"Salvini : j’ai toujours l’espoir de rencontrer Lavrov."
03/06/2022
Italie. Revue de presse.
Les 100 jours de la guerre en Ukraine sont à la une de la presse italienne qui met en avant trois informations : le contrôle d’1/5ème du territoire ukrainien par les Russes, les rumeurs sur l’état de santé de Vladimir Poutine d’après des sources américaines et l’approbation du sixième paquet de sanctions par l’Union Européenne, avec une dérogation pour la Hongrie perçue comme une concession faite à Viktor Orban. « Moscou contrôle 20% de l’Ukraine. De nouvelles sanctions [sont approuvées] mais l’UE sauve le patriarche Kyrill. D’après le renseignement américain, Vladimir Poutine serait soigné pour une tumeur. » (Corriere della Sera), « 100 jours de guerre - ´Les Russes occupent 1/5ème du pays’ déclare Zelensky. Selon les services de renseignement américains, Poutine a été opéré en avril, il est malade. L’UE approuve les sanctions sur le pétrole, Orban sauve Kyrill. » (La Repubblica), « ‘Poutine a un cancer’. Le Président russe aurait échappé à un attentat en mars et aurait été opéré en avril pour une tumeur. Sur les sanctions, c’est Kyrill qui gagne.» (La Stampa), « Les sanctions ‘corrigées’ par Orban - L’UE approuve les mesures en excluant le patriarche Kyrill comme demandé par le leader hongrois. Zelensky admet que ‘20% de l’Ukraine se trouve aux mains des Russes’. Selon le renseignement américain, Poutine a une tumeur » (Il Messaggero), « Sanctions, le feu vert de Bruxelles mais pas pour Kyrill ; des défauts de paiement pour Moscou » (Sole 24 Ore).
Le défilé d’hier à l’occasion de la fête nationale italienne célébrant la naissance de la République le 2 juin 1946 et auquel a notamment assisté le Président Sergio Mattarella est aussi largement cité par les quotidiens. « ‘La République se mobilise pour la paix’ dit Mattarella » (Corriere della Sera), « Les médecins défilent lors de la parade ; avec Mattarella la protection civile est célébrée » (La Repubblica), « Lors de la parade du 2 juin, les médecins et les infirmiers ont également défilé devant le Président Mattarella - ‘La République de la paix’ » (La Stampa), « Le retour des célébrations sur les places à l’occasion du 2 juin » (Il Messaggero), « Fête du 2 juin, Mattarella invoque ‘’la paix, la dignité et la souveraineté démocratique’’ » (Sole 24 Ore).
PREMIER PLAN, Corriere della Sera, « Orbán, le “Monsieur Non qui fait du chantage à Bruxelles », de Paolo Valentino : « Il ne faut plus jamais faire confiance à Viktor Orbán. Ces dernières heures, le Premier ministre hongrois a offert la énième preuve de son manque total de fiabilité : il a d'abord donné son feu vert à l'embargo européen sur les importations de pétrole russe, au prix d'exceptions avantageuses pour son pays, qui pourra continuer à en acheter. Puis il a défait la toile laborieusement tissée la veille avec ses partenaires de l'UE et a opposé un nouveau veto à l'accord encore fraîchement signé. Enfin, il a exigé et obtenu que le nom du patriarche russe Kirill soit retiré de la liste des sanctions, une captatio benevolentiae claire pour Vladimir Poutine. Bien au-delà de cette question spécifique, la nouvelle poussée de Viktor Orbán pose en termes encore plus clairs le problème d'un leader politique et d'un pays de plus en plus imprévisible et incompatible avec l'esprit et la lettre du pacte européen. Au pouvoir depuis 2010, Orbán a transformé la Hongrie en une démocratie illibérale, où son parti, le Fidesz, controle effectivement l'État, sans contraintes ni contrôles. Orbán est en difficulté sur la scène intérieure et envoie un message : la Hongrie, c'est moi. En effet, la Commission européenne continue de retenir les fonds européens de la prochaine génération destinés à la Hongrie, où le premier ministre et son gouvernement se moquent de l'État de droit. Mais Orbán a un besoin urgent de cet argent : il a fait trop de cadeaux électoraux en s'endettant pendant la campagne (une autre raison de la victoire) et maintenant les caisses publiques sont vides. L'autre problème d'Orbán est son isolement croissant. La guerre en Ukraine a fait exploser