"La nomination de la présidente de la commission antimafia soupçonnée d'avoir eu des liens avec un terroriste d'extrême droite."
24/05/2023
Italie. Revue de presse.
Les aides pour la région Emilie-Romagne adoptées lors du conseil des ministres d'hier font la Une de tous les quotidiens : « Aides à hauteur de 2 milliards pour l'Emilie-Romagne » (Corriere della Sera, Stampa, Il Messaggero). La nomination de la présidente de la commission antimafia soupçonnée d'avoir eu des liens avec un terroriste d'extrême droite est aussi en unes : « Colosimo nommée à la tête de la commission antimafia, une page noire » (La Stampa) ainsi que « Les recommandations de Bruxelles sur le PNRR et « l'ultimatum de Fitto [aux ministres] sur les modifications [à y apporter] » (Sole 24 Ore).
Les JT couvrent essentiellement les aides pour la région Emilie-Romagne à hauteur de 2 milliards d'euros, adoptées hier en conseil des ministres, la situation des secours et de la mise en sécurité des zones sinistrées, et enfin le mystère autour des attaques dans la région russe de Belgorod.
ARTICLE, Il Giornale, M. Scafi « Le gouvernement débloque immédiatement 2 milliards d'euros et Macron envoie de l’aide » : « La présidente du Conseil Giorgia Meloni affiche sa satisfaction ''cela n'a pas été facile, il faut reconnaître l'implication de tout le gouvernement, qui s'est consacré entièrement à l'urgence de l'Emilie-Romagne''. La France aussi intervient, le Président Emmanuel Macron a annoncé l'envoi de ''quarante militaires et des moyens de secours sont en train d'arriver en Italie''. Ursula von der Leyen visitera quant à elle les zones sinistrées. »
PREMIER PLAN, La Stampa, F. Olivo, « Le décret pour sauver l’Emilie-Romagne » : « Le conseil des ministres adopte un premier plan d’aide de 2 milliards d’euros suite aux inondations. La présidente du Conseil Giorgia Meloni et le président de la région Emilie-Romagne (Parti démocrate) font preuve d’unité. Ils ont tous deux beaucoup misé sur la réunion d'hier, avec la Présidente qui a convoqué tous les ministres et le président de Région qui a réuni une délégation de 18 représentants de syndicats, des associations professionnelles et des banques. Le Conseil des ministres de demain devrait approuver des mesures d’aides en faveur de la région des Marches, qui a également subi d'importants dégâts. Le gouvernement a décrété un jour de deuil national aujourd'hui. Le président de la République, Sergio Mattarella, parle d'une "souffrance qui exige un grand élan de solidarité de la part de toute l'Italie ". Pour aider la région à se relever le gouvernement a donc alloué un budget dont il n’était pas certain, les jours précédents, de pouvoir disposer. Le mérite, selon Meloni, en revient aux ministres qui ont trouvé les fonds. Pour elle, il s'agit de la première véritable épreuve face à une grave situation d'urgence depuis son entrée en fonction au Palais Chigi. La réaction n'a pas été immédiate, plus d'une semaine est passée depuis la catastrophe, mais la somme atteinte, deux milliards d'euros, a satisfait l'importante délégation arrivée d'Emilie-Romagne avec Bonaccini. Les représentants des secteurs les plus touchées apprécient l'effort, mais craignent qu'il ne soit pas suffisant : "L'indemnisation prévue pour les entreprises agricoles, d'un montant de 175 millions d'euros, ne doit être qu'un premier pas - déclare Cristiano Fini, président de la Confédération Italienne des Agriculteurs. Le secteur des biens primaires est complètement à genoux, et les pertes vont encore augmenter lorsque les champs et les étables seront récupérés ; la facture sera salée pour nos agriculteurs ". Après l'autocongratulation de son gouvernement, la Présidente du Conseil a annoncé les mesures : " Suspension des délais de paiement des impôts et des cotisations jusqu'au 31 août ainsi que des prêts bancaires, suspension des paiements des factures d’énergie Arera, un fonds de 20 millions d'euros pour assurer la continuité éducative, flexibilité sur les dates des examens de fin d'études secondaires et mise en place de l'enseignement et des examens à distance pour les universités. ‘’ Une partie importante des fonds trouvés provient de la Farnesina. Il s'agit de contributions à fonds perdus pour les entreprises exportatrices endommagées par les inondations, grâce au fonds Simest, pour 300 millions d'euros. Le ministère des Affaires étrangères a prévu un quota de 400 millions pour offrir des prêts à des taux avantageux pour ces entreprises. Des équipes de premiers secours étrangères sont arrivées en Emilie-Romagne : "La protection civile est mobilisée au niveau européen", a déclaré Antonio Tajani, "l'Italie reçoit une grande solidarité". Des équipes slovaques et slovènes sont déjà à l'œuvre près de Ravenne, des équipes françaises seront également en action ce soir. Nous remercions les gouvernements de ces trois pays". »
