"Meloni : je suis prête à diriger."

Italie. Revue de presse. 

Les unes rendent compte du débat politique interne, notamment les tensions au sein du M5S et au sein de la coalition de centre droit, divisés après l'élection du Chef de l'Etat : « Grillo déçoit Conte : il faut respecter les décisions des juges » - Le gouvernement accélère sur la réforme de la justice mais les partis sont divisés (Corriere della Sera), « M5S, Grillo bloque Conte; c'est la bataille sur les nouveaux statuts » (La Repubblica), « Meloni : je suis prête à diriger » - La leader de FdI revendique la direction de la coalition. Salvini prévient : celui qui se présente seul aux élections est destiné à perdre (La Stampa), « Berlusconi : je suis prêt à refonder le centre droit » -  Nous sommes fidèles à Draghi mais en 2023 nous pourrons élargir notre coalition (Il Giornale).

COMMENTAIRE, Sole 24 Ore, de Lina Palmerini, « Les ennuis du Mouvement 5 Etoiles et leur réserve de voix en stand-by » : « Beppe Grillo s’est finalement exprimé, bien qu’il s’agissait surtout d’une invitation au silence. Il a rappelé que les décisions de justice devaient être respectées et a demandé du temps afin de voir s’il est possible de trouver une solution consensuelle au sein du Mouvement. C’est-à-dire construire une possible cohabitation entre les différentes sensibilités – entre Giuseppe Conte et Luigi Di Maio – et éviter une rupture définitive. Plusieurs considérations techniques sont nécessaires, de la règle du double-mandat et du choix des listes électorales, au dialogue avec les électeurs. Il n’y a pas de cohabitation possible tant qu’un accord ne sera pas trouvé sur le choix de la classe politique. Si Giuseppe Conte continue à être le seul à décider qui peut faire de la politique, cela risque d’amener à la rupture. L’expérience nous enseigne qu’il faut laisser de l’espace à tous et aux minorités pour ne pas aller de scission en scission jusqu’à la disparition. Les courants peuvent être interdits par le règlement mais au fond on ne peut rien contre leur émergence naturelle. Le Mouvement en sait quelque chose, regroupant des personnalités si variées que près d’une centaine d’entre elles a déjà quitté ses rangs afin de rejoindre d’autre groupes parlementaires. D’ailleurs, la question de la cohésion interne concerne tout le monde, y compris la Ligue, qui est la force jugée la plus rigide du point de vue de la fidélité envers le chef. La Ligue et le M5S ont en commun une perte de consensus et l’effet déstabilisant que cela produit. Après avoir rassemblé l’adhésion de 32% de la population, le Mouvement ne bénéficie plus que de la moitié de ce soutien. La ligue bénéficiait quant à elle de 34% et est aujourd’hui dépassée par le parti de Giorgia Meloni. Mais pour Grillo, Conte et Di Maio, la question de fond reste celle de rétablir le lien avec la société alors que le Mouvement n’a pas la même implantation territoriale que la Ligue ou le Parti démocrate. S’ils étaient parvenus à s’adresser à une part importante de la population, le message politique s’est aujourd’hui affaibli. Or le fait que la réserve de voix que concentre encore Beppe Grillo n’ait pas encore trouvé vers qui se rediriger est le signe d’une faiblesse diffuse [de la politique italienne]. »

COMMENTAIRE, Repubblica, de Stefano Folli, « La seconde phase du gouvernement » : « Ce que nous vivons actuellement est sans doute la seconde phase du gouvernement, ou plutôt son début. On ne peut certainement pas parler d’un exécutif ‘’Draghi bis’’, car – heureusement – il n’y a eu aucune crise ni aucun remaniement. Mais il y a cependant une impression de nouveau départ après les semaines tendues que nous avons vécues, à la faveur duquel on a ressenti un besoin de stabilité, conduisant ainsi à une réélection de Mattarella. Or, il est connu que la stabilité n’est jamais une conquête définitive, et qu’il faut travailler tous les jours pour s’assurer de la conserver. Certes, ce n’est pas chose aisée, et tous ceux qui recommandent à Draghi de battre du poing sur la table ne semblent pas avoir compris qu’assurer un leadership ne signifie pas crier plus fort que les autres, surtout dans un climat marqué par les névroses du M5S et les tourments du centre-droit. Le Président du Conseil est le premier à savoir que diriger un exécutif l’année qui précède les élections signifie dialoguer et chercher des médiations possibles. Draghi a le prestige nécessaire pour obtenir le meilleur des forces politiques ainsi que de ses partenaires européens. Il ne s’agit pas d’un hasard qu’il ait souhaité rouvrir le dossier de la réforme de la justice malgré les fortes résistances des magistrats. Pour citer Churchill qui commentait les premières victoires des Alliés en Afrique du Nord : ce n’est pas le début de la fin, mais peut-être la fin du début. »

(Traduction : ambassade de France)