"Migrants, Mattarella se réconcilie avec Macron."
15/11/2022
Italie. Revue de presse.
Les tensions entre France et Italie font toujours la une d’une partie de la presse italienne, qui relève surtout dans ses pages intérieures l’appel téléphonique entre les présidents E. Macron et S. Mattarella, et le communiqué conjoint qui s’en est suivi. On relève « la nécessité d’une pleine collaboration bilatérale et en Europe » : « L’appel entre Mattarella et Macron : une collaboration pour arrêter les tensions » (Corriere della Sera), « Migrants, Mattarella se réconcilie avec Macron » (Stampa), « Migrants, l’entretien téléphonique Mattarella-Macron » (Sole 24 Ore), « Italie-France, c’est le retour du dialogue » - Mattarella s’adresse à Macron regrettant les tensions entre les deux gouvernements et plaidant pour une pleine collaboration (Il Messaggero). Dans la Stampa, le ministre de la défense Guido Crosetto donne un entretien intitulé : « Le bras de fer avec Paris est utile, à présent les Européens nous écoutent ». La rencontre entre les présidents Joe Biden et Xi Jinping au G20 de Bali fait aussi les gros titres de la presse italienne avec large couverture en Une. Les quotidiens évoquent dans l’ensemble un « dégel » (Repubblica, Stampa) entre les deux puissances, malgré les distances sur Taïwan (Corriere, Sole) : « Biden-Xi, une entente à moitié » - Après trois heures de rencontre, les deux présidents tombent d’accord pour empêcher le recours à l’arme atomique en Ukraine mais n’avancent pas sur Taïwan (Corriere della Sera), « G20, le dégel entre Biden et Xi » - Mais pour les Chinois, Taïwan représente la « ligne rouge » (Repubblica), « Xi-Biden, le dégel » - La poignée de main au G20. Le Président Biden rencontrera Meloni aujourd’hui. Selon Pékin « Poutine ne nous a pas dit la vérité » sur l’invasion en Ukraine (La Stampa), « Biden et Xi redessinent les nouveaux équilibres » (Sole 24 Ore), « Biden, Xi et Poutine négocient alors que l’UE se dispute » (Fatto Quotidiano)
Les JT couvrent essentiellement le G20 de Bali, avec notamment la rencontre bilatérale entre les présidents américains et chinois, la résolution de l’ONU condamnant l’invasion russe en Ukraine, et l’entretien téléphonique entre les présidents S. Mattarella et E. Macron.
Sur Twitter, les hashtag #Zelensky et #Lavrov en référence à la possibilité que Kiev et Moscou puissent entamer des négociations pour une trêve, dominent.
COMMENTAIRE, La Repubblica, S. Folli « La médiation du Quirinal » : « La médiation du Quirinal avec Paris sur la crise des migrants a eu lieu sur la base d'un accord avec le gouvernement Meloni. Il n'est presque pas nécessaire de le souligner, étant donné que le Président de la République, selon la Constitution, ne peut prendre d'initiative à l'insu du Président du Conseil en charge ou même contre la volonté de ce dernier. Un certain nombre de conséquences découlent de cette considération évidente. La première : Mattarella n'a certainement pas délégitimé l'exécutif en place, au contraire, il a saisi certains points de vérité de la position italienne. Concrètement, cela ne sert pas à grand-chose de se chamailler autour de l'Ocean Viking ou d'autres navires en quête d'un débarquement, alors qu'il est évident qu'il est urgent de repenser tout le système des débarquements en Méditerranée. Deuxièmement, les secours en mer doivent toujours être assurés mais l’Europe n’existe que si elle se montre en mesure de définir une ligne commune pour affronter la question migratoire. Cela signifie définir les questions qui concernent les États individuels et les autres, celles qui impliquent la responsabilité de l'Union dans son ensemble. Et en perspective, il s'agit également de fixer des critères communs concernant les ports de départ. Ce qui - troisièmement - signifie définir une politique à l'égard des pays d'Afrique du Nord, en référence au commerce honteux