"Les Italiens contre l’autonomie différenciée qui creuserait l’écart entre le Nord et le Sud."
19/05/2023
Italie. Revue de presse.
Les intempéries en Emilie-Romagne ayant fait 13 victimes (recensées à ce stade) et des milliers de déplacés font toujours la Une de tous les médias : « Boue et victimes, des villes dévastées » (Corriere della Sera), « Le désastre des fonds jamais dépensés » (La Repubblica, Sole 24 Ore). Le G7, Meloni et la ligne pour freiner Pékin » (Corriere) est cité ainsi que « Le rapport de la Banque d'Italie soulève des critiques sur la réforme fiscale [du gouvernement] » (Corriere).
Sur Twitter, le hashtag #Trudeau, en référence au Premier ministre canadien, domine suite à sa rencontre, au Japon, avec la présidente Meloni au cours de laquelle il a exprimé son inquiétude pour les droits des personnes LGBT en Italie.
Giuseppe Conte
ENTRETIEN, La Stampa, de Nello Musumeci (Frères d’Italie), ministre de la Protection civile, “On reconstruit seulement pour avoir les faveurs de l’opinion publique et on délaisse la prévention” : “Nous vivons sur un territoire à risque et le processus de tropicalisation du climat concerne désormais aussi l’Italie. Ces événements désastreux se répéteront. Nous devons être en mesure de cartographier les territoires les plus fragiles et de planifier les interventions nécessaires. Aujourd’hui nous sommes pris au dépourvu car, depuis 80 ans, la fragilité de notre territoire n’a jamais été une priorité pour les différents gouvernements. Une ligne cynique et perverse a été adoptée, basée sur l’idée que les promesses de reconstruction sont plus rentables en termes de consensus qu’une bonne action de prévention. Nous étudions deux propositions de loi, une pour accélérer la phase de reconstruction à la suite d’un drame (allègement des procédures, délais prédéfinis pour les travaux …), l’autre pour simplifier la prévention structurelle, trop souvent freinée par des contraintes environnementales discutables. C’est le cas par exemple des matériaux de constructions des berges des fleuves qui ne sont parfois pas assez solides. Il faut repenser le réseau fluvial, le système de récupération des eaux de pluie et concevoir un plan national pour le stockage de l’eau. Il faudra des dizaines de nouvelles digues mais aussi des bassins et autres petits systèmes de stockage pour les entreprises agricoles en collaboration avec les régions. Enfin, il faut intervenir sur le réseau de distribution pour limiter la déperdition atteignant parfois les 50%. Ces interventions nécessitent quelques mois pour certaines (bassins…) et plus de sept ans pour d’autres (les digues). Nous allons allouer 20 millions à l’Emilie-Romagne pour la gestion de cette phase d’urgence. Le Président de la région parle de plusieurs milliards d’euros de dégâts mais c’est encore tôt pour une estimation. »
Nello Musumeci
SONDAGE, La Repubblica, A. Noto « Les Italiens contre l’autonomie différenciée qui creuserait l’écart entre le Nord et le Sud » - le projet de loi ne plaît pas aux jeunes ni aux régions du Nord : « L’autonomie différenciée coupe en deux l’Italie et un avis défavorable ressort d’un dernier sondage. Environ 60% des Italiens estiment que cette réforme creuserait l’écart entre le Nord et le Sud du pays. Ce score atteint 70% auprès des jeunes et 76% des habitants du Sud et des iles. Ce qui surprend, c’est qu’un Italien sur deux, habitant au Nord du pays, se dit contre cette réforme. Seuls 31% des sondés estiment que cette réforme pourra favoriser les régions les plus vertueuses, indépendamment de leur localisation géographique. La cote de popularité de la Présidente du Conseil connait une légère baisse, laissant 2 points de pourcentage en un mois et s’attestant désormais à 40%. Ce qui est surprenant, c’est qu’environ 1 électeur sur trois de Renzi ou de Calenda approuve le travail de Meloni, chose qu’il ne faut pas sous-estimer du point de vue politique. Au sein des électeurs de Fratelli d’Italia, le degré de satisfaction change en fonction des questions. En général, leur avis sur les politiques économiques et internes est positif. En revanche, sur les sujets de politique étrangère, la posture atlantiste et européenne imprimée par Meloni soulève certaines