"Approbation du projet de budget italien par la Commission Européenne."
15/12/2022
Italie. Revue de presse.
L’enquête sur la corruption présumée de certains députés au parlement européen au profit de certains pays fait toujours les gros titres de la presse italienne : « Corrompus par les services secrets » - Les agents du Maroc auraient versé de l’argent à Panzeri et à son réseau (La Repubblica), « Qatar, les eurodéputés étaient payés régulièrement » - Selon les procureurs belges, l’enquête pourrait s’étendre. Panzeri et Giorgi resteront en prison encore un mois (La Stampa), « Les ONG et les comités électoraux dans le viseur des enquêteurs » (Sole 24 Ore), « Qatar, des pots-de-vin et des vols gratuits » - Selon les médias grecs, au moins soixante eurodéputés auraient reçu de l’argent (Il Messaggero), « UE-Qatar, trois italiens payés par le Maroc » (Fatto Quotidiano). L’approbation du projet de budget italien par la Commission Européenne fait la Une du quotidien milanais : « Loi de finances : le « oui » de l’UE avec des remarques » - Selon Bruxelles les mesures respectent les recommandations mais il y aurait des points d’attention concernant la fiscalité, les seuils de paiement par carte et les retraites (Corriere della Sera). Enfin, la qualification de l’équipe de France de football pour la finale de la Coupe du Monde est citée avec large couverture photographique en Une : « La France gagne, le rêve du Maroc s’éteint » (Corriere, Repubblica, Stampa).
COMMENTAIRE, La Repubblica, F. Bei « Les slogans de la Ligue rejetés par l’UE » : « La première loi de finances du gouvernement de droite passe le test grâce à ce qu’elle ne prévoit pas. C’est la lecture en filigrane de l’avis rendu hier par la Commission Européenne. Contrairement aux craintes, elle ne prévoit pas des mesures pouvant mettre en danger la stabilité financière du pays. Heureusement, le ministre de l’Economie Giorgetti (Ligue) a agi avec « prudence » – c’est le terme utilisé par le Commissaire Gentiloni – et en continuité avec son prédécesseur Franco. Il a su proposer un style qui n’est peut-être pas élégant mais qui permet néanmoins de se présenter à Bruxelles sans susciter le scandale. Toutefois, ce que Giorgetti définit comme une tendance à « chercher la petite bête », c’est-à-dire les critiques soulevées par la Commission Européenne, constituent une question politique majeure. Car c’est justement sur son « champ de bataille culturel » contre le paiement par voie dématérialisée, ou en faveur de l’impôt unique et des départs à la retraite faciles, que le gouvernement a décidé de construire son récit. Il a voulu revendiquer non pas la prudence de Draghi mais plutôt les mesures identitaires insérées de force dans la loi de finances. Ce qui est frappant, c’est que le couperet de Bruxelles s’est abattu sur toutes les mesures identitaires de la Ligue de Salvini. L’entourage du parti l’a très bien compris et critique sévèrement Gentiloni et von der Leyen en les qualifiants de « serviteurs de Berlin », alors que Meloni repart avec un feu vert et peut se dire satisfaite. C’est un peu comme si le gouvernement – sans vision économique et industrielle et qui n’offre pas d’autres solutions que de recourir à tout prix aux fonds du PNRR – tentait de vendre à ses électeurs les vieux slogans, qui pourraient se traduire par « nous vous libérerons de l’Etat que vous détestez ». C’est-à-dire avec des solutions vétustes d’un monde qui n’existe plus : le feu vert à l’évasion fiscale en haussant le plafond pour payer en liquide, les départs à la retraite anticipés ou l’impôt unique jusqu’à 85 000 euros. C’est l’image d’une Italie qui fuit ses responsabilités de solidarité fiscale faisant fi des recommandations du Bureau parlementaire pour le Budget, de la Cour des Comptes italienne et de la Banque d’Italie. Avec peu de marges de manœuvre et peu de temps à disposition, les représentants du gouvernement « enfin politique » ont voulu néanmoins montrer dans quelle direction ils souhaitent conduire le pays. Et c’est un tunel sombre au bout duquel il n’y a ni développement ni croissance. Et c’est un peu ce qu’a dit le chef du patronat Confindustria : ‘’on ne crée pas de potentiel pour l’économie’’. »
