Inondations : "Des fonds vont être débloqués tout de suite, en total accord avec le gouvernement."
22/05/2023
Italie. Revue de presse.
La visite de la Présidente du Conseil Giorgia Meloni en Emilie-Romagne, à la suite des intempéries ayant fait 14 victimes à ce stade et des milliers de déplacés fait la Une de tous les médias : « Pour la Romagne, voici le plan d’aides » (Corriere della Sera), « Meloni promet des aides économiques et des dédommagements » (Stampa, Sole), « Tous les ratés du fonds pour la prévention des risques hydro-géologiques » (La Repubblica). Le G7 est aussi cité en Une, « L’Inde fait des concessions à Zelensky, un sommet à Kiev pour la paix en juillet » (Repubblica) ainsi que le Plan de Relance « Fitto : il faut revoir tout le plan, interrompre les fonds aux infrastructures [et les allouer aux entreprises] » (La Stampa).
Les JT couvrent la visite de la Présidente du Conseil Giorgia Meloni en Emilie-Romagne et l’annonce d’un conseil des ministres extraordinaire ce mardi pour allouer des fonds d’urgence, ainsi que le résultat des élections législatives en Grèce.
PREMIER PLAN, Corriere della Sera, de F. Caccia, « La feuille de route est prête, 100 millions d’euros vont être débloqués immédiatement puis des fonds européens seront alloués (mais pas ceux du Plan de Relance) » : « ‘’Nous sommes très confiants. […] Certaines personnes ont tout perdu, il faudra les dédommager intégralement’’ a déclaré Stefano Bonaccini (Parti Démocrate), le Président de la Région Emilie-Romagne, s’adressant à Giorgia Meloni de retour en Italie. Des fonds vont être débloqués tout de suite, en total accord avec le gouvernement. La ‘’feuille de route de la renaissance’’ est déjà prête, 10 millions avaient déjà été alloués lors de la première urgence début mai, 20 millions s’y ajouteront, afin notamment ‘’d’assurer les premiers secours urgents’’ souligne Giorgia Meloni. Mais au total ce seront en fait 100 millions qui seront débloqués sur deux phases : ‘’d’abord pour faire face à l’urgence et pour exempter les entreprises et les habitants de payer les taxes’’, y compris la TVA et les taxes foncières, jusqu’au 31 décembre, explique Giorgia Meloni, ‘’ensuite, on travaillera sur l’indemnisation et la reconstruction’’. Les routes départementales, les écoles, les premières aides pour le secteur agricole…“ Mais, c’est certain, 100 millions ne suffiront pas. D’après la région il faudra plus d’un milliard. Le ministère de l’Economie est déjà au travail pour trouver plus de fonds. La Présidente du Conseil, de retour du G7, a une idée bien précise : ‘’le Fonds européen de solidarité peut être utilisé’’. Elle entend identifier ‘’toutes les ressources dont l’Italie dispose aux différents niveaux institutionnels’’ comme par exemple les fonds alloués à la prévention des risques hydrogéologiques, dont plus de la moitié n’a pas été dépensée et qui pourraient être refléchés. Les autorités miseront également sur ‘’la simplification des procédures’’. En revanche, concernant les milliards du Plan de Relance, Meloni est claire ‘’à ce stade, il faut travailler sur d’autres ressources’’. Après le Conseil des ministres prévu demain, Stefano Bonaccini rencontrera à nouveau Meloni pour lui présenter une série de demandes, dont la nomination d’un Commissaire à la Reconstruction, la suspension des remboursements de prêts bancaires ainsi que des mesures spéciales d’aide en particulier pour les travailleurs agricoles et saisonniers qui, compte tenu de l’état des terres et du littoral, se retrouvent sans emploi. »
Giorgia Meloni en zone inondée
