"Obsèques de Benoît XVI, Meloni verra d’abord les leaders souverainistes et ensuite Scholz."
05/01/2023
Italie. Revue de presse.
Les adieux au pape Benoît XVI ce matin à Saint Pierre sont à la une de nombreux journaux – « Cent mille personnes pour l’adieu à Benoît XVI » (Stampa)
Le refus de la Suède de mettre à l’agenda de sa présidence de l’UE un pacte sur les migrants est mis en avant – « Pas de pacte sur les migrants, Stockolm refroidit Rome » Corriere, « La Suède : stop au plan de l’UE pour les migrants, Fitto (Frères d'Italie) : ‘’ce n’est pas contre l’Italie’’ » Repubblica.
La politique de la BCE et la dette souveraine italienne font débat notamment suite aux déclarations, hier, du Ministre Crosetto (Frère d’Italie) - « Monti : les attaques contre la BCE sont négatives, que les Chambres invitent Lagarde » (Repubblica).
ARTICLE, Corriere della Sera, M. De Bac : « Spoil system, le gouvernement va de l’avant. Magrini quitte la direction de l’Aifa » : « Le directeur de l’Agence italienne du médicament (Aifa), Nicola Magrini, a reçu une lettre du ministre de la Santé qui met fin à son mandat. Son poste est soumis au système du ‘’spoil system’’ (changement des dirigeants publics suite à un changement de gouvernement) mais sa destitution ne s’accomplit pas sans polémiques. Sur Twitter, Enrico Letta affirme qu’ ‘’une continuité est nécessaire dans le domaine de la santé et de protection des personnes fragiles, au contraire de choix partisans ’’. Le nouveau directeur devrait prendre ses fonctions le 23 janvier, mais la réforme de l’Agence pourrait engendrer des retards sur cette nomination. »
COULISSES, Corriere della Sera, F. Fubini : « Les indiscrétions sur le Trésor qui énervent Giorgetti (Ligue) et le message de Meloni aux bureaucrates » : « Des sources anonymes du gouvernement font paraître sur les médias que le principal candidat à perdre sa place au Ministère du Trésor, suite au système de ‘ spoil system’, serait Alessandro Rivera, directeur général depuis 4 an et demie. Les rapports sont également froids entre le Palais Chigi et le Comptable général de l’Etat, Biagio Mazzotta, au point qu’il n’a pas été convoqué aux réunions sur la loi de Finances, ce qui ne s’était jamais produit auparavant. ‘Le remplacement des 40 dirigeants plus importants entraînera le spoil system également d’au moins 400 autres dirigeants de second niveau. Le compte à rebours pour les licenciements arrive à sa fin, les changements doivent être fait avant le 24 janvier et il faut d’abord en informer le Quirinal, qui examine les candidatures et signe les décrets de nomination. Tout changement au Ministère du Trésor intéresse particulièrement le Quirinal, ainsi que l’Europe. Le dernier gouvernement qui a débuté en licenciant les dirigeants du Trésor a été celui de Liz Truss, et pour les marchés, ce fut le signal d’une instabilité politique qui a ensuite mené à la chute de la première ministre. En Italie, le cadre est plus stable, grâce à une politique des finances prudente. L’ex président de Ita, Antonino Turicchi pourrait succéder à Rivera, tandis que Giuseppe Lucibella pourrait remplacer Mazzotta. D’un point de vue politique, le ministre de l’Economie Giorgetti n’est pas favorable à changer ni le Comptable ni le Directeur général du Trésor : au contraire, il voit dans l’attaque à Rivera une attaque contre lui, et une tentative de l’affaiblir de la part de certains au sein du gouvernement. Et à la fin ce sera lui à décider, et il faut peut-être s’attendre à des surprises. »
ARTICLE, La Repubblica, T. Ciriaco, « Obsèques de Benoît XVI, Meloni verra d’abord les leaders souverainistes et ensuite Scholz » : « Plusieurs dirigeants européens se croiseront aux funérailles de Benoît XVI. Sergio Mattarella et Giorgia Meloni représenteront l’Italie, pays d’adoption du défunt pape ; Frank-Walter Steinmeier et Olaf Scholz l’Allemagne, son pays de naissance. Pour la France, c’est le ministre de l’Intérieur qui sera présent. Mais d’autres assisteront aussi à la cérémonie, notamment les premiers ministres polonais et hongrois, Mateusz Morawiecki et Viktor Orban, sur qui Giorgia Meloni compte pour former une alliance conservatrice en Europe. Plus tard dans la journée, elle rencontrera le chancelier allemand, notamment pour insister sur l’idée de faire de l’Italie le hub énergétique de l’Europe ».
