La Ligue : "Poutine nous attend et nous sommes prêts à lui montrer notre plan pour la paix."
30/05/2022
Italie. Revue de presse.
La presse italienne titre largement sur le Conseil Européen de ce lundi, mettant en exergue la possibilité que la solution du prix-plafond sur le gaz proposée par M. Draghi puisse être adoptée malgré les divisions des 27 à l’égard de l’embargo sur le pétrole russe : « L’Europe ouvre sur un prix-plafond pour le gaz » - Le Conseil Européen se tient aujourd’hui ; Orban s’oppose toujours aux sanctions. Zelensky se rend à Kharkiv, la Russie intensifie les bombardements (Corriere della Sera), « L’accord sur l’énergie a été trouvé en Europe» - Feu vert au prix-plafond sur le gaz, comme demandé par Draghi. La Commission devra maintenant s’exprimer. Fumée noire pour l’embargo sur le pétrole russe (La Repubblica), « L’Europe est divisée sur les sanctions » - Bruxelles est encore enlisée face à l’embargo sur le pétrole. Le Conseil Européen pourrait ne pas trouver un accord (La Stampa), « Accord sur le prix-plafond pour le gaz si le G7 devait trouver un accord » (Il Messaggero). La découverte de plusieurs cadavres de civils ukrainiens tués à Marioupol est aussi citée avec large couverture photographique en Une : « La boucherie de Marioupol » (Repubblica, Stampa).
Les JT couvrent essentiellement la recherche d’un accord sur l’embargo au pétrole russe lors du Conseil européen extraordinaire d’aujourd’hui ainsi que les échanges téléphoniques du Président turc avec ses homologues russe et ukrainien. L’offensive russe sur le Donbass et les bombardements sur Severodonetsk sont aussi largement commentés. L’appareillage de l’Ocean Viking et le débarquement en Sicile des 294 migrants qui se trouvaient à son bord après onze jours d’attente en mer et la tentative de dégradation de la Joconde font également l’objet de sujets.
ARTICLE, Repubblica, A. Ginori « La pression ultime de l’UE sur Poutine pour qu’il rouvre les ports ukrainiens » : « Pour résoudre la crise alimentaire mondiale, la Commission Européenne propose la création de « corridors de solidarité » sur lesquels faire transiter le blé, via des itinéraires passant par la Roumanie et la Pologne. Cela permettra la livraison de 2 millions de tonnes de blés avec toutefois un déficit de 4 millions de tonnes. Une source de l’Elysée fait savoir que ‘’une autre option, sollicitée par les Etats-Unis, consiste à utiliser les chemins de fer à travers la Biélorussie jusqu’aux ports baltiques’’. Or, le problème politique demeure : Loukachenko, le dictateur ami de Poutine, pourrait demander en contrepartie un allègement des sanctions. C’est le même chantage qui pèse sur la volonté de Poutine d’ouvrir des corridors à Odessa. Le Tsar continue de dire que la crise alimentaire est due aux sanctions contre la Russie. ‘’Nous devons démonter la narration russe : la crise est provoquée par la guerre’’ fait-on savoir de l’Elysée, où l’on n’abandonne pas la tentative de dialoguer avec Moscou. La France et l’Allemagne, avec le soutien de l’Italie, œuvrent toujours pour l’ouverture d’un « corridor maritime » qui sera de toute façon plus performant que celui sur rails : un train peut transporter 60 tonnes de blé, un navire 60 000. »
ENTRETIEN, Il Corriere della Sera, de Manfred Weber, chef de groupe du PPE au Parlement Européen : « ‘’Le véto hongrois est une provocation. Il faut changer les règles de prise de décision’’ » : « Il est moralement inacceptable que nous continuions de financer Poutine et sa guerre avec nos factures d’énergie. Nous devons bloquer le pétrole russe. Les leaders doivent se parler, ce sont des temps difficiles mais il doit y avoir un dialogue. Il doit être clair, cependant, que, pour nous, Poutine est un criminel de guerre qui enfreint toutes les règles internationales. Seuls nos amis ukrainiens pourront décider des conditions de la trêve ou de la paix futures. Poutine doit perdre la guerre. Kiev doit se défendre et nous devons lui donner les armes. Elle doit savoir que nous sommes complètement de son côté. En tant qu’Européens, nous sommes tous dans le même bateau. Nos valeurs sont en jeu. Si Poutine remporte une victoire en Ukraine, il ne s’arrêtera pas et continuera probablement avec les pays Baltes et d’autres. En parallèle de la question russe, nous devons faire face, au niveau global, à la question chinoise : si Poutine gagne, tous les systèmes autocratiques se sentiront motivés pour attaquer les démocraties. Ce qui se passe aujourd’hui en Ukraine pourrait se produire demain à Taiwan. Le véto de la Hongrie est une provocation contre le reste de l’Union. C’est un signal d’alarme : nous devons changer nos règles de prise de décision et décider à la majorité. En ce qui concerne le blé, nous devons étudier toutes les options. Le risque d’une crise mondiale de la faim est vraiment considérable. Je demande à la Commission de faire en sorte que nous puissions augmenter notre production agricole sur nos territoires. »
