"Présidentielle, le jeu de Meloni vis-à-vis de Moratti provoque la colère de Berlusconi."
21/12/2021
Italie. Revue de presse.
Le débat et les divisions autour de nouvelles mesures pour contenir la diffusion du virus et des variants fait la une de la presse italienne. L’introduction envisagée de tests pour certaines activités y compris pour les personnes vaccinées suscite le mécontentement au sein de l’opinion publique mais aussi dans une partie du gouvernement : « Tensions sur les tests pour les personnes vaccinées » (Corriere della Sera), « Port du masque obligatoire, y compris en extérieur ; le tour de vis du gouvernement prévoit un Pass sanitaire renforcé pour les employés travaillant au contact du public » (La Repubblica), « Le gouvernement se divise sur les tests » (La Stampa), « Pass renforcé, un possible durcissement pour les travailleurs » (Il Messaggero).
La plupart des quotidiens reprennent également les propos du Président de la République Sergio Mattarella hier, qui a appelé à l’unité de la majorité : « Mattarella ‘´Restons unis en vue des grandes décisions ; nous devons conserver un esprit constructif pour le pays’’ » (Corriere della Sera), « Mattarella ‘ˋL’Italie doit rester unie face au virus, les médias donnent trop de place aux anti-vaccins’’ » (La Repubblica), « L’appel de Mattarella aux partis pour préserver l’unité nationale ; trop d’espace est donné aux no-vax dans les medias » (La Stampa), « ‘´Trop de visibilité pour les no-vax’´ » (Il Messaggero), « Mattarella ‘´Il faut conserver un esprit d’unité, les no-vax ont trop d’espace’´ » (Il Sole 24 Ore).
Certains journaux citent en une la rencontre hier à Rome entre le chancelier Olaf Scholz et Mario Draghi : « Scholz et l’Italie : l’idée d’un pacte » (Corriere della Sera), « Draghi-Scholz : des positions plus proches concernant le nouveau pacte de stabilité » (Il Sole 24 Ore).
PREMIER PLAN, Corriere della Sera, « Nouvelles mesures pendant les fêtes : la question des tests. Les régions demandent à ce qu’on ne les exige pas pour les personnes vaccinées » : « "Il y a encore du travail à faire et il faut être prudent". Le Premier ministre, Mario Draghi, confirme l’inquiétude exprimée sur la reprise des contaminations par le ministre de la Santé, Roberto Speranza. Jeudi, une réunion doit se tenir sur les nouvelles mesures à appliquer pendant les vacances. La réaction de l'opposition de Giorgia Meloni est attendue : "Malgré le pass sanitaire, les restrictions sont de retour. L'échec de Speranza est officiel, il doit démissionner". Le PD, avec Simona Malpezzi, défend le ministre. Mais l'hypothèse d'autres mesures à Noël n'enthousiasme pas même les représentants des partis majoritaires et les présidents des régions et des municipalités. Le leader du M5S, Giuseppe Conte, semble corriger le chemin tracé par Luigi Di Maio, qui, il y a deux jours, se disait favorable à des mesures plus dures : "Il me semble que celles en vigueur sont adaptées. La solution contre Omicron est, selon moi, d’accélérer sur la campagne pour la troisième dose et de réduire la durée de validité du pass, et non de forcer les vaccinés se faire tester“. Matteo Salvini déclare pour sa part : "Jusqu'à il y a une semaine, les tests n'étaient pas nécessaires, maintenant on les demande pour les vaccinés. La communauté scientifique devrait se mettre d'accord. “ Mais les critiques émanent aussi des membres du PD, Francesco Boccia et Stefano Bonaccini. "Plutôt que le test pour aller au cinéma ou au théâtre, il vaudrait mieux imposer la vaccination à tout le monde", dit le premier. "Demander le test aux personnes vaccinées est contre-productif : cela affaiblit la priorité absolue de poursuivre la campagne de vaccination", déclare le second. Le taux de présence d’Omicron serait passé de 0,5% à 1,1%. Probablement pas encore assez pour estimer correctement le nombre de personnes infectées par cette souche du virus. En fait, si "rien n'a encore été décidé", comme l'assure Draghi, la seule certitude est que le gouvernement attendra les résultats de l'enquête lancée par l'Institut supérieur de la santé pour comprendre la propagation réelle de la nouvelle variante. Les premiers résultats seront sur la table du palais Chigi entre demain et jeudi. Ces données sont considérées comme le seul moyen d'éviter les divisions politiques sur les nouvelles mesures. »
