"Les preuves de dégel entre Meloni et Macron."
18/01/2023
Italie. Revue de presse.
La presse italienne titre encore largement sur l’arrestation du chef mafieux sicilien Matteo Messina Denaro et les révélations des fouilles de son appartement, et un sujet lié, le projet de réforme, antérieur à l’arrestation, visant à encadrer davantage le recours aux écoutes téléphoniques dans les enquêtes, alors que celles-ci ont largement contribué à l’arrestation du chef de Cosa Nostra : « La chasse aux secrets du Parrain » - Voici le réseau des complices, allant des documents aux soins sanitaires. Le ministre de la Justice Nordio : je suis favorable à l’utilisation des écoutes mais limitons les l’abus (Corriere della Sera), « La cache des secrets » - Le chef mafieux se cachait dans un appartement au centre de Campobello di Mazara. Les agendas et les téléphones ont été saisis (La Repubblica), « « Le régime de prison ferme pour les mafieux ne sera pas touché » » - Le ministre de l’Intérieur M. Piantedosi rassure sur le fait que les écoutes demeurent déterminantes dans les enquêtes et dément toute négociation avec l’Etat dans l’arrestation de Messina Denaro (La Stampa), « L’homme de paille du Parrain se repent » - Le vrai Andrea Bonafede lâche Messina Denaro : j’ai acheté avec son argent la maison où il se cachait (Il Messaggero). L’échange téléphonique d’hier soir entre le Président E. Macron et la Présidente du Conseil G. Meloni, en vue du prochain Conseil Européen, est largement cité dans les pages intérieures. Le Corriere et Repubblica évoquent un « dégel » entre les deux dirigeants depuis l’affaire des migrants de l’ « Ocean Viking ».
Les JT couvrent les déclarations du Président de la République italienne à la suite de l’arrestation de Matteo Messina Denaro, l’enquête sur les complices et le réseau ayant permis sa cavale de 30 ans ; l’entretien téléphonique entre Giorgia Meloni et Emmanuel Macron ; la poursuite de l’enquête dans l’affaire du Qatargate, le député italien Pier Antonio Panzeri ayant reconnu les faits et décidé de collaborer avec les enquêteurs en vue d’obtenir une réduction de peine ; et les intempéries qui toucheront dans les prochains jours le sud de la péninsule italienne. Les funérailles de l’actrice Gina Lollobrigida et l’hommage de la presse française sont également mentionnés.
PREMIER PLAN, La Stampa, de F. Capurso, « Entre ‘Ndrangheta et conflits d’intérêt, Forza Italia divise le gouvernement en deux camps » : « Assister au sabordage d’un candidat de la majorité au Conseil supérieur de la magistrature, un candidat du reste choisi par Fratelli d’Italia qui voulait en faire le vice-président de ce Conseil, est du ‘’plus mauvais effet’’, une ‘’gaffe d’amateur’’ commise par les proches de Giorgia Meloni, estime Forza Italia. Le torpillage de Giuseppe Valentino a lieu après qu’un repenti l’ait cité dans une enquête encore en cours impliquant la ‘Ndrangheta [organisation mafieuse calabraise]. Silvio Berlusconi lance à Giorgia Meloni un avertissement dissimulé : ‘’la loyauté [de Forza Italia] est assurée mais seulement quand les décisions du gouvernement sont prises de façon collégiale’’. En d’autres termes, Giorgia Meloni ne peut se plaindre d’être attaquée