"L’UE propose des sanctions pour ceux qui refusent d’accueillir les migrants relocalisés mais l’Italie ne tombe pas dans le piège."
01/06/2023
Italie. Revue de presse.
Le débat autour du Plan de Relance, et notamment les recommandations du gouverneur de la Banque d'Italie, Ignazio Visco fait les gros titres « Réformes, l'appel de Visco » (Corriere della Sera), « PNRR, Visco lance l'alarme » (La Repubblica), « PNRR, le gouvernement défie les juges comptables et censure la Cour des Comptes » (La Stampa), « PNRR, Visco : il faut un effort commun pour le futur des jeunes et du pays » (Sole 24 Ore). Les prévisions de croissance de l'ISTAT sont aussi citées en Une : « Le PIB augmente de 1,9% au premier trimestre, l'inflation baisse et passe de 8,2 à 7,6%» (Sole, Corriere, Messaggero). Enfin la défaite de l'équipe AS Roma à la finale de la Coupe de la Ligue Europa est elle aussi mentionnée.
Les JT couvrent essentiellement les recommandations économiques du gouverneur de la Banque d'Italie, Ignazio Visco, les déclarations de G. Meloni sur la réalisation du PNRR et les frappes russes sur plusieurs villes ukrainiennes dont Kiev.
COMMENTAIRE, Corriere della Sera, de M. Franco, « Un gouvernement qui s’efforce d’apparaître rassurant » : « La tentative d’avoir des propos rassurants est bien visible. Il n’y aura donc aucune confrontation avec la Cour des comptes et les magistrats qui avaient émis des critiques sur la gestion du Plan national de Relance. Et surtout aucun désaccord avec la Commission européenne qui serait plutôt de l’avis de la Présidence du Conseil sur la nécessité de rendre les projets à financer plus flexibles. Toute divergence sur les réformes constitutionnelles est niée, que ce soit sur l’élection directe du chef du gouvernement ou l’autonomie différenciée des régions. Même sur le MES, que Giorgia Meloni se refuse de ratifier jusqu’à présent, ‘’une discussion ouverte’’ est annoncée au Parlement. Avec l’énième garantie que ‘’la majorité votera ensemble’’ même si l’on ne sait pas encore dans quel sens. Les ministres récitent en chœur les mêmes éléments de langage apaisants. Le ministre des Affaires européennes Raffaele Fitto s’empresse de déclarer que ‘’le gouvernement a le plus grand respect pour la Cour des Comptes’’ avec une précision toutefois, ‘’le gouvernement demande le même respect à ses interlocuteurs’’. Idem pour le gouverneur de Bankitalia qui conseille de ‘’ne pas perdre de temps’’ sur le Plan de Relance. Ou lorsque le Président de la République Sergio Mattarella fait remarquer à l’exécutif l’usage impropre des décrets : ‘’le rappel du Quirinal est tout à fait juste, nous ferons des efforts dans ce sens dès les prochains jours’’ promet le ministre des Relations avec le Parlement et proche de Meloni Luca Ciriani. Autant de conséquences des récentes élections municipales. L’ ‘’effet victoire’’ poussera-t-il vers une gestion moins conflictuelle du programme de la coalition de droite ? Pour Giorgia Meloni, le PNRR est ‘’stratégique’’ et elle entend l’utiliser ‘’intégralement’’. Tout laisse à penser que la discussion reste ouverte sur le MES comme sur de nombreux autres sujets, y compris au sein de la majorité. »