critiques parmi ses électeurs : le plein soutien à l’Ukraine est partagé par 57% des électeurs de Fdi, tandis que le soutien aux Etats-Unis et à l’UE ne va pas au-delà de 50%. Cela s’explique sans doute car la Présidente du Conseil a changé sa posture par rapport à l’époque où elle était dans l’opposition. Il faudra voir ensuite si cette évaluation critique peut se transformer en désaffection. A ce stade, il est possible d’enregistrer plutôt un sentiment de déception. Passons aux intentions de vote. FdI perd un demi-point et passe à 27,5%. Le parti de Schlein freine un peu son accélération (de 16 à 21% depuis les primaires) et réduit l’écart avec Fdi. La Ligue est stable à 10% tandis que le M5S continue son hémorragie de voix et passe à 14%. Italia Viva augmente un peu, en attendant de voir la nouvelle configuration du troisième pôle aux élections européennes. »
PROPOS, La Stampa, d’Elly Schlein, dirigeante du Parti démocrate : « Cette réforme sur l’autonomie régionale augmente les disparités » : « Elly Schlein, devant l’Etat-major de son parti convoqué au lendemain de l’urgence qui a frappé l’Emilie-Romagne, fait le point sur plusieurs sujets, à commencer par la réforme du ministre Calderoli concernant l’autonomie régionale différenciée. ‘’C’est une réforme erronée, tant sur le plan du fond que sur le plan de la méthode suivie : le gouvernement est en train de contourner les Chambres. Faire avancer ce genre de proposition sans prévoir un seul euro sur un fonds de rééquilibrage [pouvant éviter les disparités de ressources] à hauteur de 50 ou 70 milliards signifie se moquer des citoyens. Le pays, divisé, nécessite d’être recousu. Nous avons demandé un moratoire sur l’autonomie différenciée et sur les institutions locales. C’est pourtant Meloni elle-même qui avait dit que sur les réformes il fallait un vrai échange sans préjugés’’. Concernant les intempéries, Schlein explique ‘’le PD demande au gouvernement d’adopter au plus vite un décret, en s’engageant à donner son soutien sans distinctions de couleur politique, avec les Région et les municipalités. Nous demandons au gouvernement de nous impliquer sur la mise en sécurité, sur les aides économiques et sur le rétablissement de la mobilité en Emilie-Romagne.’’ »
ANALYSE, Sole 24 Ore, L. Palmerini « Autonomie régionale, flat tax et retraites, les dossiers de la Ligue rencontrent des difficultés » : « Les trois réformes-bannière de la Ligue nous montrent l’agitation au sein du parti de Salvini. Il y a d’abord eu la polémique sur cette ‘’main invisible’’ évoquée par la Ligue, qui se cacherait derrière la publication sur Internet du rapport du bureau budgétaire du Sénat. Ce rapport soulève de fortes critiques sur le projet de loi qui favoriserait des inégalités entre les régions. Hier, la flat tax, l’impôt à un seul taux, a été critiquée par la Banque d’Italie, qui expliquait que ce système n’était pas compatible avec les pays ayant des politiques sociales comme le nôtre. Enfin, il y a quelques semaines le Sole, le ministre de l’Economie Giorgetti mettait en garde contre la baisse du taux de natalité en soulignant ‘’il n’existe pas de réforme des retraites compatible avec notre situation démographique’’. L’une après l’autre, les batailles identitaires de la Ligue semblent se fragiliser. Salvini devra ainsi se demander comment il est possible de rester dans le gouvernement sachant que le scénario économique et politique offre peu de marges et plusieurs difficultés. C’est le président de la région Vénétie, Luca Zaia, qui a répondu à cette question subjacente, en affirmant hier que ‘’sans l’autonomie c’est la raison contractuelle même de la majorité qui serait remise en cause’’. Il s’agit d’un diktat et cela montre que le couac sur l’autonomie n’a pas été ressenti par les léguistes comme un simple incident de parcours. La même sonnette d’alarme pourrait retentir après le rapport de la Banque d’Italie. C’est une saison de négociations et de revendications qui s’ouvre pour Salvini et qui se terminera avec l’adoption de la loi de finances. Il est juste de rappeler que les partis se présenteront seuls aux élections européennes et que chacun devra s’y rendre en ayant encaissé des objectifs concrets. Les tensions sont déjà visibles. »
