"La stratégie du Président du Conseil pour neutraliser Salvini."
18/02/2021
Italie. Revue de presse.
Le vote de confiance obtenu hier au Sénat par le nouveau gouvernement Mario Draghi (262 voix pour, 40 contre et 2 abstentions). fait les gros titres des médias italiens. Le vote de confiance à la Chambre est prévu pour ce jeudi. Dans l'ensemble, les observateurs soulignent un ''discours politique rassembleur'' ayant obtenu un soutien très large parmi les sénateurs, malgré la « fracture » au sein du M5S : « Draghi : unis pour la reconstruction » (Corriere della Sera, Il Messaggero), « Une Italie pour nos enfants » (La Repubblica), « L'unité est un devoir » (La Stampa), « Unis pour la nouvelle reconstruction, nous sommes en guerre contre le virus » (Sole 24 Ore), « Le discours de Draghi » - Une majorité écrasante malgré la grogne (Il Fatto Quotidiano), « Allez Draghi » - Naissance d'un gouvernement libéral (Il Giornale), « La nouvelle Reconstruction » (Avvenire), « La formidable leçon du Professeur Draghi » (Il Foglio)
Les JT couvrent le vote de confiance obtenu hier au Sénat par le nouveau gouvernement Mario Draghi, le risque d’une scission au sein du M5S et l’alerte sur les variants de la Covid-19 ainsi que la possibilité d’ultérieures restrictions de déplacements.
ARTICLE, Corriere della Sera, de Massimo Franco « Un soutien parlementaire large mais les pièges ne manquent pas » : « Le nombre de voix au Parlement représentent un élément de force mais aussi une ambiguïté potentielle de la majorité qui est en train de se former autour de Draghi. Les polémiques entre les partis ont baissé et les applaudissements dans l’hémicycle ont salué un président du Conseil plus ‘’politique’’ que prévu. Les logiques du passé sont toujours bien enracinées et soulignent tous les pièges d’un parcours unitaire qu’il faut construire alors qu’un changement de rythme s’impose. Le commissaire Gentiloni et l’ancien président de la Commission, Romano Prodi, ont demandé ‘’un engagement extraordinaire car nous avons perdu beaucoup de temps précieux avec la dernière crise’’. Il est clair qu’à partir d'aujourd'hui, où la Chambre lui donnera sa confiance, le gouvernement Draghi devra corriger les erreurs commises jusque-là car l’épidémie Covid-19 n’est pas une parenthèse mais un moment plus long qui demande de se préparer au mieux à une phase inédite, comme l’a souligné le Président du Conseil. La clarté avec laquelle Draghi a revendiqué l'ancrage international de l’Italie fixe la vraie feuille de route : Union européenne et Etats-Unis, plus l’ONU. Tout en soulignant l’ ‘’irréversibilité de la monnaie commune’’ : un message destiné à la fois à la Ligue et aux autres secteurs de sa majorité, ainsi qu’aux Chancelleries qui voient en Draghi l’antidote aux souverainistes maintenant en difficulté. La priorité est de surmonter l’épidémie. Le gouvernement sait que sa crédibilité passe par ce qu’il parviendra à faire dans les trois prochains mois. La gestion des aides communautaires ira de pair, mais ce dossier sera plutôt géré sur le long terme. Il faut espérer maintenant qu’aucun parti ne sera irresponsable au point de chercher à bifurquer sur un chemin de traverse. On constate toutefois que le système est en train de se transformer de manière imprévisible et fébrile. »
ARTICLE, Sole 24 Ore, de L. Palmerini « La main tendue aux partis sur le calendrier et les réformes » : « L’aspect le plus délicat est celui du rapport avec les partis. C’est de là que Draghi devait éclaircir sa pensée et le type de ‘’troc’’ à proposer aux dirigeants politiques. La scène politique est effervescente et cela est visible. En rencontrant hier le ministre Giovannini, Salvini a voulu passer le message qu'il était bien là et qu’il n'était pas en train de se reposer. Tout comme la naissance de l’intergroupe parlementaire PD-M5S-LeU est une initiative politique qui montre que quelque chose bouge pendant que le sort du pays est confié à Draghi. Bref, les deux coalitions n’ont aucune intention d’aller ‘’à la tribune’’ et elles ont besoin de visibilité médiatique. Dans son discours, Draghi leur a tendu une