"La majorité remporte la confiance du Sénat. Les oppositions critiquent le plafond à hauteur de 10 000 € pour le paiement en liquide."
27/10/2022
Italie. Revue de presse.
La presse italienne titre largement sur le discours de la Présidente du Conseil G. Meloni devant le Sénat, obtenant la confiance également à la Chambre Haute. Les observateurs mettent en avant les mesures économiques annoncées par la majorité ainsi que le discours de S. Berlusconi marquant son retour au Sénat après une parenthèse de 9 ans : « Impôts et paiement en liquides : les choix de Meloni » - La majorité remporte la confiance du Sénat. Les oppositions critiquent le plafond à hauteur de 10 000€ pour le paiement en liquides qui favoriserait les fraudeurs du fisc. Berlusconi revendique la paternité de la coalition de droite (Corriere della Sera), « Fisc, [la majorité] passe l’éponge » - La Présidente du Conseil annonce la « trêve » fiscale allant de la régularisation des constructions abusives au paiement en espèces. Le dossier d’ITA arrive sur la table de Meloni (La Repubblica), « La bataille du paiement en espèces » - Le gouvernement remporte la confiance du Sénat avec 115 voix. Le retour de Berlusconi dans l’Hémicycle : la coalition de droite existe grâce à moi (La Stampa), « Le Sénat vote la confiance au gouvernement Meloni : le plafond pour le paiement en espèces sera revu à la hausse » - La Présidente du Conseil défie l’opposition sur le paiement en liquides (Il Messaggero), « Feu vert de Berlusconi » - Ovation pour le retour au Sénat du « Cavaliere ». Renzi attaque le PD et fait des concessions pour une collaboration sur les réformes (Il Giornale), « Le cadeau fait à la mafia et aux fraudeurs du fisc » (Fatto Qutodiano). Les exercices militaires russes simulant une attaque nucléaire sont aussi cités avec une large couverture photographique en Une.
Les JT couvrent essentiellement l’obtention de la confiance du gouvernement au Sénat, hier soir, ainsi que les discours de la Présidente du Conseil, des sénateurs S. Berlusconi et de M. Renzi, les déclarations de V. Poutine sur la possibilité d’un conflit mondial et la reprise des frappes russes sur Kiev. Enfin, les manifestations en Iran sont aussi citées.
Sénat : 115 pour, 79 contre, 5 abstentions
Sur Twitter, le hashtag #LaMeloni en référence au discours de la Présidente du Conseil devant le Parlement
COMMENTAIRE, La Repubblica, de F. Manacorda, « Ainsi prend fin la continuité avec Draghi » : « La ‘’république du cash’’ qui se moque du souverainisme linguistique et des données économiques. L’évasion fiscale institutionnalisée pour assurer la tranquillité à ceux qui font les malins avec les impôts et déclarer la guerre à ceux qui les payent régulièrement. Giorgia Meloni a annoncé les premières mesures sur l’important volet fiscal et ne déçoit pas les attentes qu’elle avait alimentées. Elle a illustré une sorte de ‘’chacun fait comme il veut’’ qui ressemble à un programme politique tourné vers les 5 millions de travailleurs indépendants en Italie, mais aussi à un demi-tour complet par rapport à la ligne suivie par Draghi. C’est bien la fin de la continuité entre l’ancien et le nouveau gouvernement. Le plafond des paiements en liquide a pour ainsi dire été supprimé puisque le nouvelle proposition de loi présentée par un député de la Ligue prévoit de le faire passer de 2 000 à 10 000€. C’est une évidence mais, un récent rapport de la Banque d’Italie expliquait comment ‘’une utilisation plus importante de l’argent liquide a pour effet collatéral d’alimenter l’économie souterraine’’. Mais pour Meloni cette question du plafonnement est ‘’idéologique’’ et elle ne reconnait pas cette corrélation. L’argent liquide est privilégié pour l’évasion fiscale, mais aussi pour la corruption et les transactions illégales. La Ligue met en avant la très hypothétique situation de pauvres qui auraient 10 000€ en poche mais ne pourraient pas se permettre un compte en banque. Aucun d’entre eux n’a l’idée d’abaisser les frais des comptes courants. S’ensuivent une série de propositions plus démagogiques et plus destructrices les unes que les autres, mais aucun moyen concrets pour lutter contre l’évasion fiscale. On prétend qu’il faut miser sur les ‘’grands fraudeurs fiscaux’’ – comme si l’Italie comptait encore beaucoup de si grands groupes - pour fournir une justification