"Refonder le M5S."
22/02/2021
Italie. Revue de presse.
Les premières mesures du nouveau gouvernement Draghi, avec la prolongation jusqu’en mars des restrictions actuelles pour lutter contre la Covid, font les gros titres des médias italiens : « Subventions et interdictions, les règles de Draghi » (Corriere della Sera), « Des interdictions jusqu’au printemps » (La Repubblica), « Gentiloni ‘’Avec Draghi, l’Italie renaît’’» (La Stampa), « Des fermetures pour rouvrir à Pâques » (Il Messaggero), « La Draghi connection » (Il Foglio). Les principaux quotidiens évoquent également le débat qui agite le Mouvement Cinq Etoiles sur son avenir, mouvement qui reste au bord de la scission selon la presse : « Grillo, l’antisystème devient système » (La Repubblica), « Refonder le M5S avec Conte ; Draghi, la confiance est réelle » (Il Fatto Quotidiano).
ARTICLE, La Repubblica, Affari & Finanza, « Mario Draghi réécrit le rôle de l’Etat dans l’économie” : “L’Italie a avancé jusqu’à présent sans véritable politique industrielle, entre mille contradictions et une déperdition d’énergie humaine et de ressources financières qui ont mis à rude épreuve les comptes publics. Car, à la différence d’autres pays européens, nous ne parvenons pas à voir sur le long terme. Sans parler du poids de l’administration. Il faut donc penser au futur, comme l’a expliqué Draghi à la Chambre, et pas juste aux 5 prochaines années. Nous devons dire ce que nous souhaitons pour 2026 mais aussi pour 2030 et 2050, année durant laquelle l’UE souhaite arriver à zéro émissions de CO2. Ce programme devrait être la base d’un plan de politique industrielle de grande ampleur que l’Italie n’a pas eu depuis des décennies. Donc, le premier ministre et ancien président de la BCE précise le rôle que l’Etat doit avoir et le périmètre de ses interventions dans l’économie : utiliser le levier de la dépense pour la recherche et le développement, l’éducation et la formation, la réglementation, les incitations et les taxations. Mais la politique doit aussi voir plus loin, surtout dans le domaine du changement climatique : une combinaison de politiques structurelles visant à faciliter l’innovation, de politiques financières qui permettent de faciliter l’accès au capital et au crédit des entreprises en mesure de se développer, et de politiques monétaires et fiscales expansives qui permettent d’obtenir les investissements. A savoir dans la production des énergies renouvelables, des véhicules électriques, de l’hydrogène, des trains à grande vitesse, de la numérisation et des réseaux de communication plus évolués. »
ENTRETIEN, La Stampa, de Paolo Gentiloni, “Avec Draghi, l’Italie est plus vertueuse. Elle peut faire bouger les lignes en Europe » : « Avec la crise, il y a eu un vrai changement, car ce n’est que dans deux ans que l’Italie reviendra au niveau de 2019, avec un taux de croissance du PIB inférieur de 4% à nos prévisions. Une Italie qui se concentre davantage sur les réformes structurelles pour une croissance durable et plus attentive à la dynamique de la dette, à l’instabilité financière, est une Italie plus vertueuse. L’effet Draghi compte beaucoup. Et l’action de son gouvernement va dans cette direction, fondamentale pour recréer de la confiance en notre pays. Cela aide aussi à surmonter la défiance des autres pays membres sur les mécanismes de réforme du pacte de stabilité. Nous avons une bonne base de plan de relance en Italie avec les corrections et les précisions apportées ces dernières semaines, cohérentes avec les priorités de l’UE. Mais il faut encore faire des progrès, que ce soit sur les engagements sur les réformes ou les procédures de mise en œuvre. Le fait d’avoir confié au ministère de l’économie et des finances le pilotage du plan est cohérent, et facilite le travail à Bruxelles. Il faut des politiques qui n’accroissent pas la dette : l’Italie est à 160% du PIB tandis que la moyenne européenne est à 102%. Nous devons canaliser l’énorme quantité de ressources offertes par le Next Generation pour les concentrer sur les secteurs d’avenir, les objectifs qualitatifs de développement, les technologies, la transition numérique, le green deal auquel le plan de relance européen attribue 37% des investissements globaux. Cette crise politique n’a pas conduit à une victoire des souverainistes, et a été gagnée par les européistes. Mais cela ne durera pas toujours, car il y a toujours des cycles. Mais pour le moment c’est ce qui se passe, et le cadre me semble solide. L’Italie est revenue au centre du jeu comme acteur indispensable. »
ENTRETIEN, Il Fatto quotidiano, Alfonso BONAFEDE, ex-ministre de la justice (5 étoiles) : « Refonder le M5S avec Conte. La confiance donnée à Draghi n’est pas en vain » : « Il faut préserver nos valeurs et nos résultats, comme la réforme de la prescription qui faisait partie des promesses du mouvement. Mon maintien au gouvernement n’a jamais été la question, je l’ai tout de suite fait savoir. L’expérience du gouvernement jaune-rouge a été positive, et je pense que cette coalition doit continuer à travailler pour diriger le pays aussi dans le futur. Si Conte décide de fédérer l’alliance ou de devenir le chef du mouvement, ce sera bien sûr son choix, mais je pense que le futur du M5S ne peut que se recouper avec le sien. Nous sommes dans une situation exceptionnelle, qui justifie que nous ayons voté la confiance tout comme d’autres groupes auxquels nous sommes opposés (FI ou IV). Mais notre vote n’est pas un blanc-seing pour tout et il sera essentiel de défendre nos valeurs dans ce gouvernement, car notre principal risque à présent est de les oublier. Etre responsables ne veut pas dire être démocrates-chrétiens. Je pense que le M5S sera refondé, en étant totalement réorganisé. Il ne suffit pas de changer de chef. Il faut que l’on se dote d’une structure, et impliquer les territoires. Vito Crimi a fait son maximum comme chef intérimaire, mais l’erreur que nous avons commise depuis un an a été de penser que pour diriger le mouvement, il suffisait d’être au gouvernement. »
(Traduction : ambassade de France à Rome)
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