aux socialistes, de la GPA ou des restrictions sur le secteur automobile qui mettent à genoux les entreprises et les travailleurs ?’’. »
(Traduction : ambassade de France à Rome)
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