"Le présidentialisme demeure une priorité de la droite postfasciste, alors que l’autonomie différenciée l’est pour l’autre droite, celle de la Ligue."
16/01/2023
Italie. Revue de presse.
La presse italienne titre largement sur des tensions supposées au sein de la majorité : « Berlusconi-Meloni, une tentative de trêve après les tensions » (Corriere della Sera), « Réformes, la droite est divisée » - Salvini veut accélérer sur l’autonomie régionale différenciée, critiquée par Forza Italia, mais Meloni considère le présidentialisme comme réforme prioritaire. Les distributeurs de carburant confirment leur grève (La Repubblica), « Meloni cède et donne son feu vert au MES [Le mécanisme européen de stabilité ou MES est un dispositif européen de gestion des crises financières de la zone euro] » - Giorgetti (Ligue) informe Bruxelles que le gouvernement est en train de travailler à son adoption. Berlusconi appelle Meloni et l’invite à arrêter de prendre des décisions en solitaire (La Stampa), « Salvini demande la réforme des régions à marche forcée mais Meloni invite à la prudence » (Il Messaggero). Les possibles modifications des projets du Plan de relance national (PNRR) [Plan européen de relance] sont aussi évoquées « PNRR, voici les projets impossibles » - Des tracteurs écologiques aux trains à hydrogène, les appels d’offre sont désertés. L’Italie demandera une révision du plan. Lollobrigida (Frères d'Italie) déplore des demandes « idéologiques » venant de l’Europe et indique des projets plus utiles à réaliser (Il Messaggero), « L’Italie n’a que deux mois pour modifier le PNRR et fait monter les enchères sur le MES » (La Repubblica). Enfin, les bombardements russes sur les villes ukrainiennes sont également cités avec couverture photographique en Une du Corriere « Des missiles sur les civils en Ukraine, pour Moscou « les objectifs ont été atteints » ».
Les JT couvrent essentiellement l’arrestation de Matteo Messina Denaro, chef mafieux le plus recherché d’Italie depuis plusieurs décennies, et qui fait l’objet d’éditions spéciales sur plusieurs chaînes ce matin.
ENTREVUE avec Antonio Tajani, Corriere, P. Di Caro, « Tajani (Forza Italia) : "Nous nous sommes loyaux, mais le centre-droit n’est pas un monolithe" » : « Nos alliés peuvent dormir tranquilles : nous ne voulons pas créer de problèmes au sein du gouvernement, parti pour durer cinq ans et qui va donner les réponses que les Italiens attendent. C’est notre engagement et nous voulons l’honorer. Nous avons toujours été loyaux, et nous le serons, tout en faisant valoir nos positions, parce que le centre-droit est composé de forces diverses, ce n’est pas un parti unique." On dit que Berlusconi ne serait pas pleinement satisfait du gouvernement, en raison du "protagonisme excessif" de Giorgia Meloni. C’est le cas ? Absolument pas. Il l’a appelée pour son anniversaire, et puis ils discutent souvent, comme avec Salvini, et on ne comprend pas comment naissent certaines rumeurs de presse fantaisistes ou malveillantes. Il peut y avoir du mécontentement de certains qui n’ont pas eu ce qu’ils pensaient mériter, comme dans tous les partis. Mais ce sont les faits qui comptent : FI a toujours soutenu le gouvernement loyalement, dans tous les votes, dans toutes les décisions, collaborant et souvent apportant des solutions décisives aux problèmes. Berlusconi souffre d'un rôle trop distant par rapport aux leaders alliés et cela complique-t-il les choses ? Mais Berlusconi n’est pas et ne peut pas être en compétition avec qui que ce soit. Il est le leader indiscuté de FI, le père du centre-droit, le leader sans lequel nous aujourd’hui ne serions pas là. Son nom appartient à l’Histoire, pas dans une déclaration ou un rassemblement de plus ou de moins. Il est toujours en lien avec nous, la ligne politique c’est lui qui la donne. Je ne plaisante pas. Mais il y a des problèmes, comme des divergences sur l’autonomie différenciée. Salvini voudrait acter la mesure d’ici 2023, vous semblez freiner. Nous ne voulons ni freiner ni jouer sur les délais. Mais ce n’est pas une course contre la montre que nous devons mener, mais bien une réforme bien faite. Que signifie « bien faite » ? Cela veut dire que l’Italie est faite de 60 millions d’habitants, qui ne sont pas seulement ceux de certaines régions. Et il faut travailler, comme le prévoit la Constitution, pour que chacun ait les mêmes possibilités de développement, d’assistance, de protection, de bien-être. Le Nord mais aussi le Sud, qui ne peut être laissé derrière. Et puis il y a le projet Roma Capitale, une bataille que nous avons été les premiers à mettre en avant. Nous voulons une capitale à la hauteur de Paris, Berlin, Washington. Vous craignez que le Nord puisse effectivement aspirer les ressources du Sud ? Nous devons éviter que cela arrive, et pour cela notre engagement sera maximal. Les grandes usines qui ont rendu le Nord plus développé ont aussi été possibles grâce au capital humain des citoyens du Sud. Maintenant nous devons travailler pour réformer la LEP, penser à un fond de péréquation, en tenant compte au fait que nous ne ferons pas un décret, mais un projet de loi, et le Parlement aura les moyens et le temps pour en discuter. Frères d'Italie porte la bannière du présidentialisme, la Ligue celle du fédéralisme et vous aucune ? Absolument pas. Le présidentialisme est une bataille historique de Berlusconi, et l’autonomie, faite avec équilibre, nous sommes d’accord. Ma notre présence est constante et décisive : en politique étrangère, sur les décisions cruciales comme le plafonnement du prix du gaz pour lequel s’est battu notre ministre Pichetto. La ministre Casellati est en train de travailler sur les réformes pour l’augmentation des retraites et les déductions fiscales pour les nouvelles embauches, et nous allons de l’avant avec détermination. Nous en sommes et nous en serons, aussi des difficultés que le gouvernement affrontera, qui peuvent faire changer l’agenda d’un jour à l’autre pour des facteurs endogènes comme les coûts de l’énergie, l’inflation, la guerre. Sur ce point la relation à l’Europe sera décisive. Dans la coalition de droite, vous étiez les seuls favorables au Mes : l’êtes-vous encore ? Oui, mais avec des règles moins strictes. Avec des modifications, qui n’impliquent pas par exemple que la Troïka intervienne pour qui le demande. Mais êtes-vous toujours pour la ratification? Sans ratification le mécanisme est bloqué pour toute l’Europe. Pouvez-vous vous le permettre ? Nous sommes en train d’en discuter. Une chose est certaine : si on demande de la flexibilité à l’Europe aussi sur le Pnrr, comme nous le faisons, il faut que nous soyons ouverts à la même flexibilité. Je suis optimiste, comme sur les perspectives du gouvernement : parce que nous savons tous que notre engagement est de gouverner cinq ans. Et personne ne veut ne manquer à son devoir. »
Antonio Tajani
COMMENTAIRE, La Repubblica, I. Sales « Le patriotisme et les petites patries » : « Salvini a voulu souligner l’impatience avec laquelle la Ligue veut faire adopter la l’autonomie différenciée des régions qui l’ont demandée (‘’au maximum, d’ici un an’’). Or, Gianfranco Fini [ancien leader du parti Aleanza Nazionale, ndlr], en voulant interpréter la pensée de Fratelli d’Italia, a invité à ne pas être pressé sur les réformes qui risquent de diviser l’Italie. Le présidentialisme demeure une priorité de la droite postfasciste, alors que l’autonomie différenciée l’est pour l’autre droite, celle de la Ligue. Les deux positions apparaissent inconciliables à la fois du point de vue des délais (le présidentialisme a besoin d’au moins deux ans, s’agissant d’une modification de la Constitution) que sur le plan des différentes idéologies qui les défendent. Quel est le rapport entre un amoindrissement des compétences de l’Etat central en faveur des régions du Centre et du Nord avec un projet prévoyant plus de pouvoirs au Président de la République ? Comment ce dernier pourrait-il représenter au mieux une nation, élu enfin directement par les électeurs, alors que l’on amoindrit davantage la structure unitaire de l’Etat ? Comment concilier le patriotisme de la droite de Meloni avec les « petites patries » chères à la Ligue ? Dans le domaine des réformes, les distances entre Frères d'Italie et la Ligue sont visiblement énormes. »