ARTICLE, Sole 24 Ore, de L. Palmerini, « Inondations, l’impulsion de la Présidence de la République en faveur de la collaboration » : « Dans les premières heures qui ont suivi les inondations en Emilie-Romagne, la tentation de la bataille politique a semblé prévaloir sur la collaboration. Certains ont pointé du doigt la région Emilie-Romagne, historiquement à gauche, alors que d’autres ont énuméré les nombreuses décisions jamais prises et les fonds jamais dépensés par ce gouvernement ainsi que les précédents. Mais hier, lors du Conseil des ministres, l’atmosphère était différente. La Présidente du Conseil Giorgia Meloni et le président de la région Emilie-Romagne, Stefano Bonaccini ont bien manifesté la volonté de travailler ensemble. Les résultats de cette collaboration pourront être appréciés plus tard, si elle se confirme. Il est certain que cela ne plaira pas à une partie de la droite qui préparait déjà la ‘’vendetta’’ sur les autorités locales de gauche, de même qu’une partie du PD proche d’Elly Schlein préférerait pouvoir mener une campagne d’opposition sur ce terrain. Le Président de la République Sergio Mattarella se joint à Meloni et Bonaccini pour tenter de dépasser ces dynamiques et a ‘’encouragé ce sentiment de proximité et de solidarité dans le pays’’. Un changement d’attitude peut donc être attendu de la part de ceux qui cultivent habituellement les différends. Du reste, le cliché de l’opposition systématique droite/gauche est lassant, surtout lorsque la population est dans un autre état d’esprit. Le Président de la République y a fait écho hier lorsqu’il a évoqué les milliers de personnes qui ont dû ‘’abandonner leur logement’’, ou les entreprises détruites. Une situation qui demande ‘’un gros effort de solidarité de toute l’Italie’’, et cela vaut aussi pour les forces politiques. A voir donc si l’Emilie-Romagne pourra faire exception alors que dans de nombreux autres domaines les tensions se multiplient, à commencer par l’élection de la députée Fratelli d’Italia Colosimo à la direction de la commission anti-mafia. »
SONDAGES, La Stampa, A. Ghisleri « Les Italiens redoutent les inondations mais l’urgence demeure la hausse des prix » : « Avec la tragédie qui a touché l’Emilie-Romagne, la perception des urgences et de leurs conséquences a sensiblement changé auprès des Italiens. L’inquiétude liées aux conséquences du dérèglement climatique, jadis inexistant, occupe désormais la deuxième place (26,3%), devancé par l’inflation et la hausse des prix (50%, + 1,4 points en deux mois). Les impôts et les taxes se placent juste après (25,9% ; +1,1 points), suivi par les prestations de santé (25,5% ; + 4,2 points) tandis que l’immigration et sa gestion passent désormais à la 5e place (24,1%) avec une baisse de -1,1 points. Un changement significatif concerne la perception de la guerre en Ukraine, qui s’éternise : elle est une préoccupation seulement pour 15,9%, soit un recul de 5,2 points en deux mois. Une priorité nouvelle fait son entrée dans ce classement : la hausse des loyers qui atteint la 14e place. Toujours sur le climat, 54,2% des sondés estiment qu’il s’agit d’un phénomène inquiétant et qu’un changement de nos styles de vie est nécessaire. Concernant la tragédie en Emilie-Romagne, 32,8% estiment que les inondations sont dues au mauvais entretien du territoire ; 21,8% pensent que cela est dû au changement climatique. Enfin, concernant les intentions de vote : Fratelli d’Italia est à 29,6% (+ 0,8 points par rapport aux élections législatives de septembre dernier), le PD à 20,8% (+1,2 points), le M5S à 16,5% (+0,3 points), la Ligue à 9,2% (-0,4 points), Forza Italia à 6,5% (-0,3 points), Azione à 4,5% (-0,1 points) et Italia Viva à 3,7% (+0,2 points). »
PORTRAIT, La Repubblica, Giovanna Vitale, « De Codreanu à Ciavardini : les parcours chaotiques et l’ascension de Chiara la ‘’fidélissime’’ » : « ‘’Elle voulait être Giorgia Meloni et elle ne le cache’’. Le parcours de la nouvelle présidente de la Commission parlementaire anti-mafia Chiara Colosimo est, à s’y méprendre, tout à fait similaire à celui de la cheffe du gouvernement. Elles ont toutes les deux débuté dans le même mouvement de jeunesse et partagent les mêmes ambitions militantes et de carrière. Ces deux ‘’clones’’ - même si l’une est blonde et l’autre brune – sont aussi les purs produits d’une droite souverainiste qui défend la tradition, ‘’de feu et de sang’’. ‘’La Fidèlissime’’, née à Rome le 2 juin 1986, jour de la fête de la République, rejoint les rangs d’Azione Studentesca au lycée avant de mettre un terme à ses études à la Luiss pour se lancer dans la politique. Quand G. Meloni est ministre de la jeunesse [sous Berlusconi], elle débute à peine en dirigeant le siège régional du Pdl (Popolo della Libertà, parti de Silvio Berlusconi à l’époque) en tant que conseillère pour le Latium, où Arianna Meloni (sœur de Giorgia) occupait des fonctions de direction. Giorgia lui confiera même un poste lors de l’organisation de l’Atreju en 2013, une manifestation de jeunesse de la droite italienne qui se tient chaque année à Rome. Toujours en première file lors des manifestations fascistes d’Acca Larentia (attentat terroriste d’extrême-gauche en 1978), elle suscite cependant de premières polémiques notamment lors d’une interview qu’elle réalise devant une peinture murale à l'effigie de Corneliu Zelea Codreanu, fondateur de la Garde de fer roumaine et partisan connu du nazi-fascime. Certains lui reprochent aussi ses relations amicales – qu’elle nie, cependant – avec Luigi Ciavardini, représentant du groupe subversif inspiré des Nar (Noyaux armés révolutionnaires) et condamné pour homicide et attentat. G. Meloni vole à son secours, une nouvelle fois, en offrant à C. Colosimo ce poste à la Commission anti-mafia, alors même que sa popularité commençait à s’effriter même au sein de son propre camp. ‘’Les racines profondes ne sont pas atteintes par le gel’’, dirait Tolkien. »
Chiara Colosimo
(Traduction : ambassade de France à Rome)
Les commentaires sont fermés.