qui s'y déroule au détriment de dizaines de milliers d'êtres humains. Il est clair que l’entretien téléphonique entre Mattarella et Macron n’a pas abordé, ni cela était possible, l’ensemble des problèmes qui ont déterminé la fracture entre Rome et Paris. Toutefois, il a été utile pour l’aspect essentiel : éviter que la friction ne se transforme en une rupture irréparable. Le cas échéant, c’est notre gouvernement national-souverainiste qui paierait le prix fort, car il n’est pas en mesure de supporter un isolement en Europe ayant seulement à ses côtés Malte, Chypre et la Grèce face aux Chancelleries qui comptent. Mattarella n’a donc pas placé le gouvernement Meloni sous tutelle, et ne pourrait le faire sans ouvrir une crise institutionnelle. Il s’est borné à détendre les relations avec Paris, ce qui est profitable pour la Présidente du Conseil qui se trouve à Bali. Pour Meloni, résoudre cette crise due à l’inexpérience représente un test de maturité dans ses relations avec l’Europe. C’est aussi l’intérêt de Paris de trouver une issue au plus vite. »
Giorgia Meloni à Bali
COMMENTAIRE, Corriere della Sera, de M. Franco, « La dangereuse tentation ‘’d’enrôler’’ le Quirinal » : « Certains semblent dangereusement tentés de décharger sur Sergio Mattarella les tensions dues à la confrontation avec la France et l’Europe sur la question des migrants. L’appel téléphonique entre les deux présidents français et italien a été une tentative d’enterrer les polémiques de ces derniers jours et de rétablir le dialogue. On peut toutefois avoir la sensation que certains n’ont pas saisi les intentions et l’objectif de Mattarella, à commencer par le président du Sénat, Ignazio La Russa, qui a voulu saluer l’initiative du Quirinal tout en continuant à défendre, surtout, la façon d’agir de l’exécutif. L’opposition à quant à elle tenté, maladroitement, de faire du Président italien un déçu de la Présidence du Conseil et donc un allié potentiel de l’opposition. Il semble donc que la Présidence de la République aura du travail pour éviter les élans anti-européens de certains pans de la coalition mais aussi les manœuvres de certaines minorités parlementaires qui n’hésitent pas à instrumentaliser Sergio Mattarella contre sa volonté. L’équilibre est donc fragile et les relations avec les institutions européennes risquent de le mettre perpétuellement en tension. Personne ne conteste l’idée que l’Europe doit être plus solidaire avec l’Italie en matière d’immigration. Le problème est de définir comment atteindre l’objectif sans conflit artificieux ni de tardifs calculs électoraux, et cela sans paraître isolés. L’attitude du gouvernement semble également témoigner de divisions latentes entre Fratelli d’Italia, la Ligue et Forza Italia. Ce n’est pas un hasard si hier, Matteo Salvini, leader de la Ligue et vice-Président du Conseil a lourdement insisté sur le fait qu’il s’agissait de la position de tout le gouvernement. Une telle insistance pourrait au contraire laisser penser qu’il s’agirait en fait d’une ligne imposée aux alliés. »
Ignazio La Russa
COMMENTAIRE, Sole 24 Ore, L. Palmerini « Le Quirinal débloque la voie de la bonne volonté » : « Le choix de Mattarella ne doit pas être lu comme une ingérence ou une sorte de mise sous tutelle de l’exécutif Meloni mais plutôt une initiative autonome, en harmonie avec l’exigence de réparer une relation utile et de faire un jeu d’équipe. Meloni a été informée par Mattarella du contenu de l’entretien téléphonique avec E. Macron et cette détente que le Chef de l’Etat a proposée devient maintenant la base sur laquelle construire des négociations qui relèvent du Palais Chigi. Le caractère générique du communiqué conjoint du Quirinal et de l’Elysée prouve bien qu’il ne s’agit pas de questions relevant de la politique. C’est donc une médiation pour aider à reprendre un fil qui se trouve dans les mains de Meloni. »
