"Sur la réforme des retraites, la Ligue pourrait céder. Mais les syndicats s’y opposent."
25/10/2021
Italie. Revue de presse.
La finalisation de la loi de finances, et notamment la réforme des retraites et du revenu de citoyenneté, fait la Une de la presse italienne. « Budget, l’étau se resserre sur le revenu de citoyenneté » - Plus de contrôles et un chèque moins généreux pour ceux qui refusent une offre d’emploi. Retraites : plusieurs hypothèses pour un accord (Corriere della Sera), « Retraites, voici la réforme de Draghi » - La Ligue négocie mais les syndicats s’y opposent. Le conseil des ministres reporté d’un jour (La Repubblica), « Impôts, la réforme risque d’être reportée » - Le gouvernement confirme sa ligne sur les retraites et temporise sur la réforme fiscale. Le revenu de citoyenneté ne crée pas d’emplois (Il Messaggero). Le sort de la Banque Monte Paschi di Siena est également cité : « MPS, trois jours pour le sauvetage » (La Stampa).
PREMIER PLAN, Il Messaggero, de M. Evangelisti, « Le nombre des contaminations remonte : +33% en une semaine, on accélère en vue de la troisième dose. »
ARTICLE, La Stampa, de P. Mastrolilli « Les pressions des Etats-Unis sur Giorgetti (Ligue) : il faut que Draghi reste au Palais Chigi » - Mission du ministre du Développement économique aux Etats-Unis : « C’est un message fort et clair que les Etats-Unis ont adressé à Giancarlo Giorgetti : le souhait que Mario Draghi puisse rester au Palais Chigi pour continuer à gérer la reprise économique après la pandémie de Covid-19, avec l’espoir qu’il ouvre un nouveau cycle de croissance durable. Il faudra ensuite comprendre si ces signaux pousseront ou non la Ligue à revoir sa stratégie : Giorgetti avait déclaré, lors d’un entretien à ce quotidien, qu’il souhaitait la nomination de Draghi au Quirinal pour pouvoir aller aux élections anticipées. Gina Raimondo, l’ « Italienne » appelée par Biden pour diriger le département du Commerce, a fait comprendre à Giorgetti que les Etats-Unis sont prêts à accompagner la reprise italienne, car ils croient en ce moment positif de l’Italie et souhaitent qu’il devienne un allié stable et fiable en Europe, au moment où l’Allemagne, la France et le Royaume-Uni sont distraits respectivement par l’après-Merkel, les élections présidentielles et le Brexit. Plusieurs projets ont été évoqués : la possibilité qu’Intel puisse ouvrir une usine à Turin, que Moderna puisse produire ses vaccins et ses médicaments en Italie ou encore que Beretta puisse fournir son nouveau fusil automatique à l’Armée américaine pour une commande à hauteur de 5 milliards. Mais il faut que l’Italie soit fiable, et cela passerait par le maintien de Draghi au Palais Chigi. »
PREMIER PLAN, La Repubblica, de C. Vecchio, « Quirinal, Berlusconi tente sa chance, ‘’je peux être utile au pays’’ affirme-t-il » : « L’ancien Président du Conseil et leader de Forza Italia se montre confiant quant au rôle de son parti dans un paysage politique bipolarisé : ‘’Forza Italia représente le centre avec la Ligue et Fratelli d’Italia et c’est la force motrice d’une coalition de centre-droit alternative à la gauche pour le gouvernement’’. Ces déclarations arrivent à l’issue d’une semaine tourmentée, alors que les ministres de Forza Italia, Renato Brunetta, Mara Carfagna et Mariastella Gelmini n’ont pas hésité à exprimer leur mécontentement voire à évoquer l’émergence d’une nouvelle alliance avec les ‘’populaires, les socialistes et les libéraux’’ qui aurait pour boussole l’agenda de Draghi. Pour Berlusconi, inutile de fonder une nouvelle alliance. Il est par ailleurs défavorable aux élections anticipées après l’élection du Président de la République en février prochain. Il confirme indirectement ses ambitions sur la Présidence de la République : ‘’Nous verrons ce que je peux faire, je ne me défilerai pas et ferai ce qui pourra être utile à notre pays’’. Carlo Calenda a toutefois rappelé à Berlusconi que ‘’4 voix sur 5 en faveur du centre-droit sont recueillies par les partis souverainistes’’. Giorgetti s’adresse pour sa part à ceux qui, au sein de son parti, son encore sceptiques vis-à-vis de Draghi, décrivant son gouvernement comme un ‘’investissement sur le long terme’’. Il affirme par ailleurs que ‘’les positions des modérés et des conservateurs ont toutes les raisons de continuer à être soutenues au niveau européen’’. »
