"Les consultations politiques entamées par le Chef de l'Etat pour résoudre la crise de gouvernement."
29/01/2021
Italie. Revue de presse.
Les consultations politiques entamées par le Chef de l'Etat pour résoudre la crise de gouvernement font les gros titres des médias italiens. Les observateurs relèvent dans l'ensemble la stratégie de M. Renzi qui consisterait à ne pas donner carte blanche à G. Conte pour un nouveau mandat, en proposant d'examiner la possibilité que d'autres candidats puissent obtenir une majorité plus large : « A ce stade, Renzi freine Conte » - Le dirigeant d'Italia Viva ne propose pas le nom du Président sortant (Corriere della Sera), « Renzi « gèle » Conte » - Le dirigeant d'IV pose ses conditions : une inclusion claire de son parti dans la majorité ou bien un gouvernement institutionnel (La Repubblica), « Renzi donne un coup de frein au gouvernement Conte III » (La Stampa), « Le non de Renzi déstabilise Conte » (Il Messaggero), « Renzi se moque du Chef de l'Etat» (Il Fatto Quotidiano), « Echec et mat sur Conte de la part de Renzi » (Il Giornale).
ANALYSE, Corriere della Sera, de M. Galluzzo « Pour le moment, Renzi freine Conte » : « Le dirigeant d’Italia Viva au Quirinal ne mentionne pas le nom de Conte. Il temporise : il n’oppose pas son véto mais veut d’abord voir le jeu des autres en expliquant ‘’Qu’ils me disent s’ils veulent Italia Viva dans la majorité’’. Du coup, le temps pour résoudre la crise de gouvernement se rallonge et le Quirinal devra évaluer si décider de mettre un place un « mandat d’essai » ou faire un second tour de consultations. Avant de se rendre au Quirinal, Renzi a reçu un appel de Conte : il lui aurait dit qu’il n’avait pas de problèmes personnels avec lui mais ‘’des problèmes énormes du point de vue politique’’. Après son entrevue avec le Chef de l’Etat, Renzi a parlé pendant 27 minutes devant les caméras ‘’ Pour nous, le point fondamental est que nous sommes prêts à soutenir un gouvernement mais cette proposition politique nécessite une nouvelle étape de vérificaiton pour comprendre s’ils sont avec nous ou pas. Ils doivent parler avec nous. Nous discuterons de noms dans un deuxième temps. Je ne vois pas d’autre majorité sauf celle prévoyant l’inclusion d’Italia Viva’’».
COULISSES, Corriere della Sera, de M T Meli « Le PD au travail pour réconcilier Conte et son ‘’rival’’ » : « ‘’nous devons aider Mattarella à résoudre la crise’’ est le mot d’ordre au sein du PD. Ils savent bien que le chemin est étroit et que Renzi pourrait bifurquer en cours de route. Dario Franceschini, ministre de la culture, est le seul à réussir à parler avec Renzi et il est en train, avec patience et obstination, de rabibocher les deux hommes : ‘’Matteo pose un tas de conditions mais il laisse une lueur d’espoir sur Conte. Nous devons par conséquent agir avec prudence’’. Les démocrates savent bien que le règlement de comptes avec le sénateur toscan n’est pas terminé mais il y a maintenant des risques et des dangers d'une crise non pilotée. Zingaretti est persuadé que les conditions pour un Conte III soient encore là mais demeure prudent face aux micros ‘’c’est un moment délicat’’. Certes, le fait que Renzi ait demandé au Quirinal de faire à nouveau des consultations avant de tenter la carte Conte a plongé le PD dans le desarroi. ‘’il est juste en train de hausser la mise’’ dira-t-on unanimement. Mais est-ce là la vérité ? »
ANALYSE, La Repubblica, de Stefano Folli « Renzi : pas de vétos mais beaucoup d’obstacles» : « Renzi est certainement un homme politique expérimenté, contrairement au Président du Conseil sortant et à certains de ses conseillers. Aucun mot prononcé hier par Renzi ne semble représenter ce viatique à un futur président chargé de former un gouvernement et une majorité. Renzi a bien centré le point sur lequel Conte est davantage plus fragile, au-delà des apparences : le terrain des relations avec l’UE, c’est-à-dire les projets du Plan de Relance à hauteur d’environ 200 milliards d’euros. C’est là le vrai arrière-plan de la crise de gouvernement et qu’il faut désormais résoudre. La solution consiste à guérir la plaie qui s’est ouverte entre Rome et les capitales européennes quand le retard et l’approximation des réformes proposées (allant de l'administration à la justice etc.) sont apparues évidentes. Ce n’est donc pas un sentiment pro-européen rhétorique. On parle là de politique, comme l’a dit le sénateur toscan. Et il n’a pas tort. C’est cette politique que le Président du Conseil sortant a du mal à gérer car il a peu d’expérience, même s’il a appris à bouger rapidement et avec ruse parmi les palais romains. Cette ruse peut aider à trouver des ‘’responsables’’ mais n’aide pas à comprendre que la scène européenne est en train de changer dans l’ère du Plan de Relance. Et dans tout cela, l'Italie risque un printemps dramatique sur le plan social et économique. Le monde politique est-il prêt à faire un saut de qualité ? Si Mattarella devait confier à Conte le mandat, il est alors clair qu’Italia Viva se préparera à rehausser son niveau d’exigence pour rester dans l’exécutif. Nous avons assisté à une semaine riche en non-dits. Et Conte ne semble pas disposé à saisir certains signaux qui sont dans l’air. Il est plutôt enclin au bras-de-fer et vise désormais un avenir politique ».
