"De Salvini à Conte, les choix des leaders pour des listes plus ou moins blindées."
23/08/2022
Italie. Revue de presse.
Les élections législatives fin septembre continuent de faire la une de la presse italienne alors que les coalitions ont déposé hier soir leurs listes de candidats. La presse se concentre sur les « grands duels » entre figures connues des partis, les « oubliés » des investitures parmi d’anciens poids lourds et élus locaux, et note aussi la fin de l’entente restante entre PD et M5S en Sicile : « Les listes sont closes, les duels entre leaders commencent – La colère des exclus », « La claque du M5S au Parti démocrate : le Mouvement se présente seul en Sicile » (Corriere della Sera), « Dans les listes des partis, la société civile a été sacrifiée », « Le M5S rompt la dernière alliance avec le PD, le divorce est acté même en Sicile » (La Repubblica), « Les listes sont closes, les exclus de Forza Italia se révoltent ; Conte rompt avec les démocrates en Sicile, Pizzarotti quitte le troisième pôle » , « Meloni porte atteinte aux droits – le PD l’accuse de discriminations » (La Stampa), « La charge des candidats, la colère des exclus » (Messaggero), « En Sicile, le M5S rompt avec le PD qui dénonce un ‘’revirement indigne’’ » (Sole 24 Ore).
Les quotidiens s’interrogent également sur une possible implication des services secrets ukrainiens dans l’attentat en Russie dans lequel la fille d’Alexander Dougine a trouvé la mort. « Les accusations de Moscou suite à l’attentat contre Dougina ; ‘’tuée par une femme ukrainienne’’ » (Corriere della Sera), « Pour Moscou, une agent secret de Kiev a tué Dougina » (La Repubblica), « Selon les Russes ‘’cette femme a tué Dougina’’, Natalia killer comme dans les films » (La Stampa), « ‘’Une femme proche d’Azov a tué Dougina’’ Poutine a déjà le coupable » (Messaggero).
La presse revient sur l’inquiétude face à l’augmentation des prix du gaz et à l’inflation pesant sur le cours de l’euro. « Une augmentation record des prix du gaz ; l’euro au plus bas, la Bourse chute » (Corriere della Sera), « Gaz, Bonomi appelle à préparer un plan de rationnement » (La Repubblica), « Factures, le gouvernement à l’action » (Messaggero), « Le gaz et l’électricité plombent la bourse et l’euro chute sous la parité avec le dollar », « Avec les dernières augmentation du gaz, 73% des bénéfices d’une année » (Sole 24 Ore). La question de la reprise de la compagnie aérienne Ita fait aussi l’objet de nombreux articles comparant les offres Certares-Delta-Air France et Lufthansa-MSC.
Les JT couvrent essentiellement les annonces d’une nouvelle suspension des fournitures de gaz via Nord Stream 1, l’envol des prix du gaz, la découverte par ENI d’un important gisement de gaz au large de Chypre, les élections politiques et le dépôt hier des listes de candidats par les partis et les accusations de la Russie à l’encontre de l’Ukraine concernant la mort de la fille d’Alexander Dougin.
Sur Twitter, le hashtag #devianze domine, reprenant un terme employé par Fratelli d‘Italia et qualifié de discriminatoire par plusieurs partis dans le contexte de la campagne électorale.
