Giorgia Meloni : "L’option du parti unique présente plus de risques que d’avantages."
17/06/2021
Italie. Revue de presse.
PREMIER PLAN, Corriere della Sera, de M. Guerzoni « La France fait tomber le masque, l’Italie hésite » : « La question de l’état d’urgence divise à nouveau les partis comme à l’époque de Giuseppe Conte. A la différence près que pour quelques heures Matteo Salvini et Roberto Speranza se retrouvent dans le même camp, parmi ceux qui voudraient renvoyer un signal positif en ne renouvelant pas l’état d’urgence à son échéance, le 31 juillet. Mais Mario Draghi est plus enclin à un prolongement de quelques mois, même si aucune date n’est encore fixée, et prône la prudence auprès de ses ministres. Pour autant, cela ne devrait pas freiner l’autre décision très attendue : la levée du port du masque obligatoire en extérieur et le gouvernement pense que sur ce point le Président du Conseil suivra les autres pays européens et supprimera la mesure le 15 juillet. Un autre symbole fort de retour à la normale qui semble réalisable pour Speranza. Mais la droite est furieuse face à la prudence du chef du gouvernement, suscitant de vives réactions de Giorgia Meloni et Matteo Salvini. Au sein du gouvernement, la question est encore en suspens et pousse les ministres à se repositionner. La ministre des Affaires régionales, Mariastella Gelmini, initialement favorable à un retour à la normale pour le mois de juillet, semble partagée entre volonté de clore une parenthèse de pouvoirs spéciaux qui doit rester exceptionnelle d’un point de vue constitutionnel, et la crainte de sous-estimer les variants, notamment indien. Mario Draghi lui semble s’agacer des déclarations un peu précipitées de certains ministres et Speranza avait ensuite nuancé ses propos sur la fin de l’état d’urgence. La question fait également débat parmi les scientifiques et les juristes, y compris à la Cour constitutionnelle. Draghi doit signer aujourd’hui le décret sur le pass sanitaire. »
COMMENTAIRE, La Repubblica, de C. Maltese : « La partie d’échecs de Draghi » : « Après Joe Biden, la figure marquante de ce G7 n'a pas été Emmanuel Macron ou Angela Merkel – laquelle reste pour l'instant dans un silence respectueux - mais Mario Draghi. Il s'agit là aussi d' "une étape historique". Il est très clair pour le président du Conseil que la question fiscale doit être traitée à l'échelle mondiale, et non pays par pays. Sortir de l'enceinte visuelle de nos frontières est pour nous une nouveauté absolue et fondamentale. Lorsque le moment sera venu de réaliser la réforme, Draghi aura beaucoup plus d'armes à sa disposition car il recevra une partie des redevances provenant des taxes sur les "géants GAFA". Salvini, à ce stade, ne peut qu’applaudir. Il comprend que de l'autre côté de l'échiquier, le joueur est bien plus fort que lui. La force impressionnante de Draghi est qu'il n'a besoin que de quelques mots. Ses discours sont très courts, incisifs, faciles à comprendre et à retenir. Et dès qu'il prend congé avec son sourire habituel, ces quelques mots sont déjà des slogans. Pour les nouveaux débats sur la justice, l'école et l'écologie, le gouvernement mettra en œuvre le même dispositif : avoir des idées plus fortes. Nous attendons cela depuis des décennies, y compris la réforme de la Rai. Comme pour le modèle de la BBC, il ne s'agira pas d'agréger de grosses sommes d'argent pour les mettre entre les mains de quelques stars mais de les utiliser pour réformer l'ensemble de la structure. C'est ainsi que l'on change réellement un pays et qu'on le projette vers l'avenir.»
