"Berlusconi demande un parti unique mais Salvini s’y oppose."
16/06/2021
Italie. Revue de presse.
ARTICLE, Corriere della Sera « Berlusconi demande un parti unique mais Salvini s’y oppose » : « Salvini l’avait déjà annoncé ‘’Berlusconi m’a proposé le parti unique’’, Tajani avait pour sa part évoqué ‘’le rêve d’un grand parti unique du centre droit’’ et hier, un peu par surprise, le projet a été officialisé par Silvio Berlusconi. Mais c’est surtout le fait que Salvini ait écarté avec véhémence cette hypothèse qui a fait sensation. On s’attendait aussi à un entretien dans la presse de Berlusconi, où à une déclaration devant les caméras. Il a choisi de le faire à l’issue de la visioconférence avec les parlementaires européens ‘’c’est le chemin qui doit nous faire arriver à cet objectif. Je ne m’attends pas à une adhésion immédiate et je peux aussi comprendre les hésitations de Giorgia Meloni’’. Ce qui signifie pour lui un parti fort et ancré au PPE. Mais les déclarations de Berlusconi pourraient s’expliquer aussi par la volonté d’écarter le projet de fédération du centre-droit de Salvini, car ‘’elle ne convainc pas nos électeurs’’. »
COMMENTAIRE, Corriere della Sera, de M. Franco « La compétition se fait plus dure aussi entre le PD et le M5S » : « Plus qu’une collaboration, on pourrait presque parler de compétition, qui sera plus dure pour certaines villes et plus diplomatique pour d’autres. Ce n’est pas seulement la primauté de la gauche qui est en jeu mais aussi une lutte pour la survie, surtout pour le M5S. Depuis l’émergence de Giuseppe Conte au leadership 5 Etoiles, le Mouvement compte désormais se construire une identité en piochant dans les sphères modérées de l’électorat du parti d’E. Letta. Les 5 Etoiles et les démocrates puisent donc dans le même bassin électoral. Cela s’est vu dans la difficulté à trouver des candidats communs pour les élections dans les grandes villes. L’aile favorable au gouvernement du Mouvement avait prêché la collaboration avec le PD ‘’dans la mesure du possible’’. Or, maintenant, c’est l’inverse que l’on observe. A Naples, où le M5S et le PD sont alliés et soutiennent le candidat G. Manfredi, Conte a dit ‘’le M5S doit être le premier parti’’ et donc devancer le PD qui pourtant est donné dans les sondages comme premier parti du pays. La guerre pour la primauté est donc confirmée. Et le candidat du PD pour la ville de Rome, R. Gualtieri, a bien dit qu’il n’y avait aucune possibilité de voir un représentant du M5S dans son équipe s’il devait être élu Maire de Rome. Par ailleurs, le M5S et le PD restent divisés en matière de politique étrangère malgré les conversions atlantistes de certains, à commencer par le ministre des Affaires Etrangères Luigi Di Maio. Les déclarations de Grillo sur son blog, parlant du Sommet de l’Otan comme d’une ‘’parade idéologique’’ contre la Chine et la Russie ont été accueillies par le Mouvement par un silence gêné. Mais alors pourquoi Grillo défend-il la Chine à ce point ? ».
ARTICLE, La Repubblica, « Di Maio rassure le Palais Chigi : [la position de Beppe Grillo sur la Chine] n’est qu’une position personnelle” : « Le blog de Beppe Grillo n'en est pas à ses premières prises de position pro-chinoises. Il publie des interventions qui nient la persécution des Ouïghours, fait écrire des professeurs d'université - presque toujours des anthropologues - qui racontent le magnifique destin et les progrès du régime communiste de Pékin, sans réelle surprise. Ce qui est inquiétant, c'est le timing. Le garant des 5 étoiles a pris la peine de défendre la Chine et de tirer contre l'OTAN immédiatement après un G7 dans lequel les Américains ont fortement placé, comme priorité absolue, la question des intérêts et des visées expansionnistes chinoises en Europe, avec un plein soutien de Mario Draghi. Par histoire personnelle, ainsi que par convictions politiques, le Président du Conseil a toujours travaillé avec les Etats-Unis et jamais avec l'Europe de l'Est et encore moins avec la Chine. En bref, l'atlantisme n'est pas une habitude, mais une position convaincue. C'est l'une des raisons pour lesquelles il a demandé et obtenu des garanties de la part du Mouvement 5 étoiles. Et tous, du ministre des Affaires étrangères Luigi Di Maio au plus fervent représentant du M5S au gouvernement et au Parlement, lui ont assuré que la position de Beppe Grillo est "personnelle et apolitique". Di Maio est certainement le plus embarrassé, car le travail de recentrage délicat et difficile qu'il tente de réaliser est continuellement sapé par des communiqués comme celui-ci. La Farnesina tente de les écarter en ne les commentant pas, mais ils ne peuvent certainement pas passer inaperçus aux yeux des observateurs internationaux. En outre, le Mouvement affirme que c'est Di Maio lui-même qui a expliqué à Giuseppe Conte qu'accepter l'invitation de l'ambassadeur de Chine à Rome pendant le G7 en Cornouailles n'était absolument pas une bonne idée, ni pour le chef d'un parti faisant partie du gouvernement, ni pour un ancien premier ministre. Et ceux qui connaissent les deux sont prêts à parier que le travail que Di Maio fait aux côtés de Mario Draghi sera utilisé par Conte pour prendre - comme toujours - une sorte de position de médiateur. La réunion à l'ambassade de Chine a été annulée pour des raisons personnelles inexpliquées. M. Conte a parlé de "polémique instrumentalisée", affirmant que ce n'est pas la première fois qu'il rencontre des ambassadeurs et qu'"il est normal pour un dirigeant d'exposer sa proposition aux autres nations". Puis il a ajouté : "Le fait de pouvoir dialoguer avec des Asiatiques importants comme la Chine est utile pour tout le monde, évidemment dans le contexte de l'unité atlantique et de l'UE". Les "questions personnelles", en somme, pour Draghi ne sont pas négligeables. Car une chose reste certaine : si le Mouvement posait un jour une question politique sur ces sujets, il trouverait la porte du Premier ministre fermée. »
(Traduction : ambassade de France à Rome)
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