"Les dirigeants de la droite se réunissent à Rome. Meloni assure pouvoir gouverner pendant cinq ans, Salvini répète qu’ils ne prendront pas d’ordre venant de l’Europe, Berlusconi explique que Poutine voulait placer des gens bien à Kiev."
23/09/2022
Italie. Revue de presse.
La campagne électorale à deux jours des élections législatives domine les Unes des principaux quotidiens italiens. Les articles rapportent notamment les derniers meetings politiques en soulignant l’enjeu du vote dans le contexte de crise internationale et énergétique, ainsi que la possibilité qu’une majorité de droite puisse modifier à elle seule la Constitution. Le débat sur les futures alliances au sein de l’UE marque aussi les commentaires : « « L’Italie est à nous » » - Les dirigeants de la droite se réunissent à Rome. Meloni assure pouvoir gouverner pendant cinq ans, Salvini répète qu’ils ne prendront pas d’ordre venant de l’Europe, Berlusconi explique que Poutine voulait placer des gens bien à Kiev. Von der Leyen : si les choses se compliquent, nous avons les instruments pour agir (La Repubblica), « La coalition de droite dit être prête à gouverner » - Lors du meeting à Rome, Meloni assure : plusieurs sujets nous séparent d’Orban (Corriere della Sera), « Meloni affirme : nous modifierons la Constitution par nous-mêmes » - La droite se réunit à Piazza del Popolo. Salvini provoque Meloni : il n’y aura pas de femme seule au pouvoir (La Stampa), « Meloni : nous ferons les réformes nous-mêmes. Letta mise sur les jeunes » - La dirigeante de Fdi annonce vouloir mettre en place un système présidentiel même sans l’opposition. Le PD craint d’être dépassé par le M5S (Il Messaggero), « La bataille finale au Sud » (Fatto Quotidiano. Les manifestations en Russie après la déclaration de la mobilisation partielle des réservistes et l’affaire Raisi-Amanpour au sujet de l’annulation par le président iranien de son interview à la CNN après le refus de la journaliste de porter le voile, sont aussi cités.
Le centre-droit uni lors d'un meeting à Rome
COULISSES, La Repubblica, C. Lopapa « Le cauchemar de Giorgia au Sénat : "Ils veulent nous avoir" » : « Une peur subtile mais croissante inquiète Giorgia Meloni : elle avoue à Francesco Lollobrigida, Guido Crosetto, Fabio Rampelli, debout à côté d'elle : "Quelque chose ne colle pas, si nous faisons un écart au dernier virage, nous risquons les moqueries, nous ne pouvons pas nous permettre une égalité [avec la gauche] au Sénat". La croissance exponentielle et inattendue du M5S de Conte dans le Sud risque de faire sauter les prévisions, d'interrompre une marche qui semblait triomphante. Quel effet aura la montée des Cinq étoiles en Campanie et dans les Pouilles, en Sicile et en Sardaigne sur les circonscriptions uninominales ? Sont-ils en train de grignoter le précieux gain du PD ou plutôt de la droite ? Si les candidats de Conte devaient gagner après-demain, même en ne relevant qu'une dizaine de sièges supplémentaires au Sénat, alors la barre de la majorité pourrait s'arrêter à 102-103 (sur les 200 députés qui composeront désormais cette chambre). Le gouvernement Meloni serait né, certes, mais boiteux. A la merci d'un couple de sénateurs du clan centriste de Toti, Lupi et Brugnaro qui deviendraient indispensables à la survie de la majorité. Adieu les rêves de gloire, alors. La composition du gouvernement ferait l'objet de négociations éreintantes, chaque vote de confiance à la chambre se transformerait en carnage. Matteo Salvini a commis sa dernière provocation : il s’exprime comme s’il était déjà le futur ministre de l’intérieur. Et plus tard, dans le salon de Porta a Porta : "Je reviendrai pour bloquer les débarquements, les décrets de sécurité seront réintroduits et seuls ceux qui ont un permis pourront entrer en Italie". Or, s'il