et critiquée sur des choix faits sans entente préalable. L’atmosphère se tend au sein de la majorité, alors que la coalition n’avait trouvé qu’à grand peine un accord sur la nomination du Conseil supérieur de la Magistrature. L’accord prévoyait quatre juges désignés par Fratelli d’Italia, deux par la Ligue et un par Forza Italia. Silvio Berlusconi avait en effet préféré sacrifier deux candidatures féminines initialement demandées par Giorgia Meloni pour ne pas renoncer à celle d’Enrico Aimi. Forza Italia déplore la gestion de cette négociation à laquelle a été associé le Président du Sénat Ignazio La Russa, fréquemment consulté par Giovanni Donzelli, grand fidèle de Giorgia Meloni chargé de mettre au point cet accord. Au point que le ministre de l’Agriculture Francesco Lollobrigida (FdI) s’est adressé au Président du Sénat en disant ‘’cette fois-ci tu ne peux pas te plaindre, c’est toi qui les a tous choisis’’. L’équipe de La Russa dément toutefois un tel rôle dans la désignation du CSM alors que Forza Italia lui reproche d’avoir outrepassé son rôle institutionnel. Forza Italia, au fond, ne digère pas le revirement de Fratelli d’Italia sur le choix de Valentino qui plaisait à tous y compris Berlusconi, cédant ainsi aux pressions ‘’justicialistes’’ du Parti démocrate et du Mouvement 5 Etoiles. Ce n’est d’ailleurs pas la première fois que Forza Italia doit renoncer à un candidat pour des implications présumées avec la ‘Ndrangheta. ‘’Ce sont des 5 Etoiles déguisés’’ se plaint Berlusconi face aux refus de Giorgia Meloni déplorant une ‘’négation de l’Etat de droit et de la présomption d’innocence’’. Le vice-président du Sénat, Maurizio Gasparri (FI) fait également part de son amertume louant les qualités d’avocat de Giuseppe Valentino. Au sein de Forza Italia, l’incompréhension règne vis-à-vis de leurs ‘’alliés’’, si l’on peut encore les appeler ainsi.»
ENTRETIEN de Matteo Piantedosi, Corriere della Sera, « Il n’y a eu aucune négociation (pour l’arrestation de Messina Denaro). C'est une victoire sans couleur politique » : « L’État a-t-il négocié pour parvenir à l'arrestation de Messina Denaro? Cette arrestation est un résultat d'un long travail d’enquête mené par une unité dédiée avec des méthodes traditionnelles. Le mérite revient aux magistrats et aux forces de police. La lutte contre la criminalité n'a pas de barrières ni de couleur politique : c'est une victoire de tous. Le procureur De Lucia a souligné que l'arrestation a été possible grâce à des écoutes. Les écoutes sont un instrument d’enquête important et indispensable. Elles n'ont jamais été en discussion pour les crimes de la mafia, encore moins par ce gouvernement. Nous n'acceptons aucune leçon sur le plan de la légalité. Nous avons donné des signaux clairs sur la lutte contre la mafia, en soutenant les peines incompressibles et fournissant un soutien total aux juges et forces de police. L’État n'a jamais eu peur des éventuelles réactions des organisations mafieuses. Avec cette arrestation se ferme la page des grands fugitifs issue de la période de violence perpétuée par la mafia. C'est un message fort pour les jeunes qui va l'encontre d'une narration inacceptable qui mythifiait le rôle des chefs mafieux ».