ENTRETIEN, Libero, de Massimiliano Romeo, chef de groupe au Sénat de la Ligue « La coalition est unie mais nous nous opposons à la pensée unique. Une fois l’urgence terminée, la Russie devra jouer un rôle dans l’échiquier international » : « Q. Est-ce qu’il y a quelqu’un au sein de la majorité qui veut ralentir l’action du gouvernement et mettre en difficulté la Présidente du Conseil ? L’expression ‘’mettre les bâtons dans les roues’’ utilisée par Meloni me semble un peu trop forte : je parlerais plutôt de sensibilités différentes. Nous sommes une coalition et devons transformer cette diversité en point de force. Q. Sur l’autonomie régionale, les points de vue semblent de plus en plus distants. J’ai l’impression que sur le sujet il y a un préjugé injustifié. L’autonomie ne divise pas le pays. Au contraire, elle aidera à combler l’écart entre le Nord et le Sud. Notre défi, au sein de la coalition, est de faire comprendre ces choses-là. Q. Selon vos propos prononcés au Sénat, il y aurait une diversité de position entre Fratelli d’Italia et la Ligue sur le rôle de la Russie. La Présidente du Conseil mène un « atlantisme absolu ». Nous, nous sommes plutôt pour un atlantisme pondéré. Il ne fait pas de doute que Poutine a tort, qu’il est l’agresseur et qu’il faut le punir. Toutefois, il ne faut pas l’humilier car il est clair qu’une fois l’urgence terminée, la Russie devra de toute manière avoir un rôle dans l’échiquier international. C’est Kissinger qui l’a dit dans les pages du Spectator : la Russie ne doit pas être humiliée. Autrement, on risque d’avoir des tensions et des désirs de revanche, comme celles qui ont poussé l’Allemagne de Hitler à la Seconde Guerre Mondiale. Q. Quel rôle devrait alors jouer l’Italie ? Une position de médiation entre les parties, soit la même qu’elle a eue pendant la guerre froide à l’égard de l’URSS. Je l’ai dit dans l’hémicycle du Sénat : notre gouvernement devrait être le promoteur, à l’intérieur de l’Alliance Atlantique, d’une négociation pour la paix.’’ »
Massimiliano Romeo
LETTRE de Gennaro Sangiuliano (Indépendant, autrefois MSI), ministre italien de la Culture, au Corriere, « Ma provocation sur Dante » : « Cher Directeur, comme je l’ai déjà dit, l’affirmation selon laquelle ‘’Dante est l’initiateur de la pensée de droite’’ est une évidente provocation culturelle. Mais elle a un fondement bien précis que l’on retrouve dans le volume monumental ‘’Croce et Gentile’’ de l’Institut de l’encyclopédie italienne où le professeur E. Ghidetti évoque Dante comme étant l’’’épicentre idéologique de l’avènement du principe de nationalité’’ tandis que G. Gentrile écrit que ‘’avec Dante, l’Italie commence à être idéalement affirmée ; il est considéré comme le ‘’père spirituel de la nation’’. De nombreux autres écrits corroborent ces interprétations, par exemple le philosophe A. Del Noce le décrit comme le symbole d’unité spirituelle ‘’perdue au cours des siècles de décadence morale et politique italienne et qu’il faut reconquérir’’. Sur le même ton Federico Chabod, résistant antifasciste. Alighieri croit, comme Aristote et Saint Thomas D’Aquin, que l’Etat a un fondement rationnel et naturel basé sur des liens hiérarchiques en mesure d’apporter de la stabilité et de l’ordre. C’est vrai, ‘’droite’’ et ‘’gauche’’ n’existaient pas à son époque. On peut le définir ‘’conservateur’’ si l’on préfère. Je n’ai pas été le seul cependant à étudier et définir ‘’politiquement’’ Dante. Je citerai deux exemples : Umberto Eco pour qui Dante serait de droite, et le professeur Sanguinetti (PCI) avec son ‘’Dante réactionnaire’’. Qui entend défendre l’identité nationale, le sens de l’histoire et de la tradition - c’est-à-dire les conservateurs - ne peut que retrouver dans Dante un noble ancêtre. L’analyse de sa pensée ne peut se résumer à une déclaration. Et nul ne pense, y compris moi, que son œuvre et ses idées puissent être transposées au monde contemporain - et simplifiées. Mais si ma provocation a servi à certains à rouvrir ses livres, si jamais ils en avaient déjà ouvert un, c’est déjà un bon résultat. »
