"Les équilibres à construire pour une unification du centre droit."
04/01/2023
Italie. Revue de presse.
La hausse du prix de l’énergie et la baisse du pouvoir d’achat font la Une des médias italiens – « Deux millions de pauvres à cause du coût élevé de l’énergie » (Stampa), « Gaz et essence, augmentations maximales » (Corriere), « Factures très élevées en décembre » (Messaggero).
Les JT couvrent essentiellement les derniers jours de recueillement et la foule à Saint-Pierre avant l’enterrement, jeudi, du Pape émérite Benoît XVI, les tensions entre l’UE et la Chine autour des mesures anti-covid et la hausse des prix de l’énergie attendue pour ce début d’année.
LA NOTE, M. Franco, Corriere, « Les équilibres à construire pour une unification du centre droit » : « La froideur avec laquelle le parti de Giorgia Meloni a accueilli la proposition de construire un parti unique ‘’conservateur, libéral et chrétien’’, n’a rien d’étonnant. Les alliés qui le proposent, Forza Italia en tête, sont aussi ceux qui pensaient à une fusion larvée avec la Ligue, afin de redimensionner la droite ‘’mélonienne’’ qui monte. Etendre ce projet à FdI est donc à la fois tardif et prématuré. Le 25 septembre, le parti a remporté les élections avec quasiment le double des voix obtenues par la Ligue et Forza Italia. S’unir à FdI signifierait donc mettre un voile sur le déclin de ces partis et tenter de conditionner les actions de Meloni de l’intérieur. L’offre d’une sorte de ‘’couverture libérale’’ est mal perçue : on dirait que Berlusconi veut offrir une légitimation post-fasciste à Fratelli d’Italia - comme il l’avait fait avec Alleanza nazionale en son temps. ‘’Un parti conservateur existe déjà, c’est le nôtre’’ est une réponse du cercle de Meloni qui définit une ambition, et non une réalité. Au sein de FdI, on semble penser que le ‘’parti unique’’ est en train d’être naturellement créé par les électeurs. Un rapprochement avec le PPE serait ainsi facilité. Il a d’ailleurs pris de l’ampleur en englobant des partis ‘’étrangers’’ - comme celui de Berlusconi après 1994, malgré les protestations de l’époque. D’ici 2024, année des Européennes, un rapprochement avec FdI n’est pas à exclure, à condition bien sûr que le gouvernement tienne. Il est actuellement aux prises avec l’Autonomie différenciée pour les régions, voulue par la Ligue - tellement énervée que le parti est prêt à porter plainte contre qui l’accuse de vouloir diviser l’Italie. L’idée de forcer la main à Meloni sur l’Autonomie, en faisant bien comprendre que le présidentialisme pourrait sinon être remis en cause, parle d’un parcours institutionnel qui reste à écrire ».
ARTICLE, La Repubblica, T. Ciriaco, « Des trumpistes aux opposants à l'avortement, Meloni s'organise pour un parti unique, Berlusconi : "Je dirigerai moi" » : « Meloni considère l'idée de fonder un parti conservateur unique qui rassemblerait les membres de la coalition actuellement au pouvoir, à l'image de la droite conservatrice américaine. Toutefois, elle ne passera à l'action qu'avant les élections européennes de 2024. En Italie, ce projet aurait le soutien de dirigeants ultra-catholiques et de membres influents de Confindustria (association des représentants des entreprises italiennes). Aux Etats-Unis, les cercles trumpistes seraient eux aussi favorables à une opération qui renforcerait un FdI atlantiste et marginaliserait la Ligue, davantage liée à la Russie. Berlusconi quant à lui a une position ambiguë, mais il laisse entendre qu'il pourrait accepter une "dissolution" de son parti FI s'il devenait lui-même président du nouveau parti conservateur. »
ENTRETIEN de Roberto Calderoli, ministre pour les Affaires Régionales et les Autonomies, La Stampa, F. Capurso : « ‘’ Nous ne divisons pas l’Italie, toute la droite me soutient ‘’ » : « ‘’J’en ai assez des critiques superficielles sur l’autonomie, il n’y a que les imbéciles qui la mettent en compétition avec le présidentialisme. Ces deux réformes doivent avancer en parallèle, dans la lignée de la Constitution. J’ai la confiance de la droite et je constate que Fratelli d’Italia est à mes côtés. En tant que ministre je représente toutes les Régions, pas seulement quelques-unes. Le 15 janvier, nous créerons une commission qui sera composée de personnalités de très haut niveau : des constitutionnalistes, des présidents émérites de la Cour constitutionnelle, et d’autres personnalités qui donneront leur contribution : on leur soumettra une liste des services qui sont actuellement garantis par l’Etat et les régions et la commission évaluera la compétence de chacun de ces services par rapport au maintien des droit sociaux et civiques. Mon objectif est celui de garantir ces droits sur l’ensemble du territoire national et je veux le réaliser non seulement sur les 23 matières qui pourront être transférées de l’Etat aux Régions, mais également sur les autres matières de compétence de l’Etat. Ce sera au Parlement de décider s’il faut augmenter la dette pour garantir les Niveaux essentiels des prestations ; mais je pense que cela ne sera pas nécessaire, une meilleure gestion des dépenses sera suffisante. Un fonds de péréquation est prévu, ainsi qu’un rééquilibrage des ressources même pour les Régions qui n’ont pas demandé l’autonomie ‘’. »