ENTRETIEN, Il Messaggero, Nello Musumeci (Frères d’Italie), ministre de la protection civile « Les autorités du bassin sont déficitaires, il y a trop de contraintes pour dépenser les fonds » : « ‘’Les tragédies comme celle de l’Émilie-Romagne sont toujours inévitables. Nous pouvons seulement limiter les dégâts en mettant en place des programmes de prévention structurelle contre les risques hydrogéologiques’’. Si certains pourraient penser que le décret-loi discuté en Conseil des ministres pour subvenir aux besoins urgents de la région (via une enveloppe de près de 20 millions d’euros) sera une ‘’goutte d’eau dans l’océan’’, l’allocation efficace de ces ressources – sans passer par des ‘’procédures bureaucratiques interminables’’ - pourraient accélérer la reconstruction. Aujourd’hui, le problème ne provient pas de fonds insuffisants mais du manque de prévention quant à l’allocation régionale efficace de ces fonds à la prévention contre les risques hydrogéologiques (on estime à près de 34 % le pourcentage des fonds que les Régions ont réussi à utiliser sur les quelques 8,4 milliards d’euros alloués par l’État depuis leur instauration). Ce n'était donc pas la volonté mais la capacité à dépenser les fonds qui faisait défaut. Dès lors, il appartient à l’État ‘’d’agir comme un État et de faire face à ses propres responsabilités’’, en favorisant notamment la mise en place de ‘’structures techniques et administratives’’ lisibles et flexibles pour utiliser les fonds de façon pérenne. Pour cela, il faut également revoir l’attribution des compétences et subvenir aux carences budgétaires des sept autorités du bassin, responsables de la planification du territoire et de la préservation du bassin hydrographique italien. Ainsi, en menant une stratégie nationale de lutte et de prévention contre ces risques hydrogéologiques qui touchent les territoires les plus vulnérables, l’État peut espérer mettre un terme à ‘’l’inertie des Régions et des entités locales’’, seulement s’il accepte de superviser et de coordonner les opérations. Pour cela, il ne peut plus ‘’rester à l’écart’’ et doit affronter la réalité ».
SONDAGES, La Repubblica, d’I. Diamanti, « L’environnement dépasse la croissance [parmi les préoccupations], le changement climatique effraie les Italiens » : « Ce sondage a été mené quelques jours avant les inondations qui ont particulièrement frappé l’Emilie-Romagne. Il soulignait déjà combien les risques liés à l’environnement sont jugés préoccupants et prioritaires, y compris par rapport à la croissance économique. C’est ce qu’expriment 60% des Italiens, de manière assez constante ces dernières années. C’est une opinion plus répandue parmi les jeunes et 72% des 18-29 ans sont favorables à la proposition européenne conditionnant la construction de nouveaux bâtiments à leur neutralité carbone. L’interdiction de vendre des véhicules à essence ou diesel est moins consensuelle mais atteint tout de même 62% d’avis favorables parmi les plus jeunes. De façon générale, les propositions de l’Union européenne sont plus ou moins appréciées par les Italiens en fonction de leur orientation politique et parti de référence. Les électeurs du Parti démocrate semblent avoir davantage à cœur les questions environnementales (76% sont favorables à une norme sur la neutralité carbone des nouveaux bâtiments), suivis par le Mouvement 5 Etoiles, et, au dernier rang, ceux de Fratelli d’Italia (seuls 43% favorables à la proposition européenne). Là encore, l’interdiction concernant les véhicules est moins consensuelle mais on observe les mêmes tendances : 62% des électeurs du PD y sont favorables, 44% pour l’électorat 5 Etoiles et 35% pour celui de Fratelli d’Italia. »
ENTRETIEN, Corriere della Sera, de Silvio Berlusconi, dirigeant et fondateur de Forza Italia « Merci pour le soutien qui m’a ému, maintenant je vais rénover le parti » : « ‘’Je vais mieux. Cela a été très difficile mais j’ai toujours été confiant. Même pendant les soins intensifs, j’ai maintenu les contacts avec les dirigeants de Forza Italia, en leur donnant des indications et des suggestions pour les élections municipales. J’en profite pour lancer un appel aux électeurs des villes concernées par le second tour : allez voter, car sans la participation, la démocratie se meurt. Maintenant, il faut rénover Forza Italia. Ce parti a une classe dirigeante nationale et locale experte et je continuerai à exercer mon rôle de fondateur et de leader. Mes rapports avec les alliés sont excellents. Salvini et Meloni ont été à mes côtés ces dernières semaines, ce qui prouve qu’il n’y a pas qu’un rapport politique mais aussi un lien personnel profond entre nous. Forza Italia joue toujours un rôle déterminant, notamment maintenant qu’il y a un PD orienté de plus en plus à gauche et face au crépuscule du soi-disant Troisième Pôle. L’espace au centre s’élargit et Forza Italia le préside avec cohérence car nous sommes les seuls à être vraiment libéraux, chrétiens, européens, atlantistes et pour une justice basée sur la présomption d’innocence. Renzi ? Il dit souvent des choses justes mais tant qu’il ne choisit pas notre camp, il n’y aura que des convergences occasionnelles.’’ »
