"Migrants, un double décret : saisie des navires des Ong et oui à l’entrée des migrants en règle."
16/11/2022
Italie. Revue de presse.
La presse italienne titre très largement sur les missiles qui ont touché hier la Pologne, parlant d’un « choc en Europe » (La Repubblica), qui « met l’OTAN en alerte » (Messaggero) où la guerre en Ukraine « éclabousse l’Europe » (Stampa). Les journaux restent toutefois prudents sur l’origine des missiles, dont les autorités des pays membres de l’OTAN chercheraient toujours à déterminer l’origine. La convocation d’une réunion d’urgence par l’OTAN et les messages des autorités polonaises sont repris en Une (Repubblica, Corriere, Giornale). La rencontre entre Giorgia Meloni et Joe Biden lors d’une bilatérale en marge du G20 est aussi largement reprise en une, pour mettre en avant notamment les assurances des Etats-Unis sur la fourniture de gaz dans le contexte de crise énergétique et la pleine entente sur l’Ukraine (Messaggero, Giornale, Corriere della Sera). Les propos polémiques d’un secrétaire d’Etat à la santé sur les vaccins contre le covid sont repris en une de la Stampa et de la Repubblica, laquelle parle de « l’embarras de la majorité ».
Giorgia Meloni et le président chinois Xi Jinping
PREMIER PLAN, Corriere della Sera, « Des explosions qui planent sur le G20, pour les hommes de Biden, il faut de la prudence. La Chine ne condamne pas Poutine » de Giuseppe Sarchia. « La nouvelle a agité le G20 et les coups de fil se sont multipliés pour comprendre ce qui se passait. A 5h30, les Etats-Unis ont fait un communiqué prudent, ne pouvant pas confirmer exactement ce qui se passait. Du côté de la déclaration finale du G20, les sherpas américains, européens et d’autres alliés ont cherché jusqu’au bout à inclure la condamnation de la guerre en Ukraine. Mais il manque une unanimité sur la formule et cette condamnation ne sera soutenue dans le texte que « par une majorité des pays ». Un accord se dessine sur le terrain du grain, par un engagement vu avec Lavrov après un échange entre Gueterres, Erdogan et ce dernier, pour que la Russie laisse sortir les céréales en échange d’une absence de blocage des fertilisants russes. On retiendra de ce G20 qu’il n’aura toutefois pas permis de progresser dans la résolution de la guerre en Ukraine, même avant les événements en Pologne. La Chine « espère » que la négociation entre « les parties en jeu » ait lieu, mais ne prend aucun engagement précis. A tel point que, pendant que Xi parlait à Macron, le ministre des affaires étrangères chinois rassurait Lavrov. Pékin ne veut pas l’isolement de Moscou ».
COMMENTAIRE, Corriere della Sera, « Toujours plus isolé » de Danilo Taino : « Poutine n’est pas allé au G20, mais il s’est fait entendre par le seule moyen qu’il a trouvé : une pluie de 90 missiles en Ukraine. Le risque d’une extension du conflit en Europe avec les explosions en Pologne se concrétise. C’est un tournant dans la guerre, avec la perspective concrète que l’OTAN soit engagée. Il faut gérer cette crise avec des nerfs solides, la détermination qu’il faut pour répondre à l’homme du Kremlin, touché par les reculs de sa propre armée et toujours plus isolé à l’échelle internationale ».