ENTRETIEN, Corriere della Sera, de Giorgia Meloni, Leader de Fratelli d’Italia, « L’option du parti unique présente plus de risques que d’avantages ; nous n’avons pas choisi de rester dans l’opposition dans le but de monter dans les sondages » : « L’idée d’une fédération entre les partis qui soutiennent le gouvernement me semble bonne, ils ont raison de chercher à se coordonner davantage afin de se défendre de l’agression de la gauche qui veut imposer sa politique. Mais l’idée d’un parti unique, non ; nous avons plus à y perdre qu’à y gagner. Au centre-droit, nous sommes déjà une coalition et c’est notre diversité qui fait notre force et nous permet de représenter plus de 50% des électeurs. Nos règles veulent que, si on gagne, celui qui a obtenu le plus de voix devient Président du Conseil. Mais aucun de nous n’impose sa ligne aux autres, se pose en chef, décide pour tous. Je ne m’attendais pas forcément à atteindre 20% d’intentions de vote dans les sondages, mais j’ai toujours dit qu’il était plus facile de passer de 5 à 15% que de 3 à 5%. Fratelli d’Italia existe depuis 10 ans maintenant et nous recueillons le fruit de notre travail. Concernant le gouvernement, même si les relations personnelles avec Draghi sont plutôt bonnes, les problèmes sur le plan politique demeurent. Il y a pour moi encore trop de continuité avec le précédent gouvernement. Il faut des réponses claires sur les entreprises et sur l’emploi. »
SONDAGES, La Stampa, Euromedia Research, d’A. Ghisleri « Sur AstraZeneca, les régions et le CTS recalés ; les Italiens ne sauvent que Draghi et Figliuolo » : « Selon cette étude, au 14 juin 2021, la Ligue est le premier parti en termes d’intentions de vote (21,2%), devant Fratelli d’Italia (20,3%) et le Parti démocrate (19%). Le Mouvement 5 Étoiles et Forza Italia semblent en difficulté avec respectivement 16,2% et 6,6% des intentions de vote. Mais l’abstention reste le ‘’premier parti’’ puisqu’il polarise 32,8% des intentions. Les Italiens notent sévèrement la politique intérieure en attribuant 4,7/10 aux contenus du débat politique en Italie et 3,9/10 à la classe politique italienne. Durant ces mois de pandémie et l’urgence sanitaire et économique engendrée, les deux Présidents du Conseil, Giuseppe Conte puis Mario Draghi, ont monopolisé l’attention. Mais avec l’accalmie sur le plan sanitaire, les controverses et les polémiques vis-à-vis de l’action du gouvernement reprennent, de même que le débat public fait d’invectives et de provocations, parfois façon ‘’dialogue de sourd’’, en vue des prochaines élections municipales. Le dialogue politique et démocratique retrouve donc ses habitudes, avec tout de même une certaine anomalie puisque seuls Fratelli d’Italia et Sinistra Italiana ne font pas partie du gouvernement. Si l’indice de confiance de Mario Draghi oscille entre 57 et 60% (entre 47 et 50% pour son gouvernement) Giorgia Meloni (Fratelli d’Italia) est désignée comme la politique la plus lucide et la plus pertinente. Sur le plan sanitaire, le pays se divise entre les optimistes (39,3%) qui pensent que le scénario de l’automne 2020 ne se répètera pas et les pessimistes (37,1%) qui craignent au contraire de devoir à faire face à une énième vague de l’épidémie à l’automne prochain à cause des variants. Toutes les difficultés autour du vaccin AstraZeneca ont coûté cher en points de popularité au ministre de la Santé et au Conseil technique et scientifique. Seul le commissaire Figliuolo bénéficie encore d’un jugement majoritairement positif autour de 50%. Pourtant, la confiance vis-à-vis de la parole des experts demeure. Les anti-vaccins convaincus représentent un peu moins de 10% de la population. »
ARTICLE, La Repubblica, de C. Maltese : « Giorgetti à Stellantis : l’usine géante doit ouvrir en Italie » : « Le ministre du développement économique, Giancarlo Giorgetti (Ligue), a déclaré que le secteur automobile et le rôle de Stellantis constituaient un élément important de la politique industrielle de notre pays. Il a rappelé qu' "il y a des engagements pris par la société, également par rapport à la garantie que la Sace [Section spéciale pour l’assurance du crédit à l’exportation] a reconnu pour plus de 5,6 milliards, en termes d'investissements pour 5 milliards, confirmés par la société". Le ministre attend également des réponses sur l'emplacement de l’usine géante qui produira des batteries "nous attendons une décision sur son emplacement, qui doit être identifié en Italie". Il s’est aussi penché sur l'usine de Melfi : "Le problème n'est pas encore résolu, les négociations avec les syndicats concernant l'organisation et la réorganisation de la société liée à la fermeture d'une ligne doivent commencer". En effet, une ligne de production ne peut être prolongée indéfiniment et, surtout, ne peut en remplacer deux. Une nouvelle plateforme venant de Psa devrait être installée à Melfi pour construire quatre voitures électriques de segment moyen, à partir de 2024. Des sources syndicales ont répété que la concentration sur une seule ligne entraînera une diminution de l'emploi d'au moins 700 personnes. La Jeep Renegade, actuellement assemblée sur le site du Basilicate, pourrait être transférée dans une autre usine européenne.»
(Traduction : ambassade de France à Rome)
Les commentaires sont fermés.