"Les alliés du centre droit veulent des garanties de la part de Berlusconi."
30/12/2021
Italie. Revue de presse.
Les nouvelles mesures adoptées hier en Conseil des ministres prévoyant le pass sanitaire renforcé obligatoire pour la plupart des lieux publics à compter du 10 janvier (transports, hôtels, terrasses de restaurants, foires et congrès, piscines et salles de gym), font la Une de la presse italienne. Parmi les autres décisions, on relève en particulier la fin de la quarantaine pour les personnes à jour de la 3ème dose ou guéries du Covid. Dans les rangs de la Ligue et du M5S, la colère monte face à l’hypothèse d’un pass sanitaire renforcé aussi pour l’accès à tous les lieux de travail, pourtant demandé par les régions. « Pass sanitaire, encore d’autres interdictions pour les antivax » - Après un conseil des ministres sous haute tension, un compromis a été trouvé (Corriere della Sera), « L’étau se resserre sur les antivax » - Le pass sanitaire renforcé a été étendu aux trains, aux bus, aux hôtels, aux foires et pistes de ski. Draghi accepte la demande des régions d’éliminer la quarantaine pour les personnes vaccinées (La Repubblica), « Les transports publics sont désormais interdits aux antivax » - Les restrictions ont été adoptées hier. La Ligue et le M5S s’opposent à l’introduction du pass sanitaire renforcé pour les travailleurs. Le gouvernement serait prêt à aller vers une obligation vaccinale (La Stampa), « Le super pass sanitaire est désormais nécessaire pour les bus et les trains » - Ainsi que pour les fêtes, les foires, les hôtels, les pistes de ski, les terrasses de restaurants et les salles de sport à partir du 10 janvier. La jauge pour les stades passe à 50% des places disponibles. Aucune quarantaine ne sera prévue pour ceux qui ont reçu la 3e dose (Il Messaggero). Enfin, l’adoption de la loi de finances à la Chambre est également citée « La Chambre vote la motion de confiance pour un budget à hauteur de 36,5 milliards » (Sole 24 Ore).
PREMIER PLAN, La Repubblica, « Super Pass dans les transports et nouvelles règles pour la quarantaine : on confine les No Vax. »
COULISSES, La Repubblica, « Et Draghi promet : "A partir de janvier, on ne pourra se rendre au travail que si l’on est vacciné" : « "Nous reportons la mesure. Mais nous l'approuverons lors de la prochaine réunion du Conseil des ministres“. À neuf heures du soir, Mario Draghi, prenant acte du clivage au sein de la majorité, décide de mettre de côté, mais seulement pour l'instant, la question du Super Passe pour l’accès aux lieux de travail. Mais il a aussi indiqué une nouvelle date certaine pour la discussion sur cette nouvelle mesure (le 5 janvier), fortement soutenue par Renato Brunetta, le patron de l'administration. Hier matin, de manière surprenante, il avait trouvé le soutien explicite de la Conférence des Régions, dirigée par le membre de la Ligue Massimiliano Fedriga. Cependant, le chef de délégation de la Ligue au gouvernement, Giancarlo Giorgetti, a opposé son veto lors de la réunion qui a précédé le conseil des ministres, l’expliquant non pas par des considérations idéologiques mais " pragmatiques ". D'accord pour un super pass pour ceux qui travaillent, mais préparez d'abord une liste de groupes vulnérables à exempter et un fonds pour indemniser ceux qui subissent de graves conséquences de la vaccination. Et, du côté opposé de la majorité, le M5S a exprimé ses doutes. Le ministre Stefano Patuanelli a souligné que jusqu'à présent, il a toujours raisonné par catégories : forces de l'ordre, enseignants, personnel de santé, travailleurs en contact avec les personnes. "Quelle serait la justification d'une distinction entre les travailleurs et les chômeurs ?", tel était le sens de sa réflexion. Forza Italia a de nouveau demandé la vaccination obligatoire. M. Brunetta, en fin de journée, a dissimulé sa déception : "L'Italie, dans la lutte contre le Covid, a pris un avantage sur les autres pays que nous risquons de perdre avec des mesures partielles. Oui, il y a eu des oppositions et je comprends parfaitement - dit le ministre - la position de Draghi. Lors de la prochaine réunion, cette mesure inévitable verra le jour. Le Premier ministre a dû prendre une décision difficile sur la suppression de la quarantaine pour les personnes vaccinées, qui avait divisé le comité scientifique et technique. Certains experts avaient fait remarquer que cette mesure pouvait représenter un risque, étant donné les chiffres encore incertains : Omicron se développe rapidement, avec une incidence à 28%. Cela signifierait potentiellement le danger de "libérer" des personnes capables de transmettre la variante Delta, dont les conséquences sont plus graves que celles qu’Omicron. Cependant, les gouverneurs ont mis en avant l’impact des cas contact en isolement : rien qu'en Toscane, 400 chauffeurs de bus sont en congé forcé. Pour Fedriga, "début janvier, 10 % du pays pourrait s'arrêter". »
