Luigi Di Maio : "Sur la Russie, Meloni ne parvient pas à s’imposer sur ses alliés."
31/08/2022
Italie. Revue de presse.
La campagne électorale, marquée par le débat sur les aides économiques pour compenser la hausse du prix de l’énergie, continue de faire les gros titres de la presse italienne. Les quotidiens reprennent aussi l’alerte lancée par le patronat via la Confindustria sur les difficultés économiques des entreprises dans la perspective d’un automne difficile et les propositions des candidats : « Gaz, les pressions des partis » - Salvini demande des aides à hauteur de 30 milliards, Meloni s’oppose à un endettement public et demande la réouverture des Chambres. Voici le plan du Palais Chigi (Corriere della Sera), « La droite est divisée sur tous les fronts » - Meloni veut conquérir le Palais Chigi et cherche les voix des populistes, mais la liste des divergences avec Salvini, allant des migrants à la guerre en Ukraine, est longue. Le gouvernement prépare 10 milliards d’aides économiques pour les entreprises (La Repubblica), « Sondages : Fratelli d’Italia s’envole, Conte rattrape Salvini » - Le parti de Meloni est crédité de 24,6% des intentions de vote, le PD de 23,1% ; la Ligue descend à 12,5% et égale le M5S (La Stampa), « L’UE avance sur le plafonnement du prix du gaz mais les villes seront moins éclairées » - Confindustria demande des aides aux entreprises à hauteur de 60 milliards (Il Messaggero), « Premières fermetures, Bonomi lance l’alerte : les entreprises rencontrent de graves difficultés (Sole 24 Ore). Enfin, la presse italienne rend hommage à Mikhail Gorbatchev « père de la Perestroïka » avec une large couverture photographique en Une et plusieurs articles dans les pages intérieures.
PREMIER PLAN, Corriere della Sera, d’E. Marro, « Des aides immédiates à hauteur de 10 milliards d’euros pour les entreprises les plus menacées ; Draghi insiste sur le respect du budget. »
PREMIER PLAN, La Stampa, A. Ghisleri, « Sondages - Fratelli d'Italia fait le double de la Ligue. Azione prend le dessus sur Forza Italia. Un électeur sur trois n'a pas encore décidé » : « Le jour du vote, les Italiens feront entendre leur voix après 4 ans et demi où il y a eu 3 gouvernements différents qui ont dû guider le pays à travers une pandémie, une guerre aux frontières de l'Europe, une crise énergétique et une forte inflation. Le paysage politique depuis 2018 a beaucoup changé. Le choc avec la réalité est très dur : au moins 1 Italien sur 2 déclare que la hausse générale des prix (47,4%) et la crise énergétique (45,7%) sont les problèmes les plus importants, suivis par le travail et l'emploi (40,5%). 35,1 % des Italiens souhaitent que le futur gouvernement se concentre sur la relance de l'économie nationale et 33,2 % sur l'augmentation de l'approvisionnement en électricité et en gaz pour éviter un éventuel rationnement. L'attention portée à la planification possible d'une réduction de la pauvreté (18,9%), le salaire minimum (17,6%) ainsi que l'immigration (17,0%) occupent les places les plus basses du classement. En queue de peloton, on trouve la question de la sécurité (16,2%) et la réforme des retraites (8,8%). Le sentiment d'une certaine désorientation est également perceptible dans les intentions de vote, qui enregistrent encore 35,4% d'électeurs indécis. Ce pourcentage se répartit entre ceux qui ne savent toujours pas s'ils iront aux urnes (23,8% des indécis) et ceux qui ne savent pas pour quelle force politique voter (76,2% des indécis). Sur la base de ces indications, le taux de participation aujourd'hui est estimé entre 66% et 70%. 51,7% des Italiens sont convaincus que le vainqueur de la prochaine élection politique sera la droite. La différence aujourd'hui entre les principales coalitions est de 17,4 points de pourcentage. Fratelli d'Italia est le premier parti avec 24,6 % des voix, suivi par le Parti Démocrate avec 23,1 %, la Ligue (12,5 %) et le Mouvement 5 étoiles (12,3 %) avancent côte à côte, mais le parti de Conte remonte tandis que celui de Salvini perd des soutiens. Un autre fait intéressant est la comparaison directe entre Forza Italia (7,0%) et Azione -ItaliaViva (7,4%). La nouveauté exprimée par le parti de Carlo Calenda et Matteo Renzi apparaît aujourd'hui revigorée face à un parti, Forza Italia, qui affronte une campagne électorale en tant qu'outsider de la coalition. »