main pour trouver un terrain d’entente sur les réformes et le Plan de Relance. Des réformes trop longtemps reportées et qui sont désormais urgentes pour la survie et la reconstruction du pays. ll est temps de jouer collectif, quitte à se séparer après. Sur la durée de son gouvernement, Draghi a dit ‘’ce ne sont pas les jours qui comptent mais la qualité des décisions et le courage des visions’’. Certains ont voulu y voir plusieurs significations : l’anticipation du rendez-vous prévu dans un an, l’élection du nouveau chef de l’Etat. Ou bien une façon de satisfaire les objectifs de Salvini sur la tenue d’élections dès le printemps. Il est vrai aussi que le gouvernement Ciampi a mis un an pour faire ses réformes. »
EDITORIAL, Il Sole 24 Ore , de Fabio Tamburini « Le courage de changer pour avoir un avenir » : « Il faut rappeler que Draghi ne s’est pas présenté comme candidat à Chigi mais a accepté une offre car elle était fortement voulue par Mattarella (et pas seulement par lui). Actuellement, le consensus dont il bénéficie est presque plébiscitaire, mais il devra également procéder à des réformes impopulaires et il est possible qu'il finisse par en payer le prix. Il est essentiel que le cordon de sécurité représenté par l’approbation des partis au gouvernement lui permette de passer le test. En particulier lorsque débutera, au début du mois d'août prochain, le ‘’semestre blanc’’ qui précède le vote du Parlement pour la présidence de la République, période pendant laquelle la dissolution de la Chambre et du Sénat ne sera plus possible. Le discours de Draghi souligne des priorités d'une importance fondamentale : l'attention à l'environnement ("nous voulons laisser une bonne planète, pas seulement une bonne monnaie"), les écoles et les jeunes (qui ne doivent plus être contraints "d'émigrer d'un pays qui trop souvent ne sait pas mesurer le mérite"), l'égalité des sexes ("l'écart des taux d'emploi en Italie reste parmi les plus élevés d'Europe : environ 18 points sur une moyenne européenne de 10% »). Draghi ne manque pas de compétence et de connaissance de la machine étatique pour des interventions en rupture totale et à contre-courant de l’existant. Bien sûr, il lui faudra du courage. Les conditions du succès sont là, à commencer par la vision des relations internationales, allant des États-Unis à l'Allemagne. Certes, pour mettre en œuvre les réformes prévues, de la fiscalité à l'administration publique en passant par la justice, il devra être encore plus téméraire. Espérons qu'il saura le faire afin de laisser aux jeunes, à nos enfants, comme il l'a dit hier, "un pays capable de réaliser leurs rêves".»
OPINION, La Repubblica, Tonia Mastrobuoni, « Du banquier au chef de gouvernement, avec du sentiment » : « Depuis des années, on le surnomme sans fondement l'homme de glace, qui ne perd jamais son sang-froid, qui ne porte jamais de manteau. On l’a décrit comme le super pragmatique, "l'Américain". Depuis des années, Draghi a su charmer les marchés avec quelques mots. Trois mots ont suffi pour sauver l'euro, tout autant pour décrire les qualités parfaites du serviteur de l'État : "Courage, humilité, connaissance ». Draghi a écrit le discours d'hier presque entièrement seul. Et il n'a rien laissé de côté. Pas même des sentiments, qui sont dangereux pour un banquier central, mais essentiels pour un homme politique qui doit maintenir l'unité dans un pays qui sort de l’épidémie du siècle. "Je n’ai jamais encore connu, a-t-il rappelé, un moment d'émotion aussi intense et de responsabilité aussi lourde". En termes d’émotion, Draghi en a donné beaucoup. Par exemple, lorsqu'il a déclaré - hérésie pour un banquier central - que les pays qui pouvaient se le permettre devraient dépenser. Ou lorsqu'il a récemment parlé de "bonnes" et "mauvaises" dettes. Ses phrases incisives mesurées, son souci des faits précis et ses paroles acérées ont depuis longtemps bouleversé les destinées de l'Europe. Lorsqu'il est arrivé à la Banque d'Italie, Draghi a enterré la tradition des banquiers centraux avec un langage obscur. Hier, il a enterré la tradition des premiers ministres distraits sur le changement climatique et les femmes. Par-dessus tout, Draghi a été très clair sur ce qu'il fallait faire. Lorsque nous rallumerons la lumière, a-t-il dit, l'Italie ne sera plus la même et tout ne pourra pas être sauvé. Mais en s'attaquant aux questions prioritaires, aux obsessions qu'il a toujours eues - inégalités, jeunesse, politiques pour la croissance - notre pays peut renaître sous un meilleur jour. »
