"Les présidents des régions de la Ligue s’opposent à l’accueil des réfugiés."
20/05/2021
Italie. Revue de presse.
La question migratoire, avec la reprise des flux venant d’Afrique du Nord et le problème de la relocalisation au niveau national et européen, est aussi citée : « Migrants, le plan européen : l’Italie ne sera pas abandonnée » - La commissaire Johansson annonce des accords avec la Libye et la Tunisie et un pacte pour la relocalisation. Draghi demande à ce que le sommet européen se consacre aussi à cette urgence. Di Maio se rend à Tripoli pour discuter des nouvelles mesures (La Repubblica), « Migrants, l’opposition des régions du Nord » - La Lombardie et le Piémont disent non à la relocalisation de 110 réfugiés. Lamorgese demande plus de solidarité pour la Sicile (La Stampa), « Carola Rackete acquittée » - C’est l’immigration sauvage qui l’emporte, les juges enterrent l’enquête : les ONG peuvent très bien s’en prendre aux policier de la « guardia di finanza » (Il Giornale). Enfin, la politique intérieure, avec les déclarations de Sergio Mattarella écartant tout souhait de briguer un second mandat à la Présidence de la République, est aussi largement citée en Une et dans les pages intérieures.
COMMENTAIRE, Repubblica, de Stefano Folli, « [Ce qui se cache] derrière les mots du Président » : « Le Président de la République demande que son nom ne soit pas inclus dans le manège médiatique qui, dans les mois à venir, portera le titre de "Toto Quirinale". Il s'agit du jeu politique le plus prenant et il est renouvelé tous les sept ans. Mattarella veut s'en sortir par avance, pour éviter que les journaux mesurent de manière obsessionnelle le degré de probabilité d'un second mandat, avec diverses déductions sur la propension de l'intéressé à l'accepter ou à le refuser. Cependant, il ne serait pas exact de dire que rien ne se passe autour du palais présidentiel. Au regard de la prudence et du style auxquels il nous a habitués, le chef de l'État parle plus que d'habitude. Deux discours en deux jours, quelques phrases qui se prêtent à être lues successivement dans le cadre d'une même réflexion. On sent l’irritation, car si Salvini est agité, avec un pied dans le gouvernement et un autre en dehors, on ne sait pas si Letta devrait être la colonne vertébrale de l'exécutif et ou s’il est encore plus nerveux que l'autre, soucieux qu'il est de l'envoyer dans l'opposition. Un été passé à polémiquer sur les migrants ou à se diviser sur la réforme de la justice - nécessaire mais gênante pour environ un tiers de la coalition (le M5S) - risque de compromettre l'architecture institutionnelle à laquelle Mattarella tient au plus haut point. D'où la fatigue personnelle à laquelle le président a fait référence hier, le sentiment de son âge sur ses épaules. Il est clair que si ce gouvernement, né au-delà des anciennes formules, est enterré, il n'y a pas de solution à portée de main. Il n'y a pas d'autre Draghi à l'horizon. Cela vaut également pour l'élection présidentielle de janvier. Le système ne peut pas se permettre une guerre entre factions pour imposer un candidat ou l'autre sur la base de majorités minces. »
ARTICLE, Corriere della Sera, F. Fubini : « Toutes les réserves européennes sur le Plan de relance italien» : « La Commission Européenne fera attention à chaque euro dépensé et aux engrenages du Plan, non seulement avec le gouvernement Draghi mais aussi avec ceux qui viendront après, jusqu’en 2026. Il s’agira donc d’une attention constante aux détails. La Commission est maintenant très attentive. Elle a demandé des éclaircissements concernant notamment les réformes de la justice, les aides pour les entreprises, jusqu’aux pouvoirs de décision et de contrôle sur les dépenses. Le 19 février, environ 40 questions sont parvenues depuis Bruxelles. Rome a répondu par une quarantaine de ‘’oui’’. Le défi, pour Draghi et le ministre de l’Economie Franco sera de concrétiser ces ‘’oui’’ par des lois qui manquent encore à l’appel. Parmi les commentaires de Bruxelles, il n’y a pas de projets recalés. Toutefois, sur la réforme de la justice, la discussion est encore formellement ouverte. Parmi les parties en attente de validation par Bruxelles figure l’embauche des personnels auxiliaires pour la justice et l’accélération de la procédure judiciaire. En réalité, le gouvernement a déjà répondu : une partie du personnel concernera les prisons, une autre l’accélération du système judiciaire, et seuls les fonctionnaires des tribunaux se verront verser des primes pour coordonner l’entrée des nouveaux personnels au secrétariat des procès. Cela devrait être suffisant pour débloquer les choses. Il y a ensuite des observations sur l’argent pour les entreprises. Bruxelles souhaiterait savoir pourquoi l’on offre des subventions et des prêts facilités au lieu des garanties. Elle souhaiterait aussi savoir comment sera réutilisé l’argent non dépensé. A ce stade, le gouvernement répond au point par point. Ce n’est que le début d’un parcours qui se terminera (peut-être) en 2026 ».