aux millions de petits fraudeurs qui se soustraient à la solidarité fiscale. Les chiffres démentent le récit du monde de Meloni : le manque à gagner est estimé entre 75 et 80 milliards sur les taxes et environ 20 milliards sur les contributions. Idem pour la promesse de ‘’trêve fiscale’’, qui pourrait être une façon d’aider les personnes en difficulté et endettées avec le trésor public, prévoit déjà une remise à zéro générale qui pourrait gracier 120 millions de cas de dette inférieures à 1000 € accumulés depuis l’an 2000. Une telle mesure met en lumière une situation anormale et un système qui ne fonctionne pas. Il n’est ni normal ni juste de renoncer à ces 60 ou 70 milliards d’argent public dus au fisc. Le nouveau gouvernement fait déjà régresser la justice –pour l’instant – fiscale. »
COMMENTAIRE, La Repubblica, de S. Folli, « Des alliés réticents mais bien obligés » : « Lors de son allocution au Sénat, Giorgia Meloni a opposé le nouveau gouvernement de la coalition de droite - unie par une vision et des objectifs communs - aux anciens gouvernements de centre-gauche - marqués par les divisions internes et la fragmentation des coalitions. Evidemment, la nouvelle Présidente du Conseil s’adressait à ses alliés, en particulier Salvini et Berlusconi, dont vient le risque de mettre à mal la cohésion de l’exécutif. En réalité, il n’y a pas de véritable menace pour la stabilité du gouvernement puisqu’il n’existe à ce jour aucune alternative, aucune opposition constructive. Le poids de Fratelli d’Italia au Parlement est en mesure de contrer toute tentative aussi bien technique que politique. Ce sont donc les alliés qui doivent faire attention, car eux seuls pourraient être les responsables d’un retour aux urnes anticipé, les coupables d’un éventuel échec. Le danger n’est pas tant la chute prématurée du gouvernement mais plutôt l’usure quotidienne causée par ceux qui tentent de récupérer en consensus dans les sondages au détriment de la cause commune. Cela concerne avant tout Salvini qui cherche à remonter la pente. Berlusconi quant à lui, une fois les déclarations pro-russes pardonnées, a mis en scène le passage de relais à son héritière pour prendre la tête du ‘’centre-droit’’ italien. Mais il serait intéressant de voir ce qui se passe réellement en coulisses. Il y a encore de nombreux secrétaires d’Etat à nommer et de postes à attribuer, auxquels Berlusconi semble encore prétendre pour Forza Italia. Le plus insidieux reste Salvini qui espère mettre en difficulté la Présidente du Conseil par son hyperactivité et notamment en récupérant l’activité anti-migrants. Elle a décidé de le laisser faire pour l’instant et même de le couvrir comme par exemple sur la question des paiements en liquide. Mais elle a aussi mis en avant des détails sur lesquels il n’y a pas d’accord entre les alliés, comme sur le plafond à 10 000€. Matteo Renzi a souligné deux oppositions au gouvernement Meloni : une qui est ouverte au dialogue (Azione et Italia Viva) et l’autre populiste (M5S), ne laissant aucune place au PD qui s’est effacé. »
COULISSES, Corriere della Sera, F. Verderami « Un Parlement balkanisé qui voit trois majorités et quatre oppositions » : « A partir d’aujourd’hui, G. Meloni devra gérer trois majorités et affronter quatre oppositions. C’est surtout sur les thématiques très concrètes qu’il a été possible de voir un Parlement balkanisé. D’une part, le gouvernement ne parvient pas à cacher les divergences entre ses alliés. D’autre part, outre les différences évidentes entre le PD, le M5S et Azione, il a été possible de repérer une sorte de « intergroupe des intransigeants », qui ressoude les 5 Etoiles, la gauche radicale et une partie des démocrates sur les nœuds à défaire concernant la guerre et la justice. Dans la compétition entre alliés, Meloni a "couvert" Salvini avec désinvolture sur deux questions sensibles : sur l'immigration, elle a été aidée par l'intervention du ministre de l'Intérieur Piantedosi contre les ONG ; sur l'augmentation du plafond concernant l'utilisation de l'argent liquide - sur laquelle la Ligue avait tenté de lui dicter son agenda hier matin - elle a pris le dessus avec son discours de réponse au Sénat. Par ailleurs, dans son discours, Meloni a cité Padoan, l’ancien ministre de l’économie de Renzi, quand elle a parlé du plafond au paiement en espèces. Et c’est justement ce lien entre la Présidente du Conseil et le dirigeant d’Italia Viva qui a été constaté, notamment pendant l’allocution de Renzi, où Meloni a souri au moment où ce dernier critiquait la ligne d’opposition du PD. Renzi a même reçu les félicitations de Berlusconi pour son discours. Enfin, sur la justice, l’intervention du 5 Etoiles Scarpinato évoquant la « matrice fasciste et de massacre » du gouvernement, a vu l’applaudissement de certains du PD, sous le regard étonné de leurs compagnons de parti. »
