Premier tour des municipales : "Une situation quasiment figée."
16/05/2023
Italie. Revue de presse.
Les résultats du premier tour des élections municipales dans plus de 500 localités italiennes, marquées par une baisse du taux de participation, font les gros titres selon des interprétations diverses : « La droite s’impose dans les grandes villes » (Corriere della Sera), « La vague de droite s’arrête » (La Repubblica), « La droite avance, la gauche résiste » (La Stampa), « Elections administratives, la droite devance la gauche » (Il Messaggero). « Les prévisions de croissance de l’Union Européenne, [Gentiloni] : l’Italie fait mieux que la France et l’Allemagne » (Il Messaggero). « Guerre en Ukraine, la diplomatie du Pape cherche la paix » (Avvenire). « Naissance d’un fonds souverain pour soutenir les entreprises stratégiques du Made in Italy » (Sole 24 Ore). « Changements à la RAI, les intellectuels de gauche se sentent perdus sans Fazio » (Il Giornale, Libero).
PREMIER PLAN, Corriere della Sera, de F. Verderami, « La lune de miel [avec Meloni] se poursuit, Schlein peine [à imposer le PD], résultat médiocre pour les 5 Etoiles mais l’épreuve décisive arrivera avec les Européennes” : “A l’issue du premier tour de ces élections [municipales], on voit que la droite au gouvernement n’a pas encore épuisé l’effet ‘’lune de miel’’ post-élections et que l’opposition ne jouit pas encore d’un ‘’effet Schlein’’. Une situation quasiment figée dont faisaient déjà état les sondages depuis plusieurs semaines. C’est en fait un résultat plutôt positif pour la droite puisqu’habituellement les élections intermédiaires sont souvent défavorables au gouvernement en place au point d’avoir parfois provoqué des remaniements. Ce ne sera pas le cas cette fois-ci. Le véritable test pour la majorité et l’opposition se jouera lors des européennes l’année prochaine. Dans deux semaines, on verra si la droite parviendra à arracher des fiefs historiques à la gauche ou si la gauche parviendra à reconquérir quelques chefs-lieux mais le résultat n’aura aucune portée nationale. Pourtant, le vote d’hier lance bien un avertissement à la Présidence du Conseil, qui doit se concentrer davantage sur les problèmes et les choses à faire. Des accords sur la gestion du Plan de Relance, à l’entente sur le nouveau Pacte de Stabilité en passant par la ratification du MES, Giorgia Meloni devra faire des choix qui impacteront le pays et donc le jugement des citoyens. L’opposition devra quant à elle faire preuve d’une capacité à construire une alternative mais ce n’est pas le cas pour le moment et il est peu probable que cela change d’ici un an puisque chaque parti se présentera seul aux européennes. Meloni pourra donc compter sur un formidable allié : l’absence d’adversaire. Les électeurs viennent de sanctionner le Troisième Pôle pour cette cohabitation peu concluante entre Carlo Calenda et Matteo Renzi. Le Mouvement Cinq Etoiles définit sa position en opposition à celle du PD et obtient un résultat médiocre. Elly Schlein quant à elle n’a pas encore exprimé de ligne politique claire sur des thèmes déterminants comme l’économie. A l’issue de ce scrutin, aucune des trois forces d’opposition n’apparaît prête à fédérer les autres autour d’une alliance. L’ancien ministre Dario Franceschini se dit convaincu que la coalition de droite restera au gouvernement pour les cinq années de mandat. Concernant l’opposition, ces élections n’offrent aucun résultat de type ‘’ville-laboratoire’’ capable d’indiquer la voie pour une coalition future. La situation semble donc être à l’avantage de Meloni mais le gouvernement sera amené à des décisions douloureuses or la majorité a déjà laissé transparaître des conflits internes au cours de ces premiers mois voués à s’accentuer à l’approche des européennes. La compétition interne sera exacerbée par le système à la proportionnelle. Face à une gestion confuse du pays le gouvernement pourrait être puni par les électeurs. »
Giorgia Meloni