est une certitude que Giorgia Meloni a mûri ces dernières semaines, c'est que l'allié " encombrant " " n'ira jamais au Viminal ". Salvini serait aussi une mauvaise carte de visite devant les chancelleries européennes, si l'homme des frontières fermées et des querelles continuelles avec les partenaires de l'UE sur les rapatriements devait revenir au bureau qui a appartenu à Giolitti. Notamment parce que les conditions ne sont pas les meilleures : la sortie d'hier de la présidente de la Commission, Mme von der Leyen (" Si après les élections en Italie ça tourne mal, nous avons les outils "), en dit long sur le climat que l'on respire déjà à Bruxelles. En tout cas, plus Salvini parle d'une liste de ministres " maintenant prêts " (Bongiorno à la Justice, Centinaio à l'Agriculture et évidemment lui-même à l’Intérieur), plus l'allié se raidit. Jusqu'à hier, où elle a également dit qu'elle avait sa propre liste prête. »
COMMENTAIRE, La Repubblica, I. Diamanti « La carte politique italienne et l’étau du populisme » : « Les prochaines élections en Italie sont marquées par une confrontation directe entre partis qui font référence à ces modèles : le souverainisme et le populisme. Même sans recourir à des sondages (que nous ne pourrions d'ailleurs pas citer), on s'attend largement à une affirmation "nationale" des Fratelli d'Italia de Giorgia Meloni et à une croissance significative du M5S, surtout dans le Sud. Pour le M5S, qui a subi une réduction importante de ses effectifs au cours de l'année écoulée, l'éventuelle reprise a une raison explicite et localisée. Il se présente, en effet, comme le PRC, "Parti du revenu de citoyenneté", qui bénéficie d'un consensus croissant, proportionnel à la "demande" et au bénéfice matériel et financier que cette mesure produit. Et, par conséquent, surtout dans le Sud. Là où les revenus des familles sont plus bas et où le taux de chômage est plus élevé. Fratelli d’Italia a une diffusion plus transversale et apparait très fort surtout dans le Nord, notamment le Nord-Est. En Vénétie. Là où jadis se trouvait le fief de la Ligue. Le PD, lui, résiste encore dans les régions « rouges » (même si un peu ternies) du Centre. La géographie politique italienne apparait donc profondément transformée et fait imaginer un changement significatif au lendemain des élections du 25 septembre. »
PREMIER PLAN, La Stampa, de M. Bresolin, « L’avertissement d’Ursula » : « Ursula von der Leyen a envoyé depuis les Etats-Unis un message univoque aux partis italiens qui s’apprêtent à diriger le prochain exécutif : ‘’nous travaillerons avec n’importe quel gouvernement démocratique qui voudra travailler avec nous.’’. Mais, précis-t-elle, ‘’si les choses devaient ne pas se passer correctement, nous avons les instruments pour répondre’’. Elle pense notamment à ce qui a été fait dans le cas de la Pologne et de la Hongrie, deux pays qui ont été ‘’puni’’ à travers la suspension des fonds européens. Après des semaines passées à esquiver la question, Ursula von der Leyen a fait sa première incursion électorale, dans un discours dédié essentiellement à l’évolution de la situation en Ukraine et à la position à adopter vis-à-vis de la Russie. ‘’Nous verrons l’issue du scrutin’’ répond-elle lorsqu’on lui demande si ces élections l’inquiètent avant d’ironiser sur ceux qui promettent à leurs électeurs d’aller battre du poing sur la table à Bruxelles. ‘’Quand [les forces politiques] entrent au Conseil européen, elles réalisent ‘oh mon Dieu mon avenir et mon bien-être dépendent de 26 autres pays’ mais c’est le charme de la démocratie’’ déclare-t-elle avant d’insister sur le rôle des citoyens à qui le gouvernement est ensuite tenu de répondre. Depuis le début de son mandat, la Président de la Commission européenne ne s’était jamais exprimée aussi