COMMENTAIRE, Corriere della Sera, M. Franco « La tentative de prolonger une saison désormais terminée » : « La façon dont l'ancien leader de la droite s'est exprimé hier, de retour après neuf ans d'absence forcée au Sénat, était une tentative d'effacer les tensions récentes et de se tailler un rôle de père politique du gouvernement, avec un discours entièrement destiné aux années où il a été au Palais Chigi : une saison de "miracles" également en politique étrangère, selon son récit. Et cela toujours – a-t-il soutenu – sous le signe de la posture euro-atlantique. C'est une façon de tenter de mettre fin aux semaines turbulentes avec la nouvelle Présidente du Conseil, de dissiper le soupçon qu'il n'aurait pas encore accepté le renversement des équilibres de force dans "sa" coalition et enfin de faire oublier ses propos pro-Poutine qui ont embarrassé toute la majorité. Berlusconi utilisera le terme de l’ « unité » comme un mantra, cela aussi en raison d’un parti, Forza Italia, fortement divisé et qui remet implicitement en discussion le leadership de son chef. Berlusconi, affaibli et légitimé uniquement par son passé, sait qu’il doit renouer avec Meloni. L’opération semble avoir fonctionné, hier. Mais il serait juste dire qu’elle n’a fait que commencer et aux conditions de la Présidente du Conseil. »
ANALYSE, Sole 24 Ore, de L. Palmerini, « Meloni, la trêve avec Berlusconi et l’ombre de Draghi » : « L’intervention de Berlusconi au Sénat était attendue mais a finalement été sans surprise. Il a revendiqué la paternité du ‘’centre-droit’’ italien et s’est longuement arrêté –passage obligé- sur la politique étrangère afin d’en finir avec les polémiques sur ses positions pro-russes. Une sorte de trêve en attendant la nomination des secrétaires d’Etat. La vraie surprise a été de voir pour la première fois la nouvelle Présidente du Conseil prendre ses distances vis-à-vis de Draghi. On peut se demander si ces critiques devaient faire taire les voix ironiques qui commençaient à parler de son gouvernement comme d’un ‘Draghi-bis’. Ou simplement parce que les nouveaux dirigeants ont souvent besoin de souligner les difficultés lorsqu’ils arrivent au pouvoir. Elle a notamment mis en avant les retards sur la mise en œuvre du PNRR. Elle a aussi déclaré vouloir faire toute la lumière sur la gestion des comptes par ses prédécesseurs, parlant d’ ‘’opération vérité’’. Enfin, elle s’en est prise à l’élaboration de la taxation des super-profits ainsi qu’à la mini-réforme fiscale de 8 milliards d’euros l’année dernière et qui aurait dû selon elle réduire les charges qui pèsent sur les employés. Sauf qu’elle a justement choisi Giancarlo Giorgetti comme ministre de l’Economie, seul ministre qui était faisait aussi partie de l’exécutif Draghi et avant encore du premier gouvernement Conte. Elle donne l’impression de chercher à se mouvoir sur une ligne étroite entre continuité et discontinuité, réalisme et peur de perdre son identité, ce qui l’amène à certaines contradictions. »
EDITORIAL, Corriere della Sera, E. Galli Della Loggia, académicien « L’école est sous-estimée » : « Ceux qui ont commencé à s'arracher les cheveux lorsqu'ils ont entendu que, sous le gouvernement Meloni, le ministère de l'éducation ajouterait "et du mérite", voyant là une attaque sournoise contre "l'école de l'égalité" et donc directement contre la démocratie, montrent qu'ils ne connaissent pas grand-chose aux écoles, à l'égalité et à la démocratie. La Constitution mentionne explicitement les "méritants" à l'article 34, en parlant de l'éducation. Mais les ennemis du mérite, en plus de ne pas connaître la Constitution, semblent en savoir encore moins sur la scolarité. En fait, l'école actuelle de l'égalité qu'ils entendent défendre n'en est pas une du tout. En fait, c'est le contraire qui est vrai. L'école italienne est