PREMIER PLAN, La Repubblica, C. Vecchio « Le Quirinal et la carte Fico pour ne pas brûler les chances de Conte» : « Mattarella serait orienté à ne pas donner immédiatement le mandat à Conte pour trouver une majorité au Parlement. Il faut d’abord qu’il y ait un négociateur pour permettre des pourparlers de paix. Il faudrait d’abord donner un mandat à un explorateur pouvant tenter de renouer les liens entre G. Conte et M. Renzi. Ce serait la dernière carte à jouer. Il y aurait deux noms possibles pour ce rôle : celui du Président de la Chambre R. Fico et celui de la ministre de l’Intérieur L. Lamorgese. Fico a de meilleures relations avec le centre gauche. Lamorgese est une personnalité plutôt technique, ce qui favoriserait une approche neutre. En tout état de cause, la sensation est qu’à ce stade le cours de Conte est à la baisse. Il faudra voir si le mandat éventuel à Fico ou à quelqu’un d’autre permettra d’absorber ou pas les tensions entre Conte et Renzi. »
ARTICLE, Corriere della Sera, de F. Flano, « Affaire Gregoretti, Conte déclare au juge : ‘’nous avions une ligne commune, puis Salvini s’en est écarté’’ » : « Les auditions ont eu lieu hier au Palais Chigi, y compris pour Matteo Salvini accusé d’avoir retenu 131 migrants au large du port. La défense met en avant une action du gouvernement porté par Conte, et non le choix d’un individu seul. Giuseppe Conte, entendu hier lui aussi, soutient le contraire : ‘’La ligne politique sur l’immigration était partagée au sein du gouvernement, mais la décision concernant le débarquement retardé du navire Gregoretti a été prise par Salvini’’. A l’issue des trois heures de déposition au Palais Chigi, le juge, manifestement satisfait, a déclaré : ‘’Le Premier ministre Conte a été très collaboratif, donnant des réponses approfondies. Il était très serein, il m’a fait très bonne impression et je crois qu’il représente très bien le pays’’. Et dans son résumé de l’audience, le juge a laissé entendre qu’il penchait plutôt pour la version de Giuseppe Conte. Les parties civiles ont quant à eux souligné un ‘’délire d’omnipotence’’ de l’imputé. Le mois prochain, les ministres Luigi Di Maio et Luciana Lamorgese devront également être entendus »
ARTICLE, Corriere della Sera, « Le centre-droit se rend au Quirinal mais les divisions persistent, entre ceux qui veulent aller aux élections et ceux qui sont prêts à soutenir un gouvernement d’unité nationale » : « La montée au Quirinal de cet après-midi ne sera pas une promenade de santé pour les six dirigeants de partis du centre-droit. Car plusieurs points restent encore à résoudre, lesquels divisent la coalition. Il y aura donc lieu d’organiser une nouvelle réunion pour fixer la ligne au moins sur quelques sujets, avant ce rendez-vous chez le président de la République. Cette situation rend le contexte encore plus confus et son issue encore plus imprévisible. Les positions sont en réalité assez claires, mais ne se recoupent pas. Giorgia Meloni ne jure que par des élections, et voudrait que ce soit la règle au moins pour ce premier jour de consultations. Matteo Salvini semble, depuis 24 heures, plus ouvert à d’autres options : évidemment aucun accord pour rejoindre un gouvernement composé du PD et des 5 étoiles, mais d’autres hypothèses avant d’aller au vote pourraient être envisagées. Forza Italia, représentée par Antonio Tajani, refuse que le centre-droit se divise, mais demande un gouvernement composé des « meilleurs », où tous les partis placeront leurs représentants les plus volontaires et suffisamment représentatif des principales forces politiques du pays. Et seulement si cette piste s’avérait impossible, demander d’aller aux élections. Même position chez Maurizio Lupi de ‘Noi per Italia’ et de l’UDC. Pour Giovani Toti, de Cambiamo!, la seule issue est un gouvernement de rassemblement large afin d’éviter le pire scénario, les élections. »
(Traduction : ambassade de France à Rome)
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