ARTICLE, Corriere della Sera, M. Gu, «Fonds européens, le gouvernement veut mettre fin aux contrôles : tensions en vue avec la Cour des Comptes» : « La majorité a présenté un amendement au décret-loi sur la fonction publique qui soustrait aux juges la compétence de contrôler les fonds européens du Pnrr. L’opposition s’est indignée de cette manœuvre gouvernementale ‘’honteuse et inacceptable’’ – et a obtenu que la proposition d’amendement soit suspendue avant une audition à 12h avec le président de la Cour des Comptes, Guido Carlino. Le gouvernement va rencontrer les représentants de la Cour aujourd’hui. La modification du texte porte sur l’article 22 de la loi 11 septembre 2020, laquelle prévoit le ‘’contrôle concomitant’’ de la Cour des comptes ‘’sur les principaux plans, programmes et objectifs relatifs aux interventions de soutien et de relance de l’économie nationale’’. L’amendement complète ainsi l’article 22 avec cette formule : ‘’à l’exception de ceux prévus et financés par le Pnrr’’. L’opposition a tenu à souligner le fait que cette mesure, si elle est approuvée, pourrait aggraver encore le déséquilibre institutionnel au profit du gouvernement, en empêchant notamment le Parlement de demander aux juges de contrôler la légalité des ‘’plans, programmes et objectifs’’ du gouvernement. Le ministre pour les Affaires européennes R. Fitto a défendu l’initiative de l’exécutif en rappelant d’abord que ce ‘’contrôle concomitant’’ prévu dans une loi de 2009 n’avait ‘’jamais été mis en œuvre durant près d’une décennie’’ et n’a été réglementé que sous Draghi en mai 2021. Aussi, il a tenu à rappeler que les objectifs qui ne seront pas atteints en juin sont liés aux ‘’ choix des gouvernements précédents’’. La date d’envoi du projet de modification du Pnrr à l’UE est fixée 31 août ».
ARTICLE, Il Messaggero, L. Cifoni : « Istat, un PIB meilleur que prévu et une nouvelle baisse de l'inflation » : Le PIB dépasse les estimations dans le premier trimestre de l'année, et l'inflation ralentit en mai. Les données publiées par l'Istat hier sont positives : bien qu'il y ait des signes d'incertitude pour les mois à venir, l'économie italienne a commencé 2023 à un bon rythme, meilleur que celui des autres pays européens. Dans le détail, de janvier à mars, le PIB a enregistré une variation positive de 0,6 % par rapport à la période précédente. En comparaison avec le premier trimestre 2022, la variation est de +1,9 % et, là encore, il s'agit d'un chiffre supérieur aux prévisions. La variation attendue pour 2023 est également revue à la hausse : elle s'établit à 0,9 %. Le ministre Giorgetti, commentant les données, parle d'un "résultat encourageant" et affirme l'intention de "vouloir continuer à maintenir les comptes en ordre". Hier, l'agence de notation Moody's a également revu à la hausse ses prévisions de croissance pour l'Italie. Le résultat économique italien est meilleur que celui de l'ensemble de la zone euro (plombé par les -0,3 % de l'Allemagne) mais aussi meilleur que celui de l'Espagne (+0,5 %) et de la France (+0,2 %). Parmi les macro-secteurs économiques, c’est surtout celui des services qui a brillé, avec +0,8 %, tandis que l'industrie a progressé de deux dixièmes de point. L'agriculture est restée stationnaire. "Malgré la baisse enregistrée en avril sur les marchés hors UE, les exportations marquent + 8,9 points de pourcentage au cours des premiers mois de 2023 par rapport à la même période de l'année précédente", a déclaré Matteo Zoppas, président de l'Ice (Istituto Commercio Estero). En ce qui concerne les prix des biens, un nouveau ralentissement s'est produit en mai après la hausse d'avril : la variation annuelle de l’inflation est revenue à 7,6 % (contre 8,2), c'est-à-dire au niveau de mars dernier. L'inflation sur l'ensemble de l'année est de +5,6 %.”