ARTICLE, La Repubblica, S. Folli, « Le syndrome du siège » : « Les critiques émises par le ministre Crosetto à l’encontre de la BCE rendent compte de la relation entre l’Italie et l’Union européenne. Rome a le sentiment que Bruxelles ne lui fait pas confiance, et ne serait pas mécontente de la voir trébucher. Pourtant Giorgia Meloni a une véritable stratégie européenne, plus réfléchie que celle des souverainistes habituels. Elle espère que les élections européennes de 2024 entraîneront un changement de coalition au Parlement européen, jusque-là dominé par la « grande coalition » socialistes-populaires, avec l’arrivée au pouvoir d’une alliance des droites entre populaires et conservateurs dont FdI serait un membre influent. Mais pour cela, il s’agit d’abord de conserver sa popularité à travers 2023 ».
COULISSES, Repubblica, T. Mastrobuoni : « La surprise de Francfort : de cette façon, le gouvernement italien risque de se faire du mal tout seul » : « ‘’ Je suis surprise, je ne comprends pas ‘’. Officiellement, les bouches sont cousues. Mais, loin des micros, à partir de Christine Lagarde, c’est le commentaire unanime des dirigeants de la BCE suite au nouvel affront d’un politique italien aux gardiens de l’euro. Hier le ministre de la Défense, Guido Crosetto, sur Repubblica, a mis en cause l’indépendance de la Banque Centrale en se prononçant, de façon accusatoire, contre l’annonce de la fin de l’achat des titres d’Etats italiens et en regrettant l’époque Draghi, quand les charges sur les dettes souveraines avaient été annulées. Même des ministres plus modérés, comme Antonio Tajani, ont appelé à arrêter le rehaussement des taux d’intérêts. La BCE explique que la situation est complétement différente par rapport à l’époque Draghi : aujourd’hui l’inflation est en hausse, et la Banque Centrale ne peut rien faire d’autre que d’augmenter les taux. Cependant, les banquiers européens ne sont pas inquiets pour l’Italie et jettent de l’eau sur le feu, suite aussi à l’article du Financial Times, en affirmant qu’il n’est pas du tout évident qu’une hausse des taux engendre une majeure fragilité de la dette. La prudence de la loi de finances italienne a été appréciée à Bruxelles qui, déjà à partir du dernier trimestre 2022 avait commencé à ne plus acheter les titres italiens. La raison est qu’il n’y en avait pas besoin : les marchés sont calmes. Et l’arrivée du gouvernement Meloni n’a pas provoqué de changement d’humeur. L’Italie, en outre, a encore un budget de 200 milliards de fonds du Recovery Fund à dépenser, et sa croissance reste supérieure à celle de nombreux autres pays européens, dont l’Allemagne. Mais si les attaques du gouvernement contre la Bce ne cessaient pas, les marchés pourraient redevenir plus instables. ‘’ C’est le gouvernement qui, par sa nervosité, risque de rendre instables les marchés ‘’ résument les sources. Et à la réunion du 2 février, quand il faudra décider de combien rehausser les taux, quelle force pourront avoir les très respectés banquiers italiens, Vincenzo Visco et Fabio Panetta, si la réunion est précédée par des sorties de ce type du côté du gouvernement ? »
COMMENTAIRE, Il Foglio Quotidiano, M. Seminerio, « La Bce et le dur réveil de l'Italie dans un monde qui a disparu » : « L'augmentation des taux par les banques centrales entraîne une augmentation de la tension dans les gouvernements des États les plus endettés. L'Italie est le mouton noir de l'Europe car son économie n'arrive pas à croître plus que le coût de sa dette. La solution est toujours la même : avoir une croissance supérieure au coût moyen de la dette, ce qui est une situation normale en Europe, sauf en Italie où cela semble être un mirage inatteignable ».
