"L’effet Meloni reste fort au niveau national mais le PD est le plus stable parmi les partis."
31/05/2023
Italie. Revue de presse.
Plusieurs sujets se partagent la Une, ce matin : « Drones sur Moscou, la colère de Poutine » (Corriere della Sera), « Les tourments du PD [après la défaite aux élections municipales] » (La Repubblica), « Le coup de frein sur les prix à la production » (Sole 24 Ore), « Fiscalité, voici le plan pour les revenus les plus bas » (Il Messaggero), « La visite de Mattarella en Emilie-Romagne : nous ne vous abandonnons pas » (Avvenire), « Romano Prodi : en Italie je constate une régression autoritaire » (La Stampa), « Stellantis, un investissement record pour la première méga-usine de batteries électriques en France » (Sole 24 Ore).
Les JT couvrent la visite de Mattarella en Emilie-Romagne, la rencontre d’hier entre la Présidente du Conseil G. Meloni et les partenaires sociaux, et enfin les tensions au Kosovo.
ENTRETIEN, La Stampa, d’A. Ghisleri, journaliste sociologue, « L’effet Meloni reste fort au niveau national mais le PD est le plus stable parmi les partis » : « Nous nous sommes penchés sur le cas des 91 communes chefs-lieux concernées par ces élections municipales. Si l’on met de côté les listes et candidats ‘’sans étiquettes’’, on observe les résultats suivants : le PD obtient 16,2% des voix soit 202 000 électeurs, Fratelli d’Italia 13,6% soit 184 000 électeurs, la Ligue 7,6% soit 79 000 électeurs et Forza Italia 6,7% soit 76 000 électeurs. Forza italia fait plus ou moins le même résultat qu’au niveau national, la Ligue est quelques points en-dessous mais surtout, Fratelli d’Italia obtient moins de la moitié de son score national. Le PD est le parti qui enregistre le moins d’écart entre résultat national (20-21%) et résultat aux municipales (16,2%). L’effet Meloni est encore fort au niveau national mais on voit qu’une part conséquente de son électorat est ‘’volubile’’, ces voix sont les plus faciles à perdre. L’électorat du PD apparait beaucoup plus solide et stable. On voit toutefois qu’Elly Schlein n’a pas encore trouvé son identité alors que Giorgia Meloni maintient une identité forte et la ‘’lune de miel’’ n’est pas encore terminée. Les prochaines élections européennes seront marquées par une forte compétition interne à la coalition de droite. Le scénario de la fin d’un partage du pouvoir entre le PPE et les socialistes est possible. Un changement radical qui représenterait un important succès pour Meloni mais qui impliquerait aussi d’importantes responsabilités avec une réduction du rôle de Silvio Berlusconi au sein du PPE. Il y a un gros point d’interrogation autour de Salvini qui reste lié aux forces européennes les plus souverainistes. Elly Schlein tente quant à elle de faire de la politique différemment, une nouvelle façon de faire à laquelle l’électorat ne semble pas prêt. Son électorat, qui reste toutefois solide, attend d’elle une vraie identité et une politique nette. De façon générale, les décisions précisent priment auprès des électeurs, mêmes lorsqu’elles s’avèrent mauvaises. Quant au Mouvement 5 Etoiles, historiquement il n’a jamais émergé au niveau local. Giuseppe Conte l’a transformé pour en faire son parti et les électeurs ne le comprennent pas toujours. Il perd des voix en faveur du Parti démocrate. En Sicile et dans les Pouilles, ils ont même réussi à perdre du terrain en terre ‘’amie’’. Forza Italia et Silvio Berlusconi sont indissociables, représentant entre 6 et 8% du pays, voire 10% si l’on compte l’importante part d’abstention. C’est un électorat qui peut être sensible au camp modéré représenté par Renzi et Calenda mais ces derniers se sont montrés sous leur plus mauvais jour, très compétitifs et querelleurs entre eux. Forza Italia devra trouver sa voie indépendamment de son président mais ce sera difficile car là aussi les tensions internes sont fortes. »
COULISSES, La Stampa, d’A. Barbera, « PNRR : coup de frein sur la Cour des Comptes » : « Tout le monde s’attendait à ce que deux amendements soient présentés hier en Commission Affaires constitutionnelles. L’un devait prolonger jusqu’en 2025 l’imputabilité des fonctionnaires ou agents publics ayant commis des fautes au détriment de l’Etat seulement lorsqu’elles sont intentionnelles. L’autre devait réduire les pouvoirs de la Cour des comptes dans le cadre des ‘’contrôles concomitants’’ qu’elle effectue sur les appels d’offres du Plan national de Relance. Les deux amendements sont finalement reportés sans qu’on ne sache quand. Officiellement, il s’agit de prendre en compte la remarque du Président de la République pour que les décrets ne soient pas des fourre-tout juridiques