Lorenzo Fontana : "Le dialogue avec la Russie n’est pas un signe de faiblesse, sauvegardons l’économie."
14/02/2022
Italie. Revue de presse.
La presse italienne titre largement sur la crise ukrainienne, et notamment sur la montée de la tension pendant le week-end et en faisant état de nouveaux mouvements de troupes à la frontière et des prochaines rencontres diplomatiques prévues dans l’agenda international : « Biden et l’UE cherchent à stopper Poutine » - On va vers une réunion des ministres de la défense de l’Otan. Les militaires italiens sont en alerte (Corriere della Sera), « La course pour armer Kiev » - Environ deux mille tonnes de munitions sont livrées par les Etats-Unis, le Royaume-Uni, la Pologne, la Lituanie et l’Estonie. Scholz rencontre Zelensky aujourd’hui (La Repubblica), « Ukraine, dernières tentatives de dialogue » (La Stampa).
ARTICLE, Corriere della sera, de M. Borrillo, « Voici le plan des extractions pour lutter contre l’augmentation des factures : il faut doubler la production de gaz italien » : « La publication du Pitesai– le Plan pour la Transition Energétique Durable dans les Zones Pertinentes – n’est certainement qu’un premier pas, mais elle confirme bien que le gouvernement est en train d’entreprendre la voie de la transition écologique. De plus, le Pitesai est également présenté par le gouvernement comme un outil pour lutter contre l’augmentation des factures. La reprise des extractions pourrait permettre de doubler la production, pour parvenir à couvrir 10 % des besoins italiens. Davide Tabarelli, président de Nomisma Energia, explique cependant qu’avec les règles actuellement en vigueur, ce projet pourrait prendre des dizaines d’années. Le plan ne suscite pas seulement des divisions chez les experts mais aussi au sein de la classe politique. La plupart des élus qui contestent la mesure sont issus du M5S, historiquement opposés aux forages. ‘’C’est une catastrophe, mais également un nouveau pas en arrière pour la transition écologique. Les forages recommenceront à dévaster les mers et les territoires italiens, et plus particulièrement la région des Pouilles’’ commente Giovanni Vianello, député M5S et membre de la commission sur les activités productives. »
PREMIER PLAN, La Stampa, d’A. Barbera et F. Grignetti, « L’Italie en première ligne » : « Mario Draghi attend de connaitre la ligne de l’OTAN sur la crise en Ukraine. Il n’a pas l’intention de prêter une trop grande attention aux doutes ou aux avis divergents au sein de sa majorité, de la volonté de ‘’tout faire pour éviter le conflit’’ de Roberto Speranza à la réticence de la Ligue sur les sanctions à imposer à Moscou. Le communiqué de vendredi suite à l’échange entre Joe Biden et les reste des Occidentaux semble inaugurer une nouvelle phase de la politique étrangère. Draghi déclare ‘’être favorable à des sanctions lourdes, tout en continuant à espérer la poursuite du dialogue’’ : ce n’est désormais plus la diplomatie mais la fermeté qui prévaut. Si la situation n’empire pas d’ici là, l’Italie attend la réunion des ministres de la Défense prévue ce mercredi à Bruxelles. Le lendemain se tiendra également un sommet entre Union européenne et Union africaine auquel participera Draghi. Si nécessaire, il trouvera le temps de discuter de la situation avec ses principaux partenaires européens, en particulier Emmanuel Macron. Le président français à la tête du Conseil de l’UE pour ce semestre tente de combler le vide laissé par l’ancienne chancelière Angela Merkel en termes de leadership. Luigi Di Maio pourrait également se rendre à Kiev d’ici la fin de semaine. Le ministre de la Défense Lorenzo Guerini suit déjà la ligne de l’OTAN avec la mobilisation de 250 soldats qui pourraient être envoyés en Hongrie [l’aval du Parlement est toutefois nécessaire, comme l’a rappelé le ministre lors d’une audition à la Chambre, le 8 février dernier, ndlr.]. Cette possible mobilisation fait suite à une décision politique de poids mais jusqu’ici peu évoquée : la mission italienne de défense aérienne en Estonie s’est achevée en décembre dernier. Les pilotes italiens avaient une mission de contrôle de la frontière et non d’attaque. Une autre mission est déjà présente en Lettonie depuis 2016, ayant pour but premier de rassurer les alliés baltes. Le ministre de la défense italien exprime l’intention de montrer la cohésion de l’OTAN tout en soulignant l’importance de promouvoir un dialogue constructif avec Moscou. En plus de la mobilisation imminente en Hongrie, plus de 200 avions militaires se trouvent déjà en Roumanie pour surveiller l’espace aérien, aux côtés de l’aviation allemande. Une guerre de faible intensité a commencé avec Moscou bien avant l’emballement de ces derniers jours, et cela ne présage rien de bon. »
ENTRETIEN, La Stampa, de Lorenzo Fontana, vice-président de la Ligue « Le dialogue avec la Russie n’est pas un signe de faiblesse, sauvegardons l’économie » : « ‘’A mon avis, personne ne veut la guerre. Malheureusement, du point de vue géopolitique, l’Europe n’existe pas. Nous devons en prendre acte : on a pu voir un rôle de Macron, on a pu constater à quel point Merkel manque à l’Allemagne, et l’Italie, à mon avis, est restée un peu trop silencieuse en raison des intérêts économiques qu’elle a : la totalité du gaz que nous utilisons passe par l’Ukraine. Il faut trouver une médiation. L’Italie doit utiliser son influence diplomatique afin d’éviter un conflit qui pourrait avoir des conséquences dévastatrices pour nous. L’Atlantisme n’est pas remis en cause, mais nos relations commerciales avec la Russie sont importantes et nous avons par conséquent intérêt à jouer les médiateurs. Les Etats-Unis ont eux aussi intérêt à une entente, le vrai défi étant celui à l’égard de la Chine. Cette situation pousse la Russie dans les bras de la Chine. Avoir des relations avec la Russie ne signifie pas être faibles, mais agir afin d’éviter les conflits. Je tiens à rappeler que les sanctions précédentes contre la Russie avaient représenté un contrecoup important pour notre économie : l’Italie avait perdu environ un milliard par an, notamment les entreprises du Nord-Est. La présence des militaires italiens le long de la frontière orientale de l’UE ? Si cela est nécessaire, pourquoi pas. Mais il faut alors un débat parlementaire. Le Parlement devrait alors être consulté.’’ »
(Traduction : ambassade de France à Rome)
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