COMMENTAIRE, La Repubblica, « Assez de réseaux sociaux : le nouveau style de communication façon Bankitalia d'Ansuini » par Roberto Mania : « Pas (ou presque) de réseaux sociaux, pas de groupes WhatsApp, pas de commentaires. Peu de mots, et toujours pour rappeler des faits. Comme hier, pratiquement dès le début de la session au Sénat, en envoyant aux journalistes accrédités le texte du discours du Premier ministre Mario Draghi. Le début - sotto voce - du nouveau style de communication voulu par l'ancien président de la BCE et confié à Paola Ansuini, sa nouvelle porte-parole, qui a fait sa carrière à la Banque d'Italie. Il y a donc des changements au Palazzo Chigi après la longue et controversée saison de Rocco Casalino, puissant porte-parole de Giuseppe Conte dans le premier gouvernement (jaune-vert) et dans le second (jaune-rouge). D'autre part, c'est Draghi lui-même qui a indiqué comment il voyait la communication de l'ensemble du gouvernement : ne parler que lorsqu'il y a quelque chose à dire. Et ce sera le cas. Au moins au Palais Chigi. Comme cela a toujours été le cas à la Banque centrale, comme dans les institutions européennes où l'on ne commente jamais les rumeurs et on n’en crée certainement pas. Avec Ansuini, on retrouve une femme (quatre enfants et une grande passion pour Bach) pour diriger la communication de la présidence du Conseil. Avant elle, il y eu Betty Olivi, porte-parole de Mario Monti. Elle est diplômée en sciences politiques de l'université Luiss, puis a passé le concours pour entrer au Palazzo Koch. Jusqu'en 2000, elle a été chef adjoint de la délégation de Bankitalia à Bruxelles. Puis est rentrée à Rome pour coordonner, en 2001, la campagne d'information pour l'introduction de la monnaie unique. Puis elle a connu le scandale de la tentative de prise de contrôle de la Banque Popolare de Lodi sur Antonveneta et l'implication du gouverneur de l'époque, Antonio Fazio. Draghi est arrivé à la Banque d'Italie pour relancer l'institution et sa crédibilité. Il choisit Paola Ansuini comme responsable de la communication. Le tandem continue. »
COULISSES, La Stampa, d’A. Barbera et I. Lombardo « La stratégie du Président du Conseil pour neutraliser Salvini » : « Au Sénat, Mario Draghi est revenu explicitement sur l’irréversibilité de l’euro, répondant directement à la provocation de Matteo Salvini, alors que Giorgetti était assis à sa droite. Pour Draghi, la Ligue n’a qu’une seule voix au sein de son gouvernement, et c’est celle, modérée, du nouveau ministre du développement économique. Au gouvernement, certains évoquent son intention d’affaiblir la figure de proue de la Ligue ainsi que sa composante la plus ‘’nordiste’’ afin de pousser le parti vers une droite plus modérée, proche du Parti populaire européen. Salvini, ainsi pris en tenaille entre Draghi et Giorgetti, encaisse sans rien dire mais les signaux d’un duel larvé sont déjà là : Salvini veut un vice-ministre de l’Intérieur issu de la Ligue et le thème des arrivées de migrants est encore tabou au sein du nouveau gouvernement. Au cours des prochaines semaines, la Ligue ne sera pas en mesure d’influencer la conduite du gouvernement, tout au plus de la lui compliquer. Mais ensuite, la propagande électorale reprendra sûrement le dessus. Hier, Draghi a nettement rompu avec les ambiguïtés de la Ligue en matière de politique étrangère, mais aussi avec celles des gouvernements Conte I et II. Il s’est défini atlantiste, pro-européen, ami de la France et de l’Allemagne, soulignant que ‘’la pandémie a révélé la nécessité de mieux structurer et renforcer avec eux un rapport stratégique et incontournable’’, accueillant à bras ouverts la nouvelle administration Biden, moins la Chine et la Russie. Sur la question, les temps semblent avoir bien changé depuis le gouvernement Conte I. »
