"Avec cette Ligue, le gouvernement ne tiendra pas jusqu’en 2023."
28/09/2021
Italie. Revue de presse.
L’enquête pour une affaire de stupéfiants visant l’ancien conseiller en communication de la Ligue est aussi citée « Luca Morisi impliqué dans une affaire de drogue. Salvini de plus en plus isolé » - Le dirigeant de la Ligue défend son « ami », mais il est désormais assiégé au sein de son parti. Giorgetti contredit sa ligne politique (Repubblica).
COMMENTAIRE, La Repubblica, par S. Folli « Draghi et le piège de la fin de mandature » : « Quelque chose est en train de changer dans les rapports entre la Ligue et le gouvernement Draghi. Jusque-là, Salvini représentait celui qui cherchait à capter le mécontentement social. Giorgetti, en revanche, l’un des ministres les plus proches du Président du Conseil, incarnait le réalisme de ceux qui se chargent du devoir de gouverner, en répondant à un électorat enraciné dans le tissu économique. Il suffit de lire son analyse dans son entretien d’hier à la Stampa où il exprime tout son scepticisme sur les perspectives de l’exécutif. Nous sommes en train de parler de l’homme qui a depuis toujours défendu le choix institutionnel de la stabilité avec l’argument que les sacrifices allaient payer. Maintenant, Giorgetti laisse comprendre que la toile politique sur laquelle repose Draghi est prête à se fissurer. A partir de 2022, en se rapprochant de la date naturelle de la fin de la mandature, les partis entreront en compétition entre eux. Une concertation sur les échéances du Plan de relance serait nécessaire. Or, on fait face à un risque concret d’enlisement dans le conflit entre partis. Il vaudrait mieux, selon Giorgetti, aller aux élections anticipées plutôt que de payer le prix fort après des mois d’usure qui pénaliseraient la droite, notamment cette Ligue déboussolée. D’autres épisodes confirment l’impression d’une certaine confusion au sein de la Ligue, le tout dernier étant celui de l’enquête sur Morisi. Ou quand Salvini, ancien ministre de l’Intérieur, défend un préfet adjoint qui accuse l’Etat d’être despotique. D’où la solution de Giorgetti de proposer d’élire Draghi au Quirinal et obtenir la dissolution inévitable des Chambres. Car il n’y aura pas de deuxième mandat de Mattarella. L’intérêt de tous serait de mettre en évidence la force et le prestige de Draghi et non de mettre en exergue les faiblesses des partis pour dissimuler la fracture politique ».
PREMIER PLAN, Corriere della Sera, de M. Franco « Le risque d’un règlement de comptes après le résultat des élections municipales » : « Au sein de la droite, l’impression que des candidats faibles ont été choisis se confirme. Non seulement en raison des sondages qui n’excluent pas des défaites cuisantes dans les grandes villes, mais aussi car des doutes se font jour au sein même de la coalition. C’est surtout pour Milan et Rome que les tensions entre Salvini et Meloni ont conduit à des choix de compromis au rabais. Les oppositions au sein de la Ligue ont fait le reste. On a l’impression d’assister à une alliance provisoire qui est d’une certaine manière artificielle : un peu comme si, au lendemain des élections de dimanche, chacun gardait pour soi la possibilité de prendre un chemin encore plus conflictuel. Le ministre léguiste Giorgetti a prévu la possibilité que l’électorat de centre droit, déçu comme lui par la candidature de Michetti, puisse finir par voter pour C. Calenda, l’un des candidats les plus transversaux de la gauche. En Lombardie, nous avons assisté à un passage de témoin entre des élus de Forza Italia à ceux de la Ligue, alors qu’à Bruxelles des parlementaires européens ont abandonné la Ligue. Il est évident que dans un contexte de campagne électorale, il faudra s’attendre à un règlement de comptes. Meloni (FdI), qui a soutenu dès le début la candidature de Michetti pour la ville de Rome, a lancé un avertissement ‘’s’il y en a d’autres qui préfèrent que la gauche l’emporte, cela n’est pas mon problème’’. Il est clair dès à présent qu’en cas de défaite, la polémique entre FdI et la Ligue enflammera aussi le Capitole. »
ENTRETIEN, La Stampa, de Giuseppe Conte, Président du Mouvement 5 Etoiles et ancien Président du Conseil, « Avec cette Ligue, le gouvernement ne tiendra pas jusqu’en 2023 » : « Dernièrement, le Mouvement n’a jamais eu de résultats particulièrement brillants mais nous avons des propositions politiques fortes à Naples, à Bologne avec le PD, en Calabre, à Rome… Concernant Turin, nous nous présentons seuls et au second tour nous ne donnerons pas nos voix au PD. Le PD local a choisi une stratégie peu compréhensible portant un jugement négatif sur le travail fait par l’administration sortante [dirigée par la maire L. Appendino, du M5S, ndlr.] A droite, La Ligue est dans la confusion la plus totale, il y a des conflits internes qui m’inquiètent beaucoup. Toutes ces turbulences peuvent porter préjudice au gouvernement. Je pense qu’il est bon que la Ligue reste au gouvernement car ce n’est pas le moment de renforcer l’opposition, mais il faut plus de stabilité, autrement il est peu probable que la majorité tienne jusqu’en 2023. Après les élections, j’inviterai les chefs de parti à une discussion autour de la réforme des institutions, notamment pour plus de stabilité autour du Président du Conseil. Le gouvernement actuel travaille mais il peut faire davantage : nous avons les vaccins et le pass sanitaire, c’est le moment de supprimer les jauges dans les espaces clos (cinémas etc), il faut plus de courage. Il faut aussi clarifier nos intentions sur la transition écologique, j’ai parlé avec Cingolani, le ministre de l’Environnement, et nous sommes d’accord pour dire que le nucléaire n’est pas l’avenir et qu’il faut se concentrer sur les énergies renouvelables. Il faut aussi plus de justice sociale : limiter le coût de l’énergie, introduire le salaire minimum, améliorer mais conserver le revenu de citoyenneté. En revanche, le système de retraites avec ‘Quota 100’ [système selon lequel un salarié est éligible à la retraite complète si la somme de son âge et de ses années de travail est égale ou supérieure à 100, ndlr] n’a pas été concluant, il faut passer à autre chose. Je n’adhérais pas à la politique migratoire de Matteo Salvini lorsqu’il était ministre de l’Intérieur dans mon premier gouvernement. En revanche, avec Luigi Di Maio il n’y a aucun conflit et nous continuons à collaborer. »
(Traduction : ambassade de France à Rome)
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