PREMIER PLAN, La Repubblica, de G. Casadio, « Province contre ville, pourquoi dans les collèges électoraux c’est désormais la périphérie qui aura le plus de poids » : « Suite à la réduction du nombre de parlementaires (345), dans les nouvelles et les plus grandes circonscriptions, ce sont les périphéries qui auront le plus d’influence sur le vote des métropoles, en particulier pour la composition du Sénat. En Ligurie par exemple, le résultat exprimé par ‘’la grande ville’’ pèsera moins, en quelque sorte dilué parmi les provinces et les zones périphériques. Autre exemple, celui du collège de Rome que se disputent les anciens alliés Emma Bonino et Carlo Calenda Un collège bien plus étendu où il ne s’agira plus seulement de convaincre les électeurs du centre historique. Or, observe-t-on notamment dans le cas de l’Emilie-Romagne, la gauche a toujours été plus forte dans les villes contrairement aux territoires provinciaux et extra-urbains. Ainsi la compétition devrait être particulièrement serrée dans 18 collèges de la Chambre et 6 du Sénat, d’après une étude Youtrend du 25 août. La même étude donne une fourchette de sièges pour le centre-droit comprise entre 248 et 268 à la Chambre et entre 39 et 49 au Sénat. A ce jour, l’abstention s’élèverait à 35%. Toujours selon cette étude, le centre-gauche devrait remporter sans difficulté les collèges de Florence, Bologne et Scandicci, pour le centre-droit Villafranca di Verona, Castelfranco Veneto et Terracina. Pour les autres coalitions, il sera très difficile d’émerger dans les collèges à l’uninominal même si le Troisième pôle a ses points d’ancrage à Rome, à Florence et à Scandicci. Pour le M5S, les collèges uninominaux les plus favorables se trouvent à Acerra, Casoria et à San Carlo dell’Arena. Les résultats sont en revanche bien plus incertains à Naples Fuorigrotta (à la Chambre comme au Sénat), ou à Modena Reggio, à Milan, à Turin ou à Livourne, Gênes, Carpi. »
COMMENTAIRE, La Repubblica, Francesco Bei « L’ambiguïté de Meloni et l’héritage de Draghi » : « Draghi a continué son travail en silence et, sur le front du gaz, les résultats semblent sur le point d’aboutir. Von der Leyen l’a appelé pour lui dire que la Commission présentera son plan sur le plafonnement du prix du gaz et la décorrélation entre le prix de l’électricité et celui du gaz. Il s’agit là de deux fronts pour lesquels l’Italie, avec la France et l’Espagne, font pression depuis longtemps. De l’autre côté, nous assistons à la campagne électorale de Giorgia Meloni avec un phénomène paradoxal proche du « tournant de Salerne » de l’ancien leader communiste Palmiro Togliatti : pragmatisme et langage modéré unis à des slogans populistes adressés à sa base électorale, clins d’œil à l’URSS et visées révolutionnaires tout en acceptant la monarchie et en traitant avec la DC. Sur la crise énergétique, Meloni fait très attention à ne pas passer de messages erronés pouvant alerter ses partenaires européens et les marchés. L’ultime étape de cette transformation, le vrai « tournant de Salerne » de Meloni serait ce que son entourage avoue déjà à demi-mot : s’allier avec le détesté Macron, vu jusque ici comme le colonisateur de la pauvre Italie grâce à la cinquième colonne cachée au sein du PD de Letta. Le terrain de cette entente improbable serait justement l’Europe, à l’occasion du débat autour du pacte de stabilité. Il s’agit d’une révision des critères rigides voulus par l’Allemagne et les pays frugaux, mais où Rome et Paris sont du même côté de la barricade. Si Meloni devait s’entendre avec l’Elysée pour réformer ces traités, ce serait alors la transformation finale de la politicienne de style « Togliatti » née populiste et devenue « draghienne ». »
ENTRETIEN, Corriere della Sera, de Luigi Di Maio, ministre des affaires étrangères et fondateur de Impegno Civico « Sur la Russie, Meloni ne parvient pas à s’imposer sur ses alliés » : « ‘’Quand le président du Copasir Adolfo Urso, sénateur de FdI, s’oppose à ma demande de créer une commission d’enquête sur les relations entre la Ligue et Moscou, c’est de fait la ligne de Meloni qu’il suit. C’est l’énième signe que Berlusconi et Salvini dictent la ligne de la politique étrangère du centre droit. Cela signifie que Meloni ne pourra pas se battre pour le plafonnement du prix du gaz. Je demande une commission d’enquête car il y a plus de mystères que de lumières sur les relations entre le monde politique et financier russe et certains dirigeants italiens. Par ailleurs, Berlusconi et Salvini s’opposent au prix-plafond du gaz, et ce pendant que les entreprises italiennes lancent leur cri de détresse. Meloni devrait s’imposer et revendiquer une ligne atlantiste, mais elle ne le fera pas car elle est placée sous tutelle par ses alliés. La Farnesina est intervenue fermement en expulsant trente fonctionnaires russes ayant le passeport diplomatique. Poutine a compris qu’en fermant et en ouvrant les robinets du gaz, il fait flamber les prix de l’énergie, mettant ainsi l’Occident en difficulté. L’Europe doit absolument trouver un accord pour imposer un plafonnement du prix du gaz.’’ »