ARTICLE, C. Voltattorni, Corriere della Sera, « Giorgetti : ‘’nous jouons en Champions League, un démenti apporté aux oiseaux de mauvais augure nationaux. Mais le MES pose problème » : « ‘’Nous jouons en Ligue des champions, 10 autres pays sont en Ligue européenne, et vous voulez contester notre jeu ?’’. Le Ministre Giorgetti prend l’exemple du football pour parler de la loi de finances italienne et ne cache pas sa ‘’grande satisfaction’’. ‘’Notre loi de finances a été promue par la Commission et l’Italie est insérée dans la liste des pays européens qui sont sur la bonne ligne, les oiseaux de mauvais augure nationaux ont ainsi reçu un démenti : le sérieux et le sens des responsabilités paient, et ils seront toujours à la base de nos décisions’’. Malgré les critiques de l’UE, l’inquiétude, si elle est là, reste bien cachée. Pour tous, la position de l’Europe est une ‘’promotion’’ de Giorgia Meloni, ‘’particulièrement satisfaite’’ qui souligne entre autres ‘’la vision de développement et de croissante qui oriente’’ cette loi. Tajani souligne lui ‘’le spread revenu au niveau de celui que l’on connaissait sous le gouvernement Draghi’’, et entérine selon Fazzolari (secrétaire d’Etat à la mise en œuvre du programme) la ‘’solidité et la crédibilité de l’Italie dans le cadre européen’’. M. Salvini revendique la continuité du parcours entrepris sur les retraites et le seuil pour les paiements en liquide. Le mécanisme européen de stabilité, entre-temps, dont la réforme n’a pas été validée uniquement par l’Italie, pose problème. Giorgetti l’a décrit comme ‘’en crise et impopulaire’’ et a demandé un ‘’large débat au Parlement’’, lors de son intervention hier à la Chambre. L. Marattin (chef de groupe Azione-Italia Viva) estime que c’est ‘’grave’’ et s’interroge : ‘’le ministre laisse-t-il entendre que nous voulons rester le seul pays à ne pas l’avoir ratifié ?’’ ».
Giancarlo Giorgetti
ENTRETIEN, Sole 24 Ore, de Francesco Lollobrigida, ministre de l'Agriculture et de la Souveraineté alimentaire : « "Je suis pour les contrats de la chaîne d'approvisionnement, mais pas pour les incitations afin d’acquérir des tracteurs électriques" » : « Les contrats de chaîne d'approvisionnement s'avèrent de plus en plus être une réponse organisée et structurelle dans les secteurs de la production agricole, de la transformation et de la pêche. Trois appels à propositions distincts correspondent à la mesure dédiée à l'agroalimentaire, la pêche et la floriculture et à la logistique des pépinières. Des mesures d'incitation sont prévues pour la réalisation de projets grâce à l'outil innovant des contrats de logistique agroalimentaire. Sur l’agri-voltaïque, environ 9 000 demandes ont été reçues et le financement s'élève à 609 millions (sur un budget de 1,5 milliard). L'utilisation correcte de l'eau, son économie et son stockage sont des priorités. Nous avons proposé un comité de pilotage sur la planification conjointe afin d'éliminer les obstacles bureaucratiques et réglementaires et permettre des interventions ciblées et efficaces. Il devient essentiel d'impliquer les consortiums de récupération et les entreprises publiques et privées de gestion des réseaux d'eau. Sur les tracteurs électriques [qualifiés de mesure idéologique, NDLR], l'exemple le plus frappant est celui des machines électriques ou fonctionnant au biométhane pour lesquelles des fonds Pnrr sont réservés et qui ne sont pas disponibles sur le marché dans la taille et les caractéristiques qui permettraient leur utilisation en agriculture. Les chiffres disent qu'en 2021, sur les 5.000 tracteurs vendus, savez-vous combien étaient des tracteurs électriques ? Douze. Si l'objectif est de réduire les émissions de CO2, il faut encourager un système de mise au rebut des vieux tracteurs polluants, avec des machines agricoles "Stage V" dont les émissions sont réduites de près de 100 %. Si tel était le cas, il serait possible d'atteindre 10 000 bénéficiaires dans une première phase et 15 000 dans une seconde. La possibilité de modifications du PNRR est non seulement envisageable, mais déjà mise en œuvre comme dans le cas du Luxembourg. Et l'Allemagne a également demandé que son PNR soit modifié. L'objectif ne peut pas être seulement de dépenser l'argent, mais de le dépenser bien. Au lieu de cela, nous avons assisté à la propagande stérile de ceux qui parlaient d'un plan mis en œuvre avec prévoyance et vision stratégique. En réalité, une grande partie du PNRR est une somme d'instances rassemblées à la hâte sans tenir compte de leur utilité ou de leur possibilité de réalisation. Le tout géré par un appareil d'État dans lequel la rotation est bloquée depuis longtemps. Notre histoire récente décrit un pays incapable de dépenser quelques dizaines de milliards sur de longues périodes. Comment pouvons-nous espérer en dépenser plus de 200 d'ici 2026 ? »
Francesco Lollobrigida
(Traduction : ambassade de France à Rome)
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