COULISSES, Corriere della Sera, de M. Breda, « L’invitation à être de bonne volonté pour mettre fin à l’escalade des tensions et aux risques de rupture de la communication » : « Dans l’atmosphère chargée de soupçons dans laquelle évolue notre politique, on a débattu des heures durant, hier, sur qui d’Emmanuel Macron ou de Sergio Mattarella aurait pris l’initiative de téléphoner à l’autre. Sous-entendant presque, ainsi, que celui qui a téléphoné en premier s’est en quelque sorte placé dans la position de celui qui cède, qui est vaincu ; du perdant de l’épreuve de force. Au Quirinal on préfère toutefois rappeler que la relation entre les deux Chefs d’Etat est fondé sur une telle estime et amitié réciproque qu’ils se consultent souvent, sur tous types de questions, bilatérales ou européennes, dans une pratique d’échange informel désormais consolidée. Ce fut le cas cette fois encore avec un contact samedi soir au terme duquel a été préparé la note conjointe diffusée hier matin de façon synchrone par l’Elysée et la Présidence italienne, de façon à déminer le terrain du dialogue rendu particulièrement tendu par les polémiques entre les ministres des Affaires étrangères réunis hier à Bruxelles. Le communiqué conjoint des deux présidents consiste en synthèse en une sèche invitation à la ‘’bonne volonté’’, à poursuivre ensemble au sein d’une Union européenne où ça n’aurait ‘’pas de sens’’ que l’Italie et la France soient divisées, en particulier sur le thème très délicat et urgent des flux migratoires. C’est bien ce que ce sont dit Macron et Mattarella, sans pour autant que le Président de la République italienne cherche à s’immiscer dans l’action de la Présidence du Conseil et les choix techniques en matière d’ouverture des ports, des navires d’ONG, de gestion des arrivées clandestines et, surtout, de relocalisation partagée des personnes. Mattarella estime que cet échange peut-être profitable pour les deux gouvernements, à conditions de balayer certains points noirs qui avaient recommencé à crisper la relation entre Rome et Paris, et en changeant de registre. Les dernières déclarations avaient un ton amer et belliqueux des deux côtés, avec le ministre Salvini suivi sans trop de prise de diostance par Giorgia Meloni, qui affirmait avoir fait plier la France et promettait une ‘’poigne de fer’’, comme s’il ne se résignait pas à la défaite électorale. De l’autre côté plusieurs membres du gouvernement français, au-delà de Macron lui-même, qui ont menacé de ne plus ouvrir les frontières aux migrants arrivés par l’Italie et tentant d’entraîner d’autres pays comme l’Allemagne sur cette ligne dure pour faire de notre présidente du Conseil la ‘’grande perdante’’. Le risque était donc d’arriver à une rupture de la communication sur une question que le Quirinal estime urgente. Dans cette affaire, il semble que ce soit la confiance réciproque qui manque. C’est peut-être ce que Sergio Mattarella a dit à Giorgia Meloni lorsqu’il l’a informée, après coup, du patient coup de téléphone. Un scénario similaire à celui de 2019 lorsqu’il avait tenté de rétablir les liens avec l’Elysée après la malheureuse visite des 5 Etoiles aux franges les plus violentes des gilets jaunes. Un incident qui avait débouché sur le rappel l’Ambassadeur à Paris… »
ARTICLE, La Repubblica, A. Ginori « La toile du Quirinal pour arrêter le bras-de-fer et ressouder les liens » : « C'est la deuxième fois que le président doit intervenir pour réparer la relation, après les tensions autour des gilets jaunes en 2019 provoquées par Luigi Di Maio. Mais au Quirinal, ils ne veulent pas passer pour ceux qui mettent des pansements providentiels sur les incidents des souverainistes. Mattarella se soucie du système italien. Il est le président de la République, sa diplomatie est surtout morale. Il n'a aucun pouvoir exécutif, à l’inverse de Macron. Il a intérêt à sauver la