en fait une école d'inégalité, d'inégalité profonde. À tous points de vue, les élèves du sud, par exemple, bénéficient de conditions d'enseignement en moyenne bien inférieures à celles du reste du pays : de l'état des bâtiments scolaires à l'équipement des instituts, en passant par la qualité des enseignants. Et puis il y a le fléau de l’abandon scolaire. Comment expliquer que l'avènement, il y a une trentaine d'années, de cette conception de l'éducation avec l'objectif de forte dévalorisation du mérite qu'elle implique ait coïncidé avec la crise puis l'arrêt définitif de l'ascenseur social, c'est-à-dire de la possibilité pour les personnes issues des couches inférieures de la société d'accéder aux couches supérieures ? Maintenant il est juste de voir comment le ministre agira et quelle direction sera prise sur comment construire ce mérite. »
ENTRETIEN, La Stampa, de Giuseppe Conte, leader du M5S: « Le gouvernement a un nouveau slogan : ne pas déranger les truands » : « ‘’ Certains choix n’aident pas les citoyens, mais favorisent les fraudeurs fiscaux et les corrompus. Meloni ne parle pas de paix, elle confirme la vocation belliciste de Fratelli d’Italia. J’ai apprécié le passage de son discours où elle prend ses distances du régime fasciste et où elle condamne les lois raciales. Il s’agit d’ailleurs d’un passage obligé si l’on vient de prêter serment sur la Constitution qui se base sur l’antifascisme. Au lieu de se concentrer concrètement sur les problèmes des familles et des entreprises, ou sur les difficultés que traversent les secteurs de la santé, de la recherche, de l’instruction et de l’université, elle a voulu revendiquer un projet culturel conservateur, et pour certains aspects, réactionnaire. Ceux qui veulent éliminer le revenu de citoyenneté n’ont pas conscience des problèmes du pays, ou bien regardent avec mépris ceux qui sont en difficulté ; il faut l’améliorer du point de vue de l’insertion professionnelle. (Sur la guerre en Ukraine) En plus d’une heure de discours, Meloni a été capable d’éviter scrupuleusement de parler de la possibilité d’une négociation qui puisse mener à la fin du conflit. FdI montre une volonté de montrer les muscles qui alimente les tensions internationales au lieu de les dissuader. L’idée d’instaurer un blocus naval en Méditerranée le confirme. Nous ferons une opposition très forte, mais transparente. J’attends de pouvoir juger le gouvernement sur ses actes, mais pour l’instant, je considère son discours très insuffisant. ‘’ »
ENTRETIEN, Il Messaggero, d’Adolfo Urso, ministre des Entreprises et du Made in Italy : « Le Made in Italy se renforce en défendant les entreprises » : « ‘’ Nous voulons mettre les entreprises au centre de l’action de notre ministère, nous aiderons tous ceux qui produisent de la richesse en éliminant tous les obstacles. Nous voulons que le ministère assume le rôle de défenseur civique des entreprises. Nous proposerons des aides pour éliminer les criticités pouvant pénaliser les filières italiennes de l’industrie et donner des garanties aux entrepreneurs innovants. Je pense aux secteurs des semi-conducteurs ou à celui des batteries électriques et des microprocesseurs, qui sont fondamentaux pour la transition digitale et écologique. Nous voulons établir un plan pour devenir de plus en plus autonome énergétiquement, et devenir ensuite la plaque tournante de l’énergie en Méditerranée. Nous doublerons la production de gaz depuis les gisements nationaux, nous autoriserons les forages en mer Adriatique. Nous investirons beaucoup dans le secteur du photovoltaïque ; les entrepreneurs qui en ont la possibilité pourront mettre en place des solutions énergétiques utiles à leur propre activité et à la communauté énergétique, pour céder, par exemple, l’énergie produite en plus à leur district industriel. Nous deviendrons un « hub » de l’énergie grâce aux gazoducs déjà existants et à deux nouvelles installations : le premier est celui qui arrive d’Israël, d’Egypte et Chypre, appelé Poseidon. L’autre est celui que nous réaliserons, si la France continue d’imposer de ne pas relier son réseau à celui espagnol, avec l’Espagne en passant à travers la mer Tyrrhénienne. Les premiers dossiers sur lesquels je vais travailler sont ceux qui sont liés au secteur de la sidérurgie : Piombino et l’Ilva, ainsi que les crises de grandes sociétés comme Whirlpool ou Lukoil, celle-ci subit les sanctions et nous pourrions la racheter.’’ »