PREMIER PLAN, La Repubblica, de C. Tito, « L’UE relève ses prévisions sur le PIB italien ; Giorgetti (Ligue) se montre ouvert à une solution sur le MES » : « Pour la première fois, l’Italie a montré des signes d’ouverture sur le Mécanisme de Stabilité, auquel la droite s’était toujours opposée. Hier, lors de la réunion des ministres européens des finances, Giancarlo Giorgetti a pour la première fois affirmé que son gouvernement entendait sortir de l’impasse. Bien sûr, la ratification du MES par l’Italie ne se fera pas sans conditions et la position de la coalition reste, de manière traditionnelle, assez négative. Si le Parlement italien ne semble pas prêt à la ratification, le ministre a évoqué une ‘’exit strategy’’ plaidant pour une solution ‘’politique’’. Il a souligné – et apprécié – les discussions en cours avec Pascal Donohoe et Pierre Gramegna. Ce sont probablement les premiers effets des discussions lors du G7 Finances au Japon. Du reste, le MES n’est pas déconnecté d’autres dossiers fondamentaux : le Pacte de Stabilité et le versement des fonds du Plan de Relance italien. Les prévisions économiques publiées hier par la Commission européenne ont également rassuré le gouvernement Meloni, estimant la croissance italienne à 1,2% pour 2023, soit mieux que les autres ‘’grands’’ pays européens comme l’Allemagne et la France. En 2023, la croissance moyenne de l’UE devrait être d’environ 1%. Sur le déficit, les prévisions de Bruxelles et de l’exécutif italien sont semblables : 4,5%. En revanche la dette reste trop élevée, avec une estimation de Bruxelles à 140,4% du PIB, plaçant l’Italie juste après la Grèce. Le seuil psychologique des 100% de PIB a toutefois été dépassé également par l’Espagne et la France. Le commissaire européen Paolo Gentiloni souligne avec satisfaction que ‘’la balance des risques est tout de même est repassée dans le négatif’’. Les mauvaises nouvelles concernent plutôt 2024. La croissance italienne devrait se limiter à 1,1% d’après Bruxelles, contre 1,4% d’après Rome, mais surtout, pour Bruxelles, l’Italie pourrait enregistrer en 2024 le plus mauvais PIB de toute l’UE. Avec le rétablissement du Pacte de Stabilité, cette donnée placera automatiquement l’Italie sous observation. Une réduction très limitée de la dette est prévue mais l’inflation devrait reculer, passant de 6,1% cette année à 2,9% en 2024. Le chômage devrait également diminuer en 2023. »
Giancarlo Giorgetti
PREMIER PLAN, Sole 24 Ore, de C. Fontina, « Energie et matières premières : naissance d’un fonds souverain pour les entreprises stratégiques » : « Le Fonds souverain européen pour les filières critiques de la politique industrielle est encore à construire et les pays membres élaborent leurs projets nationaux. Après la France, l’Italie examinera en Conseil des ministres ce jeudi un projet de décret-loi avec pour objectif de favoriser la croissance, sous la protection de l’Etat, des entreprises jugées stratégiques dans les secteurs de l’énergie et des matières premières. Le décret-loi ‘’Made in Italy’’ prévoit des investissements ciblés du ministère de l’Economie, avec l’implication de la Caisse italienne des Dépôts et des Prêts ainsi que des caisses de retraite professionnelles. Le gouvernement italien poursuit également son projet de ‘’lycées Made in Italy’’ qui devraient être directement liés aux principaux secteurs industriels, en vue de l’année scolaire 2024-2025. Le Fonds devrait être doté dans un premier temps d’1 milliard d’euros en comptant l’apport de la CDP et des caisses de retraite. Une clause devrait prévoir que le ministère de l’Economie participera au capital des véhicules d’investissement à travers des parts minoritaires et ne lui donnant donc pas un droit de contrôle sur les entreprises ainsi soutenues. Le décret prévoit également des normes pour lutter contre la contrefaçon et pour la simplification des procédures. »
