"Le gouvernement uni pour dire oui à l’envoi d’armes à l’Ukraine. Meloni est prête à se rendre à Paris."
02/12/2022
Italie. Revue de presse.
La presse italienne titre largement sur les mesures adoptées hier en Conseil des ministres, notamment le décret prolongeant l’autorisation de la fourniture d’armes et d’aides à Kiev et celui plaçant sous tutelle administrative la raffinerie gérée par Loukoïl en Sicile afin d’éviter l’interruption de sa production en prévision de la mise en œuvre de l’embargo européen sur l’importation de pétrole russe : « Le gouvernement dit oui à l’envoi d’armes à Kiev » - Le décret des aides militaires pour l’année 2023 a été adopté (Corriere della Sera), « Loukoïl, le sauvetage par l’Etat » - Le Conseil des ministres décide de nationaliser pendant un an la raffinerie à Priolo, en Sicile, car elle est considérée comme stratégique. L’usine Ilva passera elle aussi sous le contrôle de l’Etat (Il Messaggero), « Priolo, le gouvernement décide de la mise sous tutelle » (Sole 24 Ore). La visite d’Etat à Washington du Président Emmanuel Macon, et notamment l’annonce d’une conférence internationale sur l’Ukraine à Paris, est citée en Une de plusieurs quotidiens : « La main tendue à Poutine » - Macron annonce une conférence internationale à Paris et relance le plan de Kiev pour la fin du conflit. Biden se dit prêt à dialoguer avec Moscou à condition qu’elle prouve vouloir cesser l’agression (La Repubblica), « Biden est prêt à parler à Poutine, la conférence de paix le 13 à Paris » (Il Giornale), « Paix, une lueur : une conférence à Paris le 13 décembre » (Fatto Quotidiano). Enfin, la sentence de la Cour Constitutionnelle reconnaissant la légitimité de la loi imposant l’obligation de vaccin anti-Covid pour les médecins, les infirmiers, le personnel scolaire et les personnes âgées de plus de 50 ans est elle aussi mentionnée en Une.
Les JT couvrent essentiellement le décret du conseil des ministres pour la nationalisation de la raffinerie de Priolo et l’envoi d’armes à l’Ukraine, l’annonce d’une conférence internationale à Paris pour l’Ukraine, la poursuite des recherches des personnes portées disparues après l’éboulement meurtrier à l’île d’Ischia et la décision de la Cour constitutionnelle validant les mesures prises pendant la pandémie sur l’obligation vaccinale contre le Covid pour les personnels de santé notamment.
Sur Twitter, le hashtag #CorteCostituzionale (Cour Constitutionnelle) suite à la décision validant la légalité de l’obligation de la vaccination anti-Covid, domine.
ARTICLE, Corriere della Sera, de F. Chiesa et F. Savelli, « [Sur la raffinerie Lukoil-ISAB] de Priolo [en Sicile], l’Etat entre dans le jeu ; l’hypothèse d’un commissariat temporaire » : « Le modèle allemand est envisagé pour l’usine de Priolo : une nationalisation de fait mais pas formellement. La suite des événements pour l’usine Lukoil – ISAB de Priolo dépendra de la société concernée par la mesure, à savoir si elle acceptera de bon gré d’être temporairement dirigée par l’Etat, en attribuant au ministère des Entreprises et du Made in Italy dirigé par Adolfo Urso le rôle de garant, ou si elle s’y opposera, entraînant la nomination d’un véritable commissaire. Le gouvernement prendrait provisoirement possession de la raffinerie contrôlée en amont par la chaîne russe Lukoil. Ce site représente à lui seul 20% de la capacité de raffinage de l’Italie. Le choix de l’exécutif a une double motivation. ‘’L’intérêt national’’ d’abord, car l’usine est destinée à la faillite du fait de l’embargo européen sur le pétrole russe qui entrera en vigueur le 5 décembre et cela aurait des répercussions sur tout le secteur, surtout en Sicile. Mais aussi la question sociale, à cause des pertes d’emploi que cela entrainerait et qui pourraient concerner indirectement 3 500 employés. L’imposition