relation, à maintenir l'Italie dans l'alliance historique et à éviter l'isolement. Macron, quant à lui, peut dire à ses ministres d'atténuer la controverse. Après cela, la balle est de nouveau dans le camp des dirigeants respectifs. Nous verrons comment cela évoluera. Hier encore, le Président du Sénat, Ignazio La Russa, a défendu "la fermeté" de la droite. Et depuis Paris, on fait savoir que concrètement rien n'a changé, donc on n'accueillera pas les 3500 migrants actuellement en Italie. Cependant, Macron et Meloni sont tous deux à Bali, au G20. Ils pourraient s'y parler, s'ils le voulaient. Au Quirinal, on juge la tempête moins grave que celle de 2019. Il y a un gouvernement différent, avec une aile dure et une plus modérée. Vu de l'Elysée, les discussions devraient favoriser qu’on baisse d’un ton de part et d'autre. Mais on s'attend à ce que la Présidente du Conseil prenne clairement ses distances avec la ligne du ministre Salvini. »
ARTICLE, La Repubblica, C. Tito « L’entretien téléphonique entre Mattarella et Macron » - Et Tajani revient les mains vides après le sommet sur les migrants : « Le bras-de-fer entre l’Italie et la France n’est pas terminé, il a cependant pris un ton plus calme après l’appel entre les deux présidents. Cet entretien téléphonique a permis de désamorcer le climat et d’apaiser les tensions. Toutefois, Meloni s’attendait une ouverture de la part de l’UE pour donner une solution à l’urgence migratoire. Or, cela n’est pas arrivé. La phrase du Haut Représentant J. Borrell résume bien le tout « nous en avons parlé mais il n’y a eu rien de concret ». Hier, le ministre des affaires étrangères A. Tajani a tenté de raccommoder et d’amoindrir la querelle avec Paris. Il représente par ailleurs le représentant le plus dialoguant de la majorité de droite. Il a pu obtenir une rencontre avec sa collègue Boone et la promesse que la thématique soit abordée à nouveau, mais sans plus. En revanche, les autres ministres ont même voulu rappeler les chiffres selon lesquels celle italienne n’est pas l’urgence principale, comme l’a expliqué l’Agence européenne Frontex : la moitié des migrants arrive de la route balkanique et le nombre de demandes d’asile en Italie n’est pas le plus élevé en Europe. L’Italie avait demandé la convocation d’une réunion extraordinaire conjointe entre les ministres des affaires étrangères et de l’intérieur européens. A ce stade, seule celle des responsables des affaires intérieures, déjà annoncée, semble jouable. Il est clair que l’entretien Mattarella-Macron a servi tout d’abord à éviter le pire. Et le fait que Tajani ait montré du doigt les ONG prouve bien que le problème n’est pas encore résolu. »
ARTICLE, Il Messaggero, A. Gentili « Mattarella s’entretient avec Macron » : « Mattarella intervient pour ramener la paix ou du moins pour favoriser un climat plus détendu entre l’Italie et la France. Mattarella intervient pour mettre fin à la guerre déclenchée par Macron et ses ministres, avec des accusations très lourdes contre Meloni et l’ensemble du gouvernement italien, après le débarquement à Toulon du navire Ocean Viking qui avait été repoussé par l’Italie. Cet appel sert aussi à mettre une sorte de sourdine aux positions bien plus jusqu’au-boutistes, notamment de Matteo Salvini, qui auraient déclenché la réaction française. Dans cette opération, le Chef de l’Etat utilise son amitié personnelle avec le Président français, liée par une habitude consolidée, comme le montre le déjeuner privé du 24 octobre dernier. »