ARTICLE, Corriere della Sera, « Le message de Mattarella : les antivax prennent trop de place dans les médias » : « Sergio Mattarella estime que le bilan de l'année qui s'achève est "globalement positif" car nous avons réussi à "élever le niveau de protection des citoyens et à remettre la société en mouvement". Et c'est précisément parce que "nous sommes sur la bonne voie" et que nous ne sommes plus "à la merci des événements", grâce à "des choix courageux, au progrès scientifique, au comportement consciencieux des citoyens et à un sens généralisé du devoir civique", que son appel - pas exactement direct, mais néanmoins transparent - est le suivant : maintenant, cependant, ne gâchez pas tout. Ne pas laisser filer cette "convergence entre les institutions et la société", c'est-à-dire le climat de cohésion, de confiance et d'unité qui s'est formé autour du gouvernement Draghi. Le chef de l'État ne mentionne pas le Premier ministre, et ne se prononce pas sur le destin et la portée de son gouvernement. Il ne le fait pas car toute allusion à ce sujet pourrait prêter à des jeux tactiques entre les partis, étant donné la proximité du vote parlementaire sur le Quirinal. Certains pourraient penser que Mattarella, en faisant l'éloge de Draghi, le bloque à Chigi ou, selon la lecture, le pousse à prendre sa succession. À quoi Mattarella fait-il allusion lorsqu'il évoque "les fictions et les distractions" et appelle à "la clarté et la loyauté" ? A certaines déformations de la réalité, souvent ravivées dans les milieux populistes et souverainistes, qui ont alimenté des formes de contestation désordonnées, voire violentes, du mouvement no vax. Un "cartel" composite de la dissidence représenté par "quelques exceptions" et auquel, souligne-t-il sévèrement, "une importance médiatique disproportionnée a peut-être été accordée“ »
PREMIER PLAN, La Repubblica, d’E. Lauria et M. Pucciarelli, « Présidentielle, le jeu de Meloni vis-à-vis de Moratti provoque la colère de Berlusconi » : « Ce ne sera peut-être pas le choix n°1 du centre-droit pour la course au Quirinal mais Letizia Moratti, chargée de Santé auprès de la région Lombardie et vice-présidente de région, plaît vraiment à Giorgia Meloni. Les alliés du centre-droit sont déstabilisés par les initiatives de la présidente de Fratelli d’Italia. Berlusconi a immédiatement réagi et une réunion est prévue jeudi dans sa villa afin de pouvoir trouver une entente. Moratti réplique qu’il n’y avait rien de secret dans cette rencontre et qu’il s’agissait d’une banale discussion sur la réforme sanitaire lombarde. Mais au sein du parti de Meloni, on souligne l’importance de garder plusieurs portes ouvertes, or Moratti incarne une candidature féminine et un centre-droit modéré, avec un CV et un réseau particulièrement denses. C’est une figure qui rassemble, et même Giuseppe Conte ne lui serait pas hostile. Mais cela ne plaît pas à Berlusconi, dont la candidature plane depuis des mois sans être officialisée. En attendant, Meloni et Salvini s’agitent car ils ne veulent pas laisser la place à l’improvisation. Salvini qualifie de bluff cet épisode mais la tension est palpable également du côté de la Ligue. Fratelli d’Italia est le premier parti de la coalition et une certaine défiance monte parmi ls alliés. Fratelli d’Italia est seul à vouloir que Draghi soit élu à la Présidence de la République, afin que le parti puisse ainsi se porter candidat plus tôt que prévu à la Présidence du Conseil et ‘encaisser’ le consensus accumulé en tant que seul parti d’opposition. De plus, comme le souligne également le Financial Times, avec Draghi à la tête du pays, la scène internationale serait rassurée alors qu’un parti néofasciste prendrait le pouvoir. »
ARTICLE, La Stampa, « Berlusconi : je ne me retirerai que si Mario Draghi se présente. Les noms de d’Amato, Casini et Moratti émergent pour trouver un accord sur le Quirinal » : « Silvio Berlusconi est sur le terrain, mais il est inévitable que les alliés travaillent sur une alternative si sa candidature prend une mauvaise tournure.»Si Mario Draghi devait être de la partie, Silvio se retirerait", affirme un fidèle. Cependant, cette théorie ne convainc pas les alliés, qui craignent l'ambition débridée du Cavaliere. L’hypothèse est la suivante : si Draghi ne sort pas vainqueur lors des trois premiers votes (il est déjà difficile pour lui d'aller au-delà du premier), alors le Cavaliere entrera en scène. Les quatrième et cinquième tours seront cruciaux. Mais si les voix n'étaient pas au rendez-vous, il faudrait alors chercher un accord et les noms dans ce cas pourraient être ceux de Giuliano Amato, Pier Ferdinando Casini et Letizia Moratti. En effet, il y a une chose qu'Enrico Letta redoute comme la peste : l'ascension de Berlusconi sur la Colline du Quirinal. "S'il parvenait à réunir les voix du centre-droit et celles de Renzi, il ne lui en faudrait qu'une vingtaine pour y arriver", admet l'un des ministres démocrates. Ainsi, Letta, conscient de sa faiblesse ("le PD compte 12% du grand électorat", répète-t-il), cherche à désamorcer la bombe Berlusconi en désarticulant le centre-droit et la carte Moratti jouée par Meloni fait son jeu : "Elle serait une candidate astucieuse et difficile à contrer, un nom plus acceptable que celui du Cavaliere", confesse un membre éminent du secrétariat du PD. En fait, les poids lourds du centre-gauche observent la division du centre-droit depuis la Chambre des députés, et ils y voient une marge de manœuvre. En attendant, une candidature phare pour s'opposer à Berlusconi, "pourrait être celle d'Anna Finocchiaro, une femme des institutions qui n'est pas mal aimée de Forza Italia, en phase avec Boschi et les Renziens. »
(Traduction : ambassade de France à Rome)
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