"Conte vacille toujours."
01/02/2021
Italie. Revue de presse.
Les consultations confiées au président de la chambre, Roberto Fico, par le Chef de l'Etat afin de trouver une nouvelle majorité font les gros titres des médias italiens. Les observateurs relèvent dans l'ensemble la possibilité d'un accord entre les partis de majorité pour permettre à G. Conte de former un nouveau gouvernement, en s’entendant sur un programme politique réglant des questions de fond, avec la participation d'Italia Viva. En cas d'échec, un gouvernement institutionnel demeure une possibilité : « Le programme sera le premier test » - Une grande réunion de négociations entre les partis de la majorité est prévue pour aujourd'hui. Une lueur d’espoir en attendant la stratégie de Renzi (Corriere della Sera), « Bataille sur le contrat de gouvernement » - Fico réunit les partis de majorité. La question du MES, de la justice et des services secrets divisent encore (La Repubblica), « Conte III, la bataille sur les ministres » - Le PD et Confindustria défendent Gualtrieri, Italia Viva veut Panetta (La Stampa), « L'Italie enlisée inquiète l'UE » - Les chancelleries et les marchés préoccupés par le retard sur les réformes (Il Messaggero), « Les ruses de Renzi et l'action bienveillante du Chef de l'Etat » (Il Fatto Quotidiano).
COULISSES, La Repubblica, de C. Vecchio « L’irritation du Quirinal sur les rumeurs : seul Fico a été contacté » : « La mise au point sèche avec laquelle le Quirinal a démenti les contacts entre S. Mattarella et M. Draghi, ‘’rumeur dénuée de tout fondement’’ fait comprendre qu’à ce stade il n’y ait aucun plan B au mandat d’exploration confié au Président de la Chambre R. Fico. On mesure l’irritation du Quirinal, qui a qualifié la rumeur d’‘’action pour entraver’’ les consultations menées par Fico. Toutefois, le nom de M. Draghi, et ce qu’il recouvre de non-dits, semble planer sur les palais du pouvoir. Au Quirinal, on ferait preuve d’un optimisme très prudent sur la façon dont les consultations évoluent et on compte que Fico puisse faire part dès mardi de la réussite de sa démarche, en aboutissant à la recomposition de la majorité, avec le baptême du gouvernement Conte III. Les vétos sont levés et on évoque la possibilité d’un contrat de gouvernement. Il suffira de comprendre si la dernière ligne droite conduira à proposer au Chef de l’Etat le nom de [Conte], soutenu à l’unanimité »
ENTRETIEN, La Repubblica, de T. Ciriaco « Conte vacille toujours et Renzi fait monter les enchères » : « D’après M. Renzi, il n’y a plus que deux voies possibles : un exécutif dirigé par G. Conte ou un gouvernement institutionnel qui serait dirigé inévitablement par M. Draghi. C’est Renzi qui aura le dernier mot sur la première hypothèse et il le fera, assure-t-il, sur la base du résultat des négociations au sujet du programme de gouvernement. Et uniquement si le Président du Conseil sortant accepte de sacrifier plusieurs de ses hommes, dont Benassi, l’ambassadeur qui vient d’être nommé à la tête des services de renseignement. Renzi veut aussi la tête du ministre de la justice Bonafede (M5S), une gouvernance différente pour le Plan de Relance, des garanties sur les infrastructures, une loi électorale proportionnelle revue à la baisse et une nouvelle gestion du plan de vaccination qui ne soit plus entre les mains du commissaire Arcuri. En échange, il pourrait céder sur le MES. La voie est très étroite et Renzi pourrait tout faire tomber pour tenter de faire naitre le gouvernement Draghi. Conte le sait, il est inquiet, mais ne reste pas sans rien faire. Il maintient le contact avec les renziens Bellanova et Rosato. Si le PD mise sur le fait qu’Italia Viva finira par se diviser, Renzi fait le pari opposé : ses hommes resteront unis. Mais ce sont surtout les 5 Etoiles qui risquent de se diviser face aux conditions de Renzi. Ils devraient accepter d’amoindrir Bonafede, de voir évincée Azzolina et accepter l’image d’un président du Conseil sous tutelle. Est-ce trop ? C’est en fait la tentative de Renzi de persuader Conte de se mettre de lui-même à l’écart, tant la situation est inextricable ».
COULISSES, Corriere della Sera, de M. Guerzoni, « Conte n’a plus qu’à espérer, mais ce sera la guerre pour l’équipe gouvernementale ; Le plan B institutionnel » : « Les négociations autour du prochain gouvernement se poursuivent et toute la question est de savoir si Conte sera reconduit ou non. Il semble que la probabilité première reste celle d’un Conte-III. Renzi, à l’origine de la crise, aurait envoyé des signaux d’ouverture. Le Parti démocrate a alors conseillé à Conte de se faire à l’idée de la formule à deux vice-présidents du Conseil, un démocrate et un 5 étoiles. Mais au Palais Chigi on craint aussi que les forces politiques n’imposent à Conte un sous-secrétaire qu’il n’ait pas choisi et une sorte de conseil d’urgence permanent, formé par les différents chefs de partis, qui prendrait de façon collégiale les décisions cruciales, à commencer par l’administration des milliards du Plan de Relance. S’il veut être reconduit, Conte devra en payer le prix, ce qui dépendra des risques que Renzi est prêt à courir. Pour Goffredo Bettini, il y a deux voies possibles : « un Conte-III ou les élections entre mai et juin ». Or les démocrates sont convaincus que Renzi ne prendra pas le risque de précipiter les élections et de perdre ainsi une partie de ses soutiens. Mais Renzi a dit vouloir « des changements radicaux » et il ne peut pas non plus avoir fait tout cela pour laisser Conte reprendre la même place. Il pourrait alors emprunter la voie d’un gouvernement institutionnel soutenu par une « majorité Ursula » élargie à Forza Italia. En coulisses, Renzi invoquerait inlassablement le nom de Mario Draghi. Le Quirinal a démenti les rumeurs d’un accord avec l’ancien président de la BCE. L’hostilité du M5S à un gouvernement technique se calme peu à peu et le Parti démocrate lui-même pourrait difficilement se soustraire à un appel au sauvetage national de la part du Quirinal. En somme, essayons d’abord de maintenir Conte, mais s’il fallait faire sans, on verra bien. »
(Traduction : ambassade de France à Rome)
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