ENTRETIEN, Corriere della Sera, de Francesco Paolo Sisto (Forza Italia), vice-ministre de la Justice, « Prudence sur les modifications de la [réforme] Cartabia [ancienne ministre de la Justice sous Mario Draghi] ; nous apporterons des changements seulement sur la criminalité organisée et le flagrant délit » : « Concernant la réforme de la justice présentée par l’ancienne ministre de la Justice Marta Cartabia, nous retoucherons le texte présenté à l’époque en intervenant sur deux points seulement. Les autres hypothèses qui circulent ne sont que l’expression d’opinions personnelles. On ne peut en aucun cas dire que cette réforme du procès pénal favorise d’une quelconque manière les criminels et encore moins les mafieux. Comme pour toute réforme, certaines interventions sont nécessaires mais le ministère soutient le projet avec conviction. Du reste, les réformes des procès pénaux et civils ont déjà reçu l’aval de la Commission européenne et permis l’octroi d’une partie des fonds du PNRR. Toute modification devra donc être apportée avec prudence. Au ministère, nous cherchons la meilleure formule pour que le délit mafieux constitue une circonstance aggravante qui fasse l’objet d’un traitement spécial, sans qu’un dépôt de plainte préalable ne soit nécessaire. Le second point à rectifier concerne le flagrant délit, pour faire en sorte que le dépôt d’une plainte ne soit plus une contrainte pour pouvoir procéder à l’arrestation. Cela fait longtemps déjà, et dans de nombreux cas, que la justice ne traite certains délits que dans les cas où une plainte a été déposée. Ceux qui soulèvent le problème maintenant n’ont pas de motivations juridiques mais tentent une récupération politique. Au sein de la majorité, toutes les forces sont parfaitement alignées sur le ministre Carlo Nordio concernant les questions de justice, y compris Forza Italia. Nous voulons renouer avec un juste équilibrée entre l’accusation et la défense dans le cadre des procès, un équilibre qui s’était perdu au cours de ces dernières décennies focalisées sur les magistrats. »
COMMENTAIRE, Repubblica, Walter Verini, sénateur du Pd, « Président La Russa, maintenant cela suffit » : « Président la Russa, vous êtes le président du Sénat et la deuxième personnalité de l’État. En cas d'empêchement du Président, c'est vous qui assumerez ses fonctions temporairement. C'est une fonction qui demande un sens institutionnel aigu. Mais vous célébrez l'anniversaire du Msi, vous participez à des initiatives électorales de la droite et votre présence a même été annoncée à une réunion du sommet de Frères d'Italie. Votre action n'est pas celle du numéro 2 de l’Italie mais celle du numéro 2 de Fratelli d'Italia. Vous répondez que vous ne pouvez pas être empêché de faire toutes ces choses et que votre impartialité est nécessaire seulement dans les murs du palais Madama, le Sénat. Si vos prédécesseurs, que ce soit au sénat ou à la chambre, n'ont pas effacé leurs appartenances et parcours politiques, ils ne faisaient pas comme vous le président à mi-temps : moitié président, moitié dirigeant de parti. J'espère président, que vous ne répondrez pas que cela ne vous concerne pas, comme vous avez fait jusqu'à maintenant. »
ENTRETIEN, Libero, d’Adofo Urso (Frères d'Italie), ministre pour les entreprises et le Made in Italy « Les systèmes autoritaires sont en train de nous défier. Il faut créer un marché libre en Occident» : « ‘’La politique industrielle, avec la lutte contre l’inflation, sera la thématique majeur de l’année. Q. Parlez-vous de la relance de la politique industrielle italienne ? Nous seulement en Italie mais aussi en Europe, voici le vrai défi. Je l’avais dit il y a deux mois et maintenant nous y sommes. En quelques semaines, avec la pression constante exercée avec le gouvernement français, nous avons réussi à construire un consensus inattendu, y compris avec l’Allemagne. Le dernier document de la SPD, le parti d’O. Scholz, et surtout les positions exprimées par la Présidente de la Commission, le prouvent. Je suis sûr qu’au prochain Conseil d’Europe des 9 et 10 février, les bases seront posées pour une nouvelle politique industrielle. C’est le moment de bâtir l’Europe de l’entreprise et du