ANALYSE, La Stampa, de M. Sorgi « Ce sont désormais les techniciens qui feront de la politique » : « Il n’y a plus aucun doute sur le fait que Draghi ne se considère pas comme un technicien et revendique plutôt son engagement politique. Hier, il a prononcé un discours comme on en n’entendait plus depuis longtemps à la Chambre, illustrant une perspective claire, allant bien au-delà de l’urgence actuelle. Mais Draghi a surtout fait comprendre qu’au sein de ce gouvernement, ce sont les techniciens qui feront de la politique et les politiques qui devront se comporter en techniciens. Ces derniers devront démontrer concrètement leur capacité à administrer et à mener à bien des projets, que le nouveau cœur de l’exécutif – ministères de l’économie, de la transition numérique, de la transition écologique - n’aura de cesse de mettre sur la table. C’est la réponse qu’a choisi d’apporter Draghi à la question qui divise les forces politiques depuis des mois - les objectifs et la gestion des fameux 209 milliards – tout en évitant de rentrer dans les polémiques. Concernant un changement de la bureaucratie, cela ne pourra passer pour lui que par un réel passage au numérique.»
COMMENTAIRE, La Repubblica, Stefano Folli, « Conte, l'alchimie et l'intergroupe » : « Personne ne recule sur son identité", a déclaré Mario Draghi au Sénat : "au contraire, ils font un pas en avant", a-t-il ajouté, faisant allusion à la nécessité pour les forces politiques de profiter de cette période de répit et d'unité pour se régénérer et redécouvrir leur relation avec la société, "avec les vrais problèmes des familles et des entreprises ». Que cela se produise est non seulement opportun, mais indispensable : il est clair que le tissu parlementaire sur lequel repose le gouvernement technico-politique est fragile. La stagnation des partis ne peut qu'aggraver la situation, tandis qu'un élan réformateur issu de l'effort conscient et conjoint de l'exécutif et des courants politiques - chacun avec sa propre sensibilité - peut renforcer les deux. Et ici, la citation de Cavour, un nom qui n'a pas été entendu au Parlement depuis des années, équivaut à une invitation à gravir la pente contre la résignation et le déclin. Au point de capter "l'esprit républicain", le même esprit qui a animé la renaissance de l'après-guerre et qui doit présider à une autre reconstruction. Nous verrons comment ces "identités" seront déclinées dans les temps à venir. Les groupes qui ont soutenu Giuseppe Conte jusqu'à il y a quelques jours : ce front Pd-5S-LeU a applaudi Draghi, mais non sans un certain maniérisme. Par rapport à un Premier ministre qui nous demande de réfléchir au contenu, c'est-à-dire aux choses à faire et aux idées à proposer, il y a une tendance inquiétante. En écho à Mattarella, Draghi présente un gouvernement qui échappe à "l'alchimie politique", mais le PD et les M5S (plus l'aile gauche de LeU) ont déjà répondu en créant un "intergroupe" au Sénat. Officiellement pour contrer le poids de la droite, mais il est difficile de ne pas voir l'ambiguïté de l'initiative. Le PD devra confirmer par les faits les intentions exprimées par Zingaretti tandis que le fossé avec le centralisme renzien se creuse. Le premier à saluer la naissance de l’intergroupe PD-5 étoiles- LeU a été l'avocat du peuple. Conte est toujours l'anti-Draghi, au-delà des courtoisies formelles, et a lié son avenir à l'accord stratégique Pd-5S-LeU : proposant ainsi l'héritage de son gouvernement comme base et ciment du nouveau bloc. La contradiction avec l'invitation de Draghi à la nouvelle dynamique de réforme est évidente. Mais il y a surtout - ou il y aura bientôt - une autre contradiction : celle entre le programme de Draghi, destiné à offrir des "sacrifices pour tous", et la recherche du consensus à tout prix typique de Conte ou en tout cas du front qui l'a soutenu. Ce n'est pas un hasard si les réformistes vivent cette affaire comme une défaite. »