ARTICLE, Corriere della Sera, « Meloni demande un “rabais” sur les prix du gaz à Biden et celui-ci promet qu’il s’en occupera” de Marco Galluzzo : « Les moments les plus intenses de ce face à face ont concerné la question de l’appui américain à l’Italie sur les fournitures de gaz et les prix de l’énergie. Biden a promis qu’il s’en ‘occupera », et « cherchera à satisfaire les besoins » de son pays. Mais si Meloni lui garantit la continuité en matière de politique étrangère, notamment sur l’Ukraine, et qu’il dit que l’Italie est « un excellent allié », Biden a quelque chose à demander en retour : la fin des engagements pris sous Conte I pour que l’Italie, par ce MoU signé à l’époque, soit une étape des « routes de la soie » chinoises. Meloni avait déjà fait des efforts à ce sujet pendant la campagne électorale, quand elle parlait de la Chine. Italie et Etats-Unis partagent le même point de vue à ce sujet : « partenaire commercial indispensable, mais menace systémique. »
Giorgia Meloni à Bali, au G20
COULISSES, La Stampa, d’I. Lombardo, « Si vous ne nous aidez pas avec le gaz, l’Italie risque de traverser une crise sociale » : « Joe Biden et Giorgia Meloni se sont rencontrés hier. Il y a encore quelques semaines président américain avait mis en garde contre une ‘’dérive à l’italienne’’ dans le contexte des élections de mi-mandat aux Etats-Unis et il y a quelques mois seulement Giorgia Meloni qualifiait Biden de ‘’leader absolument inadapté’’ pour faire face aux conséquences de la guerre. Mais à Bali, tout est facilement oublié. Ce sont deux alliés qui se sont rencontrés en marge du G20, se félicitant l’un l’autre. Giorgia Meloni est venue lui demander de l’aide sur le gaz. La Présidente du Conseil a fait part de son inquiétude et de ses craintes quant aux prochains moins en Italie, entre inflation et prix de l’énergie en forte hausse. L’Italie continuera à apporter toute son aide à l’Ukraine contre la Russie, mais les conséquences de la guerre ne sont pas les mêmes pour tous les pays de l’OTAN : ‘’pour nous cela représente un fardeau plus important du point de vue économique et social’’ explique-t-elle. ‘’L’opinion publique est fatiguée, effrayée, et c’est un contexte dangereux qui pourrait amener la politique à relâcher le soutien à Kiev’’. Giorgia Meloni demande à Joe Biden davantage de gaz et à un prix plus compétitif. Le Président américain partage l’analyse et affirme être déjà au travail pour aider l’Italie. D’après le Département d’Etat, les Etats-Unis augmenteront leurs propres capacités pour le GNL d’une part et exploiteront l’augmentation de gaz liquide fourni par le Japon pour le rediriger vers l’Europe d’autre part. Les deux leaders sont convaincus qu’il faut combattre la Russie ne serait-ce que pour avoir voulu faire de l’énergie une arme. Biden se dit satisfait de ‘’l’atlantiste convaincue’’ qu’il a en face de lui, ‘’en absolue continuité’’ avec la ligne de Mario Draghi. L’écho des disputes au sein de la coalition de droite est arrivé jusqu’aux Etats-Unis mais pour Biden l’important est que la Présidente du Conseil et le ministre des Affaires étrangères, Antonio Tajani, soient ‘’on board’’, explique-t-il. La guerre reste toutefois une grande préoccupation pour lui et il confie à Giorgia Meloni qu’il y a encore trop d’inconnues autour de Poutine. L’autre grande inconnue concerne la Chine. Giorgia Meloni explique que l’Italie peut renoncer au projet de Route de la Soie et que la signature du protocole d’entente avec Pékin dans plusieurs secteurs d’affaires a été une erreur de Giuseppe Conte. C’est ce que le président américain voulait entendre. Ceci dit, le marché chinois reste trop important pour l’Europe et sans les investissements asiatiques de nombreuses entreprises italiennes feraient faillite. Lors de son entretien avec XI, Giorgia Meloni demandera un rééquilibrage de la balance commerciale. La ligne de la diplomatie italienne doit rester inchangée : il faut faire des affaires mais sans exposer l’OTAN en termes de technologies, de sécurité et d’infrastructures. »
Giorgia Meloni et le président turc Recep Tayyip Erdoğan
