"Une révolution de la solidarité en Europe : "Mille euros par réfugié et la gratuité des transports.""
28/03/2022
Italie. Revue de presse.
La prise de distance des alliés sur les propos du Président J. Biden à l’égard du Président V. Poutine, fait les gros titres des quotidiens italiens. La reprise des discussions autour d’un cessez-le-feu et le plan européen pour l’accueil des réfugiés sont également cités.
PREMIER PLAN, La Repubblica, C. Tito : « Une révolution de la solidarité en Europe : ‘’Mille euros par réfugié et la gratuité des transports’’ » : « C’est une véritable révolution : la proposition des ministres de l’Intérieur allemand et polonais au sujet de l’accueil des réfugiés remet en discussion les politiques migratoires adoptées jusqu’à présent par l’UE. Le Conseil des ministres de l’Intérieur de l’UE, réuni aujourd’hui à Bruxelles, devra examiner ces propositions, qui concernent 1 000 euros « forfaitaires » tous les six mois pour chaque refugié hébergé (considérant que l’on compte déjà 4 millions de réfugiés et autant de déplacés, les 3.5 milliards prévus par l’UE semblent insuffisants), introduire une formule permettant aux réfugiés de se rendre dans le pays de l’Union de leur choix et faire en sorte de leur assurer la gratuité des transports afin de faciliter la répartition des flux (toute « redistribution » étant juridiquement inapplicable). Le troisième point, implicite, est celui de l’allocation des fonds du plan de relance à la Pologne : le gel des fonds du Pnrr pour la Pologne est-il encore tenable ? La mesure avait été prise pour punir la Pologne de ses manquements à l’Etat de droit mais, au vu de la situation, il sera difficile de ne pas débloquer ces fonds. En sera-t-il de même pour la Hongrie ? »
ARTICLE, Corriere della Sera, A. Ziniti « En Italie, pour l’aide aux familles qui accueillent des réfugiés : jusqu'à 30 euros par jour et par réfugié » : « L'ordonnance de la protection civile qui prévoit des contributions pour les associations, les communes et les régions devrait être adoptée aujourd’hui. Les familles qui accueillent des réfugiés pourraient recevoir une contribution de 25 à 30 euros par jour et par réfugié versée par le biais des associations, pour faire face aux frais supplémentaires. Si les flux d’arrivées diminuent (1500 personnes par jour), plus de deux tiers des 72 000 réfugiés d’Ukraine arrivés en Italie sont hébergés chez des particuliers. Les réfugiés se logeant par leurs propres moyens pourraient aussi recevoir un chèque de 5000 à 6 000 euros pour 90 jours. Sont aussi envisagées l’augmentation de 10 euros par jour et par personne du financement des centres d’accueil et une contribution unique pour les services sociaux des communes. Le recensement des mineurs non accompagnés en Italie s’avère, enfin, plus difficile que prévu. On en compte actuellement 300, soit une part infime des 28 000 enfants arrivés. La loi italienne ne reconnait pas comme tuteur légal certaines personnes accompagnant les enfants (voisin, éducateur, parent éloigné…), et désigne alors un tuteur, ce qui pourrait créer des conflits avec les autorités ukrainiennes. Du côté de l’Union européenne, les Ministres de l’Intérieur des 27 doivent trouver un accord sur les fonds à dédier à l’accueil des migrants. La ministre L. Lamorgese portera le principe de solidarité qu’elle fait valoir pour l’Italie dans le cadre des négociations sur le Pacte Asile et Migration, face aux demandes de la Pologne, qui menait précédemment l’opposition du groupe de Visegrad. »
SONDAGE, La Repubblica, I. Diamanti : « Popularité des leaders étrangers : première place pour Von der Leyen, Poutine s’effrondre, Biden chute » : « Un récent sondage Démos a s’est intéressé à la popularité des leaders étrangers. En première position, Ursula Von der Leyen voit sa popularité augmenter avec 58% d’opinions favorables en mars 2022, contre 47% en mars 2021 ; en seconde position, Volodymyr Zelensky avec 53% d’opinions favorables en mars 2022 (aucune donnée pour mars 2021) suivi d’Emmanuel Macron dont la popularité augmente, avec 42% d’opinions favorables en mars 2022, contre 40% en mars 2021. Vient ensuite Joe Biden avec 36% d’opinions favorables, soit une très forte chute en comparaison de mars 2021 où le président américain était fort de 58% d’opinions favorables. La popularité de Boris Johnson baisse