PREMIER PLAN, Corriere della Sera, d’A. Arachi “De Salvini à Conte, les choix des leaders pour des listes plus ou moins blindées” : “Les ténors en lice dans cette compétition n’ont pas tous opté pour des collèges uninominaux. Le secrétaire démocrate Enrico Letta a par exemple évité Sienne où il a été élu, et se présente en Lombardie et en Vénétie à la proportionnelle où il compte bien recueillir les voix de ceux qui travaillent et produisent. Matteo Salvini a lui aussi évité la confrontation au scrutin uninominal et se présente dans trois régions du Sud, Basilicate, Calabre et Pouilles, sans pour autant renoncer à Milan. Berlusconi quant à lui se présente à Milan, à Monza à l’uninominal, mais aussi dans le Latium, en Campanie et dans le Piémont. Le chef des 5 Etoiles Giuseppe Conte évite lui aussi le système uninominal en Lombardie, en Sicile et en Campanie où il n’y aura toutefois pas d’affrontement direct avec l’ancien partenaire Luigi Di Maio mais où ils se disputeront le même électorat. Le ministre des Affaires étrangères se présente également en Basilicate, en Calabre et en Sardaigne. A Rome, les anciens alliés Carlo Calenda et Emma Bonino se retrouveront opposés pour un siège au Sénat. Giorgia Meloni a pour sa part choisi le collège de l’Aquila-Teramo pour se présenter à l’uninominal alors que Fratelli d’Italia peut se targuer d’une importante adhésion dans les Abruzzes. La leader se présentera également ‘’chez elle’’ à Rome, mais aussi en Sicile et en Lombardie où les concurrents sont nombreux (Letta, Conte, Salvini, Berlusconi, Renzi et Bonino). La Toscane est au cœur de la candidature de Matteo Renzi, à la proportionnelle, à laquelle s’ajoutent la Lombardie et la Campanie. Nicola Fratoianni se présentera lui aussi à la proportionnelle dans les trois circonscriptions toscanes. A Bologne, le duel entre Vittorio Sgarbi et Pier Ferdinando Casini est électrique. »
ARTICLE, La Repubblica, « Le scrutin proportionnel, refuge pour les poids lourds politiques » par Giovanna Casadio : « C'est certainement dans les circonscriptions uninominales que le barrage aura lieu le 25 septembre. Il y en a 147 à la Chambre et 74 au Sénat. Parmi celles-ci, certaines sont fermement liées au centre-droit (la plupart d'entre elles, selon les simulations des sondeurs), d'autres sont sûres pour le centre-gauche (comme Bologne, Florence, le centre de Milan), et enfin il y a les "plus contestables". La carte a été élaborée par You-Trend-Cattaneo Zanetto&co. Elle indique 20 circonscriptions uninominales à la Chambre et 11 au Sénat où l'écart entre le centre-droit et le centre-gauche est inférieur à cinq points de pourcentage, là où il y aura vraiment du suspense. Comme à Naples-Fuorigrotta où c'est un derby entre ministres : Mara Carfagna ; ex-FI et ministre du Sud face à Luigi Di Maio, le chef de la Farnesina et leader d'Impegno civico allié au PD. Toujours dans cette circonscription, Giuseppe Conte a décidé de miser sur l'ancien ministre de l'environnement, Sergio Costa. Toujours pour la Chambre, le concours est vraiment ouvert à Naples à San Carlo all'Arena, à Casoria, à Acerra. En Émilie-Romagne, les circonscriptions où le jeu est ouvert sont Modène (où le centre-gauche a présenté le syndicaliste Aboubakar Soumahoro) et Imola (avec le leader des Verts, Angelo Bonelli), puis Ravenne et Forlì. A Rome, la concurrence est de mise à dans la circonscription VII (Roberto Morassut pour la gauche ici) et la XI (le Dem Claudio Mancini). Incertitude aussi pour la circonscription de Pise, allée au constitutionnaliste Stefano Ceccanti, qui défie le député sortant et leghiste Edoardo Ziello. Prato est également très ouverte, le Pd présentant Tommaso Nannicini et le centre-droit la députée sortante de Forza Italia Erica Mazzetti, tandis que le troisième pôle a misé sur Edoardo Fanucci. Pour le Sénat de Prato, le Troisième Pôle espère l'ex-Forzista Barbara Masini, qui a dénoncé le fanatisme de la FI sur la loi Zan et a quitté le parti. À Grosseto, le coordinateur du FdI, Fabrizio Rossi, sera opposé à l'ancien gouverneur de la Toscane, Enrico Rossi. Les défis de la Chambre sont ouverts à Ancône, Milan (Loreto et Bande nere), Turin 3, Gênes ouest et centre-est. Pour le Sénat, dans la circonscription de Milan-centre, ce sera Ivan Scalfarotto, sous-secrétaire à l'intérieur, qui croisera le fer avec Antonio Misiani, chargé de l'économie du PD. Alors qu'à Turin, autre siège contesté, Andrea Giorgis, député démocrate sortant et expert en réformes institutionnelles, sera en concurrence avec Silvia Fregolent pour le troisième pôle et avec Marzia Casolati, sénatrice et bijoutière, pour la Ligue. »