PREMIER PLAN, Il Messaggero, de F. Malfetano, « Giorgia et Macron se croisent mais (pour l’instant) ne se parlent pas ; le dégel avec Paris est remis à plus tard » : « Il est trop tôt pour le dégel. La réconciliation entre Emmanuel Macron et Giorgia Meloni n’aura pas lieu en Indonésie. Les deux leaders s’ignorent jusqu’à présent, malgré plusieurs occasions. Quelques salutations fugaces, rien de plus, mais c’est déjà un début pour faire retomber le ton entre les deux pays, une nécessité sur laquelle s’accordent Rome et Paris. Toutefois, si Meloni évite tout commentaire en se limitant à rappeler que son gouvernement œuvre pour les intérêts du pays, Macron est un peu moins délicat. Il affirme en effet que si la Présidente du Conseil italien sollicitait un nouveau face-à-face, il serait ‘’poli’’ comme il l’a été lors de leur premier entretien à Rome il y a quelques semaines. Comme si cette rencontre avait été un geste obligé de courtoisie envers un allié incontournable comme l’Italie. Mais aussi par respect pour Mattarella. Pour les proches de la Présidente du Conseil ‘’ce n’est pas le moment’’, une fois de retour en Europe, les occasions ne manqueront pas, en décembre, entre le Sommet de Paris sur l’Ukraine, l’étape en Albanie, le sommet Euromed à Alicante et le Conseil européen à Bruxelles. Et pourtant, à Bali aussi, une occasion aurait bien pu être trouvée. »
Les nationalistes italien Giorgia Meloni et indien Narendra Modi
COMMENTAIRE, La Stampa, U. Magri, « L’engagement de Mattarella pour la France » : « Devant les professeurs et les étudiants de l’Université de Varèse, le président Mattarella a rappelé que la politique étrangère ‘’ relève de la compétence du gouvernement, et non pas de celle du président de la République. ‘’ Pourtant, au cours des derniers jours, Mattarella a beaucoup travaillé pour renouer la relation avec la France, après la crise de l’Ocean Viking, en considérant qu’il faisait quelque chose d’utile pour le pays et pour l’Europe. Mais quelques représentants de la droite, dont le président du Sénat, Ignazio La Russa, n’ont pu résister à la tentation de souligner que ‘’ la fermeté du gouvernement sur les migrants devrait être partagée ‘’, comme si une confusion dans les rôles avait eu lieu et le Quirinale avait été trop loin. La phrase de Mattarella à l’université semble donc une façon polie, et sans aucune polémique, de dire que si quelqu’un aurait des doutes, ils sont inappropriés : le gouvernement est informé au préalable sur les initiatives présidentielles. L’entretien téléphonique de samedi avec Emmanuel Macron n’y a pas fait exception. »
PREMIER PLAN, Il Messaggero, de F. Pierantozzi, « Ocean Viking, déjà 44 personnes expulsées, la ligne dure de la France » : « ‘’Le plus tôt possible et de toute façon, j’espère, d’ici vingt jours’’ c’est le souhait exprimé par le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin pour clore l’affaire de l’Ocean Viking, le temps de renvoyer dans leurs pays d’origine les migrants qui n’ont pas le droit à l’asile (déjà 44 sur 234), redistribuer en Europe ceux qui sont éligibles à la procédure pour l’asile (60 personnes hier) et pour organiser l’accueil de ceux qui resteront en France. Macron et son gouvernement doivent faire face aux critiques sur le dossier immigration et sont pris en tenaille entre la gauche, presque toute radicale, d’une part et l’extrême-droite d’autre part, qui va jusqu’à demander la démission de Darmanin. La gauche se félicite de l’accueil du navire mais reproche les conditions d’accueil et des interrogatoires pour les demandes d’asile alors que la droite accuse le gouvernement d’ ‘’encourager la clandestinité’’, de ‘’pousser les pauvres à risquer leur vie’’ et de ‘’complicité avec les ONG pour trafic d’êtres humains’’. Gérald Darmanin a voulu souligner que la redistribution dans onze pays volontaires montre bien que ‘’la solution ne peut être qu’européenne’’. Pour l’instant, 44 personnes se sont vues refuser l’asile et mais ce chiffre pourrait augmenter. Elles seront expulsées sous vingt jours maximum. Les associations critiquent également les conditions d’accueil à Toulon et notamment la zone d’attente internationale. Elles dénoncent la violation de droits fondamentaux, l’absence d’interprètes et de soutien psychologique, ni d’assistance pour la défense des droits. Une demande pour que le centre ‘’extraterritorial’’ créé spécialement soit déclaré illégitime a été présentée au tribunal administratif mais a été rejetée. Le juge a en effet estimé que la création d’un tel site, clos et surveillé par la police, répondait à ‘’l’urgence d’accueillir 250 personnes provenant de pays différents’’ et de garantir leur ‘’sécurité dans un contexte dans un contexte politique marqué par une instrumentalisation de la part de l’extrême-droite’’. »