également : elle passe de 38% en mars 2021 à 31% en mars 2022. Le chancelier allemand, Olaf Scholz, n’est pas très populaire auprès des Italiens : 29% en 2022 (aucune donnée en 2021 puisqu’il n’était pas aux affaires). Vladimir Poutine arrive en dernière position et enregistre une chute vertigineuse, passant de 42% d’opinions favorables en mars 2021 à 8% aujourd’hui. Auprès des partis, les côtes de popularité sont les suivantes : Von der Leyen remporte 84% d’opinions favorables au Pd, 66% auprès de Forza Italia, 51% à la Lega, 47% chez Fratelli d’Italia, 52% au M5S. V. Zelensky : 69% au Pd, 57% chez FI, 44% auprès de la Lega, 50% chez FdI, 56% au M5S. Emmanuel Macron : 71% au Pd, 47% chez FI, 38% à la Lega, 30% chez FdI, 39% au M5S. Joe Biden : 54% au Pd, 31% chez FI, 40% à la Lega, 31% chez FdI, 32% au M5S. Boris Johnson : 33% au Pd, 52% chez FI, 37% à la Lega, 29% chez FdI, 28% au M5S. Olaf Scholz : 48% au Pd, 36% chez FI, 25% à la Lega, 25% chez FdI, 28% au M5S. Quant à Vladimir Poutine, en mars 2022, il remporte 13% d’opinions favorables auprès de la Lega contre 65% en mars 2021 ; 9% chez FdI contre 67% en mars 2021 ; 9% au M5S contre 38% en mars 2021 ; 8% au Pd contre 29% en mars 2021 ; 7% chez FI contre 55% en mars 2021. En 2021, Poutine arrivait en tête des préférences pour les électeurs de Fratelli d’Italia, Lega, FI et M5S. Il est intéressant de noter comment Von der Leyen s’impose « au-dessus de tous les autres » : cette donnée vient confirmer l’importance, pour les Italiens, de l’Union Européenne. L’idéal des pères fondateurs de l’Europe était de mettre fin aux guerres sur le continent : il n’est pas encore réalisé. Aujourd’hui plus que jamais, nous n’avons pas le droit de nous résigner. »
COMMENTAIRE, Corriere della Sera, de Paolo Mieli, « L’Ukraine, la guerre, les armes : une comédie risquée » : « Le débat autour de l’augmentation des dépenses militaires et la décision de consacrer 2% du PIB de l’Italie à la défense se superpose, chez les 5 Etoiles, à une échéance propre au Mouvement. Il s’agit des élections internes du M5S, pour lesquelles Giuseppe Conte est le seul candidat mais dont il espère bien obtenir une consécration lui permettant de mettre à l’écart Luigi Di Maio, qui n’est pourtant pas officiellement un adversaire. Il n’était toutefois peut-être pas nécessaire de récupérer dans le cadre d’une telle élection la guerre en Ukraine ou les engagements de l’Italie en tant que membre de l’OTAN. Du reste, on ne peut pas dire que les autres forces politiques se soient particulièrement montrées à la hauteur des heures que nous sommes en train de vivre. Si les dirigeants des principales formations politiques de gauche et de droite ont su prendre des positions nettes, rares sont ceux qui, au sein de leurs rangs, leur ont prêté main forte. A l’inverse, le Président de la Commission affaires étrangères du Sénat, le chef de la Gauche Italienne et le secrétaire du syndicat Cgil ont exprimé clairement leur hostilité à l’OTAN et aux Etats-Unis. On peut avoir l’impression que les opinions sont très largement favorables à la cause plaidée par Zelensky, mais ce n’est pas ainsi. Beaucoup ont éprouvé le besoin de nuancer leur prise de position officielle. La scène politique italienne a offert de bonnes et de moins bonnes surprises. A gauche, certains comme Pier Luigi Bersani ont expliqué combien il était inopportun de suggérer aux Ukrainiens de se rendre. Curieusement, un mois après le début de la crise, Matteo Renzi plaide en faveur d’une médiation de Romano Prodi et Angela Merkel. Carlo Calenda a jugé que le moment était venu d’exprimer son désaccord quant à l’entrée de l’Ukraine dans l’UE et Matteo Salvini a jugé que c’était le bon moment pour annoncer son allergie aux armes. Silvio Berlusconi a jugé prudent de ne pas s’intéresser au comportement actuel de son ‘’ami Poutine’’, probablement parce qu’il espère être appelé à jouer les médiateurs. Ajoutons à cela que le Parlement est pratiquement paralysé, que les fameux objectifs du Plan de Relance ont disparu de l’horizon et qu’on envisage déjà d’en élaborer un nouveau. Il ne reste qu’un élément irrévocable, à savoir les élections qui se tiendront dans un an. Si nous les abordons de la même façon, cela pourrait être très risqué. »
(Traduction : ambassade de France à Rome)
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