ENTRETIEN, La Stampa, de Guido Crosetto, ministre de la Défense et cofondateur de Fratelli d’Italia « Le bras-de-fer avec Paris est utile, maintenant les Européens nous écoutent » : « Monsieur le Ministre, le Président Mattarella, avec son appel téléphonique à Macron, est-il venu à votre secours ? Ce que Mattarella a fait, avec le sérieux qui caractérise sa fonction, relève du rôle du Chef de l’Etat qui s’entretient avec un autre Chef d’Etat. Sommes-nous isolés ? Pourquoi devrions-nous être isolés alors que nous demandons une ligne européenne ? Nous voulons juste imposer un dialogue et une analyse sérieux et définitifs. Tous ceux qui s’y opposent, même la Hongrie ou la Pologne, ont tort. Vous demandez une ligne européenne sans respecter les accords ? Nous estimons que ce sont les Français qui ne les respectent pas. Faisons une réunion pour comprendre qui a raison et qui a tort. Vous vous sentez assiégés ? Non, ce qui est arrivé avec la France a aussi des raisons de politique intérieure française. Pour le reste, il n’y a aucun problème mais juste une dialectique. Peut-être dure, mais c’est une dialectique. L’Italie a-t-elle cherché un incident pour proposer le débat ? L’Italie n’a pas cherché l’incident, elle a juste dit : il faut arrêter de faire semblant de rien. Chacun pourra juger la méthode comme il voudra, juste ou erronée, mais Meloni a dit : le problème doit être affronté ensemble. Personne n’a répondu et alors une manière a été trouvée pour se faire écouter par tous. Que veut faire Meloni ? La Présidente du Conseil avait un objectif : résoudre une question non pas italienne mais européenne. Et il me semble que ce soit un résultat qui intéresse avant tout le Parlement italien et puis aussi les Etats européens. Laisser un navire au large apparait comme une méthode plutôt étrange pour soulever à nouveau la thématique, non ? La France pense que ce soit étrange. Pour nous, il s’agit d’une manière avec qui enfin la question a été posée à toute l’Europe. E cela a fait ouvrir un débat sur la question. Vous pouvez constater comment tous sont maintenant en train de trouver une solution. Même le Vatican. C’est une thématique qui a été remise au centre du débat, après avoir été marginalisée. Et pendant qu’elle a été oubliée, nous avons accueilli plus de 40 000 personnes et la France n’a eu que 38 relocalisations. Sur quelles bases cela peut se résoudre ? Ce n’est pas un point qui sera résolu un en jour. Aujourd’hui nous parlons de 500 personnes, dans quelques années ce sera 50 ou 60 000 par jour. C’est l’évolution démographique de l’Afrique qui le dit et il n’y a pas les conditions pour nourrir toutes ces personnes. Le phénomène est donc destiné à exploser. Donc, soit on construit un parcours pour ce problème, et cela ne peut qu’être fait en tant qu’Europe, soit on ne s’en sortira pas. Résoudre la faim en Afrique représente un programme vaste. Certes, mais il faut s’en occuper. Et se demander pourquoi l’Afrique a été exploitée et ses richesses ont été dépouillées. Il faudrait peut-être le demander à ceux qui l’ont fait. Qu’aurait obtenu le gouvernement Meloni, maintenant ? Que l’on parle au moins de ce point, comme on parle des ONG. Vous les avez qualifiées de « centres sociaux flottants », c’est une expression un peu forte. J’ai voulu dire que les ONG n’ont pas une mission relevant d’un parti, et elles n’ont pas d’instruments politiques au sens strict. Elles sont idéologiques et ont agi en absence de toute règle. Le point des organisations criminelles qui mettent les personnes sur des barques à deux ou trois mille euros, je me serais posé la question, à leur place. Ces navires prennent à bord des personnes qui sont en train de noyer. Et ils ont raison, ils ont toute mon estime. Ceux qui font cela font une action digne de mérite, cela ne fait aucun doute. Mais ils ne font pas que cela. Transborder des personnes qui ont payé des milliers d’euros est une chose moins noble. Une partie de ces organisations sont averties par les passeurs quand ils partent. Il y a aussi des enquêtes en cours. C’est une erreur d’alimenter un phénomène qui ne profite à personne. Et qui mène à l’accueil sans intégration, c’est là un autre grand problème. Comment est-il possible d’entrer de manière légale ? Il faut