"Le test électoral des municipales récompense Meloni et le PD, mais on assiste à l’écroulement du M5S."
17/05/2023
Italie. Revue de presse.
Les intempéries en Emilie-Romagne ayant provoqué d’importantes inondations et fait de nombreux déplacés font les gros titres, avec large couverture photographique « Les fleuves débordent, la fuite sur les toits » (Corriere della Sera), « L’Emilie-Romagne sous l’eau, la fuite sur les toits » (La Repubblica), « Le piège de la boue » (Il Messaggero). « La réforme de l’autonomie régionale divise l’Italie [selon un rapport du Sénat] » (La Repubblica), « Haute tension sur la réforme des régions » (Il Messaggero). « Elections municipales, le match Meloni-Schlein au second tour » (La Stampa). « Abolition du revenu de citoyenneté : les 15 millions économisés iront à l’industrie militaire » (Fatto Quotidiano). « Conseil de l'Europe, le dégel entre Meloni et Macron sur les migrants » (Il Messaggero, La Stampa).
ARTICLE, Corriere della Sera, M. Guerzoni « Le test électoral des municipales récompense Meloni et le PD, mais on assiste à l’écroulement du M5S » : « La lune de miel avec la droite de Giorgia Meloni se poursuit. Le Parti démocrate résiste et les 5 Etoiles subissent une hémorragie de voix. Toutefois, le match demeure encore ouvert, le second tour devant encore se tenir. Les 28 et 29 mai seront alors décisifs. Pour la droite, ce n’a pas été un triomphe, toutefois le climat est positif au sein de la majorité et les réactions sont unanimes ‘’les Italiens confirment leur soutien à notre coalition’’.»
ANALYSE, Sole 24 Ore, L. Palmerini « Les attentes électorales de Meloni après les décrets sur le travail et celui sur les migrants » : « Si les élections municipales répondent à des logiques locales, l’écho des sujets nationaux arrive inévitablement jusqu’aux urnes. S’il faut attendre le second tour pour avoir un bilan complet, il est possible toutefois de comprendre le climat dans lequel les électeurs se sont rendus aux urnes. Commençons par le décret le plus important, adopté le 1er mai, prévoyant une baisse des charges sociales afin de soulager les travailleurs face à l’inflation. Meloni et ses alliés s’attendaient à un certain effet lors du scrutin. Si plusieurs ont fait le rapprochement avec les fameux 80€ donnés par le gouvernement Renzi, le résultat n’a pas pour autant été le même. La liste des mesures adoptées par le gouvernement est longue, sur la loi de finances, le moratoire sur les taxes non payées, l’assouplissement des peines pour les fraudes fiscales, le décret régissant les sauvetages en mer des ONG et le décret Cutro prévoyant des peines plus dures pour les passeurs. En général, face à une grande production de textes législatifs, il n’y a jamais eu de réponse enthousiaste de la part des électeurs. La réponse a été inférieure aux attentes. Meloni subit donc elle aussi le phénomène d’un rapport structurellement plus faible avec les électeurs. Il y a une certaine méfiance. On préfère attendre les résultats et on a pu effectivement constater cette tendance à l’attente lors des élections municipales. »
COULISSES, La Repubblica, de G. Casadio, « [Rapport du Sénat sur la réforme de l’autonomie régionale], Calderoli et Salvini contre La Russa et Fratelli d’Italia, ‘’c’était un piège et ce n’est pas comme cela qu’on ira très loin’’ » : « La réforme sur l’autonomie des régions italiennes telle que la défendait la Ligue semble avoir été soudainement écartée, comme l’indiquait hier une publication surprise, sur les réseaux sociaux, mais portant bien le sceau du Sénat. Un véritable tremblement de terre politique et une méthode qui blesse particulièrement le ministre des Affaires régionales et père de la réforme, Roberto Calderoli. Les rêves d’autonomie de la Ligue se brisent face aux chiffres : d’après le document, le risque de disparité et d’inégalités