"Visite des Premiers ministres polonais, tchèque et slovène à Kiev."
16/03/2022
Italie. Revue de presse.
La visite des Premiers ministres polonais, tchèque et slovène à Kiev en soutien du gouvernement de V. Zelensky ainsi que les bombardements sur la capitale font les gros titres de la presse italienne. Les observateurs soulignent l'action des trois pays de l'Est décidée sans réel appui de la part de Bruxelles ou des chefs d’Etat européen. Le siège de Marioupol et les difficultés à sortir de la ville sont aussi cités, la résistance et la détresse de sa population sont rapportées en détail dans les reportages : « La diplomatie défie les missiles » - Trois premiers ministres européens se rendent à Kiev, la Turquie s'active et Zelensky renonce à l'Otan. Mais les Russes frappent les maisons (Corriere della Sera), « L'Europe se rend à Kiev » - Les premiers ministres polonais, tchèque et Slovène se rendent à Kiev malgré les bombes mais pas au nom de l'UE. A Marioupol, un hôpital est tenu en otage par les Russes (La Repubblica), « Le carnage » - Les Russes tiennent en otage 400 personnes dans l'hôpital de Marioupol (La Stampa), « Biden en visite en Europe pour le sommet de l’Otan, Zelensky renonce à l'alliance atlantique » (Sole 24 Ore), « Un hôpital retenu en otage » (Il Messaggero), « Aux armes » - Une note de l'État-major de l'Armée annonce le début des exercices et limite la possibilité de prendre des congés : la menace est réelle (Il Giornale).
PREMIER PLAN, La Repubblica, de Claudio Tito, “ La stratégie de Varsovie divise l’Union européenne” : “Vendredi dernier à Versailles, le Premier ministre polonais a informé en ces termes ses homologues européens de son intention de se rendre à Kiev ‘’je veux vous faire comprendre que nous pouvons faire plus, que l’Europe peut faire plus’’. Cette annonce n’a pas eu un très bon effet sur l’assemblée. Le voyage a bien eu lieu, hier, en présence des chefs de gouvernement slovène et tchèque. Il a été perçu en premier lieu comme une provocation vis-à-vis de l’Union, ‘’faites-en plus’’. Au point que le Président Emmanuel Macron, également président tournant de l’UE, n’a pas du tout accueilli la nouvelle de façon favorable. Il a au contraire fait comprendre qu’il ne la considérait pas une initiative positive. Le risque étant de donner une image moins unie de l’Europe, voire de division et ce alors qu’au cours de ces trois semaines de conflit, le front occidental s’est justement montré soudé. Ce n’est pas un hasard si le Président du Conseil européen Charles Michel a rappelé que la visite en Ukraine des trois chefs de gouvernement n’était pas mandatée par l’UE et qu’elle n’était pas sans risque, rappelant notamment que les trois ne parlaient pas au nom des 27. Il est évident que la Pologne, la Slovénie et la République tchèque sont des pays particulièrement sous pression dans la crise ukrainienne, du point de vue des réfugiés, de la politique et de leurs rapports avec la Russie de Poutine. Le Premier ministre polonais utilise en outre cette mission pour faire oublier son volteface sur la livraison à Kiev des avions de chasse. Le reste de l’UE tente de nuancer le poids de cette initiative. Bien qu’Olaf Scholz ne l’approuve pas, il a tout de même voulu saluer la volonté de ‘’contribuer de façon différente à l’effort actuel’’. Mais cela montre au fond que les rapports changent entre les 27 : les institutions européennes observent avec une certaine satisfaction ce revirement de la part des pays du groupe dit de ‘’Visegrad’’ et des gouvernements populistes qui passent, non sans difficulté, d’une position critique vis-à-vis de l’européisme à une demande d’aide adressée à l’UE. »
PREMIER PLAN, La Repubblica, d’A. Bonanni, “Le train qui défie le siège” : “Un train en direction de Kiev transportant un morceau d’Europe a traversé l’Ukraine en guerre. Il porte message très concret : après trois semaines d’invasion et des milliers de morts, l’objectif principal des forces russes, à savoir l’occupation de la capitale et l’installation d’un régime fantoche, n’a pas été atteint puisque la ville est encore libre et atteignable. Le Président Zelensky reste à son poste, recevant les collègues européens, tentant même d’organiser une conférence de presse, malgré tout. ‘’L’opération militaire spéciale de Poutine’’, du moins pour le moment, a échoué. Ses chars ne parviennent pas à arrêter un train civil entrant dans la ville ou, pire encore pour l’homme fort du Kremlin, ils n’osent pas le faire. Le train porte également un message politique, les chefs de gouvernement polonais, slovène et tchèque montrent qu’ils sont prêts à défier le tyran russe y compris à travers la livraison d’armes par chacun des pays mais aussi par l’UE toute entière. Une réaction à laquelle Poutine ne s’attendait certainement pas. Le voyage des trois premiers ministres est la preuve que l’Europe peut asséner des coups très durs tout en restant dans le ‘’soft power’’. Le fait que Poutine ait laissé passer ce train montre que malgré les menaces il n’ose pas franchir la ligne rouge de l’Occident. L’affaire des avions de chasses a par ailleurs montré combien le gouvernement polonais est déchiré par la volonté de venir en aide à son voisin tout en ayant les mains liées par l’Occident qui ne veut pas se retrouver impliqué dans un conflit armé et direct avec Moscou. Ce train vers Kiev est donc aussi un message adressé à Bruxelles. Avec cette initiative, le trio met ses collègues français, italien, allemand devant le fait accompli et affirme ‘’agir au nom du Conseil européen’’ sans pour autant avoir obtenu de mandat. Ils savent qu’aucune capitale n’osera les contredire. Pour les leaders souverainistes polonais et slovène, accusés à plusieurs reprises de populisme et de manque de démocratie, c’est l’occasion de prendre une revanche sur le scepticisme de la vieille Europe quant à leurs alertes sur la menace russe. L’histoire leur donne aujourd’hui raison en termes de politique étrangère. Alors qu’il y a peu la Pologne était au bord de l’expulsion de l’UE et n’a toujours pas reçu les fonds du plan de Relance, elle peut aujourd’hui se permettre de se présenter à Kiev au nom des 27. Le défi lancé à Moscou est donc implicitement un défi lancé également à Bruxelles et Washington. »
ARTICLE, Corriere della Sera, " Draghi souhaite poursuivre l’allègement des mesures, mais le calendrier sera revu en fonction de l’évolution de la courbe'' : "Alors que la courbe des contaminations repart à la hausse en Italie comme dans le reste de l’Europe, le gouvernement italien maintient la feuille de route envisagée pour l’allègement des mesures de lutte contre le virus. Chigi pourrait même abandonner plus vite que prévu l’obligation vaccinale au travail pour les plus de 50 ans. Cette attitude résulte de la moindre agressivité du variant Omicron et du fort taux de vaccination parmi les Italiens. L’état d’urgence sanitaire ne sera pas prolongé au-delà du 31 mars, et les restrictions devraient être levées progressivement pour faciliter la reprise du tourisme pour Pâques. Le rebond épidémique invite néanmoins à la prudence, et le calendrier pourrait être revu en fonction de la situation. Cette concession a été obtenue hier à Chigi par le Ministre de la santé R. Speranza, face aux pressions de Salvini et de la Ligue pour rouvrir « tout et tout de suite ». Le projet de décret doit passer jeudi en Conseil des Ministres, après que les propositions des Régions auront été écoutées.''
(Traduction : ambassade de France à Rome)
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