"Meloni s’impose, le PD n’obtient que la ville de Vicenza."
30/05/2023
Italie. Revue de presse.
Les résultats des élections municipales, marquées par une affirmation de la coalition de droite, font les gros titres « Une victoire claire de la droite » (Corriere della Sera), « Le vent de droite » (La Repubblica), « Meloni s’impose, le PD n’obtient que la ville de Vicenza » (La Stampa), « La droite s’impose dans les villes » (Il Messaggero). Les violences au Kosovo ayant fait plusieurs victimes parmi les soldats de la Kfor sont aussi citées avec large couverture en Une : « Kosovo, 14 soldats italiens blessés » (Corriere, Repubblica, Stampa). Enfin la convocation des législatives anticipées en Espagne, au lendemain des élections municipales et régionales marquées par la victoire des conservateurs, est
Les JT couvrent notamment les résultats des élections municipales ; la visite du président Mattarella dans les villes touchées par les inondations ; les violences au Kosovo; le conflit en Ukraine ; les nouvelles découvertes archéologiques à Pompéi.
COMMENTAIRE, La Repubblica, de S. Folli, « L’an zéro du Parti démocrate d’Elly Schlein » : « Le centre-gauche disparait lors de ce second tour des élections municipales. Ces élections lui sont traditionnellement plutôt favorables mais le Parti démocrate et son faible voire inexistant réseau d’alliances, s’est comme dissous, exception faite de quelques rares cas comme Brescia au premier tour et Vicenza au second. Dans ces deux cas, le candidat bénéficiait d’un fort ancrage territorial et n’avait pas recouru à l’appui de la direction romaine du parti. Elly Schlein a été nommée depuis peu et on peut lui reconnaitre certains facteurs atténuants. Le fait est que le résultat de ces scrutins confirment le leadership de Giorgia Meloni et relèguent définitivement Matteo Salvini à un rôle de second plan au sein de la coalition de droite. Il serait en tous cas irresponsable de sous-estimer le désastre du centre-gauche et de remettre à plus tard une réflexion sérieuse sur les implications de ce vote. L’ampleur de la défaite montre que c’est bien la stratégie, la ligne du PD fixée par sa leader qui sont en cause. Par exemple la radicalité des choix, le repli sur le cercle restreint des collaborateurs les plus fidèles, l’absence de lien politique entre l’ancienne et la nouvelle direction. L’image d’une Elly Schlein solitaire lors de sa brève visite des zones inondées en Emilie-Romagne était particulièrement mélancolique et représentative de la situation : un parti qui ne parle pas à la majorité des Italiens mais à l’archipel des minorités. Il faudra bien que quelqu’un au sein du PD ait le courage de dire que tout n’est pas perdu, que les européennes sont encore dans un an et qu’ils ont le temps de remonter la pente. Au PD, la part des mécontents s’élargit. Jusqu’à présent Elly Schlein a écarté certains sujets d’un haussement d’épaules. Le PD a tenté de récupérer des voix du côté de l’électorat des 5 Etoiles, mais en conséquence le M5S poursuit son déclin et le PD le suit. Il faut renouer au plus vite avec la vocation réformiste, typique du centre-gauche historique, en revoyant les priorités. Le risque est que le PD se divise en deux partis : l’un réformiste, l’autre maximaliste. Ce serait un cadeau un peu trop gros à Giorgia Meloni. »
EDITORIAL, Corriere della Sera, R. Gressi « Un défi Meloni-Schlein qui n’a jamais commencé » : « C’est une douche froide pour Elly Schlein. L’idée que le brusque virage lors des primaires du PD aurait pu suffire – avec une rupture claire avec l’aile réformiste, quelques victoires électorales et la réapparition des manifestations dans les rues – s’est révélée insuffisante pour les électeurs. Il y a aussi un autre message qui ressort de ces élections locales : le second tour ne vient plus au secours du centre-gauche pour recomposer dans les urnes des alliances qui n’avaient pas trouvé une raison d’être lors du premier tour. Les alliances trouvées à la dernière minute entre le PD et le M5S, par exemple à Catane, non plus, ni la baisse du taux de participation. La coalition de gouvernement a montré savoir encore pousser ses électeurs vers les bureaux de vote, marquant une inversion de tendance par rapport au passé. Le PD perd le fief d’Ancône, échoue à remonter dans les villes toscanes de Pise, Sienne et Massa, perd Brindisi et se révèle inconsistant à Terni, où une liste civique s’est imposée sur la coalition de gouvernement. Certes, le gouvernement sort renforcé par ce test, mais sa tenue n’était pas en discussion. Il était néanmoins légitime de s’attendre que les conditions soient réunies pour un défi futur entre les deux femmes qui ont marqué une rupture dans la politique italienne : Meloni et Schlein. Peut-être que ce test est arrivé trop tôt pour Schlein, mais il est évident que ce défi, cette fois-ci, n’a même pas eu lieu. Pour le PD, l’heure est à la réflexion. La nouvelle direction du PD regardait avec impatience le second tour d’hier qui pouvait représenter un tremplin pour le marathon des élections européennes. Cela n’a pas été le cas et le réveil a un goût amer. »
ENTRETIEN, La Stampa, d’Antonio Tajani, vice-président de Forza Italia, vice-premier ministre et ministre des Affaires étrangères « C’est une révolution culturelle, en politique on gagne au centre » - « ‘’[Les résultats] confirment qu’en politique on remporte les défi au centre, avec des candidats modérés et compétents. Notre coalition a montré, au-delà des attentes, son unité et sa crédibilité. Avoir remporté la ville d’Ancône est un fait historique, avec un candidat de Forza Italia. Tout comme Brindisi. Nous avons su bien choisir les candidats et cela a fait la différence. Chacun fera ses analyses mais un PD de plus en plus à gauche a fini par faire fuir de nombreux électeurs. J’ai été particulièrement surpris par le résultat électoral en Espagne, notamment aux Asturies où les populaires ont remporté un fief historique de la gauche. Il y a un retour clair aux populaires. On observe une nouvelle vague qui regarde vers une Europe différente.’’ »
ENTRETIEN, Il Giornale, d’Antonio Tajani (Forza Italia), ministre des Affaires étrangères et vice-président de Forza Italia « Les alpins seront soignés au Kossovo » : « ‘’Des 14 militaires italiens blessés, trois se trouvent dans des conditions plus graves mais personne ne risque sa vie. Nous craignions qu’un fait pareil puisse se produire. J’avais prévenu le Premier ministre kosovar Kurti en l’invitant à la retenue. Cet incident peut conditionner négativement le parcours d’adhésion à l’Union Européenne. Ce soir, je m’entretiendrai également avec le président serbe Vucic. Nous travaillons pour empêcher que la situation n’empire mais elle est en train de dégénérer. Il n’y a pas de soldats grièvement blessés, heureusement, et ils seront soignés au Kossovo.’’ »
(Traduction : ambassade de France à Rome)
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