PREMIER PLAN, La Repubblica, V. Forgnone, « Dans le programme, le cadeau pour les « No vax », non aux pass verts et aux vaccins obligatoires » : Un « plan de vol » pour « relancer l'Italie ». Fratelli d'Italia lance son programme pour les élections du 25 septembre. Pour ce faire, le parti de Giorgia Meloni dresse une liste de ses 25 points principaux dans laquelle il énumère l'abolition du revenu de citoyenneté, l'arrêt de la vaccination obligatoire du Covid et la non-réintroduction du « pass vert ». Un engagement qui fait un clin d'œil au mouvement No-Vax. L’accent est également mis sur le « soutien à la famille » avec une augmentation des montants de l'allocation unique et universelle contre « toute discrimination » mais en « réaffirmant l'interdiction des adoptions homosexuelles et la lutte contre toute forme de gestation pour autrui, dans l'intérêt suprême de l'enfant ». De l'éducation à la gestion des migrants en Italie, dans le document de 40 pages mis en ligne sur le site du parti, un chapitre est ensuite consacré à l'abolition du revenu de citoyenneté, cheval de bataille du Mouvement 5 étoiles et défini par Meloni à plusieurs reprises comme « la méthadone de l'État » afin d'introduire « un nouvel instrument qui protège les personnes sans revenu, fragiles et incapables de travailler ». Les objectifs de Fratelli d'Italia comprennent également la « protection de la vie humaine dès sa conception », une « mise à jour ciblée du Plan de relance », la volonté de « réduire les impôts sur le travail en diminuant les charges sociales ». Et enfin, « la réforme du système présidentiel ».
ENTRETIEN, Corriere della Sera, de Silvio Berlusconi, président de Forza Italia, « Sans Forza Italia, la droite ne peut pas gouverner. Il faut tout de suite un impôt à taux fixe à 23% » par Marco Galluzzo : « Parmi les mesures que nous proposons, celle qui améliorera le plus la vie des citoyens sera certainement la flat tax à 23%. C'est la révolution copernicienne non seulement de la fiscalité, mais aussi de la relation entre l'État et le citoyen. Et comme le montre l'expérience d'autres pays, une vraie réduction des impôts - Kennedy puis Reagan l'ont fait en Amérique - crée du bien-être pour tous, réduit l'évasion fiscale et améliore les finances publiques. Sur Giorgia Meloni, croyez-vous vraiment qu'avec mon parcours professionnel et politique, je puisse éprouver de la jalousie envers qui que ce soit ? La droite va gagner parce que Forza Italia en fait partie. Sans nous, il n'y aurait pas de coalition de droite. Nous sommes les garants du profil libéral, chrétien, pro-européen, atlantique du futur gouvernement. Nous sommes le centre, le vrai centre, le centre du Parti populaire européen que nous représentons fièrement en Italie. Je suis d’accord pour nous couper totalement du gaz russe fin 2024 si à cette date, nous aurons fait les regazéificateurs, construit les usines de valorisation énergétique des déchets, donné un nouvel élan aux énergies renouvelables, relancé la recherche sur le nucléaire propre. Toutes les choses que la gauche a bloquées. Ma position sur la Russie correspond à celle du gouvernement italien, de l’UE et de l’Otan. Les prétendues relations entre la Russie et la Ligue n’existent pas. [Sur l’hypothèse de passer la main à quelqu’un d’autre à la tête de Forza Italia], en politique, le leadership ne s'hérite pas et ne se concède pas. Il finit par être conquis. Un sondage réalisé ces derniers jours m'a désigné comme le meilleur Premier ministre de ces vingt dernières années. Dieu merci, quelqu'un l'a remarqué »