COMMENTAIRE, Corriere della Sera, D. Manca : « L’avertissement à l’Italie (et à Francfort) » : « Une enquête du Financial Times, hier, a montré que 9 économistes sur 10 considèrent notre pays le potentiel danger majeur, si la Banque Centrale européenne décide de maintenir la promesse d’augmenter les taux, de façon plus ou moins importante, pour pouvoir contrôler l’inflation. L’attention autour de notre pays est toujours très élevée. Et peut-être même injustifiée : le spread est au niveau de juin 2022 et la loi de finances ne s’est pas éloignée des objectifs de réalignement des comptes publics. Le gouvernement ne doit pourtant pas ignorer ce message ; il s’agit de prendre conscience que notre pays représente une composante essentielle par rapport aux évolutions de l’économie mondiale. Tant du côté positif, en ce qui concerne un pays qui a une croissance plus importante et meilleure par rapport à ses partenaires européens ; tant du côté négatif, en ce qui concerne les comptes publics lestés par une dette élevée. Mais probablement ces économistes parlaient à Rome pour être entendu à Francfort : le fait que la BCE commencera, même si c’est au ralenti, à se défaire des 5 milliards en titres d’Etat, pourrait mettre sous pression les pays qui ont une dette publique élevée. Ce qui inquiète les analystes et les économistes c’est la hausse des taux d’intérêts dans une phase qui, selon le Fonds monétaire international, sera marquée, pour une large partie d’Europe, par la récession. L’inflation reste aussi un casse-tête. Hier ont été diffusées les données de l’inflation en Allemagne, principale force économique européenne : +8.6 % en décembre, en diminution par rapport au +10% de novembre. Mais sur l’année l’inflation est de + 7.9 %, le chiffre le plus haut depuis 1951. »
ENTRETIEN, La Repubblica, de Guido Crosetto, ministre de la Défense et co-fondateur de Fratelli d’Italia, « La BCE a trop de pouvoirs, ses erreurs nous mettent aujourd’hui en situation de risque » : « Les conditions économiques du pays risquent de se détériorer si les ‘’garanties externes’’ qui nous ont aidés ces dernières années sont supprimées. J’ai donc du mal à comprendre ce qui pousse la BCE à revenir sur sa politique de rachat de titres d’Etats européens dans un moment déjà très compliqué économiquement, voire parfois dramatique, pour le monde et l’Europe en particulier. La dette publique de l’Italie est très élevée depuis des années mais cela avait moins pesé dernièrement du fait du whatever it takes de Mario Draghi. La situation économique et sociale d’alors était bien meilleure que ce vers quoi nous nous dirigeons actuellement. L’Italie risque d’être particulièrement affectée par le changement de politique de la BCE, qui risque seulement d’amplifier la crise et qui n’était en rien nécessaire à ce jour. Nous avons laissé des organismes indépendants et qui ne répondent qu’à eux-mêmes influencer la vie des citoyens et l’économie, plus encore que la Commission européenne et, surtout, plus que les gouvernements nationaux. On peut légitimement se demander si cela est juste. L’observation des marchés nous indique que le bouclier anti-spread de la BCE n’est pas suffisant. Concernant un nouvel écart budgétaire, le gouvernement italien a élaboré un budget adressant un message clair à l’Europe : du sérieux et aucune démagogie. Mais nous devons aussi reconstruire le pays et intervenir sur des situations de fragilité et d’extrême pauvreté. Nous prendrons donc acte de l’évolution de la situation. L’‘’effet Covid’’ en provenance de Chine aura probablement pour effet d’augmenter davantage l’inflation dès les prochaines semaines. Nous espérons que les prix du gaz poursuivent leur baisse, nous déciderons plus tard si nous prolongerons les aides au-delà de mars. Concernant la nomination d’un nouveau directeur du Trésor et le cas d’Alessandro Rivera, c’est à Giancarlo Giorgetti, ministre de l’Economie, de prendre cette décision. Tous les précédents gouvernements ont choisis leurs collaborateurs, pourquoi Meloni ne le pourrait pas ? ».
ARTICLE, La Stampa, L. Grassia, « ITA, la privatisation repart, Lufthansa vers une offre de 40% » : « Lufthansa est l'unique option : les investisseurs purs et durs comme Certares ne serait pas bienvenus par ce gouvernement, pas plus que des investisseurs arabes ou chinois. Le ministre Giorgetti (Ligue) était pro-Lufthansa avant de devenir ministre de l'Economie, et c’est la seule possibilité - sans certitude, qu’Ita puisse faire des profits dans le futur. En effet, les Allemands ont un groupe avec divers hubs, un pour chaque compagnie aérienne contrôlée, et Lufthansa est intéressée à développer Fiumicino comme un hub des vols vers l’Amérique et l'Afrique, où le groupe est faible. Il reste deux problèmes à résoudre : combien payera Lufthansa pour les actions qu’elle achètera, et comment sera gouverné la nouvelle Ita. L'idéal serait de confier à Lufthansa la gestion et la stratégie de développement, qui est compétente dans ces domaines. Le syndicat Unione Sindicale di Base dénonce "un suicide du marché national"».
ARTICLE, Corriere, « La colère des russes, bloqués à Bakhmut » - « Le chef du groupe Wagner admet les difficultés : ‘’c’est une forteresse’’. L’Italie ‘’travaille’’ à la demande d’envoi d’armes. »
(Traduction : ambassade de France à Rome)
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