ENTRETIEN, Repubblica, avec Ylva Johansson, commissaire européenne aux affaires intérieures, "L'Europe soutiendra l'Italie sur les migrants pendant l’été" : "Nous sommes déjà en train de parler avec les autorités libyennes et avec le gouvernement intérimaire d'Abdel Hamid Dbeibah il y a des retours positifs et des opportunités, je suis prête à m'engager pour explorer la possibilité de conclure un nouvel accord avec la Libye sans attendre les élections de décembre." C'est la première fois qu'un responsable européen parle de négociations avec le nouveau gouvernement de Tripoli pour mettre fin aux départs incontrôlés, et souvent mortels, de migrants vers Lampedusa. La Suédoise Ylva Johansson, commissaire européenne aux Affaires intérieures, l'a fait avec Repubblica alors qu'elle était à Rome, en attendant de partir aujourd'hui, avec la ministre Luciana Lamorgese pour la Tunisie, un pays avec lequel l'Europe, poussée par la diplomatie italienne, est prête à conclure le premier grand accord mondial ("d'ici la fin de l'année") pour la gestion des migrants. Toutefois, le calendrier de ces accords n'est pas immédiat et Yohansson l’explique : "Je contacte les gouvernements de l'UE pour mettre en place un système de redistribution volontaire et temporaire afin d'aider l'Italie à affronter l'été. Il est fondamental que l'Italie reçoive la solidarité européenne. Nous avons appris que la redistribution volontaire ne suffit pas et qu'il est donc essentiel d'approuver la réforme des politiques migratoires avec des relocalisations obligatoires. Je cherche à savoir dans quelle mesure les partenaires sont disposés à s'engager. Je pense que l'Italie recevra une aide pour la redistribution, mais je ne peux pas en dire plus pour le moment. Je ne sais pas encore si nous allons procéder à une deuxième déclaration comme celle de Malte ou si nous allons utiliser un mécanisme différent. Dans l'intervalle, nous nous efforçons également de bloquer les départs. Je serai avec le ministre Lamorgese en Tunisie pour un accord global qui, d'une part, permet au pays de se remettre de la forte crise économique provoquée par le Covid, d'autre part, de lui donner les moyens de lutter contre les trafiquants d'êtres humains. Il y aura des financements européens pour l'économie, les investissements et l'emploi tandis que les autorités tunisiennes s'engageront à gérer les frontières, à reprendre leurs citoyens partis en Europe (15% des migrants en Italie, ndlr) et à rapatrier les étrangers dans leur pays qui ne sont pas des réfugiés. Sur la Libye, nous avons des retours très positifs avec le gouvernement intérimaire, il y a des possibilités de bien travailler avec Tripoli. Je suis prêt à m'engager avec la Libye pour explorer les possibilités d'un nouvel accord. Cela dit, chaque pays a ses propres spécificités, on ne peut pas se contenter de copier-coller d'autres accords comme celui avec la Turquie. La Libye a également besoin d'outils et de capacités dans la gestion des migrants et il est également inacceptable de laisser les gens dans les camps dans lesquels ils sont actuellement confinés".
COMMENTAIRE, Corriere della Sera, de Francesca Basso, « ‘’Pas de chantage’’ déclare l’UE ; Lamorgese en mission à Tunis » : « ‘’Les frontières de l’Espagne sont celles de l’Union européenne’’ a souligné dans un tweet il y a deux jours le Président du Conseil européen, employant une formule similaire à celle qu’on a souvent entendue lorsque l’urgence se situait à Lampedusa. Et elle vaut également pour l’île de Lesbos en Grèce. Ce sont en effet les trois portes de l’Europe pour les désespérés en quête d’un futur, que les pays de provenance utilisent parfois comme une arme. ‘’L’Europe ne se laissera intimider par personne et ne cédera au chantage d’aucun pays tentant d’instrumentaliser la migration’’ a donc tenu à rappeler Margaritis Schinas, vice-président de la Commission. Mais en ne s’accordant pas sur le nouveau pacte pour la migration et l’asile, les pays membres laissent au Maroc, à la Libye et à la Turquie la prérogative de la gestion du phénomène. Pour l’instant, l’accord ne progresse pas. La commissaire européenne aux Affaires internes et arrivée hier en Italie pour s’entretenir avec son homologue italienne, la ministre Luciana Lamorgese, avant de s’embarquer ensemble pour la Tunisie, deuxième pays de provenance des embarcations clandestines de migrants. Avec la pandémie, la Tunisie connait une crise économique importante et la Commission se dit prête à mettre sur la table des aides ‘’conséquentes’’. L’intervention de l’UE serait triple : le contrôle et la surveillance renforcés des frontières, des projets pour l’emploi et la formation, favoriser l’immigration légale. Hier l’ambassadeur italien auprès de l’UE a demandé à ce que la question soit traitée lors du prochain sommet européens, les 24 et 25 mai. »