ANALYSE, La Repubblica, « Le jeu du Rosatellum : une pignata qui plait aux chefs de parti pour verrouiller les listes » par Stefano Cappellini : « Le Rosatellum n'est pas une loi électorale. C'est comme le jeu de la pignata : vous gagnez si vous êtes juste en dessous. Mais le jeu est faussé, car les chefs de parti n'avaient qu'à se placer et à placer leurs amis au bon endroit. Le problème est que les bonnes places sont moins nombreuses que les autres années, en raison de la réforme constitutionnelle qui a réduit le nombre d'élus. La loi électorale devait changer avec la réduction du nombre de sièges ; or, elle n’a pas bougé, et elle préserve la possibilité pour les chefs de parti de désigner d'office la plupart des députés et sénateurs. Ce qui a augmenté aussi le nombre de parachutages électoraux. Au PD, la Ligurienne Annamaria Furlan est envoyée en Sicile et la Lombarde Susanna Camusso en Campanie, tout comme le ministre Dario Franceschini et le leader d’Articolo Uno Roberto Speranza, la Marcheuse Laura Boldrini en Toscane, Matteo Salvini - déjà improbable sénateur sortant de Calabre - passe dans le Basilicate tout comme la Padouane Maria Elisabetta Casellati. Maria Elena Boschi est la candidate principale en Calabre après son expérience exotique à Bolzano. A noter le voyage à Marsala de la fiancée de Berlusconi, Marta Fascina, et celui de Maria Vittoria Brambilla à Gela, même Rita Dalla Chiesa est envoyée par Forza Italia en Ligurie sans raison. L'amertume des élus locaux est compréhensible. Les maires sont furieux. Antonio Decaro, premier citoyen de Bari et président de l'Anci, a exprimé sa colère. Et puis il y a les candidatures multiples. Les représentants les plus importants des partis se présentaient avant dans une circonscription avec leur propre nom et ensuite, ils avaient une place garantie dans les listes bloquées ailleurs. Aujourd'hui, la plupart d'entre eux ont même renoncé à se présenter à l’uninominal : ils sont tous têtes de liste. Moins de risque, pas de tache sur le CV en cas d'échec. C’est le cas de Matteo Salvini et Enrico Letta, Matteo Renzi et Nicola Fratoianni. Les exceptions sont Giorgia Meloni à L'Aquila et Silvio Berlusconi à Monza, Carlo Calenda qui défiera Emma Bonino dans la circonscription de Rome centre, et Luigi Di Maio qui se présentera dans une circonscription de Campanie. Bien sûr, ils ont tous des parachutes dans d'autres régions d'Italie. »
COMMENTAIRE, La Repubblica, A. Bonanni, « Elections, le paradoxe des souverainistes » : « Les partis du camp conservateur, Fratelli d'Italia et Ligue, sont alignés en Europe avec les souverainistes, dont ils partagent explicitement les idées : Meloni et Salvini veulent une Italie plus souveraine et moins dépendante des décisions de Bruxelles dans une Europe aux pouvoirs supranationaux réduits. Ces positions sont légitimes. Mais totalement contradictoires. Le paradoxe des souverainistes italiens, vu de Bruxelles, ressemble à une démonstration flagrante de mauvaise foi politique qui effraie encore plus nos interlocuteurs européens. Un État comme l'Italie, dont la dette publique est détenue en grande partie par des investisseurs étrangers et la Banque centrale européenne et qui est financée à hauteur de centaines de milliards par l'argent collecté auprès des contribuables européens, voit évidemment sa souveraineté limitée, non par la cupidité mais par la générosité de ses prêteurs. Au lieu de cela, tous les partis de la coalition de droite proposent des programmes qui augmenteraient la dette, et donc notre dépendance à l'égard de l'Europe, mais demandent en même temps plus de souveraineté par rapport aux directives de Bruxelles, et appellent à réduire les pouvoirs supranationaux de l'UE. Du bouclier anti-spread à la création du Fonds de relance et des OMT (Outright Monetary Transactions) voulues par Draghi lorsqu'il était à Francfort au nouveau « bouclier anti-fragmentation » envisagé par la BCE, c'est toujours la faiblesse de l'Italie qui a renforcé les pouvoirs de l'Europe. Mais si Salvini et Meloni pensent qu'ils peuvent réduire les pouvoirs européens tout en augmentant notre dette envers eux, bonne chance. Les deux pays où les souverainistes sont au gouvernement, la Pologne et la Hongrie, bien que beaucoup plus pauvres que l'Italie, ont une dette publique qui est, en pourcentage, environ la moitié de la nôtre et ils font de leur mieux pour la réduire. Leur souverainisme, au moins, a une once de cohérence. Salvini, Meloni et Berlusconi, en revanche, veulent être souverainistes aux dépens des contribuables européens. »