ARTICLE, Il Messaggero, A. Gentili, G. Rosana : « Migrants, un double décret : saisie des navires des Ong et oui à l’entrée des migrants en règle » : « La stratégie du gouvernement sur les migrants se basera sur deux axes. Le premier : un décret pour réglementer l’activité des Ong, avec des amendes, la séquestration et la saisie des navires qui n’auront pas effectué des sauvetages réels et qui se seraient accordés avec les passeurs d’hommes. La deuxième : un décret sur les flux de migrants en règle, qui sont demandés par le monde agricole et productif, et qui sera accompagné par des nouveaux accords bilatéraux avec les Pays africains de transit et de départ. Le ministre Piantedosi a également annoncé que les règles sur les débarquements vont bientôt aussi changer. Les navires qui ne respecteront pas le décret qui interdit aux navires des Ong d’entrer dans les eaux territoriales italiennes et qui n’auront pas effectué des opérations de sauvetage avec les autorités italiennes seront séquestrés et des amendes entre 10 mille et 50 mille euros seront appliqués. Aujourd’hui, le ministre doit expliquer au Parlement ses confrontations des jours passés avec les navires des Ong. Il expliquera aussi que Rome n’a jamais voulu faire une preuve de force contre Paris. Le ministre Crosetto confirme aussi l’apaisement avec la France : ‘’ La crise avec la France est déjà terminée. ‘’ Selon le ministre de la défense, la solution pourrait être celle de relancer la mission Sophia : ‘’ Une opération européenne ou internationale pour la sécurité en Méditerranée. Les mots prononcés par l’Ambassadeur de France en Italie, Christian Masset, confirme que le climat est changé suite à l’intervention du Quirinal : ‘’ Macron et le chef de l’Etat italien se sont parlés et ont réaffirmé l’importance de notre relation. ‘’ Le dossier migrants sera abordé aujourd’hui à Bruxelles lors de la réunion des ambassadeurs de l’UE. Selon une source diplomatique ‘’ La Commission travaille à un plan d’action complexe qu’elle proposera au cours des prochaines semaines’’ qui aura l’objectif de sauvegarder le mécanisme de redistribution volontaire et de renforcer les frontières. Avec un durcissement des règles pour les Ong et plus de responsabilités pour les Pays qui en affichent les pavillons. Les ambassadeurs discuteront aussi de la réunion extraordinaire des ministres des AE et de l’Intérieur voulue par l’Italie. »
ENTRETIEN, La Stampa, de Elisa Brivio, porte-parole de SOS Méditerranée Italie : "Même la France n'a pas offert un port sûr à notre Ocean Viking" par Laura Anello : « Pour savoir ce qui s'est passé au cours des 48 heures cruciales entre les "remerciements sincères" adressés par Meloni à la France mardi et les coups de tonnerre lancés par Paris jeudi, il faut faire un saut virtuel sur le pont de l'Ocean Viking, qui naviguait en Méditerranée à cette époque avec 234 migrants à bord, dont certains étaient au plus bas. Elisa Brivio, porte-parole de Sos Mediterranée Italia, l'ONG à la barre du navire, raconte l'histoire. Commençons par ce qui semble être un détail, mais qui ne l'est pas du tout. "Toulon, jeudi, nous a accordé un port exceptionnel, pas un port sûr. Par port sûr, « POF », acronyme de 'place of safety', nous entendons un port où les personnes secourues peuvent débarquer et exercer leurs droits, à commencer par celui de demander l'asile." La France n'a donc jamais offert de refuge... ? "Pour nous, jamais. Nous avons commencé à demander à la France un lieu de sécurité le mardi 8, après avoir appris, comme tout le monde, la rencontre la veille entre Meloni et Macron en Égypte au cours de laquelle, selon l'Italie, le