"Le retour de Salvini constitue une menace pour la France et l’Allemagne."
01/03/2021
Italie. Revue de presse.
La décision du M5S de nommer Giuseppe Conte comme chef politique du Mouvement est également citée : « Conte accepte la direction du M5S » - Un nouveau M5S accueillant et intransigeant (Il Fatto Quotidiano).
ARTICLE, Corriere della Sera, de M. Guerzoni « L’avocat Conte a demandé à avoir les mains libres » : « Après des jours de réflexions et de doutes, G. Conte, qui imaginait un parti à lui, a accepté l’invitation du fondateur du M5S et a bien voulu travailler à une ‘’restructuration intégrale’’ de la première force politique du Parlement italien, divisée sur le soutien à apporter au gouvernement Draghi et affaiblie par les départs et les expulsions. L’avocat des Pouilles s’est rendu à l'hôtel romain ‘’Forum’’ pour en ressortir trois heures plus tard comme chef désigné. Pour le moment. Conte s’est donné environ une semaine pour obtenir les dernières assurances et pour travailler au projet. ‘’S’il est accepté par tous, je m’engage à le mettre en œuvre avec les adhérents, les parlementaires et les sympathisants ‘’ aurait-il dit lors de la réunion avec les ténors du Mouvement. Conte est donc disponible et heureux d’accepter, mais à ses conditions. En s’appuyant sur le soutien d’environ 4 millions d’Italiens - d’après les sondages de son porte-parole -, Conte a pratiquement demandé d’avoir toute latitude dans ce projet : liberté de pensée et d’action pour transformer ce Mouvement antisystème en une force plus ouverte à la société civile, européenne, environnementale, modérée et qui ne renonce pas aux thèmes historiques de son ADN tels que le respect du droit, la transition écologique et la lutte contre la corruption. L’idée de Grillo est que l’ancien président du Conseil puisse assumer la direction du Mouvement en tant que chef unique, sans ce comité de direction formé de 5 membres pouvant devenir un foyer de friction entre les différents courants et qui pourrait l’affaiblir. Conte non plus n’a pas confiance en cette structure qui a été approuvée via un vote sur la plateforme ‘’Rousseau’’. Toutefois, les spasmes au sein du Mouvement n’ont pas cessé. Selon les plans de Conte, il faut tourner la page et tout changer.»
ARTICLE, La Repubblica, de R. Mania « Draghi est pressé et écrira lui-même le plan de relance » : « Mario Draghi a décidé de réécrire lui-même le nouveau plan de Relance italien. Il le fera avec le ministre de l’Economie Daniele Franco et une poignée de conseillers dont Francesco Giavazzi et l’expert en droit administratif Marco d’Aliberti. Il n’a que deux mois devant lui car le projet doit être présenté à la Commission Européenne fin avril au plus tard. Et il ne pourra plus être modifié. Il s’agit d’une occasion qui ne se répétera pas, la plus importante opération de redressement économique depuis l’après-guerre, pour un pays qui a vu sa richesse nationale se réduire de 9%, perdre environ 500 000 emplois et des centaines de milliers de petites entreprises disparaitre. Le fait que le président du Conseil écrive lui-même le plan de relance présenter des garanties pour l’Europe, laquelle s'était plainte à plusieurs reprises de l’absence de vision du projet présenté par le gouvernement Conte II. Il faudra qu’il présente non seulement les projets mais aussi les retombées économiques attendues de celui-ci, y compris sur le taux d’emploi, afin de débloquer la seconde tranche d’aides. Cette tâche a été confiée au ministère de l’Economie, à l’instar d’autres pays européens, à commencer par la France. L’axe Draghi-Franco se renforce, les deux ayant un passé au sein du ministère de l’Economie. Franco a déjà entamé les consultations et les vérifications nécessaires à tous les niveaux.»
ARTICLE, Domani, de Piero Ignazi « Le retour de Salvini constitue une menace pour la France et l’Allemagne » : « La détermination de Giuseppe Conte avait permis la marginalisation d’un parti comme la Ligue, faisant pousser un soupir de soulagement au reste de l’Europe. Les orientations de Giuseppe Conte en matière de politique extérieure n’étaient d’ailleurs pas moins européennes et atlantistes, si l’on s’en réfère au discours à l’occasion du vote de confiance sur le gouvernement Conte II. Si différence il y a, elle réside dans le retour de Silvio Berlusconi et de Matteo Salvini, qui rend au contraire le gouvernement Draghi moins pro-européen et occidental qu’avant. Mais le problème dérive bien moins de Silvio Berlusconi -de son euro-scepticisme de longue date, de ses penchants à l’Est pour Vladimir Poutine et d’Alexandre Loukachenko- que de Matteo Salvini et de ses rapports avec la droite populiste partout en Europe. La Ligue s’est vue conférer toute la légitimité de la part d’une autorité mondialement reconnue, et pourra ainsi être un appui important pour le Rassemblement national de Marine Le Pen, pour les populistes allemands nostalgiques de l’AFD ou encore pour le PVV hollandais de Geert Wilders. Le Président français Emmanuel Macron n’avait pas eu trop de difficultés à marginaliser la cheffe de file du RN lors des présidentielles, mettant en avant ses positions anti-UE. Mais Angela Merkel et Emmanuel Macron auront bien du mal à dénoncer le manque de fiabilité démocratique des populistes anti-européens maintenant que le Ligue est entrée au gouvernement aux côtés d’un pro-européen de l’envergure de Draghi, le champion de l’ « Union toujours plus étroite ». Vu le faible consensus que recueille actuellement Emmanuel Macron, comme le souligne Le Monde, les nombre d’électeurs tentés par l’abstention dans le cas d’un nouveau ballottage entre lui et Marine Le Pen pourraient augmenter davantage si celle-ci jouait la carte de la reconnaissance européenne. La même partie pourrait se jouer en Allemagne pour l’AFD marginalisée par la chancelière. »
(Traduction : ambassade de France à Rome)
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