l'entente cordiale avec la Pologne, chef de file du camp anti-Poutine. Non seulement Orbán évite de critiquer le Kremlin et tente de maintenir de bonnes relations avec la Russie, à laquelle il achète 60 % de son pétrole et 85 % de son gaz, mais, pendant la campagne électorale, il a également qualifié Zelensky de grand ennemi. Son attitude modérée à l'égard des sanctions lui a aliéné de nombreuses sympathies en Europe centrale et orientale : "S'il continue comme ça", déclare un diplomate européen, "il finira par que la Pologne approuve également la procédure de l'article 7", en référence à l'action disciplinaire de l'UE contre la Hongrie pour violation des droits fondamentaux, jusqu'ici bloquée par le refus de Varsovie. Combien de temps Orbán sera-t-il autorisé à abuser de la patience de l'UE ? »
PREMIER PLAN, La Repubblica, de C. Tito, « Sanctions européennes, Orban gagne encore, le patriarche russe a été retiré de la liste noire » : « L’UE a finalement approuvé le sixième paquet de sanctions contre la Russie mais a dû céder pour la deuxième fois au chantage de Viktor Orban. D’abord en accordant une dérogation spéciale pour la Hongrie sur l’embargo sur le pétrole puis en retirant le patriarche de Moscou, Kyrill, de la ‘liste noire’, afin d’éviter le véto du dirigeant hongrois. Les négociations commençaient vraiment à mettre l’UE en difficulté et, depuis l’annonce imprudente d’U. von der Leyen il y a un mois au Parlement européen, on a pu voir les divisions internes, la fragilité du système décisionnel européen mais également le point faible que représente la Hongrie pour l’UE. De fait, Orban a démontré par les faits qu’il voulait être le défenseur de Poutine auprès de l’Europe. Il a atterri dans le viseur des 26 qui ne perdront pas une occasion de le mettre en difficulté, en commençant par les fonds du Plan de relance. Mais pour le moment, Orban et ses proches exultent. Au final toutefois, 92% du pétrole russe, celui qui est importé par bateau, sera bloqué à partir de 2023 avec une série de dérogations pour la Hongrie sur l’oléoduc Droujba, et des délais plus longs pour la République Tchèque et la Bulgarie. L’importante banque russe Sherbank va également être exclue du système SWIFT dès demain et l’exportation vers la Russie de produits chimiques utilisés dans l’industrie des armes, du raffinement du pétrole et des technologies va être interdite. A Bruxelles, personne ne pense que la ‘’question hongroise’’ peut en finir là et le sujet de la révision de la règle de l’unanimité est devenue inéluctable. »
ARTICLE, Corriere della Sera, « Salvini : j’ai toujours l’espoir de rencontrer Lavrov. Et il s’en prend au Copasir et querelle avec Di Maio » de Cesare Zapperi : « C’est ridicule et scandaleux que certains me menacent et m’intimident ». Que le Copasir envisage d'enquêter sur ce que fait le secrétaire de la Ligue et sur les personnes qu'il rencontre. “Ce sont des intimidations inacceptables". Matteo Salvini ne se laisse pas faire, il juge l'hypothèse que la commission parlementaire de sécurité s'occupe de son projet de mission en Russie complètement déplacée d'un point de vue institutionnel. Et il persiste, car son idée de partir pour Moscou n'a pas du tout été abandonnée. Avec un objectif : rencontrer le ministre des affaires étrangères Sergei Lavrov. Le président du Copasir, Adolfo Urso, s’est pourtant montré rassurant en disant que le comité « ne porte jamais d'appréciation politique sur les activités des parlementaires". Salvini ne renonce pas : "Je compte tout faire pour la paix, même, si nécessaire, parler à Lavrov. Je continue à travailler la tête haute et en toute transparence pour la paix. Je n'ai pas eu de nouvelles du ministre russe des Affaires étrangères, je devais le rencontrer. Cela aurait été une opportunité et j'espère que ce sera une opportunité importante". Le secrétaire Léghiste confirme à nouveau ses rencontres avec l'ambassadeur russe. "Si je dois demander un cessez-le-feu, je dois le demander à la Russie, qui a déclenché le conflit. Je l'ai fait et je le referai avec transparence, sans rien demander en retour, car il s'agit de