gouvernement de Paris s'était montré disposé à accueillir notre navire. Un malentendu colossal : Macron se serait dit ouvert sur l'accueil des migrants, pas sur le navire". Le fait est que vous vous dirigiez vers la France..... "Oui, à la fois en raison des nouvelles qui ont filtré sur l'accord entre les deux pays, et parce que ce jour-là - mardi - il y avait deux navires arrêtés au port de Catane avec certains des survivants restés à bord, et nous n'avions pas l'intention de faire vivre à nos migrants la même expérience. Un port où des débarquements sélectifs ont lieu n'est pas un port sûr. Nous avons donc commencé à intensifier nos demandes envers la France. Mais alors que les médias se livraient à une véritable course aux spéculations, de Marseille à Gênes en passant par la Sardaigne, tout était silencieux sur le navire, tandis que certaines personnes commençaient à tomber très malades". N'aviez-vous pas également fait une demande à la France dans vos 43 demandes de "safe harbour" des semaines précédentes ? "Nous avions demandé un port sûr à l'Italie et à Malte, les deux pays dans les eaux territoriales desquels nous avions mené nos six opérations de recherche et de sauvetage, trois dans l'un et trois dans l'autre, les pays les plus proches, ceux où il faut débarquer. Alors que nous avions demandé à la France, à la Grèce et à l'Espagne de nous aider à trouver une solution. Mais personne n'avait jamais répondu, ni sur l'un ni sur l'autre". Quand la France vous a-t-elle appelé pour vous accorder le port ? "Jeudi, à 13h30, avec un appel téléphonique des autorités maritimes de Toulon, alors que la situation à bord commençait à devenir vraiment critique. Alors que nous naviguions à l'est de la Corse, quatre migrants ont été recueillis et transportés par hélicoptère à l'hôpital de Bastia. Entre-temps, la Commission européenne a ordonné le débarquement immédiat dans le lieu sûr le plus proche. Il semble que l'hypothèse de l'Italie ait été rouverte. Nous ne savions plus quoi faire". Au lieu de cela, la France vous a appelé... "Oui, enfin. Il y avait des migrants que nous avions secourus trois semaines auparavant, un temps infini. Non pas qu'avec le gouvernement précédent, avec le ministre de l'Intérieur Lamorgese, les débarquements étaient immédiats. La durée moyenne des attentes en mer était de onze jours, mais les tonalités n'étaient pas si rudes. Et on n'avait jamais atteint l'incroyable : des débarquements sélectifs, ce à quoi personne ne s'attendait". Pourquoi avez-vous choisi de rester dans les eaux internationales pendant si longtemps ? "Nous le faisons toujours, par habitude, nous ne voulons pas faire de percée sans qu'on nous ait d'abord assigné un port sûr." Que sont devenus les migrants de l'Océan Viking ? "Ils ont été répartis entre la France, l'Allemagne et onze autres pays européens, pas l'Italie." Et où est le vaisseau maintenant ? "A Marseille pour maintenance, puis il retournera en Méditerranée". Pour le Premier ministre Meloni, les navires des ONG sont illégaux..... "Ils ne font que combler un vide laissé par les États pour sauver des vies. Les criminaliser est inhumain. Bloquer nos navires ne conduirait qu'à laisser encore plus de personnes en danger avec pour conséquence plus de morts en mer." |
ENTRETIEN, La Stampa, de Wasil Schausiel, coordinateur de l’Ong SOS Humanity, par U. Audino, « Sos Humanity : ‘’ Nous, les volontaires, ne faisons pas d’accord avec les passeurs, ce sont les garde-côtes libyens ‘’ » : « ‘’ Il est faut que nous faisons des accords avec les personnes qui partent en Méditerranée. Nous recevons des informations sur les bateaux qui se trouvent en difficulté par d’autres navires. Ce sont les garde-côtes libyens qui sont impliqués dans le trafic de migrants. Nous n’allons rien changer. Nous continuerons de demander à l’Union européenne de trouver une solution et nous continuerons à sauver les personnes en mer, car il est nécessaire de le faire tant qu’il n’y aura pas une mission de sauvetage organisée au niveau européen. Nous nous attendons à que l’Italie rende à nouveau difficile les débarquements mais nous ne changeons pas d’avis : l’assignation d’un port sûr est la compétence