ARTICLE, Corriere della Sera, A. Logroscino, « La réaction de Schlein : est-ce terminé ? Ne vous en faites pas, elle est là pour durer» : « Après l’échec de son parti aux élections municipales, la leader du Pd E. Schlein s’est exprimée dans un direct réalisé hier sur Instagram sur les défis qui l’attendaient et sur ses intentions de s’inscrire dans la durée au Pd. D’abord, elle a tenu a réaffirmer la position de son parti consistant à refuser de financer la livraison d’armes à l’Ukraine avec les fonds du Pnrr, tout en se disant ‘’favorable à une défense commune européenne’’. En effet, elle a dit qu’il était ’inacceptable d’utiliser les ressources destinées aux crèches pour livrer des munitions et des armes’’. Une position qui sera formalisée aujourd’hui au Sénat via le dépôt d’une motion de censure. Si, dans les faits, la possibilité de recourir à ces ressources a été maintenue dans le règlement, le Pd veut tout faire pour empêcher le gouvernement de pouvoir décider seul de l’allocation de ces fonds. Dans un second temps, Schlein a évoqué la gestion de l’aide d’urgence en Émilie-Romagne. Elle s’est dite impatiente d’être informée de la nomination du commissaire à la reconstruction en Conseil des Ministres, en espérant que ce commissaire connaisse la région et que le gouvernement n’instrumentalise cette gestion de crise. Enfin, elle a évoqué le futur du Pd en appelant ses électeurs à ‘’tenir bon’’, car le ‘’travail à accomplir est encore long’’ pour ‘’reconstruire une perspective qui donne de l’espoir à l’Italie’’ ».
ARTICLE, Corriere della Sera, de G. Buccini, « Jusqu’à six mois dans les limbes, l’odyssée de l’asile politique entre retards, problèmes techniques et bureaucratie » : « Le parcours administratif des demandeurs d’asile une fois arrivés en Italie est incohérent. Au bout de quelques semaines de tentatives, ils finissent bloqués dans une zone grise sans avoir pu déposer leur demande d’asile ni avoir un domicile, l’un étant demandé comme condition pour l’autre et vice-versa. D’après les associations, 20 000 réfugiés n’ont ainsi pas d’autre choix que la rue. Une juge saisie du cas d’un réfugié pakistanais a récemment décrit le ‘’court-circuit logique’’ et le paradoxe administratif dans lequel il s’était retrouvé piégé, lui aussi n’obtenant pas de logement car n’ayant pas de statut de demandeur d’asile et ne pouvant pas déposer sa demande car ne pouvant malgré lui indiquer aucun domicile, pas même en centre d’accueil. La directive européenne prévoit trois mois pour l’étape préliminaire de la procédure. En Italie la protection spéciale a été beaucoup débattue et amoindrie avec le ‘’décret Cutro’’. Mais en réalité les réfugiés peuvent parfois mettre jusqu’à six mois pour formaliser leur demande de protection internationale. Depuis 2018 les ressources ont été réduites et il n’y a pas assez de moyens humains pour faire face à toutes les demandes, explique une association d’assistance aux étrangers. Six mois pendant lesquels ces personnes se retrouvent à la rue. D’après le Conseil italien pour les réfugiés, en 2022, 52 625 demandes ont été examinées sur 77 195. 53% ont été rejetées, 12% ont obtenu le statut de réfugié, 13% une protection subsidiaire et 21% la protection spéciale utilisée un peu comme une solution palliative. Les recours au tribunal et les sanctions se multiplient souvent pour ‘’pratiques illogiques’’. Partout les juges tentent de combler un vide peut-être politique mais avant tout organisationnel. Dans certaines communes de la Péninsule, le seul fait d’être présent sur le territoire permet d’engager les procédures, mais ce n’est pas le cas partout. Des sources du ministère de l’Intérieur ne nient pas le problème même si une attente moyenne de ‘’70 à 80 jours’’ est évoquée mais le manque de places d’accueil est accentué par l’urgence ukrainienne. Des intérimaires devraient être recrutés en juin. La procédure est plus simple pour les naufragés recueillis par la Garde côtière mais ceux qui arrivent de manière autonome font face à un mur, explique un avocat. A Milan, la situation est particulièrement critique, avec près de 7 000 demandes déposées en 2022, accompagnées de tensions de plus en plus vives pour ceux qui doivent patienter. Certains réfugiés qui obtiennent finalement une place dans les centres d’accueil finissent par y renoncer tant les conditions y sont déplorables. Ils finissent donc par alimenter le demi-million d’invisibles depuis des années à la dérive dans notre système au bord de l’écroulement. »
