Salvini : "J’ai signé la charte des souverainistes mais je reste avec Draghi."
05/07/2021
Italie. Revue de presse.
Le débat politique autour de la loi contre la transhomophobie est cité en Une du quotidien Repubblica, à la faveur d’un rapprochement entre deux groupes opposés, Ligue et Italia Viva, sur des amendements afin de parvenir à un nombre de voix suffisantes pour adopter le texte : « Décret Zan, un pacte entre la Ligue et Italia Viva » - Entente sur les amendements en vue du vote au Sénat ; le PD et le M5S s’opposent à toute modification de la proposition de loi.
ARTICLE Corriere della Sera « Loi Zan, Pd et 5 étoiles à l’attaque : ‘Ainsi les partisans de Renzi font tout couler’ » : « Maintenant sur la proposition de loi Zan l’affrontement est interne également au sein des partis de centre-gauche. Les amendements proposés par Italia Viva (de Matteo Renzi) ont exaspéré Pd, M5S et Leu, et ont en revanche reçu le soutien de la Ligue et de Forza Italia. Les modifications proposées par le parti de Renzi portent sur les articles 1, 4 et 7, notamment excluant la référence au terme ‘identité de genre’ du texte. Ces propositions ont été jugées irrecevables par les principaux partis de centre-gauche, qui sont inquiets car une troisième lecture à la Chambre des députés comporte le risque que la loi ne soit pas approuvée avant la fin de la législature. Demain est prévu le vote pour la programmation de l’adoption de la loi au Sénat au 13 juillet, mais dans ce cas la loi se retrouverait sans rapporteur avec l’inconnue du vote secret et l’inconnue concernant l’attitude de Italia Viva ».
ARTICLE La Stampa « Pd et M5S : Renzi veut faire couler la loi Zan, Letta est prêt à négocier un accord en session parlementaire » : « Le ton monte autour de la proposition de loi Zan et tous se retournent contre Italia Viva après sa proposition qui ouvre un gouffre au sein de « l’ancienne » majorité de centre-gauche. La stratégie d’Enrico Letta est d’attendre la programmation du vote pour le 13 juillet pour ensuite ouvrir les négociations. Mais les inquiétudes se concentrent sur l’attitude de Italia Viva, dont les voix sont fondamentales pour approuver le texte, et dont la stratégie serait de récupérer un bon rapport avec le Vatican. Le parti de Renzi est convaincu qu’une fois la date d’adoption au Sénat confirmée, le Pd sera obligé de négocier pour éviter que la loi Zan soit abandonnée. A droite, on profite des divisions et contradictions de la gauche, tout en se disant prêt à trouver « un accord en 5 minutes avec le Pd et le M5S pour augmenter les peines contre les violences contre les gays » promet Matteo Salvini ».
ENTRETIEN La Repubblica de Matteo Renzi, chef d’Italia Viva « Mieux vaut un compromis qu’aucune loi »: « ‘’C’est faux de dire que nous voulons faire couler la loi Zan. En revanche le véritable risque est celui d’aller au vote à bulletin secret car en réalité il manque des voix au sein des groupes du Pd et du M5S. Je préfère attendre 20 jours pour une troisième lecture en session parlementaire avec une bonne loi négociée plutôt que de devoir attendre encore 10 ans. Nous sommes en faveur de la Zan, mais dans le bicaméralisme parlementaire italien il faut aussi avoir une majorité au Sénat. La proposition du président du groupe IV Scalfarotto élimine les points de controverse sur l’identité de genre et sur l’école. Je souhaite élire un Président de la République avec une majorité large donc avec la droite également. Je n’ai pas encore de noms, nous en parlerons en février 2022’’ ».
ARTICLE, Fatto Quotidiano, « Deux défis à surmonter pour les médiateurs 5 Etoiles» : «Le Mouvement 5 Etoiles se réunit en conclave pour tenter d’assurer sa survie. En visioconférence, 7 experts (Di Maio, Fico, Crimi, Patuanelli, Crippa, Licheri, Beghin) devront réécrire les statuts et les règles afin qu’ils soient acceptés par le chef G. Conte ainsi que par le fondateur B. Grillo. La consigne pour les ‘’démineurs’’ est en fait le respect du silence absolu. Le travail de définition des statuts est quasiment terminé. Il reste toutefois deux points à élucider : celui du rôle politique qu’aura le garant du Mouvement (Beppe Grillo) – ce dernier voulant garder la primauté sur les valeurs mais aussi sur l’initiative politique - et la possibilité que le Mouvement puisse recourir en interne à une motion de défiance à l’encontre du chef politique. Sur ce point, Conte aurait déjà donné son accord de principe mais pas pour les pouvoirs du garant. L'éventualité d'une ‘’diarchie’’ n'est pas envisageable pour Conte. D’ici mercredi, nous saurons si la fumée est blanche ou noire et si Grillo a choisi la transparence. Conte a quant à lui été clair : il prendra les manettes du parti uniquement s'il y a une distinction claire entre des différents rôles et un gestion de la direction politique indépendante et séparée du charisme encombrant du fondateur.»
