"La brèche ouverte par Salvini plait à Forza Italia."
28/01/2021
Italie. Revue de presse.
A la Une de la presse italienne, les titres mettent en avant l’incertitude sur les suites de la démission de Giuseppe Conte alors que les consultations des partis par le Chef de l’Etat S. Mattarella se poursuivent : « Crise, des relations avec Renzi sous haute tension» - Le PD et le M5S soutiennent Conte comme Président du Conseil, tandis que le dirigeant d’Italia Viva déplore le « scandale des groupes parlementaires improvisés » (Corriere della Sera), « Pour soutenir Conte, le PD et le M5S pourraient ne pas suffire » - Au Sénat, le nombre de « responsables » n’est toujours pas suffisant (La Repubblica), « Conte : je ne vais pas m’humilier pour Renzi » - Le Président du Conseil espère encore pouvoir élargir le périmètre de sa majorité (La Stampa), « Le PD et le M5S soutiennent un gouvernement Conte III mais l’inconnue Renzi demeure » (Sole 24 Ore), « Conte III, Renzi fait monter les enchères » - Italia Viva dicte ses conditions : départ de Bonafede et nouveau Plan de Relance (Il Messaggero), « Le chantier de l’après-Conte » (Il Mattino), « Le gouvernement Conte III est déjà mort » (Il Giornale).
La condamnation en première instance de la Maire de Turin Chiara Appendino (M5S), suite à la bousculade meurtrière de 2017 lors de la retransmission de la finale de la Ligue des champions, est aussi largement commentée.
COMMENTAIRE, Corriere della Sera, de M. Franco, « Dans l’attente d’un nouveau nom, les combines continuent » : « Un des éléments qui rend cette crise si compliquée et imprévisible ce sont les divergences qui existent, non seulement entre les forces politiques mais également en leur sein. C’est ce qui explique notamment le changement de ligne de la part du Pd sur Giuseppe Conte, et ce malgré le mot d’ordre de Nicola Zingaretti qui était catégorique sur son soutien. De la même façon, leur attitude vis-à-vis de Matteo Renzi n’est pas unanime. Il semble d’ailleurs que Renzi joue justement sur ces équilibres précaires. Pourtant, Italia Viva elle-même est moins unie qu’il n’y paraît : si Renzi a décidé de s’abstenir au Sénat lors du dernier vote, c’est parce qu’il savait que la moitié du groupe ne l’aurait pas suivi dans une confrontation directe avec Conte et le PD. Sans parler du M5S, où les fractures sont nombreuses bien que moins évidentes, et où Luigi Di Maio a craint de diviser son groupe en écartant toute candidature au Palais Chigi. Giuseppe Conte a jusqu’à présent été l’écran derrière lequel le M5S a tenté de dissimuler ses divisions internes, mais la situation actuelle les paralyse. Enfin, le centre-droit n’échappe pas à la règle, comme en témoigne la sortie de Matteo Salvini hier : ‘’Une fois débarrassés de Conte, on pourra réfléchir’’, alors qu’il y a peu la Ligue n’appelait qu’à des élections immédiates, à l’unisson avec Giorgia Meloni (Fratelli d’Italia) dont il vient donc de se désolidariser. Quant à Forza Italia, ses alliés la suspectent de vouloir rejoindre la majorité sortante, dans l’attente des élections. Toutes ces dynamiques compliquent davantage la mission du Quirinal et risquent de faire perdre un temps précieux. L’Europe s’inquiète de cette vacance du pouvoir. »
COMMENTAIRE, La Repubblica, S. Folli « Les hommes du « Saint Sépulcre » de la liste Conte » : « Tout en restant en arrière-plan de la crise, la liste « personnelle » du Président du Conseil démissionnaire est à ce stade loin de voir le jour. Elle est à l’état d’embryon. G. Conte sait bien devoir évaluer plusieurs paramètres avant de se lancer dans cette aventure qui peut tout aussi bien réussir comme échouer misérablement. Le parti de Conte naitrait avec un sentiment de vengeance contre les manœuvres qui ont exclu « l’avocat du peuple » du Palais Chigi. Mais aussi avec une volonté de récupérer le sens originel du M5S, avec ses visées antisystème et une certaine rhétorique contre le « pouvoir des forts », les multinationales etc. Du coup l’âme populiste, qui s’est toujours insinuée entre le Conte I et le Conte II, finirait par être exaltée mais entrerait en conflit avec l’esprit des candidats rassemblés sous la même bannière : des hommes de bonne volonté voulant être réélus et ayant besoin d’un mode de scrutin proportionnel. Cette liste Conte, créditée de 10% des intentions de voix, viendrait surtout prendre des voix dans l’électorat du PD et du M5S. Ce qui serait un défi intolérable. En revanche, s’il revenait à représenter l’équilibre de l’alliance PD-M5S-LeU, le sens de sa liste perdrait tout caractère subversif ».
PREMIER PLAN, Corriere della Sera, de M. Cremonesi et P. Di Caro, « ’’Que Conte parte et réfléchissons après sur le reste’’ : la brèche ouverte par Salvini plait à Forza Italia » : « La phrase de Matteo Salvini a suffi à replonger dans la tourmente le centre-droit, par ailleurs en pleine quête d’unité. Le chef de la Ligue, qui s’est longuement entretenu hier avec Berlusconi, semble ainsi s’ouvrir à d’autres solutions pour le prochain gouvernement, pourvu que Conte ne le dirige pas. S’il continue à privilégier la voie des élections, il envisage désormais la possibilité de collaborer sur les réformes. Au fond, le seul plan B envisagé est celui d’un gouvernement dirigé par le centre-droit, car il ne croit pas à une « majorité Ursula », soit à un gouvernement dont ferait partie également Forza Italia, aux côtés de Zingaretti, Di Maio et Boldrini. Pour les centristes et Forza Italia, il s’agit tout de même d’une ouverture, eux qui sont favorables à un gouvernement d’unité nationale. Certains lisent dans cette assouplissement la peur de Salvini de se faire doubler par l’aile modérée de la coalition de centre-droit, voire par toute Forza Italia. Si Cambiamo! de Giovanni Toti exulte, Giorgia Meloni reste fermement campée sur ses positions : les élections comme unique issue. »
ARTICLE, La Repubblica, de T. Ciriaco « Les négociations pour un gouvernement Conte III en difficulté, Italia Viva propose un ticket Gentiloni-Draghi » : « G. Conte a donné aux siens le mot d’ordre de baisser d’un ton afin de ne pas provoquer Italia Viva. Il veut donc que ce soit M. Renzi qui fasse le premier pas. Si ce dernier dit au Quirinal qu’il est d’accord pour un Conte III à condition de revoir le programme et l’équipe gouvernementale, le Président du Conseil sera d’accord pour négocier. Il l’appellera, le rencontrera et lui fera une proposition intéressante. Renzi évaluera alors s’il doit l’accepter ou la refuser. Le cas échéant, il suscitera l’irritation du Quirinal et risquera de perdre quelques-uns de ses Sénateurs. Conte jouera sa partie jusqu’au bout. Il a déjà obtenu de Zingaretti le feu vert pour rouvrir le dialogue avec Renzi. Dans le QG d’Italia Viva des rumeurs continuent à circuler concernant la proposition d’un ticket de très haut niveau : Gentiloni à la Présidence du Conseil et Conte comme Commissaire européen et, si possible, Mario Draghi au ministère de l’Economie. Sur le modèle donc de ce qui avait été fait pour Carlo Azelio Ciampi, un tremplin pour l’élection au Quirinal ».
(Traduction : ambassade de France à Rome)
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