ENTRETIEN, La Stampa, d’Alexandar Vucic, Président de la République Serbe « il faut que Kutri retire sa police et il y aura la paix » : « ‘’ Le Kosovo fait partie de la Serbie, c’est la Constitution serbe qui le dit, tout comme la résolution de l’ONU de 1999. Notre peuple est en colère. Les Serbes qui vivent dans le Nord et dans d’autres enclaves se sentent menacés par les forces spéciales de la police du Kossovo. Cela arrive presque toutes les semaines. Ce sont des rapports fiables qui en témoignent. Pristina n’a pas le droit d’avoir une police spéciale dans le Nord. Celle-ci arrête, détient et harcèle nos nationaux. Il est clair que Kutri ne peut pas disposer d’une police. Mais il est allé au-delà. Les gens ont commencé par protester pour les élections illégitimes et illégales des maires. Il y a des villes où les maires ont été désignés par 11 électeurs. Cela n’est pas démocratique, mais Kutri ne veut rien entendre. Nous demandons à Kutri d’envoyer au Sud ses maires et de faire disparaitre les forces de l’ordre dans le Nord. Les conditions seront alors réunies pour une réconciliation entre Serbes et Albanais. Nous voulons la réconciliation et sommes disposés à des compromis. De l’autre côté, il y a quelqu’un qui veut juste chasser les Serbes ou montrer les muscles. Nous gardons le calme parmi nos populations, mais si cette situation se prolonge, elles ne resteront pas tranquilles. Nous sommes infiniment reconnaissants envers nos partenaires américains d’avoir souligné les responsabilités de ces incidents. Il faut cependant une pression de la part de la communauté internationale pour que Pristina agisse de manière rationnelle. Nous sommes disposés au dialogue. Il n’a pas été simple d’avaliser la médiation proposée par Bruxelles [que la Serbie reconnaisse le Kossovo et que les deux parties acceptent réciproquement les documents, les passeports, les plaques d’immatriculation et que Pristina crée une association de municipalités serbes]. Nous avons besoin de voir d’abord la formation de l’association des municipalités, nous serons ensuite prêts à d’autres négociations’’.»
ARTICLE, La Stampa, « Mattarella se rendra mercredi à l’Elysée, à l’exposition du Louvre puis la rencontre avec Macron » : « Le Président de la République Sergio Mattarella sera reçu par le président français Emmanuel Macron le mercredi 7 juin 2023 à l’occasion de l’inauguration de l’exposition « Naples À Paris » au Louvre. C’est la Présidence de la République française qui l’annonce par un communiqué, précisant que cette visite sera suivie d’une rencontre à l’Elysée. Cette visite et cette rencontre ‘’témoignent de la relation de confiance et d’amitié entre les deux présidents, ainsi que des liens exceptionnels qui unissent nos deux pays’’. ‘’Ces liens s’expriment notamment au travers d’une riche coopération culturelle bilatérale, qui occupe une place centrale dans le Traité du Quirinal’’, observe l’Elysée. L’exposition « Naples à Paris » est ‘’un hommage aux liens historiques entre la France et l’Italie’’, souligne la Présidence. Le musée de Capodimonte de Naples a prêté une soixantaine de ses plus grands chefs-d’œuvre au musée du Louvre, qui dialogueront avec ses collections en les intégrants avec des œuvres peu connues en France. A cette visite participeront également les Ministres de la Culture Rima Abdul-Malak et Gennaro Sangiuliano. »
(Traduction : ambassade de France à Rome)
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