ARTICLE La Stampa, L. Monticelli « La défense de Salvini : ‘’J’ai signé la charte des souverainistes mais je reste avec Draghi » : « Matteo Salvini s’est défendu des accusations lancées par le centre gauche qui lui reprochait de vouloir affaiblir le gouvernement Draghi avec son adhésion à la « charte des valeurs » des souverainistes européens. ‘’L’Europe doit donner un coup de main sur l’immigration. Si des réformes devaient nuire à l’Italie, elles n’auront pas mon soutien’’, explique le dirigeant de la Ligue. Salvini dément aussi les tensions présumées avec G. Giorgetti, qui est depuis toujours intéressé par une alliance avec le PPE ‘’Giorgetti s’occupe d’économie, mais l’entente entre nous est totale’’ assure le chef de la Ligue. C’est Lorenzo Fontana, responsable des affaires étrangères au sein de la Ligue, qui explique que l’objectif de son parti est de créer le deuxième groupe parlementaire à Bruxelles pour avoir davantage de poids. Mais Antonio Tajani (Forza Italia) avertit ‘’qu’ils gardent à l'esprit que l’on ne gagne qu’avec le PPE’’. Pour sa part, Giorgia Meloni, dirigeante de Fratelli d’Italia et présidente des Conservateurs européens, a signé la charte mais n’a aucune intention d’entrer dans le même groupe parlementaire que Salvini et Le Pen ».
COMMENTAIRE, LA Repubblica, « Les patriotes contre l'Europe » par Ezio Mauro : « À la recherche perpétuelle d'elle-même, d'une identité politique et culturelle non résolue et donc ambiguë et incertaine, la droite italienne cherche continuellement sa définition. Giorgia Meloni s'impatiente chaque fois qu'on l'interroge sur le fascisme, Matteo Salvini est paralysé entre les deux tentations opposées de flirter avec le Parti populaire européen, de devenir modéré, mais pour marier Le Pen et Orbán, de rester extrémiste, Silvio Berlusconi se présente comme un libéral oubliant les tons illibéraux de l'époque glorieuse, pour sa propre protection, et entre-temps est prêt à fusionner ce qui reste de son aventure politique avec le radicalisme de la Ligue. Le résultat est que la droite risque d’arriver au gouvernement avant d'avoir trouvé sa propre identité. Le dernier choix en date est de se définir comme "patriotes", comme si le concept de patrie, au lieu d'être partagé, devait être source de division, devenant l'apanage d'un parti qui le transforme en étendard, et à ce moment-là, excluant les autres. La signature de la Charte des valeurs pour l'avenir de l'Europe, à savoir l'Union des patriotes européens représentant 16 partis d'extrême droite dont la Ligue et Fratelli d'Italia, révèle l'esprit et l'objectif avec lesquels les nouveaux nationalistes opèrent. En fait, la Charte des valeurs est le premier manifeste politique de l'anti-européanisme organisé, qui annonce la bataille pour une réforme radicale qui, en réalité, est une réduction de la taille de l'Union, en rétrocédant les pouvoirs de Bruxelles aux États-nations et en créant une réserve inviolable de compétences spécifiques des pays individuels, protégées et garanties par des règles. Les patriotes ne proposent pas pour l'instant la fin de l'euro, ils réaffirment l'importance fondamentale de l'indépendance des Etats européens face au totalitarisme, du lien atlantique avec les Etats-Unis, de la paix. Mais ils dénoncent les objectifs cachés de l'Union, leur véritable ennemi : une "ingénierie sociale dangereuse et envahissante", un "monopole idéologique", transformant l'UE "en une forme spéciale d'oligarchie" qui menace de priver les organes constitutionnels nationaux, y compris les gouvernements et les parlements, de leur pouvoir, pour finalement donner naissance à "un super-État européen". D'où la défense organisée des valeurs fondamentales et communes de cette partie du monde, qui selon les patriotes résident dans la tradition, dans le respect de la culture et de l'histoire des Etats européens, dans la prise en compte de l'héritage judéo-chrétien de l'Europe. Enfin, la famille, considérée comme "l'unité fondamentale de nos nations", mais aussi comme une ressource démographique pour "répondre à l'immigration massive", à l'heure où l'Europe est confrontée à la double crise de la dénatalité et du vieillissement de la population. Voici donc les éléments qui façonnent le concept de patrie selon l'ultra-droite. La tradition tout d'abord, en tant qu'ensemble de croyances et de coutumes transmises de génération en génération, et par conséquent en tant que noyau original mais pérenne, donc conservateur, d'une autorité symbolique qui sacralise le passé et prétend devenir une norme ou du moins une contrainte morale contre l'innovation moderniste. Et c'est précisément la transmission générationnelle qui assigne à la famille un rôle non pas social, mais patriotique et politique, afin d'opposer l'immigration à la démographie indigène et nationale. Dans cette interprétation du lien d'appartenance et de filiation entre famille, patrie et nation, émergent les obsessions de ces dernières années de l'ultra-droite européenne : le sang comme réserve de la véritable substance de la communauté nationale au-delà du temps, comme garantie perpétuelle de son identité et de son immortalité. »
(Traduction : ambassade de France à Rome)
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