est trop fort et l’Etat unifié ne peut se le permettre. Matteo Salvini et le ministre léghiste dénoncent un mauvais coup venant de leurs propres alliés. Giorgia Meloni, Fratelli d’Italia, avec le soutien de Forza Italia et de la ministre chargée des réformes Elisabetta Casellati poursuivent d’autres objectifs. Pour la Présidence du Conseil, la priorité est la réforme constitutionnelle qui devrait être examinée par le Parlement au moins en première lecture avant les européennes de 2024. L’autonomie différenciée passera après. Salvini rassure son collègue ministre : c’est la bataille de tout le parti et si cette réforme est écartée alors l’appartenance de la Ligue au gouvernement ‘’n’a plus de sens’’. Les léghistes s’en prennent à Ignazio La Russa, président du Sénat. L’échange avec Calderoli est houleux. C’est à ce moment-là que le document précédemment publié disparait d’internet. Il semble que Salvini ait réussi à joindre Giorgia Meloni qui se rendait à Reykjavik et qui dit ne pas être au courant. Le document mis au point par les Sénateurs et publié un peu plus tôt reprenait les critiques avancées par le Parti démocrate, la gauche et le Mouvement 5 Etoiles depuis plusieurs mois, en particulier le risque de forte division de l’Italie. Aujourd’hui le PD demandera des comptes sur ce que le Sénat a qualifié d’ ‘’erreur de publication’’. Les soupçons de la Ligue sont alimentés par le fait que les auditions sur la réforme [constitutionnelle] sont prévues pour la semaine prochaine en commission Affaires constitutionnelles. Il y avait déjà eu des tensions entre le président de la commission, un proche de Meloni, et Calderoli. Bien que ce dernier nie avoir menacé de démissionner, hier soir, la tempête n'était pas encore tout à fait retombée. On comprend surtout que l’allié Salvini risque d’être de plus en plus gênant pour Giorgia Meloni. »
ARTICLE, La Repubblica, « Migrants, Macron : "Je verrai Meloni. L'Italie ne peut pas rester seule". » par Emanuele Lauria : « Une poignée de main, un sourire, dans une atmosphère que les sources de Chigi définissent comme "très cordiale". Dans la salle de concert futuriste surplombant l'océan qui accueille le sommet des 46 dirigeants du Conseil de l'Europe, Giorgia Meloni et Emmanuel Macron rétablissent des relations qui, ces derniers mois, ont été mises à mal à plusieurs reprises par les attaques françaises contre les politiques migratoires du Palais Chigi. Ce sommet apporte une éclaircie dans les relations entre deux des principaux partenaires de l'Union européenne. Ce sont d'abord les propos du président français qui le laissent présager. En réponse à une question de Tg3, il déclare : "Meloni ? Oui, je la verrai. J'espère pouvoir coopérer avec son gouvernement parce que je ne sous-estime pas le fait que l'Italie, en tant que premier pays d'arrivée des migrants, est confrontée à une pression très forte : elle ne peut pas être laissée seule. Nous devons accueillir ceux qui fuient les guerres mais aussi lutter contre le trafic illégal d'hommes et de femmes qui arrivent d'Afrique dans la misère". Il appelle à la "solidarité européenne" et parle de "frontières communes". Il répète que "nous devons travailler avec l'Italie". Un ton bien plus conciliant que celui employé jusqu'à présent dans les déclarations attribuées à l'Elysée, ou utilisées par les représentants du gouvernement français et les "fidèles" de Macron. En particulier celle du ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin, qui avait défini Meloni comme "incapable de résoudre les problèmes migratoires". Lors du G7 d'Hiroshima, une rencontre bilatérale pourrait avoir lieu. Avant même les propos de Macron, Meloni a minimisé hier l'ampleur des tensions avec la France, donnant la priorité aux "questions qu'à ce stade la communauté internationale doit avoir la force d'aborder sans faiblir" ».