comprenant des normes n’ayant pas de rapport avec l’objet du décret. Il semble toutefois qu’une bataille institutionnelle entre le gouvernement et les magistrats en charge des comptes publics ait cours. L’affaire est représentative des difficultés liées à la mise en œuvre du Plan de Relance. Le collège en charge des contrôles sur le PNRR pour la Cour des Comptes s’était saisi de deux objectifs que l’Italie n’atteindra pas d’ici le 30 juin, sur la construction de stations à hydrogène et de bornes pour la recharge électriques des véhicules. Pour les juges du comité de contrôle, si l’objectif n’est pas rempli, cela pourrait engager la responsabilité des dirigeants publics pour dommage causé à l’Etat. Raffaele Fitto, ministre des Affaires européennes et chargé du Plan de Relance, est particulièrement mécontent : si l’objectif n’est pas rempli, ce sera parce qu’il n’y a pas eu assez de réponses à l’appel d’offre et qu’il n’y en a aucune au sud, or le Mezzogiorno, c’est la règle, ne peut être pénalisé. ‘’Quelle serait la faute des dirigeants du secteur public si personne ne répond à l’appel d’offres ?’’ s’énerve le ministre déplorant un système où la ‘’peur de la signature’’ paralyse déjà le secteur public. L’épisode a ouvert un débat au sein du gouvernement sur la suppression de ce collège, la Cour des Comptes effectuant déjà des contrôles sans qu’il n’y ait besoin de ‘’contrôles concomitants’’. Mais l’amendement n’a finalement pas été présenté hier, sans que l’on ne sache vraiment pourquoi. La Présidence de la République aurait approuvé l’amendement sur la responsabilité des fonctionnaires seulement en cas de faute volontaire mais émis des réserves quant à une confrontation directe avec la Cour des Comptes. Pour la Présidence du Conseil, l’important est d’avoir souligné que les difficultés dans l’utilisation des fonds du PNRR n’incombent pas seulement à la politique. »
ARTICLE, Sole 24 Ore, G. Trovati « Le MES sera examiné à la Chambre le 30 juin, son adoption sera un test pour la majorité» : « Le 30 juin, la Chambre s’exprimera sur la ratification du nouveau MES. La décision, prenant de court aussi un grand nombre de représentants de la majorité, a été proposée à la conférence des chefs de groupe par le Président de l’hémicycle, le léguiste Fontana. Il s’agit de fixer une date pour mettre fin à l’enlisement quasi-éternel du fonds de sauvetage européen. L’effet levier a d’abord été généré par le projet de loi présenté par le Troisième pôle, suivi par une proposition très semblable de la part du PD. L'impulsion décisive est venue surtout de la pression internationale, qui s'est intensifiée après que le feu vert de l'Allemagne et de la Croatie, plaçant l'Italie dans la position inconfortable de seule absente à l'appel de la ratification, avec une avalanche de déclarations des dirigeants européens au cours des dernières semaines. Le feu vert italien est indispensable pour que la réforme entre en vigueur. Le choix de la Chambre des députés ne déconcerte pas le ministre de l'Économie Giancarlo Giorgetti, qui pourra se présenter à l'Eurogroupe et à l'Ecofin prévus à Luxembourg les 15 et 16 juin avec une date pour la déclaration parlementaire, conformément aux engagements pris lors des derniers sommets des ministres de l'Économie de l'UE. Mais le dossier est décidément plus problématique pour les dirigeants politiques de la majorité, à commencer par Fratelli d’Italia et la Ligue, qui, depuis des années, dépeignent le MES comme un symbole de l'ingérence internationale dans la vie financière des différents pays. Les difficultés politiques qui ont émergé hier après-midi autour de la date du 30 juin sont néanmoins bien résumées par le silence avec lequel les dirigeants de la majorité ont accueilli la nouvelle. »
ARTICLE, La Repubblica, V. Conte « Les promesses de Meloni sur les impôts et l’inflation divisent le front des syndicats » : « La Présidente du Conseil tente de prendre de court les syndicats. Elle ne se montre pas uniquement ouverte à la négociation sur les thématiques de la fiscalité, des retraites, des salaires et de l’inflation. Elle commence par les critiquer : ‘’vos propositions coûtent des dizaines de milliards, il faut choisir, avec responsabilité et sans préjugés’’. Les syndicats CIGL et UIL restent prudents ; Luigi Sbarra de CISL y croit et estime que ‘’c’est un bon début. Il n’est pas possible d’une part de se présenter aux réunions et d’autre part de se rendre aux manifestations’’. C’est une pique lancée contre la stratégie de Maurizio Landini, chef de CIGL. Ce dernier explique sa position ‘’il n’y a pas de réponses, il n’y a pas de ressources. Nous participerons aux réunions, mais