l'intérêt national de l'Italie". Salvini s’en prend à Luigi Di Maio et son 'pseudo plan de paix (que personne de la Ligue n'a vu) qui a duré un quart d'heure et ensuite on ne sait pas dans quel bac il s'est retrouvé'. Salvini l'attaque pour la deuxième journée consécutive : "Ce serait bien si nous avions un ministre des affaires étrangères opérationnel et crédible. Il n'est pas considéré comme tel dans tous les pays du monde". Le ministre des affaires étrangères réagit par des propos venimeux : "Il me semble que c'est un film que nous avons déjà vu, un Papeete 2. Vous vous souvenez quand il a fait tomber le gouvernement Conte I ? Tout a commencé comme ça, en critiquant les différents ministres jusqu'à les débrancher". »
COMMENTAIRE, La Repubblica, « Le chef crédule et sa cour improbable de faux pacifistes » par Francesco Merlo : « Matteo Salvini n'ira pas voir Poutine, mais peut-être le verrons-nous avec Antonio Ingroia, guest star de la soirée du Fatto Quotidiano. Et peut-être même donnera-t-il une leçon magistale à la Luiss, présentée par Alessandro Orsini, Donatella Di Cesare et le général Fabio Mini. Pour sûr, depuis qu'il est devenu l'idole de ses ennemis, Salvini, surtout au sein de la Ligue, ne jouit plus du respect qu’il avait avant. Désormais défendu par Santoro et Travaglio, il est même considéré comme un vieux camarade par Marco Rizzo, le secrétaire des communistes. Ce leader qui montrait les muscles contre les violeurs et les voleurs s'est fait escroquer par l'avocat napolitain Antonio Capuano qui, outre la fontaine de Trevi, lui a vendu le Vatican, le pape, Parolin, le méchant ministre russe des affaires étrangères Lavrov et, évidemment, un plan de paix en quatre points que "François ne bénit pas, mais laisse faire", "et Poutine l'apprécie aussi". On apprend même qu’il s’est pris à écouter Francesca Chaouqui, qui a ourdi le voyage malheureux de Salvini en Pologne, juste à la frontière avec l'Ukraine. Et maintenant Chaouqui et Capuano, qui dans cette bande de faux pacifistes sont les seuls professionnels, deux vrais et donc honnêtes fraudeurs, se battent l'un contre l'autre pour Salvini. Fiers des quatre réunions avec l’ambassadeur russe, du dîner "pour la paix". Et il faut dire que cette Russie de Rome, avec laquelle Salvini " prétend " avoir eu " des rencontres dans l'intérêt exclusif de la paix et de l'intérêt national italien ", n'est pas celle du sombre Dostoïevski, mais celle du Tchekhov grotesque et comique des premières nouvelles. Pauvre Salvini. Il est difficile de dire combien de temps durera son temps dans la Rome des escrocs et des faux pacifistes, des néo-communistes à Casa Pound, mais il est certain que le vieux leader de l’époque n'est plus. »
ARTICLE, Corriere della Sera, « A la Rai, Orfeo prend la tête du journal de la 3. Jeu de chaises musicales dans les directions » par Antonella Baccaro : « Mario Orfeo, démis mercredi dernier par le DG de la Rai, Carlo Fuortes, car "le rapport de confiance a été rompu" a retrouvé un poste. Ces changements permettent de conserver les équilibres politiques délicats à la tête de la RAI. Une manière de clore les semaines de polémiques sur le traitement de l’information sur le conflit en Ukraine notamment. L’un des effets de cette nomination est aussi de rassurer Bianca Berlinguer, dont le programme #CartaBianca risque désormais moins de bouleversement. Quant à Fuortes, on verra dans les prochains jours comment il est sorti de cette affaire. Si son but était d'éliminer un concurrent possible comme Orfeo, il a réussi. Mais l'agitation créée par l'éviction de l'ancien directeur général, avec les appels du Palais Chigi pour qu'il mette de l'ordre, laisse des séquelles. Fratelli d'Italia a pris la parole, par la voie de Daniela Santanchè et Fabrizio Mollicone, pour dénoncer le "manque total de contrôle de l'entreprise" par son directeur général. Pour Michele Anzaldi, d'Italia Viva, il y a toujours un manque de "transparence" dans les choix de Fuortes. Le M5S et la Ligue continuent de garder le silence. »
(Traduction : ambassade de France à Rome)
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