ARTICLE, La Repubblica, d’A. Fontanarosa, « Le dossier ITA arrive sur le bureau de Meloni, entre la privatisation et l’enquête visant la direction » : « La vente d’Ita Airways et le scandale qui frappe la compagnie aérienne publique, arrivent sur le bureau de Giorgia Meloni. Après la déchéance des pouvoirs de l’ancien PDG Alfredo Altavilla, Ita accélère sur l’enquête interne, tentant d’établir s’il y a eu des contacts anormaux avec les dirigeants de MSC et de Lufthansa, intéressés au rachat de la compagnie. En février 2022, un document confidentiel se retrouve entre les mains d’employés d’Ita, il s’agit de l’accord - le Memorandum of Understanding – de MSC et Lufthansa sur leur stratégie pour l’acquisition de la compagnie italienne. Ils entendent notamment acquérir la totalité d’Ita. L’enquête interne cherche à établir si ces employés d’Ita ont pu suggérer aux acquéreurs d’impliquer ITA dans les négociations afin de réduire le poids du ministère italien de l’Economie dans la vente. D’autre part, le directeur du Trésor public, Alessandro Rivera aurait été mentionné dans un article écrit par les responsables de la communication d’Ita et destiné à paraitre dans la presse en ligne. Cet article décrivait également le ministère de l’Economie comme une ‘’structure d’hyper-bureaucrates fabriquée par le PD’’, l’enquête doit déterminer qui des employés a eu accès à l’ébauche de cet article qui n’a finalement jamais été publié. Le nouveau ministre de l’Economie, Giancarlo Giorgetti, devra décider prochainement de poursuivre ou non la négociation exclusive avec Certares, Delta et Air France. En réalité, Giorgetti a toujours préféré l’autre option, celle de Lufthansa et MSC, mais tous ces soupçons de contacts inappropriés dans la phase de concurrence sont un problème pour le ministre. Est-il vraiment possible d’interrompre les négociations avec Certares, Delta et AirFrance ? A raison, le trio se sent pénalisé par les manigances des managers d’Ita et des communications, souvent hostiles et indirectes, diffusées par la compagnie. Mais si le ministère de l’Economie poursuit sur cette voie, il ne manquera pas de soulever la question de la compagnie française. Jusqu’à présent, sous Draghi, il avait travaillé à une cession à Certares à 51% alors qu’Air France et Delta n’auraient été que des partenaires commerciaux. Or Certares est une compagnie fondée aux Etats-Unis. Pour éviter que la compagnie ne soit de fait cédée aux Américains, Giorgia Meloni pourrait demander à Air France de participer directement au capital d’Ita. Mais les Français ne pourraient pas car l’UE l’interdit. Toutefois Bruxelles, lors d’échanges informels avec Air France, s’est montrée ouverte à l’achat d’une part limitée, à hauteur de 10%. »
ANALYSE, Sole 24 Ore, A. Cerretelli « Meloni se retrouve entre le feu ami de la France et de l’Allemagne » : « Depuis l’invasion russe en Ukraine, l’européisme est devenu un effort existentiel de plus en plus lourd à soutenir mais impossible à déserter. Ce ne sera pas le seul banc d’essai du gouvernement Meloni. Il y en aura un autre bien plus épineux : la pérennité de la gouvernance européenne, sa capacité de vision et de décision efficace avec un moteur franco-allemand en panne. Même si on essaie de la minimiser. Déjà sous l'ère Merkel, les harmonies avaient commencé à pâlir, l'européanisme allemand à dévier vers un nationalisme « uber alles » croissant. Aujourd'hui, la crise est flagrante. Cette volte-face, notamment le réarmement allemand, alarme la France d’Emmanuel Macron et son totem (depuis des années plus de fiction que de réalité) de parité, au moins politiquement, avec l’Allemagne. On assiste ainsi à des bras-de-fer sur plusieurs thématiques, qui ne sont pas idéologiques mais basés sur des intérêts concrets et qui semblent faits exprès pour compliquer la partie italienne, politique et industrielle, en Europe. L’Italie devra ainsi bouger entre les deux feux amis sans pouvoir miser sur la régie à trois franco-italo-allemande, dans l’esprit du Traité du Quirinal, pour assurer plus de stabilité de gouvernement de l’Union. La navigation de G. Meloni en Europe ne s’annonce pas facile. »
(Traduction : ambassade de France à Rome)
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