COULISSES, Corriere della Sera, M. Guerzoni « Giorgetti s’allie avec les 5 Etoiles contre les partisans de la ligne de la rigueur » : « Le ministre léguiste du développement économique, G. Giorgetti, s’oppose à la mesure la plus extrême pour contenir la diffusion du virus et qui est chère aux ministres Speranza (Santé), Brunetta (Admnistration) et que Draghi soutient avec grande conviction. La mesure n’est pas passée grâce à l’entente avec le M5S de G. Conte. Certains y voient un jeu en lien avec les élections à venir au Quirinal. Le drame de la pandémie semble ne pas être à l’abri des stratégies et des alliances qui naissent et qui disparaissent en vue du match crucial sur l’élection du Président de la République. Déjà pendant la réunion de majorité, il était clair que la ligne dure n’allait pas s’imposer. Brunetta n’hésite pas à critiquer la Ligue et le M5S ‘’vous avez bloqué le pass sanitaire renforcé pour les fonctionnaires et maintenant vous le voulez uniquement pour la fonction publique ? Ce sera pour tous les travailleurs ou pour personne’’. Mais la Ligue érige son mur. Matteo Salvini s’y oppose et Giorgetti prononce en réunion de majorité un « non » qui met fin à toute négociation. Il lâchera du lest en proposant de réduire la jauge dans les stades. Le M5S, par le biais de son chef de délégation S. Patuanelli, explique sa position : ‘’quel est le paramètre de distinction entre travailleurs et chômeurs ? Il faut garder un principe de rationalité’’. A la fin, Draghi est d’accord sur la nécessité de ‘’prendre encore quelques jours’’ car la décision n’est pas encore mûre et ‘’un approfondissement de la question est nécessaire’’. Les ministres ont fait tout leur possible pour rester mesurés, estimant qu’‘’au final cela c’est bien passé’’. Les partisans de la ligne dure pourront se consoler en soulignant que ‘’c’est le confinement des antivax qui est passé’’ ».
ARTICLE, Corriere della Sera, G.A. Falci et C. Zapperi « Les alliés du centre droit veulent des garanties de la part de Berlusconi. Un plan B est également prévu » : « Silvio Berlusconi le répète aux personnes qu’il a eu récemment au téléphone ‘’je suis candidat pour la course au Quirinal. Je suis persuadé que la coalition de centre droit me soutiendra de manière unie’’. Il a reçu pour ce faire les assurances de la part des deux autres leaders de coalition. Toutefois, Salvini et Meloni, tout en soutenant le plan A, sont aussi au travail pour ne pas être pris de court si celui-ci ne fonctionnait pas. Berlusconi lui-même le dit : ‘’avec mon histoire personnelle, je ne peux pas me permettre de me brûler les ailes, comme cela s’est passé pour tant d’autres candidats’’. Le centre droit veut faire peser sa supériorité numérique sur le centre gauche. Il sait que cette fois-ci, il a l’avantage et veut à tout prix profiter de cette condition. L’idée serait alors de repérer un profil pouvant obtenir un soutien transversal des partis de centre droit. Mais la liste perd des noms : cela ne peut pas être Cartabia, en raison de la réforme de la justice qui déplait à la Ligue, ni P. Severino en raison de la loi qui prend son nom et qui a fortement pénalisé Berlusconi, ni G. Amato : plusieurs lui reprochent ses propos sur les comptes bancaires. Chacun poursuit ses consultations : Berlusconi lance des signaux de paix au M5S, Salvini dialogue avec Renzi et Meloni garde de bonnes relations avec Enrico Letta. Toute solution doit rester ouverte. »
ENTRETIEN, La Repubblica, de Enrico Letta, secrétaire général du parti démocrate : "Sur les vaccins, il est l'heure de passer à l'obligation. Si l’on ne s’entend pas sur le vote au Quirinal, le gouvernement tombera.
ENTRETIEN, Corriere della Sera, de Mariolina Castellone, chef de groupe M5S au Sénat « Le M5S a une identité transversale » : « ‘’Les prochains tours de scrutin pour élire le Chef de l’Etat seront les plus difficiles depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, en raison d’une quatrième vague et de la nécessité d’adopter des mesures pour soutenir les travailleurs et les catégories les plus frappées. Dans cette situation, ce qui nous intéresse est d’avoir un Président de la République pouvant représenter un profil institutionnel très élevé, pouvant unir les partis politiques mais aussi le pays. Nous avons accepté de faire partie de ce gouvernement d’unité nationale : il faut que le prochain président de la République incarne aussi cette unité. Le M5S et le PD veulent la même chose : un profil de prestige pouvant représenter tous les Italiens. Le M5S a une identité transversale. Nous ferons en sorte que cette particularité soit une valeur ajoutée et pas un point faible’’ »
(Traduction : ambassade de France)
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