ENTRETIEN, Corriere della Sera, d’Antonio Capuano, conseiller diplomatique de Matteo Salvini « Poutine nous attend et nous sommes prêts à lui montrer notre plan pour la paix » : « ‘’Nous aurions dû nous rendre à Moscou pour présenter un plan de paix basé sur 4 points : le repérage d’un lieu neutre où ouvrir les négociations, nommer trois garants, soit des personnalités institutionnelles d’Italie, de France et d’Allemagne et un garant moral, un cessez-le-feu et ensuite la visite d’une grande personnalité internationale à Moscou et à Kiev. S’il s’agirait du Pape ? Je ne peux pas répondre. Le Sénateur Salvini a agi par le biais des canaux diplomatiques officiels, notamment russes. Vous me demandez si Poutine était au courant ? Mais bien sûr. Par ailleurs, il y a eu des signaux qui sont arrivés depuis Moscou. Vous vous rappelez quand le 19 mai Salvini avait demandé à Draghi de se battre pour faire retirer la candidature de Moscou pour l’Expo ? Et bien le 23 mai, Moscou a effectivement retiré sa candidature. Quelques jours après, les Russes se sont dits prêts à faire repartir les navires chargés de blé. C’est là un autre signal d’ouverture qui n’est pas un hasard : Salvini et moi-même en avions parlé à l’ambassade russe. Les Russes nous ont dit que sur ce point nous pouvions faire pression. L’action de Salvini était seulement vouée à mettre fin au conflit. L’idée était d’en informer le gouvernement quelques heures avant le départ afin de ne pas compromettre les négociations. La mission à Moscou a été annulée car Salvini a assumé la responsabilité de ne pas exposer le gouvernement et la Ligue à des divisions et à des polémiques. Salvini a été critiqué de manière injuste car l’opinion publique n’était pas informée de ce plan. Ceux qui étaient contre auraient pu le convoquer à la Commission affaires étrangères pour qu’il s’explique. C’est Salvini lui-même qui m’a autorisé à le dévoiler’’ »
ENTRETIEN, Corriere della Sera, de Sergei Markov, ancien conseiller politique de Poutine et ex-député de la Douma, « [Matteo Salvini] est le bienvenu, c’est le leader d’un parti ami, il faut créer une ouverture » : « Les présidents Mario Draghi et Emmanuel Macron n’entendent pas nos positions et les raisons qui nous guident. C’est pourtant avec eux que nous devrions dialoguer. Mais si les présidents et les ministres ne sont pas capables de résoudre la situation, les leaders de partis amis sont aussi les bienvenus. Matteo Salvini pourrait être reçu par le Président Poutine, ou par Sergei Lavrov ou, c’est presque certain, par le porte-parole de la Douma. C’est légitime puisque son parti a des contacts avec Russie Unie. Il y a un problème à résoudre, or le plan pour un compromis proposé par l’Italie est très critiqué ici car il ne tient pas compte de l’énorme différence entre la position russe et la position européenne qui, à ce jour, ne permet pas de compromis. Pour nous Guterres ne représente pas l’ONU, il n’est qu’un sponsor philo-américain. L’Ukraine est un Etat terroriste soutenu depuis huit ans par les politiques européens. Un accord est impossible si l’on ferme les yeux sur les crimes de Kiev depuis 8 ans. »
LETTRE, Corriere della Sera, de Silvio Berlusconi, dirigeant de Forza Italia » : « La ligne du parti est claire, tout comme mes déclarations » : « Cher directeur, dans un article du 29 mai publié par votre quotidien, le journaliste Roberto Gressi m’a qualifié de personne « fatiguée et ennuyée », c’est peut-être le seul passage vrai d’une série de calomnies sur ma personne par le quotidien italien le plus prestigieux. Ce qui est fatigué et ennuyeux, c’est l’image triste de l’analyse politique sur mon parti. J’espère alors que le contenu de cet article représente uniquement l’opinion personnelle de son auteur. A l’occasion du meeting de Naples à laquelle vous nous avez fait l’honneur de participer, Forza Italia s’est rassemblée encore une fois autour de son leader et de notre ligne claire et responsable : la ligne de ceux qui ont voulu en premier soutenir le gouvernement Draghi et qui le soutiendront de manière loyale jusqu’à sa fin naturelle de la mandature, sans renoncer à nos idéaux. Au sein d’un grand parti libéral il peut y avoir des opinions divergentes, cela est tout à fait normal mais je vous assure que mes collaborateurs et les dirigeants de Forza Italia mettent en œuvre uniquement mes indications et je fais pleinement confiance à leurs actions. Quant à l’Ukraine, la position de Forza Italia et la mienne est celle de la motion votée au Parlement Européen. J’ai clairement dit que l’Ukraine est un pays agressé et que nous devons l’aider à se défendre. Forza Italia reste du côté de l’Europe, de l’Alliance Atlantique, de l’Occident et des Etats-Unis. Rapporter des bouts de phrases dans une conversation faite à table faisant partie d’un raisonnement bien plus complexe est une mauvaise façon de faire de l’iinformation. » [*dans cet article « duels, intrigues et vents de scissions », le journaliste rapporte des propos de certains ténors du parti déplorant le fait que les nouveaux coordinateurs de Forza Italia Licia Ronzulli et Marta Cascina aient désormais un rôle politique allant jusqu’à filtrer les appels téléphoniques, l’article jugeant que ceci isolerait Berlusconi ndlr.]
(Traduction : ambassade de France à Rome)
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