ARTICLE, Sole 24 Ore, de B. Fiammeri, « Meloni-Macron, un face-à-face imminent sur la crise migratoire » : « L’objectif des leaders qui se sont rendus à Reykjavik pour de la Conseil de l’Europe était principalement de manifester leur soutien à Kiev. Giorgia Meloni arrive à la conférence quelques minutes seulement avant Macron et, alors qu’une bilatérale est évoquée depuis des jours, les deux leaders se saluent et n’ont qu’un bref échange dans ‘’la plus grande cordialité’’, nous indique-t-on. Le G7 pourrait donc être le véritable décor pour une rencontre à proprement parler. Les conditions sont réunies. La Présidente italienne du Conseil ne se prononce pas dans un premier temps, indiquant que le G7 sera de toute façon une occasion ‘’pour tout le monde de parler avec tout le monde’’, et souligne que ‘’peu importe quand et comment’’, l’important étant ‘’les questions que la communauté internationale doit avoir la force d’affronter et de réaffirmer sans tourner autour du pot’’. ‘’Le reste relève de questions de politique interne, laissons-les à la politique interne’’ conclue-t-elle en faisant clairement allusion aux attaques des deux hommes politiques français sur le dossier migratoire. Macron est plus direct et se montre plus disponible, se disant certain que la discussion aura lieu et prêt à ‘’coopérer’’ avec le gouvernement italien. Dans une intervention pour le JT de Rai3, le chef de l’Elysée va même plus loin assurant que la France ne ‘’sous-estime pas la très forte pression’’ que subit l’Italie, la nécessité d’une ‘’stratégie commune’’ et donc de ‘’travailler avec l’Italie’’. Une ouverture qui semble indiquer la volonté côté français de mettre définitivement de côté les différends avec Rome et l’échange ‘’très positif’’ d’hier soir le souligne. Le dossier migratoire a été évoqué lors de la réunion d’hier, à laquelle a participé le premier ministre britannique. Giorgia Meloni et Rishi Sunak se sont d’ailleurs entretenus en marge. Leur entente se confirme, notamment sur le soutien inconditionnel à Kiev. »
ARTICLE, La Stampa, F. Olivo « Migrants, Macron tend la main à Rome » : « Le dégel arrive depuis les glaciers d’Islande. Les deux leaders arrivent à Rejkjavik à dix minutes d’écart, poussés par des sentiments différents. Meloni se montre froide, presque indifférente. Emmanuel Macron, au contraire, se montre ouvert ‘’l’Italie doit être aidée, avec Meloni nous nous rencontrerons certainement’’. Le nouvel épisode de la relation France-Italie a lieu ainsi en Islande, au début de la réunion du Conseil de l’Europe. Macron s’est présenté en Islande avec un message de paix, livré au micro du TG3 ‘’j’espère pouvoir coopérer avec votre gouvernement, car je ne sous-estime pas que le peuple italien, comme pays de première arrivée, subit aujourd’hui une très forte pression migratoire et ne peut être laissé seul’’. Ce n’est pas une claire façon de se démarquer de ses collègues de parti mais l’ouverture est toutefois bien claire. A ce stade, entre Macron et Meloni, il n’y a eu que des salutations ‘’dans un climat de grande cordialité’’ fait savoir le Palais Chigi. La Présidente du Conseil a apprécié les propos conciliants de son collègue français et, à ce stade, cela lui suffit. Le G7 d’Hiroshima pourrait alors représenter l’occasion d’une bilatérale. La ligne de Meloni reste la même : il n’y a aucune polémique entre les deux gouvernements et les piques lancées par exécutif français s’expliquent par une logique interne et purement électorale, pour contrer le Rassemblement Nationale de Marine Le Pen. »
ARTICLE, Il Foglio, V. Valentini « Le ministre Urso (Frères d'Italie) serait tenté de faire comme Macron, mais à la Farnesina il y a des remous » : « Le ministre Adolfo Urso est tenté de suivre l’exemple français du Choose France. Le ministre des entreprises veut tenter sa chance et exploiter la visibilité offerte par la présidence de l’Italie au G7 de 2024 pour organiser à Rome ou à Milan un rendez-vous ouvert aux grands groupes internationaux. Ce n’est pas une mission facile, y compris du point de vue politique, s’il est vrai que le projet du ministère de Via XX Settembre, qui est encore en chantier, aurait provoqué des tensions auprès des fonctionnaires de la Farnesina. Ces derniers ont été alertés par les propos d’Antonio Tajani qui, depuis le début de son mandat, répète ‘’c’est moi le ministre du commerce extérieur’’. Cela laisse en soi entrevoir la distance entre Rome et Paris. C’est ‘’tout d’abord une question de méthode’’ nous explique un des entrepreneurs invités lundi à Versailles, à commencer par ‘’la fluidité des relations’’ ».
(Traduction : ambassade de France à Rome)
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