des Etats côtiers les plus proches. Les garde-côtes libyens font du business avec les trafiquants d’êtres humains ; nous refusons de coopérer avec les autorités libyennes. La Libye n’a pas signé la déclaration sur les réfugiés, ne prévoit pas le droit d’asile, ni le droit à la protection pour les personnes en fuite. L’accord avec la Turquie a été une faillite, car très peu de migrants ont été relocalisés légalement en Europe ; au contraire, l’accord a fait des migrants un instrument politique, une monnaie d’échange. Je ne pense pas qu’il puisse y avoir un accord politique dans l’Union européenne sur un durcissement des règles sur les ONG. Le gouvernement allemand a soutenu publiquement les opérations de sauvetage en mer des ONG en affirmant que non seulement elles ne doivent pas être bloquées, mais au contraire qu’elles doivent être soutenues. »
ENTRETIEN, Corriere della Sera, de Marine Le Pen, députée du Rassemblement national « L’Italie a raison, le gouvernement français est hypocrite. Les ONG incitent aux traversées de la mer » par Stefano Montefiori : « Les accusations du gouvernement français à l’Italie sont profondément injustes et révèlent un rejet de la démocratie. Les italiens ont élu Giorgia Meloni, ouvertement opposée à l’immigration clandestine anarchique que les ONG cherchent à nous imposer. En refusant le débarquement à l’Ocean Viking, Rome ne fait que respecter la volonté du peuple italien. Le gouvernement français est hypocrite car il évoque des raisons humanitaires mais en 2018, l’Aquarius avait été refusée par la France et a été contrainte de se rendre à Valencia. Je considère les navires d’ONG complices des passeurs. Pourquoi n’accostent-elles pas en Algérie, ou encore plus près, en Tunisie ? Ce ne sont pas des ports sûrs ? C’est une attitude de grand mépris de ces pays, et d’autant plus incompréhensibles que chaque année des centaines de milliers d’Européens vont passer leurs vacances en Tunisie. Les ports tunisiens seraient surs pour les touristes et pas pour l’Ocean Viking ? La vérité est que le gouvernement français est pour l’immigration et ne veut pas le dire. Sur l’expulsion des 44 migrants, on verra. Comme le disait Clémenceau, ‘les discours de Jaurès se reconnaissent facilement par le fait qu’ils sont tous au futur ». On peut appliquer la même phrase à Darmanin. Ouvrir les ports à l’Ocean Viking et aux autres bateaux d’ONG encourage les migrants à partir. La seule politique humanitaire est un politique de fermeté. Sur les ONG, ce n’est pas une question de chiffres, du nombre de migrants transportés, mais surtout la publicité faite pour leurs traversées. “Prenez donc la mer, car nous serons là pour vous sauver ». Une attitude irresponsable qui encourage des voyages très dangereux. Nous sommes pour une politique dissuasive, car les pays européens n’ont rien à offrir à ceux qui arrivent. Les pays du sud de la méditerranée doivent respecter les accords bilatéraux, pour récupérer les citoyens qui ont émigré clandestinement. La France a par exemple un problème avec l’Algérie. Dans les 6 premiers mois de 2021, seulement 22 expulsions ont eu lieu sur 7 780 décisions, faute d’accord des Algériens. Il faut donc passer au bras de fer, par exemple en refusant d’accorder des visas aux Algériens, même pour les autorités, ou bloquer les transferts d’argents des Algériens de France vers leurs familles en Algérie. Il n’y a pas d’incohérence dans ma position avec celle de l’Italie. Je ne veux pas accueillir de migrants dans mon pays, mais je ne veux pas non plus les imposer aux autres. L’UE ne peut pas imposer de migrants aux pays qui n’en veulent pas. L’essentiel n’est pas de redistribuer les migrants qui arrivent mais de ne pas les faire arriver, en commençant par décourager les ONG. Sur la crise entre l’Italie et la France, un jour le président Macron dit quelque chose, le lendemain une autre…Il a été très critiqué par la gauche pour avoir rencontré Meloni tout de suite à Rome, il cherche à se faire pardonner. Dans toute cette agitation de notre gouvernement, il y a un peu de cinéma. »
Marcello Gemmato
(Traduction : ambassade de France à Rome)
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