nettement avant des élections. Elle confirme que les hautes sphères des institutions européennes ont bien conscience des risques liés à l’arrivée en Italie d’un gouvernement ‘’hostile’’. Le signal envoyé est clair, à ceux qui pensent qu’ils pourront faire irruption à Bruxelles au cri de ‘’la fête est finie’’. L’UE est prête à recourir avec l’Italie aussi au levier économique pour la ramener dans le droit chemin, comme avec la Pologne et la Hongrie. Et l’Italie a beaucoup à recevoir de Bruxelles. Stéphane Séjourné, très proche d’Emmanuel Macron et secrétaire du parti Renaissance, a été plus explicite encore qu’Ursula von der Leyen. Il a expliqué à La Stampa qu’ ‘’avec cette coalition guidée par Meloni, il y avait bien la crainte que l’Italie passe du côté des pays où l’on observe des dérives quant à l’état de droit et la corruption’’. Pour Séjourné, ‘’l’axe entre Draghi et Macron avait permis de faire progresser l’Europe sur des thèmes qui risquent maintenant de passer en second plan’’. C’est pourquoi il sera à Rome aujourd’hui pour la clôture de la campagne Azione-Italia Viva : ‘’nous avons décidé de soutenir une alliance pro-européenne qui veut poursuivre l’héritage de la méthode Draghi’’. »
ARTICLE, Il Messaggero, C. Mangani « Des photos de Poutine avec les anciens présidents du Conseil, le dernier venin sur les élections » : « A deux jours des élections en Italie, Moscou intervient à nouveau de manière incorrecte dans la campagne électorale. Encore une fois, l’Ambassade russe lance son message transversal par le biais des réseaux sociaux : sur Facebook et sur Twitter, une série de photos de rencontres et de poignées de main entre Vladimir Poutine et les personnalités politiques italiennes : on peut y voir Conte, Di Maio, Salvini, Berlusconi, Letta, Renzi, D’Alema, Gentiloni, Mattarella et Napolitano. Et puis une photo de Draghi avec le chef de la diplomatie russe Lavrov. Les « souvenirs » récupérés dans les archives du passé ne ressemblent guère à un hommage à l’Italie mais plutôt l’énième provocation. Selon les analystes, les phrases qui accompagnent ces photos (‘’extraits de l’histoire récente des relations entre la Russie et l’Italie. Tant des choses à rappeler’’) auraient une double signification : d’une part exhorter à ne pas oublier les relations précédentes ; d’autre part un avertissement que quelque chose de secret pourrait être révélé sur les relations de ces hommes politiques avec l’establishment de Moscou. La représentation diplomatique russe à Rome semble ainsi s’aligner à la position musclée de Poutine, dont la menace est devenue encore plus explicite, avec des références lourdes sur le nucléaire. »
ARTICLE, Il Messaggero « Comment Berlusconi pardonne Poutine » : « revoici donc « L’ami Silvio » : à quelques heures du début du silence électoral, sur les plateaux de Porta a Porta de Rai Uno, Berlusconi revient sur l’Ukraine en reprenant son ancienne et très personnelle interprétation fataliste de l’escalade. ‘’Poutine s’est retrouvé dans une situation difficile et dramatique. Une mission des deux républiques prorusses du Donbass qui se sont rendues à Moscou affirmant que Zelensky avait augmenté ses attaques, faisant quelques 16 000 morts. Poutine a été poussé par son parti et ses ministres à engager cette opération spéciale’’. Berlusconi absout ainsi Poutine de la réelle responsabilité du conflit et que la résolution immédiate de ce conflit – qui demeure ‘’une folie’’ – aurait été la réalisation du projet de Poutine de remplacer en 7 jours le président Zelenzky par un gouvernement formé de ‘’gens décents’’ et proche du Kremlin. Selon le « Cavaliere », la situation aurait tout simplement ‘’échappée des mains du Tzar’’. »
(Traduction : ambassade de France à Rome)
Giorgia Meloni à Rome
Les commentaires sont fermés.