COMMENTAIRE, La Repubblica, S. Folli « Le PD et le risque de rester isolé » : « La direction du Parti démocrate semble avoir commis deux erreurs. La première concerne l’affaire du Salon du Livre de Turin, où la ministre de la famille Eugenia Roccella (Frères d’Italie) a été empêchée de présenter de son livre dédié à son père Franco, l’un des fondateurs du Parti radical. La ligne de Schlein se base sur la justification de protestations bruyantes [d’une association féministe] et vise à accuser le gouvernement d’ ‘’autoritarisme’’ car incapable de ‘’tolérer la contestation“. La droite en a profité pour jouer les victimes et pour critiquer le directeur sortant du Salon du Livre, Nicola Lagioia. Elle a exploité l’épisode pour ajouter une nouvelle pierre à la campagne contre l’hégémonie culturelle de la gauche. L’absence au sein de la direction du PD de toute critique envers ceux qui ont mis le feu aux poudres, empêchant ceux qui ont des positions différentes en matière de famille et d’IVG de pouvoir prendre la parole, est assez singulier. Un Salon du Livre n’est pas une assemblée universitaire où celui qui hurle le plus fort s’impose sur les autres. La cheffe de l’opposition ne peut pas ignorer l’enjeu d’un tel sujet : la liberté d’expression. L’autre erreur du PD concerne la volonté de renoncer à une discussion, même dure, avec la majorité. Laisser à la Présidente du Conseil carte blanche sur les réformes, comme celle de l’autonomie régionale, serait une grave erreur. S’isoler, et renoncer au débat juste pour marquer le caractère identitaire du parti, serait une erreur encore plus grave. Cela signifierait reconnaitre une dérive maximaliste, compréhensible uniquement par une minorité d’Italiens. Les deux erreurs ont visiblement une corrélation. »
PROPOS, La Stampa, de Raffaele Fitto, ministre chargé du Plan de Relance et des Affaires européennes, « Le plan de Relance doit être remodulé, [certains] fonds alloués pour les infrastructures sont inutiles » : « Le bilan sur l’état d’avancement du Plan de Relance est presque prêt. Pour le ministre Raffaele Fitto, ‘’une grande partie du Plan de Relance n’est pas réalisable. On ne peut pas dépenser cet argent juste pour dépenser cet argent. Il y a un problème de quantité et de qualité. Nous envisageons des changements importants, une réforme du Plan de Relance et une révision structurelle des objectifs dont certains, fixés il y a deux ans, ne sont désormais plus d’actualité parce que la situation a changé. Il s’agit notamment de renoncer à financer une série d’interventions, objectifs et projets non stratégiques. Le chapitre sur les infrastructures sera considérablement réduit, certains grands chantiers ne sont pas réalisables car le système entrepreneurial italien ne peut pas suivre le rythme. Il ne s’agit pas de renoncer à ces fonds, il faudra donc réfléchir à leur réallocation, mais il faut prendre le temps de le faire correctement. La Commission européenne semble se montrer collaborative, nous verrons dans quelques jours si elle l’est réellement. Nous, nous avons fait tout ce que nous devions faire, nous verrons bien si la troisième tranche de 19 milliards nous est versée ou non. Peut-être qu’il y a un excès de zèle vis-à-vis de nous et, du reste, cette tranche relève du gouvernement précédent. Au début, certains ministres concernés montraient une grande résistance car notre travail était un défi pour leur capacité à dépenser les fonds, mais désormais ils collaborent car ils ont compris qu’autrement cela se retournera contre eux. »
(Traduction : ambassade de France à Rome)
Giorgia Meloni au G7, qu'elle a quitté plus tôt que prévu pour se rendre en Italie auprès des sinistrés des inondations.
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