PREMIER PLAN, Repubblica, « "Un accord avec la Libye" : Voici le plan de l'UE pour arrêter les débarquements [de migrants] » : « Sur la question des migrants, l'Europe tente de reprendre le dossier en main. Après la tragédie de Ceuta, à la frontière entre le Maroc et l'Espagne, et après les débarquements massifs à Lampedusa, un premier pas pourrait être franchi la semaine prochaine. Le commissaire européen à l'élargissement et à la politique de voisinage, le Hongrois Oliver Varhelyi, ainsi que le ministre italien des affaires étrangères, Luigi Di Maio, et le Maltais, Carmelo Abela, prévoient une mission en Libye. Dans un délai très court, peut-être dès la semaine prochaine. Dans le but de jeter les bases d'une entente totalement nouvelle avec le gouvernement unitaire d'Abdul Hamid Al Dbeibah. Un geste que beaucoup considèrent comme un saut qualitatif dans la gestion de cette urgence. Les négociations devraient concerner surtout trois points. D’abord un véritable accord de partenariat, en partie inspiré du traité que notre pays a signé en 2008 avec le président libyen de l'époque, Mouammar Kadhafi, et qui a été progressivement oublié au fil du temps. Il prévoyait une mesure qui pourrait maintenant être rétablie : la télédétection des frontières libyennes. Deuxièmement, la sécurité de la frontière sud de la Libye. C'est de là, en effet, que passe la principale route des migrants : le Niger et le Tchad. Un paquet de ressources économiques sera mis sur la table : de l'argent pour protéger les frontières sud. Le troisième point concerne toujours les garde-côtes. La coopération reprendrait dans son intégralité. Pour rétablir le contrôle de la côte et aussi pour empêcher que cette zone ne passe sous l'influence solitaire et exclusive de la Turquie. Il est clair que les résultats de cette négociation et les effets sur le contrôle de la traite des êtres humains dépendront largement de la solidité de l'exécutif libyen. Les capitales européennes sont conscientes que le tandem Tripolitaine-Cyrénaïque avance sur un fil très fragile. Et le chemin qui mènera aux élections reste à vérifier. Ceci représente un des éléments de faiblesse du cadre dans lequel l'Italie s'insère. Contrairement à la Turquie - en ce qui concerne la route des Balkans - et au Maroc - en ce qui concerne l'avant-poste espagnol de Ceuta en Afrique du Nord - l'État libyen ne garantit pas l'efficacité des fonds à transférer. Le gouvernement italien a demandé que la question des migrants soit inscrite à l'ordre du jour du prochain Conseil européen. »
ARTICLE, La Stampa, « Les présidents des régions de la Ligue s’opposent à l’accueil des réfugiés mais Lamorgese fait pression » : « Les arrivées des migrants sont en train d’augmenter. L'immigration revient donc enflammer le débat politique. Matteo Salvini, avec le flair habituel d'un animal politique, ayant désormais encaissé une victoire sur le front des ouvertures, repart immédiatement à la charge. S'il avait auparavant le ministre Roberto Speranza dans son collimateur, il vise maintenant Luciana Lamorgese. Les porte-parole de Salvini ont fait savoir ces derniers jours : "Les territoires gouvernés par notre parti n'accepteront pas la répartition des immigrés illégaux qui est envisagée par l’Intérieur’’. C’est une position qui a été réitérée hier également par les léghistes présents au sein du Comité Schengen. Face à ce véritable boycott, même Lamorgese, qui garde souvent son sang-froid, s'est emportée : "Il n'est pas juste de tout laisser sur les épaules de la Sicile, juste parce que c’est par cette région que les migrants arrivent’’. "La redistribution est une procédure normale que nous avons fait ces derniers mois", a ajouté la ministre. Lamorgese place désormais ses espoirs dans le protocole actuellement en préparation avec la France et l'Allemagne, et qui devrait revitaliser l'accord de Malte de 2019. »
COMMENTAIRE, La Stampa, de G. Linardi « Carola Rackete a défendu l’Etat de droit » : « Après environ deux ans, l’enquête sur Carola Rackete a été classée sans suite : la capitaine du Sea-Watch 3 a fait son devoir. Il aura fallu un acte de désobéissance civile afin de respecter celui d’un droit supérieur, qui établit le principe du secours en mer. Il s’agissait ainsi d’un acte contre les interdictions - injustes -prévues par l’ancien décret signé par Salvini et qui criminalisaient l’entrée dans les eaux italiennes des ONG ayant sauvé des vies dans des eaux internationales. Du coup, la vraie violence n’était pas celle de ‘’résistance contre un navire de guerre’’ comme le demandaient les enquêteurs mais au contraire, la violence avait été faite par le biais de l’obstructionnisme de l’autorité. Le patrouilleur de la brigade des finances qui a reçu l’ordre de se mettre entre le dock du port de Lampedusa et le Sea-Watch 3 reste le symbole de l’Etat qui se dresse physiquement entre la responsabilité individuelle d’une personne, le capitaine, devant son accomplissement : assurer le débarquement des rescapés, après des semaines en mer et des mois passés en Libye dans les mains des tortionnaires face auxquels l’Europe a choisi de renoncer à sa responsabilité de les protéger. Carola, après l’avis des médecins à bord évoquant une ‘’situation insoutenable’’, avait dû prendre toute seule la décision de prendre la barre et d’entrer dans le port ».
(Traduction : ambassade de France à Rome)
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