PREMIER PLAN, Corriere della Sera, d’E. Marro, “Salvini plaide pour une flat tax pour les revenus inférieurs à 70 000 euros, Letta appelle à une réduction des charges pour les travailleurs » : « Impôts, emploi, factures, retraites… les questions sociales embrasent la campagne électorale. Toutefois, la foule de propositions tient rarement compte du coût de celles-ci. Le centre-droit relance l’idée d’une flat tax, soit un taux d’imposition unique sur le revenu, pour les revenus inférieurs à 70 000 euros. La Ligue voudrait qu’il soit fixé à 15% contre 23% pour Forza Italia, alors que Fratelli d’Italia souhaite qu’il ne s’applique qu’aux revenus supplémentaires par rapport à ceux déclarés les années précédentes. Berlusconi plaide pour le taux unique affirmant qu’il favoriserait la croissance. Mais la leader de Fratelli d’Italia préfère se concentrer sur d’autres propositions, comme l’abattement fiscal pour les entreprises qui embauchent. Le secrétaire du Parti démocrate mise plutôt sur la réduction des charges pour les employés afin d’augmenter leurs revenus nets. Le démocrate propose en outre un paquet de cinq mesures sur le front énergétique comprenant notamment le plafonnement des prix du gaz et de l’électricité, des contrats spéciaux pour les ménages en difficulté, le doublement du crédit d’impôt pour les entreprises énergivores. Carlo Calenda entend poursuivre ‘’l’agenda Draghi’’ souhaitant que tous les profits supplémentaires soient utilisés pour faire baisser les factures et critique Letta pour son refus du gaz égyptien. Sur le volet des retraites, plusieurs mécanismes de retraite anticipée arriveront à échéance fin 2022, comme le système ‘’Quota 102’’ permettant de partir à 64 et après 38 annuités. Le prochain gouvernement devra décider quels mécanismes adopter dès 2023. Salvini discute notamment avec les syndicats de la possibilité d’un départ à la retraite après 41 annuités, indépendamment de l’âge. »
PREMIER PLAN, La Stampa, L. Grassia, « Coût du gaz, +13% en un jour : pourquoi le prix a tant augmenté et qui en tire profit » : « Le prix du gaz fait un nouveau bond record, puis redescend un peu, mais entre-temps inflige un nouveau coup aux bourses européennes, tandis que parmi les responsables du MES (Mécanisme européen de stabilité), on avertit que la guerre du méthane entre la Russie et l'Europe pourrait coûter à l'Italie 2,5 % de son produit intérieur brut, et que le PDG d'Enel prévient : « La crise sera plus longue que prévu ». Hier, sur le marché d'Amsterdam, qui sert de référence en Europe, le gaz a touché un sommet historique de 295 euros par mégawatt/heure (s'il s'était arrêté à ce niveau, il aurait fait +20% en une journée), et bien qu'il ait régressé par rapport au record, il a tout de même terminé la journée avec +13,17% à 276 euros. Exprimant l'inquiétude générale, le ministre allemand de l'économie et du climat, Robert Habeck, s'est exprimé hier en ces termes : « Nous devons nous préparer à ce que Poutine réduise encore plus le gaz. Nous avons un hiver très critique devant nous. Cela pourrait même conduire à un blocus total des approvisionnements russes ». Dans le pire des scénarios, un éventuel arrêt des livraisons de gaz russe dès le mois d'août entraînerait l'épuisement des réserves dans les pays de la zone euro d'ici la fin de l'année, ce qui déclencherait un rationnement et conduirait à une récession économique générale : le produit intérieur brut de la zone euro perdrait 1,7 %, mais l'impact serait encore plus fort sur les deux pays les plus exposés, à savoir l'Allemagne et l'Italie, dont le PIB diminuerait de 2,5 %. On estime toutefois que le préjudice subi par les PIB allemand et italien pourrait être ramené à 1,1 % en prévoyant la réduction de 15 % de la consommation de méthane qui figure dans les plans de l'UE. Il y a de bonnes nouvelles : les stocks de gaz italiens ont atteint 79 % des stocks prévus et il y a de bons espoirs que 90 ou 100 % seront atteints avant l'arrivée de la saison froide, lorsque la demande de méthane explosera. Toutefois, les stocks ne garantissent pas la tranquillité : en règle générale, en automne et en hiver, la moitié des besoins sont couverts par les réserves, tandis que l'autre moitié doit être couverte par des importations. Il n'est pas possible de se passer totalement des importations russes, car les flux alternatifs en provenance d'Algérie, d'Azerbaïdjan (via des pipelines) et du Qatar (via des regazéifieurs) ne seront pas entièrement disponibles dans les mois à venir. »