d’une solution via l’administration par un commissaire pourrait déboucher sur un contentieux, avec le possible recours à un arbitrage international demandé par les dirigeants de Lukoil. Il est en tous cas certain que, vu la situation géopolitique actuelle, aucune banque n’acceptera de leur faire crédit de crainte d’encourir des sanctions. Mais en cas de prise en main par l’Etat, le consortium des diverses banques sortirait de cette impasse, avec en plus une possible intervention de la CDP compte tenu de l’intérêt stratégique que représente l’usine de Priolo pour le pays. La garantie des prêts des banques, qui devraient atteindre un total de 600 millions d’euros, devrait être assurée par La SACE (Services d’assurances du Commerce Extérieur), contrôlée par le ministère italien de l’Economie. Une garantie de l’Etat qui devrait atteindre les 90% -contre 70% habituellement- du fait de ce nouvel instrument juridique approuvé hier en Conseil des ministres qu’est ‘’l’administration fiduciaire’’. Les 10% restants seraient garantis par la région Sicile ou directement par le ministère. En parallèle, les tractations se poursuivent entre ISAB et le fonds américain Crossbridge Energy Partners. La valeur estimée serait comprise entre 1 et 1,5 milliards d’après le Financial Times. »
PREMIER PLAN, La Repubblica, « France-Etats-Unis, le chemin vers la paix. Biden se dit prêt à rencontrer Poutine » par Anais Ginori et Paolo Mastrolilli : « Biden est prêt à rencontrer Poutine, s'"il montre des signes qu’il veut mettre fin à la guerre", et Macron organise une conférence d'aide à l'Ukraine à Paris le 13 décembre, qui pourrait aussi devenir le lieu où relancer le dialogue, si les parties le veulent. C'est la main tendue au Kremlin qui ressort de la rencontre d’hier à la Maison Blanche entre les présidents américain et français, à laquelle s'ajoute également la volonté de Washington de trouver des solutions aux accusations de protectionnisme lancées par les Européens, précisément pour le but de préserver l’unité de l'alliance occidentale, indispensable pour affronter ensemble le défi lancé aux démocraties par les autocraties russe et chinoise. Le chef de l'Elysée voulait profiter de cette visite pour se présenter comme le véritable leader de l'Europe, et en effet la veille il avait haussé le ton au nom de l’ensemble de notre continent, reprochant à son collègue que la loi de réduction de l'inflation approuvée par Le Congrès a un esprit protectionniste et risque de saper les relations transatlantiques. Macron a confirmé sa détermination à continuer de soutenir Zelensky, réitérant que la paix ne peut être faite que si et quand l'Ukraine le veut, à ses conditions, car c'est le pays attaqué. Mais en parallèle, il accueillera le 13 décembre à Paris une conférence destinée à promouvoir la résilience ukrainienne, c'est-à-dire l'aide matérielle nécessaire pour survivre à l'hiver, à commencer par l'électricité. Cependant, il n'est pas exclu qu'elle puisse changer de format, devenant l'instrument de relance du dialogue, si Poutine souhaite le poursuivre. Ce n'est pas un hasard si la secrétaire d'État adjointe Sherman sera en Europe du 5 au 11 décembre, où outre Paris elle se rendra à Londres, Berlin, Prague et Rome, où elle verra le conseiller diplomatique de Meloni, Talò , le secrétaire général de la Farnesina Sequi , et le secrétaire d'État du Vatican Parolin, longtemps occupé à chercher des lueurs de paix. Justement pour préserver l’unité occidentale, Biden a fait cette concession sur la loi anti-inflation, qui oblige pour certains achats les Américains à n'acheter que des produits Made in USA : « On peut faire des ajustements pour impliquer davantage les pays européens. Ce n'était pas mon intention de nuire à l'Europe, ou de remettre les États-Unis sur la bonne voie aux dépens de l'Europe." ».