les mobilisations se poursuivront. Le 24 juin nous serons sur la Place du Peuple à Rome pour manifester pour la santé publique. Nous ne voulons pas négocier sur l’autonomie régionale différenciée, elle doit être éliminée des dossiers à aborder lors de ces discussions’’. Nous sommes donc face à des choix différents de la part des syndicats. Pierpaolo Bombardieri de UIL dit être ‘’disposé à échanger mais, sur le fond, il n’y a rien. Rien sur ces 20 000 femmes bloquées par la loi « option femme » que le gouvernement s’était engagé à modifier’’. Les promesses de Giorgia Meloni sont les suivantes ‘’nous allons élargir le périmètre des bénéficiaires du premier taux d’imposition’’. Puis ‘’nous imaginons aussi une série de déductions également pour les salariés, notamment sur les dépenses pour les transports. Nous rendrons structurels ces bénéfices et la détaxation en cas de naissance d’un enfant’’. Des promesses qui s’ajoutent à l’autre réforme très couteuse ‘’nous sommes prêts à rendre la baisse des charges salariales structurelle et plus large’’. Ce n’est pas un hasard si la Présidente du Conseil reste prudente au sujet des retraites ‘’nous devons faire le calcul des dépenses, assurer l’équilibre du système et éviter une sorte de bombe sociale dans les prochaines décennies’’. Enfin, sur la hausse de l’inflation, Meloni promet un observatoire au Palais Chigi sur les prix et pour contrôler la spéculation. »
ENTRETIEN, La Stampa, de Claudio Durigon (Ligue), secrétaire d’Etat à l’emploi « Nous sommes prêts à adopter la réforme des retraites » : « La réforme des retraites dite « quota 41 » est réalisable. Toutefois, cela se fera progressivement au cours du mandat : la réforme globale sera réalisée par étape. Avec la loi de finances, nous ferons un premier pas en prévoyant la flexibilité pour les départs, comme nous l’avons fait avec « quota 103. ». Nous travaillerons pour élargir le quota 41-62 ans. Nous décideront comment procéder une fois que nous connaitrons de manière précise les ressources qui sont à disposition.’’ »
ARTICLE, La Repubblica, T. Ciriaco « L’Italie enverra d’autres armes à l’Ukraine. Le septième décret sera adopté » : « Une nouvelle livraison d’armes à l’Ukraine est en cours de validation. Il s’agit du 7e envoi de matériel militaire à Kiev depuis que l’Italie a décidé en mars 2022 de soutenir la résistance du pays agressé par Vladimir Poutine. Le décret sera adopté dans les prochaines heures, explique le ministre de la Défense Guido Crosetto lors de la réunion du Copasir (comité pour la sécurité de la République). Le vecteur choisi reste le même : un décret interministériel. La couverture légale est assurée par le décret-loi du gouvernement adopté pour toute l’année 2023 et qui comprend le soutien à Kiev. En revanche, l’exécutif est tenu d’informer le Copasir et de fournir aux membres de la commission l’inventaire du matériel envoyé. Déjà lors du 6e paquet d’aides, Rome avait assuré à l’Ukraine le système de défense anti-aérien Samp-T, grâce à un accord avec la France. Si l’on croise les exigences ukrainiennes avec les disponibilités de l’industrie militaire italienne, on peut deviner le contenu des nouvelles aides. Il leur faut des radars pour les batteries Aspide, des batteries de canons Skynex, des M113 Sidam dotés d’une mitraillette de 25 millimètres. Ce sont des armes datant des années 80 et que les Ukrainiens demandent depuis des mois. »
ARTICLE, Il Corriere della Sera, M. Imarisio, « Tajani (Forza Italia) au téléphone avec Vucic et Kurti: ‘’Éviter toute initiative unilatérale’’ » : « ‘’Nous sommes très préoccupés par ce qu’il se passe en ce moment dans cette région des Balkans : malheureusement, la tension monte. J’ai eu tour à tour au téléphone le Président serbe et le Premier ministre kosovar et je les ai invités à faire prévaloir le bon sens en évitant les initiatives unilatérales’’. Invité lors de la transmission de Stasera Italia hier soir, le ministre des Affaires Étrangères A. Tajani adopte une position diplomatique et plaide pour la désescalade entre la Serbie et le Kosovo, après la contestation par des manifestants serbes de l’élection de maires d’origine albanaise dans plusieurs villes du Nord du Kosovo. Il a ainsi demandé à Kurti de reporter l’installation de ces maires à une date ultérieure, le temps de trouver un compromis. Il s’est dit aussi favorable à ‘’l’entrée de ces deux pays dans l’UE’’ tout en annonçant la candidature de l’amiral Giuseppe Cavo Dragone (l’actuel Chef d’État-major des armées italiennes) pour diriger les opérations militaires de l'OTAN ».
(Traduction : ambassade de France à Rome)
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