"Virus et emploi, les premières difficultés pour Draghi."
15/02/2021
Italie. Revue de presse.
PREMIER PLAN, La Stampa, d’A. Barbera « Virus et emploi, les premières difficultés pour Draghi » : « Tout s’est accéléré ces dernières 48 heures et les mesures restrictives sont prolongées, en particulier la fermeture des stations de ski, en dépit de l’annonce faite il y a deux semaines prévoyant leur réouverture. Il ne pouvait en être autrement : c’est le premier grain de sable pour le nouveau gouvernement d’unité nationale. Roberto Speranza et Mario Draghi se sont appuyés sur les dernières données du comité technique et scientifique, selon lesquelles le variant anglais concernerait 17,8% des nouveaux cas. Celles-ci ont suscité la colère des représentants du secteur, des présidents de région et de la Ligue. Roberto Speranza plaide la prudence et souligne que partout ailleurs en Europe, les pistes sont bien fermées. Pour la nouvelle majorité, c’est le baptême du feu et Walter Ricciardi attise les flammes avec sa demande de confinement général. La Ligue veut déjà la tête de Ricciardi et de Domenico Arcuri ; Draghi devrait se prononcer sur le sort de ce dernier après son discours au Parlement. Le premier décret du gouvernement concerne 32 milliards d’aides au secteur du ski, réclamés par les ministres du développement économique et du tourisme -tous deux de la Ligue- mais les aides en question avaient déjà été prévues par Conte. La question des vaccins sera le premier point dans l’agenda de Draghi. Il saura se souvenir de l’exemple de la Grande-Bretagne, tant pour l’échec de sa gestion de l’épidémie que pour son efficacité dans la vaccination. Ces mêmes thèmes seront au centre de ses relations avec Salvini et la Ligue. On pense déjà à de grandes usines du Nord de l’Italie qui pourraient produire les vaccins de Pfizer et Moderna, mais il faudrait au moins six mois avant que de telles structures puissent voir le jour. Le tweet de Biden à l’intention de Mario Draghi est de bon augure : ‘’J’ai hâte de travailler avec vous’’. »
ARTICLE, La Repubblica, d’Ezio Mauro « A la recherche de la classe sociale du changement » : « La crise de gouvernement s'est jouée entièrement au sein de la communauté politique, sans se projeter sur la société et sans une articulation dans les intérêts, les demandes et les craintes de ceux qui sont directement confrontés aux défis urgents tels que de santé, l'économie et le travail. Plus qu'une mise sous tutelle, c'est une abdication de la classe politique, qui a remis - à l'exception de G. Meloni - ses voix à Draghi pour qu'il s’acquitte de ses obligations auprès de Bruxelles afin de percevoir les fonds du Plan de relance. La responsabilité individuelle des citoyens face à la menace du virus exige qu’il y ait, en échange, une prise de responsabilité publique. L'universalité de la contagion demande une réponse compétente et solidaire et non des incantations et des superstitions, tandis que la peur réelle chasse les peurs idéologiques dont l'extrémisme populiste s'est nourri. L'homme des élites devra faire attention à cette obsession permanente de la soi-disant élite de notre pays qui vise à s’auto-reconduire, symbole d'une société corporatiste, obligeant la classe dirigeante à mêler intérêts particuliers légitimes et intérêt général, c'est-à-dire à devenir cette classe politique que nous n'avons jamais eu. C'est un saut mortel pour Draghi, mais c'est aussi la seule façon de sortir de cet élitisme et de chercher à l'extérieur du palais cette "classe globale" ayant le souhait de maintenir l'Italie au sein de la la culture politique et institutionnelle européenne et la civilisation démocratique occidentale. Parce qu'après avoir frôlé le vide, l’Italie sait qu’après le gouvernement de salut national il n'y a plus rien »
SONDAGE, La Repubblica, d’Ilvo Diamanti « Draghi, l’antidote à la peur de l’isolement des Italiens » : « Mario Draghi, le leader ‘’financier’’ séduit avant tout parce qu’il est une réponse aux peurs générées par le « virus de l’isolement » vis-à-vis de l’Europe, alors même que la pandémie a creusé davantage le fossé. Presque 6 Italiens sur 10 pensent que le gouvernement Draghi pourra améliorer l’économie du pays et les 2/3 pensent qu’il renforcera les relations avec l’UE. Or, ces derniers jours, la confiance vis-à-vis de l’Union européenne est au plus haut depuis plus de dix ans, à 48%. Même l’électorat de Fratelli d’Italia est rassuré par la figure de Draghi pour les relations avec l’UE : 3 électeurs sur 4 le soutiennent. Cependant Giuseppe Conte jouit encore d’un large consensus : 65%, notamment pour ce qui est de la gestion de l’épidémie. Les électeurs du Parti démocrate et du M5S en particulier sont les moins convaincus sur le fait que le nouveau gouvernement puisse faire mieux que le précédent en matière de gestion de la pandémie. L’approbation exprimée à l’égard de l’ancien et du nouveau Président du Conseil concerne donc des domaines différents. »
(Traduction : ambassade de France à Rome)
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