ARTICLE, La Repubblica, « Sur la réforme des retraites, la Ligue pourrait céder. Mais les syndicats s’y opposent » : « Le retour à la loi Fornero sur les retraites et la suppression du système « Quota 100 » (addition du nombre d’années de cotisations et de l’âge pour avoir droit à la retraite, ndlr) semblent à présent clairs. Le gouvernement pourra tracer le parcours, progressif mais bref, pour parvenir aux 67 ans. Dans le document de loi de finances envoyé à Bruxelles, on prévoit 600 millions en 2021, 450 pour l’année 2023 et 510 en 2024 pour financer les retraites. Sur ces montants, Draghi n’a pas l’intention de reculer lorsqu’il présentera le projet en conseil des ministres mercredi ou jeudi. Les 5 années de cotisation supplémentaires sont toutefois un camouflet pour la Ligue, pourtant prête à céder, et pour tous ceux qui sont prêts de l’âge de la retraite dans le système actuel. Les syndicats et notamment la CGIL de Landini sont prêts à la mobilisation. Sur la réforme des retraites, Draghi peut compter sur le soutien du PD. Pour le moment la CGIL, la CISL et Uil se sont donnés pour consigne de ne rien dire, tant que le président du conseil n’annoncera pas lui-même son projet. Le PD de son côté veut mettre fin au système des « quota », qui pénalise selon lui les femmes et ceux qui ont exercé un travail pénible. »
ENTRETIEN, Corriere della Sera, de Giuseppe Conte, dirigeant du M5S : « Nous restons fidèles à Draghi mais nous demandons le respect des engagements » : « Je ne regrette pas de ne pas avoir fondé mon propre parti, malgré les critiques. Il faudra du temps pour cueillir les fruits de notre stratégie. Dans la majorité, on voit une phase de tensions entre les partis, mais il y a aussi un mal-être diffus dans le pays et les forces politiques doivent adopter une attitude de dialogue avec les citoyens qui vivent avec angoisse cette période de reprise mais refusent la violence. Le pass sanitaire a été une bonne chose, il faut continuer à convaincre. J’ai parlé avec Draghi et le revenu de citoyenneté sera modifié sur le fondement de nos propositions. Nous sommes loyaux, mais nous n’avons pas signé de chèque en blanc. Il faut respecter les engagements. Le cashback (système visant à inciter les paiements en carte) peut être revu, mais il faut que les paiements soient de plus en plus dématérialisés pour lutter contre les non déclarations de revenus. Sur la course au Quirinal, les spéculations sur les noms risquent de nous détourner de l’action actuelle du gouvernement, qui est plus importante. Nous ferons notre contribution à ce débat au moment approprié. On entend de tout, ceux qui veulent Draghi au Quirinal, ceux qui veulent le maintenir à Chigi jusqu’à la fin de la mandature, d’autres le veulent après 2023. Tout et le contraire de tout. Le M5S ne pense pas à ses propres intérêts et c’est pour cela que nous ne voulons pas détourner l’attention du gouvernement sur l’essentiel avec ce type de sujets. Sur le front républicain contre la droite souverainiste, il faut se souvenir qu’il s’agit actuellement d’un gouvernement d’unité nationale et le projeter au-delà de 2023 n’a pas de sens. Sur une éventuelle alliance de Renzi et Calenda sans les 5 étoiles, il y a beaucoup d’agitation mais les sondages ne suivent pas. »