Luca Zaia
Giorgia Meloni
INTERVENTION, La Repubblica, Fumo Kishida, premier ministre japonais, « Hiroshima, G7 pour l’Ukraine » : « La communauté internationale se trouve aujourd'hui à un tournant de son histoire. Elle doit faire face à des crises complexes, telles que l'urgence climatique, la pandémie et l'invasion de l'Ukraine par la Russie. Je suis déterminé à me joindre à tous les dirigeants du G7, à commencer par la Première ministre Giorgia Meloni, pour relever les défis auxquels la communauté internationale est confrontée. J'ai l'intention d'approfondir le débat au sommet du G7 dans deux perspectives. La première est de démontrer notre détermination, en tant que dirigeants du G7, à soutenir un ordre international libre et ouvert fondé sur l'État de droit. Les pays fragiles sont ceux qui ont le plus besoin de l'"État de droit", et l'on peut affirmer que l'adhésion aux principes de la Charte des Nations unies - tels que le respect de la souveraineté et de l'intégrité territoriale, le règlement pacifique des différends ou le non-recours à la force - est une condition préalable fondamentale à la jouissance de la "liberté" au sein de la communauté internationale. La deuxième perspective consiste à renforcer l'engagement avec les pays du Sud. L'invasion russe de l'Ukraine a porté un coup sévère aux moyens de subsistance de la population mondiale, à commencer par les pays en développement. Nous ne pouvons pas instaurer un climat de confiance avec eux sans porter notre attention sur les défis auxquels ils sont confrontés et sans travailler à les résoudre. Les défis de la communauté internationale ne peuvent pas non plus être résolus sans la coopération de ces pays. C'est dans cet esprit que le sommet d'Hiroshima invitera, outre le G7, les chefs d'État de huit pays et les dirigeants de sept organisations internationales à organiser des réunions d'information sur cette question. Sur la base de ces deux perspectives, les thèmes à l'ordre du jour du sommet d'Hiroshima seront les grandes questions mondiales, telles que la situation en Ukraine, les affaires régionales, y compris l'Indo-Pacifique, la résilience et la sécurité économiques, le désarmement nucléaire et la non-prolifération, l'économie mondiale, y compris la sécurité alimentaire et énergétique, le changement climatique, la santé internationale et le développement. J'ai obtenu la participation du président Zelensky au sommet d'Hiroshima, avec l'intention d'y démontrer la solidarité inébranlable du G7 avec l'Ukraine. Outre l'appel au retrait immédiat et inconditionnel de toutes les troupes et de tous les équipements de Russie, j'ai l'intention de confirmer que le G7 continuera à imposer des sanctions sévères à la Russie et à soutenir fermement l'Ukraine. Concernant l’Indo-Pacifique et compte tenu également du fait que le Japon est le seul pays asiatique au sein du G7, j'ai l'intention de faire du sommet d'Hiroshima l'occasion de confirmer l'engagement du G7 en faveur d'un "Indo-Pacifique libre et ouvert (Foip)". À l'heure où les fondements de l'ordre international sont ébranlés, la sécurité de l'Europe et celle de l'Indo-Pacifique sont indissociables. L'Italie est également de plus en plus impliquée dans l'Indo-Pacifique. En janvier dernier, nous avons convenu avec G.Meloni d'élever les relations entre nos deux pays au rang de "partenariat stratégique". Ces dernières années, la coopération entre le Japon et l'Italie dans le domaine de la sécurité et de la défense a progressé, avec des initiatives telles que l'annonce en décembre dernier de l'accord entre le Japon, l'Italie et le Royaume-Uni pour le développement conjoint de la prochaine génération d'avions de combat, ou l'arrivée au Japon de la frégate Morosini, prévue pour le mois de juin prochain. J'espère que l'Italie renforcera encore sa présence dans l'Indo-Pacifique à l'avenir. En travaillant avec les pays du G7, y compris l'Italie, qui en assurera la présidence l'année prochaine, et avec des partenaires tels que les pays du Sud, j'ai l'intention d'envoyer un message fort depuis Hiroshima. »
Fumo Kishida et Giorgia Meloni
(Traduction : ambassade de France à Rome)
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