ARTICLE, Corriere della Sera, M. Guerzoni « Les preuves de dégel entre Meloni et Macron : il faut des réponses de la part de l’UE » : « L’échange, qualifié de « long et cordial » par le Palais Chigi, marque un autre pas vers le dégel entre Meloni et Macron, depuis les frictions à l’automne sur les migrants. L’appel d’hier était programmé depuis des jours et concordé par les diplomaties de Rome et de Paris. Les deux dirigeants, qui continueront à échanger en vue du Conseil Européen, ont parlé d’Ukraine, et « des principaux points au cœur de l’agenda européen et international », d’industrie, d’énergie et de questions migratoires. Le Palais Chigi qualifie l’entretien de « très positif, mais on sait bien que la sympathie ne caractérise pas le rapport, et les méfiances réciproques et anciennes sont connues. Les jours de la tempête provoquée par le non débarquement de l’Ocean Viking sur les côtes italiennes sont bien loin, mais la distance politique et diplomatique doit encore être en grande partie comblée. Pour réduire les distances et mettre fin aux incompréhensions de novembre, le communiqué du Palais Chigi souligne que l’accueil des migrants est une des thématiques « largement partagée » par la Présidente du Conseil et le locataire de l’Elysée. Meloni est persuadée de la nécessité d’un instrument européen pour « garantir le contrôle des frontières » et veut arriver « avec urgence » à une entente entre les 27 prévoyant la défense des frontières, le frein aux arrivées des flux et une stratégie de politique économique conjointe sur les Etats d’origine des migrations. Macron et Meloni ont parlé aussi de Kiev, ainsi que des solutions pour freiner l’augmentation des prix de l’énergie et les instruments pour soutenir l’économie européenne. Si Paris insiste sur les « mécanismes pour renforcer l’investissement et le soutien aux projets industriels stratégiques », Rome estime urgent de repérer « des solutions efficaces pour soutenir la compétitivité des entreprises ». Ce qui veut dire une réponse au plan américain contre l’inflation. »
ARTICLE, La Repubblica, E. Lauria « Migrants, le dégel Meloni-Macron : la Présidente du Conseil se rendra bientôt à Paris » - Les distances demeurent mais pour Rome il y a de premiers signaux : « L’échange est qualifié de « cordial » par le Palais Chigi. G. Meloni et E. Macron se parlent à nouveau, dans un climat qui est défini comme un dégel, après les frictions sur l’accueil et la redistribution des migrants. La thématique migratoire a été également évoquée mais il y a d’abord une convergence sur une question de fond : « la lutte » des flux par « un contrôle efficace des frontières externes de l’UE ». En réalité, certains problèmes persistent, comme celui de la redistribution des migrants après leur arrivée mais l’objectif de Meloni est de trouver un chemin commun sur lequel arriver au Conseil Européen des 9 et 10 février. Des sources françaises se limitent à citer, vers la fin du communiqué, « les questions migratoires ». Une chose est claire, l’échange téléphonique – après l’appel en novembre où Macron avait exprimé sa solidarité pour la tragédie d’Ischia, jette les bases pour d’autres échanges. »
ARTICLE, Sole 24 Ore, L. Palmerini « L’échange avec Macron et la recherche d’une voie sur l’Europe » : « Quand on parle d’Europe, il n’y a pas que le dossier épineux du MES, il y a aussi le tout premier signal de dégel entre la Présidente du Conseil et Macron. Le coup de froid était tombé au sujet de la question de l’Ocean Viking. Une tension qui s’est prolongée jusqu’à hier, quand le Palais Chigi et l’Elysée ont fait savoir de l’échange et ont cité brièvement les points évoqués. De là, on comprend que tout est lié. C’est-à-dire que les dossiers sur la table de Bruxelles ne sont plus séparés, mais représentent un enchevêtrement d’échanges et de négociations. Les corrections du Plan de relance, la ratification du MES, les pourparlers sur la réforme du Pacte de stabilité et surtout la discussion qui est en train d’animer l’Europe avec les Etats-Unis sur les aides aux entreprises stratégiques. Le facteur d’union est surtout la guerre en Ukraine, qui voit les deux pays fondateurs placés du même côté, malgré les distances entre Macron et Meloni. Il y a donc une force de gravité qui pousse à atterrir sur la réalité, et à reprendre le fil du dialogue. Une réalité qui peut se voir dans les communiqués de l’Elysée et du Palais Chigi et il est clair que dans ce contexte, les voies de communication entre Rome et Paris doivent être rétablies. Puis, bien entendu, chacun soulignera sa position : Macron met l’accent sur le soutien à Kiev tandis que Meloni met en avant la lutte contre l’immigration illégale et le contrôle des frontières. Le sens est que l’on veut arriver au Conseil Européen extraordinaire du 9 février sans afficher des points de divergences. »