ENTRETIEN, Nicola Molteni dans la Repubblica, secrétaire d’Etat au ministre de l’Intérieur (Ligue), « Nous ne pouvons pas perdre encore du temps. Si rien ne bouge, l’Italie agira seule » : « ‘’Avec tout le respect dû à l’Ambassadeur Danielsson, je voudrais une déclaration de la part d’un ministre ou d’un chef d’Etat. Ceci étant, il est clair que l’Europe, et pas juste l’Italie, ne peut se permettre de perdre encore six mois. C’est la crédibilité des institutions européennes qui est en jeu’’. N. Molteni est étonné de l’affirmation l’Ambassadeur suédois à Bruxelles qui a dit qu’aucun accord ne serait trouvé sur les migrants avant 2024. Certes, les problèmes des pays méditerranéens ne sont pas ceux des pays de l’Est, et même ceux du Nord (qui ont été jusque-là les plus accueillants, ont désormais une sensibilité plus faible que par le passé à cet égard. Le problème des Balkans est là et aussi celui de la route entre la France et l’Angleterre. Il faut faire une synthèse et c’est à l’Europe de le faire. Nous devons comprendre ce que veut dire la Suède quand elle parle du pacte sur les migrants. Ce qui nous intéresse c’est que l’Action plan soit approuvé, s’il y avait un ralentissement ce serait un problème pour l’Europe entière. Si on veut affronter de manière réaliste le problème des mouvements secondaires, on ne peut ne pas commencer par les primaires. Et pour ce faire, il faut bloquer les départs et proposer des voies légales. Actuellement, l’Italie est le seul pays qui propose des quotas d’entrée, avec le décret sur les flux, et des couloirs humanitaires ».
Nicola Molteni
COMMENTAIRE, Il Foglio Quotidiano, « Le décret ONG n’arrête pas les bateaux » : « Durant les trois premiers jours de l’année 2023 sont arrivés en Italie 1651 migrants. Le premier bateau humanitaire à arriver en Italie en 2023 a débarqué hier matin dans le port de Tarante avec 85 personnes. Le même jour est entré en vigueur un décret voulu par ministère de l'Intérieur Mateo Piantedosi qui régule, et de fait limite le travail des ONG. Hors de ce cadre, d'autres bateaux opèrent cependant, qui ces derniers jours ont été nombreux. Selon le ministère de l’Intérieur, 1651 migrants sont arrivés sur les côtes italiennes entre le 1 et le 3 janvier. Et parmi ces migrants aucun n'a été secouru par les Ong. La vraie question est donc celle du mécanisme de demande d'asile et de répartition des migrants en Europe. Pour cela, il ne faut cependant pas compter sur la Suède, qui a fait savoir que dans sa présidence il n'y aura aucun pacte sur les migrants ».
PREMIER PLAN, La Stampa, de V. D’Autilia, « Les rescapés du navire Geo Barents ‘’des sévices infligés devant les proches’’ » : « Des survivants de la traversée racontent comment certains compagnons de voyages ont été exécutés sous leurs yeux par les trafiquants libyens pour n’avoir pas donné assez d’argent. Deux témoins ayant fui les camps de réfugiés palestiniens en Syrie ont débarqué hier à Tarente du Geo Barents, navire de l’ONG Médecins Sans Frontières, qui transportait 85 personnes dont 9 mineurs non-accompagnés, presque tous des hommes, très jeunes. Ils ont été mis en sécurité juste avant l’entrée en vigueur du nouveau ‘’décret sécurité’’. Ils évoquent des sévices infligés par leurs geôliers filmés et montrés à leurs proches pour réclamer de l’argent. Les personnes secourues portent toutes des traces de violences ou sont profondément affaiblis par les conditions de détention et par la traversée. Dans le cas présent, le Geo Barents est intervenu sur demande du service de Coordination des Secours maritimes. Des opérations souvent périlleuses et menée dans l’urgence. A l’approche de Tarente, des sanctions et une confiscation du navire avaient été évoqués suite au nouveau décret visant les ONG, mais les migrants avaient été secourus avant son entrée en vigueur. Autrement, une autorisation préalable des autorités compétentes aurait été nécessaire pour le débarquement. ‘’Le droit international ne prévoit pas que quiconque puisse jouer les ferries en Méditerranée ni faire la navette pour transférer les personnes d’une nation à l’autre’’ a déclaré Giorgia Meloni ces dernières heures. Le navire de MSF est quant à lui déjà prêt pour une autre mission humanitaire et vient de repartir en mer. »
(Traduction : ambassade de France à Rome)
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