travail, devant protéger le Made in Europe. Il faut qu’il y ait un esprit d’équipe en Italie, entre syndicats et représentants d’entreprises, allant dans la même direction. Q. Qu’attendez-vous de Bruxelles ? Nous attendons une révision du Pacte de Stabilité, qui doit se concentrer sur la croissance. Il faut un fonds souverain européen destiné aux secteurs de l’innovation numérique et environnementale. Des ressources communautaires permettant de réduire l’écart compétitif entre les pays. Il faut une réforme des règles pour les aides d’Etat, nécessaire pour soutenir les secteurs stratégiques. Il faut aussi une politique promouvant le principe du « achète européen », un peu comme ce que sont en train de faire les Etats-Unis pour contraster le défi systémique de la Chine. Nous devons répondre comme Washington, cela nous permettra de créer une zone de libre-échange euro-atlantique qu’il faudra par la suite élargir aux autres démocraties occidentales. La globalisation est révolue et notre Occident subit le défi de systèmes autoritaires, et il doit se doter d’une politique industrielle, économique et sociale partagée, basée sur des valeurs communes de fond. La « minimum tax » est une brique de cette politique. Mais il faut plus d’ambition. Nous sommes en train de préparer un document de notre position national qui représentera notre contribution à la proposition générale que devra faire la Commission. Sur le PNRR, je crois que le bon sens doive prévaloir. Il peut être revu selon ce qui est prévu par ses règles de manière à concentrer l’attention sur la production énergétique et revoir les paramètres sur la base des nouveaux prix des matières premières.’’ »
Adolfo Urso
ARTICLE, Repubblica, C. Tito, « L’Italie a seulement deux mois pour changer le Pnrr. Et met le Mes aussi dans la discussion » : « L’Italie a deux mois pour changer le Pnrr, car en mars la partie sera close. Si officieusement les jeux sont déjà lancés, officiellement il faut atteindre début février, c’est-à-dire quand le Parlement et le Conseil européens approuveront le fonds RePowerEu, financé avec l’argent non-utilisée du Recovery fund. L’Italie pourrait toucher environ neuf milliards. Les modifications seront donc inévitables pour tous, et l’Italie compte saisir cette opportunité, en s’appuyant sur l’article 21 du règlement du Pnrr, qui lui permet de proposer des changements à la Commission européenne en raison de "circonstances objectives". Toutefois, lors de sa visite à Rome, Ursula von der Leyen a fait comprendre que seulement des modifications limitées pourraient être acceptées, parce que reformuler tous les projets signifierait remettre en question les réformes et objectifs atteints jusqu’ici. Il est évident qu’après la guerre en Ukraine et la hausse des prix, les comptes doivent être revus, d’autant plus que la tactique du palais Chigi est de miser sur une hausse des prix de 30 % des matières premières. L’unique solution vraiment praticable consiste alors à réduire le nombre de projets à réaliser, en en abandonnant certains. D’autant plus que tous sont conscients qu’un grand nombre de ces projets seront mis en œuvre par le biais d'appels d'offres et de contrats qui relèvent de la responsabilité des municipalités et des régions, ce qui n’est pas exactement une garantie de respect des délais, même avec la réforme du code des appels d’offre. Ainsi, pour l’exécutif, diminuer le nombre de travaux publics permet de réduire les risques de ne pas respecter la feuille de route. Le gouvernement contemple en effet la possibilité que la prochaine tranche de financement ne soit pas versée, ou seulement partiellement. Et puis l’Italie connaît historiquement un déficit structurel dans l’utilisation des fonds européens. Il suffit de penser à ce que 50 % des fonds de cohésion a été effectivement dépensé. Un problème non négligeable, si l’on considère que l’Italie devra dépenser 350 milliards d’argent européen d’ici 2026. L’autre question sur laquelle Bruxelles a été consultée est le "détournement" de ressources vers le secteur de l’énergie. »
(Traduction : ambassade de France à Rome)
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