ARTICLE, Il Foglio, S. Canettieri « Le chaos de Fratelli d’Italia sur la nomination des juges du CSM trouble la fête à Meloni pour l’échange avec Macron » : « Pour Giorgia Meloni, il s’agissait d’une journée importante : celle de l’échange avec Emmanuel Macron après les tensions sur les migrants. Le Palais Chigi évoque un appel téléphonique « concordé » afin d’éviter de dire qui a décroché l’appareil en premier. La nouvelle a été diffusée par Rome et confirmée ensuite par l’Elysée. Cela suffit pour comprendre la dynamique. Les deux dirigeants se sont exprimés en français, évoquant la défense des frontières, l’Ukraine, l’énergie et les flux migratoires. Ils se sont ensuite donné rendez-vous au Conseil Européen. Bref, cela aurait été une belle soirée s’il n’y avait pas eu l’imbroglio de la nomination des juges du CSM, ce qui n’est pas proprement l’élection d’un chef de syndic. »
ARTICLE, Sole 24 Ore, A. Biondi e C. Fotina, « Tim, l’aide du Sénat arrive. Casse-tête sur les objectifs du nouveau plan » : « La réunion d’aujourd’hui sera la première sans Arnaud de Puyfontaine, démissionnaire hier du conseil d’administration de Tim, et la dernière avant le rendez-vous du 14 février, date de l’approbation des comptes et de la présentation de la révision du plan industriel – mais sans le premier actionnaire représenté, et avec toute l’incertitude qui peut en résulter. Le gouvernement veut aller de l’avant, et travaille sur le paquet de mesures de soutien. Hier soir, en commission Industrie du Sénat, un amendement au décret Priolo / Golden power a été présenté en forme identique par Fratelli d’Italia, la Lega et Forza Italia, qui devrait avoir pour effet de permettre à Tim et aux autres compagnies de télécommunication de bénéficier des facilités prévues pour les entreprises énergivores. L’amendement n’est pas passé en commission pour des problèmes de budget, mais il sera présenté à nouveau en séance ce matin, dans une version moins onéreuse pour obtenir l’assentiment du Trésor. La mesure prévoit que les entreprises considérées comme stratégiques au sens du golden power puissent accéder à des crédits d’impôt si leur consommation d’énergie dépasse les 150 Gwh par an. Les entreprises de la Défense sont concernées, comme Fincantieri et Leonardo, mais Tim ou Sparkle ont déjà été considérées comme liées à la sécurité nationale dans le passé, et donc soumises aux prescriptions du golden power. Le directeur général de Tim Pietro Labriola met en avant l’importance pour son entreprise de bénéficier de cette mesure, qui pourrait représenter selon certains analystes jusqu’à 90 millions pour 2023. Mercredi prochain, il participera à une discussion technique organisé par le ministère des Entreprises et du Made en Italy sur la réorganisation du réseau. Quant à la démission de de Puyfontaine, le ministre Adolfo Urso a déclaré que "ce sont des choix de l’entreprise, je n’ai pas de jugement à donner : ce qui m’intéresse c’est que le dialogue continue". Au cours d’une audition au Sénat, le ministre s’est montré pour la première fois explicitement ouvert à une autre demande de Tim et des compagnies de téléphonie mobile : une hausse des limites d’émission électromagnétiques, plus strictes en Italie que dans les autres grands pays européens. Adolfo Urso a dit avoir écrit une lettre à ce sujet au ministre de l’Environnement et de la Sécurité énergétique, Gilberto Pichetto Fratin, pour engager un approfondissement sur ce thème. Dans le même temps, une intervention normative pour accélérer le passage du réseau en cuivre à la fibre optique est à l’étude, avec un mécanisme tarifaire pour accompagner Tim dans la transition. »
(Traduction : ambassade de France à Rome)
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