ARTICLE, Il Sole 24 Ore , M. Perrone, « Piantedosi (Indépendant) en Tunisie : depuis l'Italie, des moyens et des drones pour arrêter les départs » : « En visite chez son homologue Kamel Fekih en Tunisie, le ministre de l’intérieur italien Matteo Piantedosi a réaffirmé l’objectif commun des deux pays de mettre un terme à l’immigration illégale depuis les côtes tunisiennes en renforçant notamment le contrôle aux frontières et la coopération des deux pays en matière de lutte contre le trafic d’êtres humains, dans le cadre de l’intensification des flux migratoires à l’œuvre depuis la Tunisie vers l’Italie. En outre, le pays dirigé par Kais Saied est devenu récemment le principal territoire de transit des étrangers entrés illégalement sur le sol italien (ils étaient 25 134 en 2023) en dépassant notamment la Libye, ce qui préoccupe les autorités italiennes au vu des arrivées massives observées au large des côtes de la Sicile et de la Calabre. Si le Viminal se réjouit de la coopération entre l’Italie et la Tunisie dans ce dossier sécuritaire, les réserves émises par certains membres de l’Union Européenne (dont la France et l’Allemagne notamment) laissent à penser que la question migratoire en Tunisie est encore loin d’être soldée. La commissaire Johansson avait annoncé le renforcement de la coopération et d’un partenariat « talents » pour favoriser la migration légale. C’est la double stratégie suivie par l’Italie, car à ce stade, c’est la seule possible. En effet, on est encore loin du prêt du FMI de près d’1,9 milliards de dollars conditionnés à la mise en place de réformes structurelles de l’économie tunisienne. Sans engagement concret de la part de Saied, même l’UE ne peut donner son aval pour aider. C’est aussi pour cela que la mission conjointe prévue avec la France et l’Allemagne a été ‘’congelée’’. Dans ces conditions l’Italie, qui depuis le 11 avril a instauré l’état d’urgence pour 6 mois en raison de l’arrivée massive de migrants, n’a pas d’autre choix que d’agir de façon autonome, et notamment avec les 10 millions d’euros d’aide promis. L’Italie a salué les efforts de la Tunisie pour confisquer les bateaux des trafiquants et pour secourir en mer les migrants, tout en reconnaissant que « l’appui de l’UE et des organisations internationales sera nécessaire, sinon ‘’fondamental’’, au contrôle des flux migratoires en mer Méditerranée. ‘’Encore une énième bouteille à la mer adressée à Bruxelles’’ pour mettre, enfin, un terme à l’immigration illégale en provenance des côtes tunisiennes. »
Matteo Piantedosi (à gauche sur la photo) en Tunisie
ARTICLE, La Stampa, U. Audino « Le ministre Crosetto (Frères d’Italie) cherche une entente avec Berlin sur la défense » : « Une visite-éclair, en catimini, sans déclarations conjointes ou de conférences de presse. C’est ainsi que s’est déroulé la première visite officielle du ministre de la Défense Guido Crosetto à son homologue allemand Boris Pistorius. Plusieurs dossiers délicats et importants devaient être évoqués, allant de la coordination du soutien à l’Ukraine à l’industrie de la défense et à l’achat de systèmes d’armes. Concernant l’Ukraine, pour les Allemands il est important de mettre au point l’implémentation des accords du sommet de Madrid où les participants avaient décidé d’un renforcement du front oriental de l’OTAN. Dans l’activité de défense aérienne à la frontière orientale de l’Europe, l’Allemagne s’occupe du côté Nord, tandis que le flanc méridional relèverait de l’Italie. En termes de défense aérienne, l’Allemagne voudrait impliquer l’Italie dans le projet « Essi », le European Sky Schild Initiative, qui mise à améliorer le bouclier protectif de l’Otan et qui réunit depuis octobre 15 pays et qui ne prévoit pas encore la participation Rome. L’offre est encore valable, font savoir des sources proches du ministère allemand. Les dossiers délicats concernent toutefois l’industrie de la défense, parmi lesquels figurent la vente enlisée d’une participation d’Oto-Melara (société contrôlée par Leonardo), pour lequel Rheinmetall avait montré son intérêt en juin dernier, l’achat de chars armés pour remplacer nos vieux « Ariete » et « Dardo » et une possible coordination sur la production des F35. Il n’y a eu aucune confirmation officielle que Pistorius et Crosetto aient évoqué le dossier Oto-Melara. Enfin, la collaboration sur des projets communs, tels le char armé franco-allemand MGCS pouvant un jour remplacer le français Leclerc et l’allemand Leopard 2, pourrait avoir été évoquée. »
Guido Crosetto en Allemagne
(Traduction : ambassade de France à Rome)
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