ARTICLE, Il Messaggero, « Weber : je suis d’accord avec le programme de la coalition de droite qui est pro-européen. Avec Meloni, il n’y a pas de problème » : « Le programme de la droite italienne est "une garantie pour l'Europe". Le président du Parti populaire européen Manfred Weber se veut rassurant sur l'équipe conservatrice qu'il imagine déjà au Palais Chigi, même avec Meloni à sa tête. “Ce qui compte, c'est le programme", explique-t-il, flanqué du coordinateur national de Forza Italia, Antonio Tajani, "et la coalition de droite pour le gouvernement de l'Italie est fondée sur un programme qui comporte un message clair sur l’Europe“ ; prêt à "garantir la stabilité". "Après les élections, les institutions démocratiques italiennes joueront leur rôle" et une évolution positive pour le pays résultera de la décision de Mattarella". Invité par Forza Italia, Weber a rencontré la Confagricoltura et Coldiretti, le secrétaire d'État du Vatican Pietro Parolin, la Confindustria. Aujourd'hui, il voit les autres partis de la famille populaire - l'Udc, Noi con l'Italia, Lorenzo Cesa et Maurizio Lupi – avant de déjeuner à Arcore, avec son ami Silvio Berlusconi. "Je n'ai aucun doute sur les institutions démocratiques de ce pays", sur un exécutif en Europe avec Giorgia Meloni et Matteo Salvini. “La garantie de l'opération, répète-t-il, s'appelle Forza Italia, "un parti pro-atlantique et pro-européen". Que Weber veuille déplacer le centre de gravité du PPE vers la droite n'est pas un mystère. Officiellement, les portes sont fermées pour la Ligue de Salvini, qui siège dans l'UE avec la famille Identité et Démocratie, le rassemblement des souverainistes, des lepénistes à l'ultra-droite allemande AfD, isolés par le cordon sanitaire des autres partis. Par ailleurs, hier, à Porta a Porta, Salvini a redit sur les sanctions, qu’elles " doivent être repensées : avec les sanctions que nous avons faites, les Russes y gagnent ; l'Europe se sanctionne elle-même", à l’inverse de la position de Forza Italia ».
TRIBUNE, La Repubblica, de B-H Lévy « L’avenir de Kiev passe par Rome » : « Le type de relation qu’un gouvernement dirigé par Giorgia Meloni entretiendrait inévitablement avec le leader mondial Vladimir Poutine suscite l’inquiétude. Poutine, opposé aux libertés, avec son mépris à l’égard des démocraties et de la loi, son culte du pouvoir et du chef, sa violence, rappelle beaucoup les fondateurs du fascisme. A cet égard, Meloni a beau affirmer le contraire et que le principe des sanctions contre Moscou ne sera pas remis en question. Or, elle a un allié, Silvio Berlusconi, qui a affirmé dans les pages du Komsomolskaya Pravda, que Poutine est ‘’le leader qu’il faut car c’est un homme extraordinaire, simple et modeste, avec de grandes qualités humaines’’. Et puis son autre allié, Matteo Salvini, dont les liens avec le pouvoir russe ne sont pas un mystère, lui qui planifiait un voyage en cachette à Moscou et qui négociait avec l’ambassade russe en Italie pour faire tomber la coalition soutenant Draghi. L’Europe, dont l’Italie est le berceau et un pilier vivant grâce à son Traité du Quirinal, serait fortement affaiblie par ces dirigeants. Il faut donc espérer dans une renaissance républicaine dont dépend l’avenir du Continent. »
ARTICLE, La Repubblica, S. Mattera, « « Pnrr, Draghi impose une course de vitesse pour atteindre 55 objectifs » : « Un « effort exceptionnel » est nécessaire, c’est ce que Mario Draghi demande à ses ministres et à leurs cabinets. Ne pas relâcher l’effort en attendant le passage de témoin. Car l'enjeu, sur le seul sujet du plan national de relance et de résilience, est de 21,8 milliards et le chèque ne sera obtenu que si 55 objectifs bien définis sont remplis. Mais tous les objectifs ne sont pas atteints. Il y a également un risque que certains règlements nécessaires pour donner corps à la réforme de la concurrence restent en suspens. La droite, avec la Ligue en tête, demande que la balle soit passée au nouveau gouvernement, dans l'espoir de pouvoir encore reporter. Certains ministères ont une feuille de route très exigeante : neuf objectifs pour la Transition écologique, cinq pour la Transition infrastructurelle et numérique, deux pour la Santé, dont des contrats de 4 milliards pour moderniser le parc technologique hospitalier. En ce qui concerne les réformes, les décrets sur la justice civile et pénale ont déjà été approuvés par le Conseil des ministres et envoyés au Parlement pour avis. En revanche, la concurrence reste un chantier ouvert, qui nécessite 7 décrets délégués, 6 décrets ministériels et 6 autres actes. Sur le front de la mise en œuvre du programme, de toutes ces réglementations nécessaires pour donner corps aux décisions du gouvernement, pendant ce temps, on voit dans les chiffres l’engagement énorme depuis l'arrivée de Draghi en février 2021. L'objectif est de clôturer 121 mesures en septembre et 122 autres en octobre, de manière à ne pas laisser plus de 200 mesures sur la table. »
(Traduction : ambassade de France à Rome)
Giorgia Meloni
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