ARTICLE, La Stampa, A. Barbera et G. Paolucci « Le gouvernement est optimiste sur le soutien de l’UE mais il faudra encore une injection d’argent public » : « Après l’échec du rachat par Unicredit acté ce week-end, on reste optimiste au ministère des finances : un délai supplémentaire de la Commission Européenne pour céder la majorité publique de Banco Monte Paschi di Sienna au-delà de la date-butoir sera finalement octroyé. Ce nouveau délai devrait permettre une augmentation du capital pouvant venir d’un acteur privé ou public, fait savoir une source du ministère. Ce qui se traduit en deux scénarii : un autre acteur privé pourrait se dire prêt à augmenter son capital, sinon ce sera encore une fois l’Etat qui devra intervenir. Pour la première possibilité, il est assez improbable qu’en quelques mois on puisse résoudre un problème qui existe depuis 8 ans. Hier, la Banque Populaire de Milan a fait savoir qu’elle n’était pas intéressée à un rachat « par lots » [le fameux « spezzatino »] avec Unicredit. Il ne reste que la deuxième option : l’énième injection d’argent public qui devra obtenir l’avis favorable de Bruxelles et qui devra prévoir une nouvelle recapitalisation « par précaution ». Bref, le destin de BMPS semble être semblable à celui d’Alitalia : personne, en dehors de l’Etat, ne semble être prêt à prendre en charge son inefficacité. »
ARTICLE, Il Messaggero, M. Allegri : « Migrants, une nouvelle vague arrive. Le Pape François lance un appel à ne pas les refouler » : « Il n’y a pas que des arrivées mais aussi des naufrages. Des canots à la dérive, des personnes portées disparues et beaucoup de mineurs en quête d’un avenir. Depuis le début de l’année, environ 52 000 personnes sont arrivées en Italie. Ce chiffre a été multiplié par deux par rapport à l’année dernière. Le dirigeant de la Ligue, Matteo Salvini, saisit cette opportunité pour attaquer la ministre de l’Intérieur Luciana Lamorgese : ‘’avertissez la ministre et Bruxelles que désormais n’importe qui débarque en Italie’’. Le Pape François, lors de l’Angélus, a demandé aux dirigeants de ‘’mettre fin aux rapatriements de migrants vers des pays qui ne sont pas sûrs, à commencer par la Libye’’ et il a rappelé que ‘’la protection de la vie demeure la priorité’’. L’alerte demeure élevée. Outre le Canal de Sicile, il y a aussi la route venant de l’Egypte et de la Turquie vers les plages des Pouilles et de Calabre qui commence à inquiéter. »
COMMENTAIRE, Repubblica, de Ilvo Diamanti « L’euroscepticisme italien » : « Une enquête de Demos pour la Repubblica révèle que depuis juillet, la confiance des Italiens envers l’Europe est passée du 46% à 35%. Toutefois, si les Italiens ‘n’aiment pas l’Europe’, l’hypothèse d’une Italiexit parait peu envisageable. Comme précédemment relevé par Demos, dans le cas d’un référendum pour une sortie de l’Italie de l’UE, deux Italiens sur trois voteraient non, conscients des risques et des coûts insoutenables qu’impliquerait une sortie de l’UE. En février dernier, la confiance en l’Europe a atteint le taux le plus élevé de ces dix dernières années avec 48%. Cette donnée coïncide avec l’arrivée de Draghi au gouvernement. Or, si la confiance en l’Europe baisse – ou plutôt revient à la normalité – celle envers Draghi, pourtant garant de la loyauté envers l’UE, ne baisse pas. Parmi les jeunes, les « pro-Européens » s’élèvent à 80% mais on le sait, l’Italie est un pays âgé. Malgré un gouvernement de large coalition, l’attitude envers l’Europe dépend aussi de l’orientation politique. Les européistes sont surtout présents au sein du Pd où ils dépassent les 60%. De même les électeurs du M5S et de FI ont une image plutôt positive de l’UE (40%). Quant à la Ligue et FdI, les européistes sont autour du 20%. De plus le lien entre la confiance envers l’UE et l’épidémie est assez net, avec une hausse en mars 2020 et en automne 2020 avec une reprise de l’épidémie. Certes on est loin de l’européisme du début des années 2000 avec l’arrivée de l’euro qui par la suite provoqua l’effet inverse. Il convient toutefois de garder sous contrôle le virus eurosceptique qui se diffuse autour de nous. »
(Traduction : ambassade de France à Rome)
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