ENTRETIEN, Corriere della Sera, de Guido Crosetto, ministre de la Défense et co-fondateur de Fratelli d’Italia, « Aucun problème avec Forza Italia et la Ligue ; Conte attise la haine mais il a dit oui aux 5 [décrets précédents] » : « Guido Crosetto récuse avec force les accusations lancées par Giuseppe Conte d’un ‘’gouvernement va-t-en guerre’’ et qui ‘’engraisse le lobby des armes’’. Jusqu’à présent, sur l’Ukraine, notre gouvernement n’a fait que mettre en œuvre les décisions prises par le précédent exécutif, dirigé par Mario Draghi et dont le Mouvement 5 Etoiles faisait partie. Toutes les aides, et pas uniquement militaires, envoyées ces derniers mois à Kiev, ont fait l’objet de 5 décrets émis par ce gouvernement de coalition. Pour ma part, venir en aide à une nation attaquée est différent d’être va-t-en guerre. Concernant une possible rupture par rapport à ce qu’a fait Draghi, je pense qu’elle est à exclure, les engagements de notre nation vis-à-vis des alliances internationales dont nous faisons partie ne changent pas d’un gouvernement à l’autre. Quant à l’opinion publique défavorable, elle l’était déjà il y a neuf mois, mais les gouvernements ont le devoir de prendre des décisions même lorsqu’elles sont impopulaires. Conte est complètement incohérent entre ses propos et ses actes d’avant et ses propos actuels. Changer d’avis est légitime mais il doit employer les mots de façon responsable et ne pas faire preuve d’une telle violence dans ses propos. La façon dont il personnifie ses attaques et attise la haine est très grave. La ligne politique indiquée par la motion de la majorité approuvée mercredi est très claire, et avec Forza et la Ligue il n’y a pas de problème. Personne ne voudrait envoyer d’armes, nous voulons tous que la guerre cesse, mais cela sera possible lorsque celui qui a engagé le conflit acceptera de s’asseoir à la table des discussions. Loin des projecteurs, nous discutons des tentatives pour sortir de la crise. Nous parlons avec la Turquie d’une possible médiation de leur part, et idem avec notre collègue britannique. Concernant les entraînements militaires ukrainiens qui auraient eu lieu en Italie selon Lavrov, il n’y a jamais eu aucune activité en Italie. Nous avons seulement envoyé quatre personnes en Allemagne au sein d’un groupe européen, qui planifie pour l’instant des entrainements futurs. Concernant Calenda, je pense qu’il est juste que le Président du Conseil et l’exécutif dialoguent avec l’ensemble du Parlement et des forces politiques, y compris de l’opposition, lorsque celles-ci entendent traiter les problèmes et non faire de la démagogie. »
Guido Crosetto
ARTICLE, La Repubblica, E. Lauria « le gouvernement uni pour dire oui à l’envoi d’armes à l’Ukraine. Meloni est prête à se rendre à Paris » : « La ligne atlantiste de la Présidente du Conseil Giorgia Meloni s’impose encore : le conseil des ministres a adopté le décret donnant la couverture à l’envoi d’armes à Kiev également en 2023. Il a été adopté à l’unanimité, les résistances de Berlusconi et Salvini ont disparu. Les derniers temps du gouvernement Draghi, Salvini s’était prononcé à plusieurs reprises contre la fourniture d’armes. Il est vrai aussi que le soutien à Kiev figurait dans le programme de la coalition de droite, et cela avait été signé par tous les dirigeants. Par ailleurs, mercredi, la Chambre a voté la résolution de la coalition de droite confirmant le soutien militaire à l’Ukraine. Toutefois, l’existence de sensibilités différentes au sein du gouvernement est prouvée par le fait que seul Fratelli d’Italia s’est empressé de commenter le prolongement du décret. Ce dernier prévoit qu’il y ait un acte politique préalable des Chambres. Une autre résolution, donc, comme celle que le Parlement avait voté à l’unanimité au lendemain des bombardements russes sur Kiev. Cette résolution anticipera la conversion en loi du décret : elle sera discutée le 13 décembre en présence du ministre de la Défense Guido Crosetto. A cette occasion, les différences de position au sein de la majorité et de l’opposition pourraient refaire surface. En tout cas, le décret adopté au Palais Chigi confirme les termes et les modalités de celui de Draghi, c’est-à-dire l’utilisation d’actes interministériels pour les différentes tranches d’armement envoyé en Ukraine : le sixième depuis le début de la guerre et qui devrait se faire en janvier. La décision du gouvernement arrive le jour où les présidents Biden et Macron ont annoncé une conférence de paix à Paris le 13 décembre. Giorgia Meloni, fait-on savoir, n’a pas encore reçu une invitation formelle. Normalement, elle a des engagements parlementaires (les communications qui anticipent le Conseil européen et l’élection des membres du CSM, mais elle pourrait y renoncer pour se rendre à Paris. »
(Traduction : ambassade de France à Rome)
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