PREMIER PLAN, La Repubblica, A. Zafesova, « Russie, meurtre de Dugina : le Kremlin forge des papiers et prépare sa vengeance » : « La reconstitution des services secret russes ressemble à un film avec une Lara Croft ukrainienne. Cette reconstruction ne mène pas aux coupables mais sert ceux qui veulent le massacre des prisonniers ukrainiens. En réalité, les 36 heures qu'il a fallu au Kremlin pour décider s'il fallait suivre la « piste ukrainienne » prévisible pour la bombe qui a explosé samedi soir dans la banlieue de Moscou, semblent très longues et sont probablement le signe d'une lutte interne : les condoléances de Vladimir Poutine au philosophe nationaliste auraient pu arriver immédiatement, mais le président a préféré attendre pour décider qui accuser d'un « crime lâche » qui a écourté la vie d'une femme « au cœur authentiquement russe ». Un dilemme plus complexe qu'il n'y paraît : le « film » sur un super agent ukrainien infiltré au cœur de Moscou peut certes impressionner et effrayer le public russe, mais il accroît également le sentiment de vulnérabilité que les Russes ont commencé à ressentir après que les missiles ukrainiens ont commencé à frapper la Crimée, obligeant des milliers de touristes à fuir les plages de la péninsule annexée. Le tueur présumé Natalia Vovk (qui signifie « loup » en ukrainien, un autre détail du scénario écrit par les agents secrets russes) est présenté comme un affilié d'Azov. Dimanche soir, dans son message vidéo quotidien, Volodymyr Zelensky a mis en garde le Kremlin contre l'organisation d'un procès contre les soldats d'Azov faits prisonniers par les Russes. Une accusation qui intervient à la veille de la conférence de presse à Kiev des prisonniers échangés par les Russes, qui sont censés raconter les horreurs de la captivité russe, dans laquelle au moins 50 militaires ukrainiens sont déjà morts dans des circonstances plus que suspectes. La « piste Azov » proposée par Moscou pour le meurtre n'explique pas qui a tué Daria Dugina, mais elle indique clairement quel clan du régime russe entend marquer des points sur sa mort. »
ENTRETIEN, Corriere della Sera, entretien de Dmitri Suslov, directeur du centre d’études européennes et internationales de l’Ecole Supérieure d’économie de Moscou et conseiller en politique étrangère du Kremlin, par P. Valentino, correspondant à Berlin, « L’Occident est à bout de forces, les élections en Italie changeront la guerre » : « Le conflit s’est transformé en guerre d’usure mais aucun des adversaires n’est à bout de forces pour le moment. J’inclus l’Occident parmi les adversaires, puisqu’il fournit des armes et de l’aide à l’Ukraine. En Russie, l’opinion selon laquelle Kiev et ses alliés arriveront à l’épuisement les premiers prévaut. La Russie ne montre aucun signe de fatigue et peut continuer ainsi encore longtemps alors que l’Occident a atteint la limite de sa capacité de pression. Les pays ne peuvent pas se permettre de nouvelles sanctions alors que la Russie peut y faire face en s’appuyant sur ces échanges avec la Chine, l’Inde, la Turquie et l’Afrique. L’Ukraine est quant à elle à genoux économiquement. Concernant les élections en Italie, les sondages donnent Fratelli d’Italia et le centre-droit en tête. Le nouveau gouvernement changera probablement d’approche quant à la guerre et aux relations avec Moscou, pouvant ouvrir la voie vers un changement aussi dans d’autres pays européens. Les élections de mi-mandat aux Etats-Unis pourraient également changer les choses dès le début de 2023. D’ici là, la Russie pourrait avoir pris le contrôle de l’ensemble du Donbass. Quant aux négociations en vue d’une trêve évoquées par Erdogan, ce n’est pas réaliste. Il s’est distingué comme le seul modérateur capable d’assurer la médiation entre les parties et nous soutenons l’affirmation d’Ankara sur la scène internationale. Mais l’Occident a montré qu’il n’était pas disposé à négocier pour parvenir à une solution diplomatique. L’opinion publique perçoit l’attitude des pays baltes et de l’Occident comme une preuve de russophobie, pas seulement contre le Kremlin mais aussi contre le peuple et l’identité russes. Quant à la mort de la fille de Dougin, je doute fortement qu’il s’agisse d’un attentat de matrice ukrainienne. »
(Traduction : ambassade de France à Rome)
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