des parcours organisés, un gouvernement des flux, respectant les personnes qui fuient et les traite comme des êtres humains tout au long du parcours. Avec une intégration digne. Certains pays qui font la leçon aux autres ne sont pas de bons exemples en matière d’intégration. Le gouvernement a commencé par une série de retours en arrière. Nous sommes intervenus de façon courageuse et juste sur plusieurs sujets Meloni a eu des rencontres importantes mais il est évident qu’il soit nécessaire d’avoir une période de rodage. La reconquête de Kherson ? Il s’agit d’un tournant. En vue de l’hiver les Russes veulent avoir des positions plus faciles à défendre mais il faut surtout retenir que pour la Russie, la percée devait être facile. A l’inverse, elle a été stoppée. Est-ce le moment d’une médiation ? Oui mais ce n’est pas la Russie qui dictera le début du dialogue mais celui qui a été envahi. Prévoyez-vous un autre décret pour l’envoi d’armes ? Non, nous appliquons les décrets adoptés par le gouvernement précédent dont Fdi ne faisait pas partie. A l’inverse de ceux qui nous critiquent aujourd’hui. »
Guido Crosetto
PREMIER PLAN, Corriere della Sera, de F. Basso, « Migrants, les demandes d’Antonio Tajani à l’UE : ‘’cherchons une solution ensemble’’ » : « ‘’Il m’a semblé que tout le monde était convaincu de la nécessité de trouver une solution à l’échelle européenne’’ a déclaré le ministre italien des Affaires étrangères Antonio Tajani après avoir rencontré la présidente du Parlement européen à l’issue de la réunion ministérielle qui s’est tenue hier à Bruxelles. ‘’La question de l’immigration est un problème européen, pas de la France et de l’Italie ou de l’Allemagne et de l’Italie’’. Josep Borrell a souligné que, bien que la question n’était pas à l’ordre du jour, ‘’les récents événements en Méditerranée l’avait rendue inévitable’’. Le ministre Tajani se veut pragmatique : ‘’le débat a été lancé, nous souhaitons maintenant que nous puissions parvenir aux justes conclusions dans les prochaines semaines et mois, il ne s’agit pas d’une question que l’on peut résoudre en quelques jours’’. La Commission européenne avait présenté il y a deux ans le pacte sur la migration et l’asile et les négociations sont encore en cours, les Etats membres peinant à s’accorder à cause d’intérêts divergents. Pour Antonio Tajani il faut ‘’un plan Marshall pour l’Afrique, avec un investissement d’au moins 100 milliards d’euros et des investissements dans les Balkans afin d’aider à la stabilité de cette partie de l’Europe’’. Quant aux relocalisations ‘’nous maintenons et appliquons pour le moment les règles existantes, elles pourront ensuite être améliorées’’. Enfin, il a demandé une réunion conjointe des ministres de l’Intérieur et des ministres des Affaires étrangères pour aborder la question. La présidence tchèque de l’UE devra décider si elle souhaite convoquer une telle réunion pour la fin du moins ou organiser une simple réunion technique. Le ministre des Affaires étrangères explique avoir également soulevé la question des ONG or pour lui ‘’comme l’explique Frontex, les navires ne mènent pas des missions de secours en mer mais se donnent rendez-vous avec les passeurs au milieu de la Méditerranée’’. La Commission européenne a toutefois rappelé qu’elle ne faisait pas de différences entre les bateaux, en lien avec une obligation légale et la priorité donnée à la sauvegarde des vies humaines. Pour Tajani, ce sont les navires marchands qui doivent secourir ces personnes. Il affirme qu’à huis clos ‘’la Commission s’est montrée sensible également à cette question des ONG’’. En bref, le climat lors du Conseil aurait été plutôt détendu. La conversation téléphonique entre les deux présidents Emmanuel Macron et Sergio Mattarella semble avoir été fondamentale. »
(Traduction : ambassade de France à Rome)
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