"Une coalition qui grandit mais qui risque de marquer contre son propre camp."
03/06/2021
Italie. Revue de presse.
PREMIER PLAN, La Stampa, d’U. Magri « Loin du conflit politique, le Quirinal montre la voie pour le successeur de Mattarella » : « Mattarella a évoqué le contexte politique du moment dans ses quelques 3 000 prononcés à l’occasion de la 75e anniversaire de la République. La tentation était forte d’en parler davantage, sans doute, mais il a su y résister. Dans deux mois commencera le « semestre blanc », c’est-à-dire la période pendant laquelle il ne pourra plus garder un ascendant sur les partis et les dirigeants politiques en étant privé de sa véritable arme: la menace de pouvoir dissoudre les Chambres. Animé du sens des réalités, Mattarella sait que la prochaine phase politique verra apparaitre de nouveaux acteurs, à commencer par le Président du Conseil qu’il a lui-même appelé pour sortir de l’enlisement et que Salvini et Meloni verraient volontiers au Quirinal pour ouvrir la voie aux élections anticipées. Dans son discours, Mattarella a fait la liste des vraies valeurs républicaines, regroupées dans la Constitution. Avec un discours de haut niveau, Mattarella a adressé son discours aux défaitistes. Il a exhorté à regarder vers l’avenir et à affronter avec courage les nouveaux défis pour se projeter ensemble dans l’après. Mattarella a fixé un standard éthique que même son successeur devra respecter.»
COMMENTAIRE, Corriere della Sera, Massimo Franco « Une coalition qui grandit mais qui risque de marquer contre son propre camp» : « Le parti de Giorgia Meloni commence à penser que Matteo Salvini et Silvio Berlusconi cherchent à perdre les prochaines élections municipales pour freiner l’ascension de Fratelli d’Italia. C’est juste une hypothèse mais cela souligne toutefois une tension et une conflictualité que l’on a pu observer lors des négociations avec la Ligue et Forza Italia pour choisir les candidats pour les villes de Rome, Milan et Naples. Il est assez singulier qu’après des semaines de latence, on en arrive à une réunion qui s’est achevée sans aucun accord. Meloni a indiqué comme date butoir celle de mardi prochain, mais ses alliés lui ont répondu qu’il fallait plus de temps. A part le fantasme d’une rupture, c’est l’incapacité à trouver une classe dirigeante qui pose un vrai problème. Ce phénomène touche tous les partis, mais le centre droit montre plus que jamais cette incapacité, malgré des sondages le donnant comme gagnant. C’est un phénomène masochiste difficile à expliquer au-delà de la simple compétition pour le leadership entre Meloni et Salvini. L’usure progressive du berlusconisme et la permanence de Fratelli d’Italia dans l’opposition ne justifient pas des positions aussi divergentes. Leur coalition se renforce du point de vue électoral mais s’affaiblit politiquement car elle semble hésiter à utiliser la saison du gouvernement Draghi pour changer de peau, de référents et d’identité. Les frictions sur les candidats et la perspective d’un accord au rabais dévoilent une incapacité de synthèse et de vision communes. Le conflit interne et l’impossibilité de passer d’un euroscepticisme culturel – avant même que politique – à une adhésion claire aux valeurs européennes représente une inconnue encore plus inquiétante. Si l’accord entre Salvini et Meloni devait se jouer sur des mots d’ordre et des schémas du passé, cela pourra les aider à remporter les élections mais pas à gouverner : ni dans les villes, ni au Palais Chigi et encore moins en Europe, centre vital aussi pour la politique italienne ».
(Traduction : ambassade de France à Rome)
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