TRIBUNE, La Repubblica, Giorgia Meloni, dirigeante de Fratelli d’Italia, ‘Nous sommes dans l'opposition parce que notre idée de l'Europe ne va pas de pair avec une démocratie réduite de moitié » : « Cher directeur, beaucoup ont fait de l'européisme la grande nouveauté sur laquelle le nouveau gouvernement est né, mais en réalité il aurait fallu parler plutôt d'adhésion à une certaine vision de l'Europe. Draghi lui-même, dans son discours programmatique, a exprimé très clairement sa vision : celle d'un transfert de souveraineté toujours plus important des États-nations vers l'Union européenne. Eh bien, nous avons une vision différente et cela ne fait pas de nous des ennemis de l'Europe. Au contraire. La famille des conservateurs européens, que j'ai l'honneur de présider, souhaite une Europe meilleure, capable de concentrer ses efforts sur certaines questions importantes où elle peut réellement apporter une valeur ajoutée, plutôt que de demander de plus en plus de pouvoirs sans même savoir, souvent, comment les exercer. Prenons le dernier exemple de la lutte contre les pandémies : est-il logique que l'UE omniprésente ne dispose pas d'une stratégie unique, même en matière de santé ou de confinement ? Même question dans d’autres domaines, de la politique étrangère à la défense, en passant par la recherche. Après tout, et c'est là le nœud politique, la vision confédérale de l'Europe qui nous inspire a toujours eu une citoyenneté pleine et entière dans le débat européen : depuis les pères fondateurs qui ont construit l'Europe sur la devise "unis dans la diversité" jusqu'à l'Europe des nations de De Gaulle. Ce n'est que ces dernières années que le discours dominant a mélangé européisme et super-État européen. Une équation que nous rejetons au nom de ce que Roger Scruton, un géant de la pensée conservatrice décédé il y a un an, définissait comme la "vraie Europe". L'européisme risque donc de devenir une feuille de vigne derrière laquelle se cache une opération, celle du gouvernement Draghi, constitutionnellement légitime mais politiquement inégalée en Europe et peut-être dans le monde démocratique. Oui, parce qu'aucun autre pays européen n'est dirigé par un Premier ministre qui n'a pas obtenu, directement ou indirectement, un mandat au cours d'élections politiques. Le modèle confédéral et la légitimité populaire sont deux prérogatives des mouvements conservateurs, c'est pourquoi, parmi les 44 partis membres des conservateurs européens, il n'y en a pas un seul qui gouverne avec la gauche fédéraliste et mondialiste. Un gouvernement de techniciens n'est qu'une anomalie italienne - comme l'a même souligné The Economist il y a quelques jours - car normalement, dans les démocraties, le recours aux urnes est considéré comme le moment le plus fort et non comme une tentative de coup d'État. Et parce que, comme l'a bien expliqué Massimo Cacciari, si dans les moments difficiles la politique ne trouve pas la force d'assumer ses responsabilités, les citoyens finiront par penser qu'on peut s'en passer. Tout aussi incompréhensible est l'argument selon lequel le choix de Fratelli d'Italia pour assurer une opposition serait irresponsable et contraire aux intérêts de la nation. C'est même plutôt le contraire, étant donné que sans opposition, il ne peut y avoir de démocratie. De notre point de vue, il ne s'agit donc ni d'être pour ou contre Draghi - une personnalité certainement respectable - ni d'être pour ou contre l'Europe, sur la construction future de laquelle il est légitime d'avoir des opinions différentes. Plus simplement, il s'agit de ne pas se résigner à l'idée que la démocratie italienne est une démocratie réduite de moitié, dans laquelle le vote des citoyens compte de moins en moins et où, lorsque les choses se compliquent, quelqu'un est parachuté pour essayer de faire ce que les personnes choisies par le peuple ne seraient certainement pas capables de faire. Cette version, qui fait de l'Italie une nation arriérée et non l’avant-garde comme vous voulez le dire, les Fratelli d'Italia ne l’accepteront jamais ».
(Traduction : ambassade de France à Rome)
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